Édouard Philippe sur l'immigration : presque "une déclaration de guerre", pour Alba Ventura

  • il y a 11 mois
"On crève des non-dits", voilà en substance qu'Édouard Philippe a dit sur l'immigration au magazine L'Express. Je vous livre pêle-mêle quelques passages de son interview : il lance un cri d’alarme contre "l’immigration du fait accompli", "l’immigration subie". Il estime que "l’augmentation rapide du nombre d’étrangers en France participe à l’embolie de nos services publics".

Il affirme qu'"il nous appartient en tant que nation de dire qui nous sommes et qui nous voulons accepter sur notre territoire", que "le communautarisme islamiste et une menace". L'ancien Premier ministre souhaite dénoncer l’accord de 1968 avec l’Algérie qui facilite les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens.

C’est pratiquement une déclaration de guerre à l’immigration telle que nous la pratiquons depuis la fin des années 70 et la décision de Giscard d’instaurer le regroupement familial qui a permis aux familles de rejoindre les travailleurs étrangers.

Plus loin que Gérald Darmanin et que Laurent Wauquiez
On est très loin de ses bases à Édouard Philippe : en 2012 on était sur "l’identité heureuse" d’Alain Juppé, son mentor. En 2019 à Matignon, on était sur l’idée de reprendre le contrôle de l’immigration mais sans un mot plus haut que l’autre. Là, il va plus loin que les propositions de Gérald Darmanin, plus loin que Les Républicains, plus loin que Laurent Wauquiez. Si Marine Le Pen avait prononcé ces mêmes phrases ce serait un tollé général.

Contrairement à LR, Édouard Philippe ne veut pas déroger au droit et aux règles européennes, mais il considère qu’on peut toucher à la Constitution sur le droit d’asile. Il estime qu’on doit changer les modalités d’obtention de l’AME, l’aide médicale pour les étrangers et il est favorable au texte du gouvernement sur la délivrance de titres de séjours pour répondre aux métiers en tension c’est la proposition du ministre du travail Olivier Dussopt.

Édouard Philippe en tête des sondages pour diriger le pays
L'ancien Premier ministre prend la parole maintenant, car le sujet est d’actualité et, à droite, tout le monde s'est déjà exprimé sur l'immigration. Lui n’avait pas encore donné sa vision et il faut avouer que jusqu’à présent il a été inaudible, sa parole a eu peu d’intensité.

Il caracole dans les sondages, le dernier en date le donne comme la personnalité la plus compétente pour diriger le pays. Mais son parti, Horizons, est noyé dans la majorité présidentielle, embarqué dans les turbulences de la réforme des retraites. On ne sait pas quelle est son influence précise, on ne sait pas ce qu’il propose vraiment.

Il a besoin de se définir, de se démarquer, de capitaliser. Parler d’immigration c’est la garantie qu’on parle de vous. Il considère que c’est un sujet qu’il ne faut pas abandonner au Rassemblement national, même s'il alimente forcément le refrain favori du parti de Marine le Pen.

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