Contestation populaire au Sénégal: Macky Sall peut-il encore briguer un troisième mandat ?

Lopinion.fr

09/06/2023

Pascal Airault, journaliste au service international, revient sur la situation au Sénégal alors que le pays est en proie à des vagues de manifestations en soutien à Ousmane Sonko, principal opposant du président Macky Sall

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00:00 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on voit qu'il y a de plus en plus de personnes

00:04 qui sont déterminées au Sénégal à faire obstacle à Macky Sall.

00:08 Il faut rappeler que nous sommes dans un contexte préélectoral au Sénégal,

00:16 avec une présidentielle qui doit se tenir en 2024.

00:19 Le président Macky Sall est en train de terminer son deuxième mandat.

00:25 Il n'a pas fait part de ses intentions,

00:27 mais beaucoup lui prêtent l'intention de briguer un troisième mandat,

00:30 ce qui serait assez inédit ces dernières années sur la scène politique sénégalaise,

00:34 alors qu'il s'est lui-même engagé à ne faire que deux mandats.

00:37 Mais le Conseil constitutionnel vient de valider cette option,

00:41 donc le climat politique est assez pesant.

00:43 Sur ce climat politique assez pesant, il y a eu aussi jeudi dernier

00:47 la condamnation du principal opposant, Ousmane Sonko,

00:50 à deux ans de prison ferme pour corruption de jeunesse.

00:52 Ce dernier était accusé de viol sur une jeune sénégalaise.

00:56 Les juges n'ont apparemment pas toutes les preuves pour confirmer ces accusations,

01:00 mais ils l'ont quand même condamné à deux ans de prison ferme,

01:02 ce qui compromet bien évidemment ses chances de postuler, de briguer,

01:07 de faire campagne dans le cadre de cette présidentielle.

01:09 Donc tout de suite, ces partisans, une partie des Sénégalais, de la jeunesse,

01:12 ont commencé à manifester, à saccager aussi,

01:14 et le contexte actuellement est assez explosif.

01:17 Pour y faire face, le président de la République a lancé un dialogue politique national

01:21 avec les principales forces politiques, mais aussi les forces de la société civile,

01:25 notamment les chefferies traditionnelles et religieuses.

01:28 Les manifestants manifestent pour plusieurs choses.

01:31 La première, c'est pour la libération de leur champion, Ousmane Sonko,

01:36 qui est actuellement assigné à résidence à son domicile à Dakar,

01:40 coupé de ses avocats, coupé de ses principaux cadres.

01:43 Et puis, il s'oppose aussi, tout simplement,

01:46 à la possibilité pour Makisal de faire un troisième mandat.

01:55 Pour Makisal, l'équation est simple, c'est une question de rapport de force.

01:59 Ce qui se passe actuellement, l'ampleur des manifestations

02:03 devrait influer sur sa décision finale.

02:07 Comme je le disais, il n'a pas encore fait part de ses intentions.

02:09 Il le fera à l'issue du dialogue politique qui est actuellement en cours au Sénégal.

02:14 Il pourrait reculer, il pourrait faire campagne pour un dauphin,

02:18 transmettre le flambeau à son parti pour que son parti choisisse le candidat.

02:22 Plusieurs possibilités s'offrent à lui.

02:24 Il peut aussi décider d'y aller, de se représenter devant les lecteurs,

02:28 tout en sachant que le Sénégal va rentrer dans une nouvelle ère.

02:32 Ce qui change fondamentalement, c'est que ce pays va faire partie du club très fermé

02:36 des producteurs et des exportateurs d'hydrocarbures.

02:40 Ça doit commencer dès l'année prochaine.

02:42 Il y a eu des gisements importants qui ont été découverts au Sénégal,

02:46 exploités par des grandes sociétés étrangères.

02:48 Makisal a tout un plan de développement de son pays à partir de ses nouvelles ressources,

02:52 notamment d'industrialisation, d'électrification.

02:55 Et d'aucuns pensent qu'il n'est pas prêt à passer la main.

03:00 Celui qui a le plus de chances de l'emporter est incontestablement Ousmane Sonko.

03:09 Ses partisans sont les plus déterminés.

03:11 C'est lui qui a les faveurs des intentions de vote

03:15 et qui a des soutiens très importants, notamment à l'étranger, au sein de la diaspora.

03:19 Il est dans une coalition, mais les autres personnalités,

03:23 les autres leaders politiques de cette coalition,

03:28 contrairement à lui, ont décidé de participer au dialogue politique.

03:31 L'un d'entre eux, l'ex-maire de Dakar, Rali Fassal,

03:35 est sous le coup d'une condamnation de justice

03:38 qui l'empêcherait de se présenter à cette même présidentielle.

03:42 Donc il espère obtenir une amnestie pour pouvoir compétir avec d'autres candidats.

03:47 Donc on voit bien qu'au sein même de sa coalition,

03:50 certains leaders sont en train de le lâcher.

03:54 Chez les autres opposants, on joue sa carte personnelle.

03:57 Et c'est vrai que l'image d'Ousmane Sonko, sa popularité,

04:01 c'est un adversaire très redoutable.

04:03 Ils n'ont pas forcément envie qu'il soit sur la ligne de départ

04:06 en même temps que lorsqu'il s'agira de faire campagne pour la présidentielle.

04:09 Ce qui est sûr, c'est qu'on voit qu'il y a de plus en plus de personnes

04:13 qui sont déterminées au Sénégal à faire obstacle à Makhissal.

04:17 On le voit, il y a beaucoup de tribunes d'intellectuels

04:20 qui ont paru ces derniers jours dans la presse nationale et à l'étranger.

04:24 On voit aussi que trois anciens premiers ministres se sont désolidarisés

04:29 au cas où le président déciderait de briguer un nouveau mandat

04:33 et l'appel à la raison.

04:35 Le climat politique ne va pas se détendre dans les prochains jours et les prochaines semaines.

04:41 Et vraiment, c'est l'issue de ce rapport de force entre la société civile,

04:45 les syndicats, les structures partisanes

04:47 qui devraient influer sur la décision finale de Makhissal.

04:51 [Musique]

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