Yannick Jadot, député européen (EELV) dénonce la "dérive illibérale" du président de la République. "Certains pensaient avoir élu Michel Rocard ou Pierre Mendès France, ils ont élu Giscard pour l’arrogance et Sarkozy pour la brutalité".
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00:00 – Bonjour Yannick Jadot. – Bonjour.
00:01 – Merci beaucoup d'être notre invité.
00:02 Vous êtes député européen en Europe écologie-les Verts,
00:04 ancien candidat à la présidentielle et futur candidat au sénatorial.
00:07 Merci beaucoup. – Déjà candidat.
00:08 – Déjà candidat au sénatorial. Merci d'être avec nous.
00:11 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat
00:14 avec la presse régionale, représentée par Stéphane Vernet de West France.
00:17 Bonjour Stéphane. – Bonjour, bonjour.
00:19 – On va évidemment parler de l'actualité des sénatoriales,
00:21 de la réforme des retraites, mais on a appris il y a quelques instants
00:25 ce qui s'est passé en Ukraine, Yannick Jadot,
00:28 et la Russie qui aurait fait sauter un barrage hydroélectrique du côté de Kersone.
00:34 Volodymyr Zelensky, en tout cas Kiev, dénonce un crime de guerre.
00:38 Est-ce que c'est aussi ce que vous dites ?
00:40 – Écoutez, il faut attendre. On a effectivement cette information.
00:45 C'est potentiellement dramatique. C'est une centrale hydroélectrique.
00:49 Donc c'est la fourniture d'électricité. C'est potentiellement un drame écologique.
00:55 C'est aussi, d'après ce qu'on comprend, une infrastructure qui permet
00:59 le refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporizhia.
01:03 On sait à quel point elle est en permanence menacée.
01:07 Donc on attend. Mais effectivement, dans cette guerre,
01:11 les crimes sont commis par l'armée russe, qui ne résiste à aucune,
01:19 j'allais dire, valeur morale, éthique. On connaît les crimes de guerre
01:26 et c'est potentiellement un autre crime de guerre.
01:28 – Est-ce qu'il faut aller plus loin aujourd'hui dans l'aide à l'Ukraine
01:31 pour l'aider à mener sa contre-offensive ?
01:33 – Écoutez, je pense qu'on fait ce qu'il faut aujourd'hui.
01:36 On sait la difficulté, notamment en matière de munitions.
01:40 C'est un des enjeux. Les chars arrivent en Ukraine.
01:43 C'est une bonne chose. Vous savez que les écologistes,
01:47 dans cette guerre, n'ont jamais hésité. Dès le premier jour,
01:51 nous soutenons la résistance ukrainienne.
01:54 Nous soutenons sur le continent européen tous les efforts
01:59 pour que l'invasion russe soit stoppée, que la Russie quitte l'Ukraine.
02:07 Et puis évidemment que les crimes contre l'humanité qui ont été commis,
02:11 les crimes de guerre, soient évidemment mis devant la justice,
02:16 puisque les responsables de ces crimes soient mis devant la justice,
02:19 y compris Vladimir Poutine.
02:21 – L'actualité aujourd'hui, c'est cette nouvelle journée de mobilisation,
02:23 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
02:26 alors que le décret portant la retraite à 64 ans est paru ce week-end
02:29 au journal officiel. Est-ce que la bataille politique est perdue pour vous ?
02:32 – Non, non, elle n'est pas perdue.
02:34 Je pense qu'elle est d'abord perdue pour la France,
02:37 puisque c'est une terrible histoire de la démocratie française.
02:43 Ça fait cinq mois, six mois, qu'une réforme portée par le seul président
02:49 de la République et son gouvernement, rejetée par les Français,
02:53 très majoritairement, rejetée qu'à la quasi-unanimité des salariés,
02:59 qui n'a finalement peut-être jamais été votée,
03:02 jamais été votée par l'Assemblée nationale, peut se mettre en place.
03:08 Le président de la République a usé de tous les contournements
03:12 de l'esprit de la Constitution à écraser la démocratie sociale,
03:16 veut continuer à écraser la démocratie parlementaire.
03:21 Moi, j'ai un appel ce matin à la présidente de l'Assemblée nationale.
03:25 Est-ce qu'elle veut marquer l'histoire en défendant le Parlement,
03:30 en défendant la démocratie parlementaire,
03:33 ou est-ce qu'elle participera à écraser le Parlement qu'elle préside ?
03:38 C'est la question qui est la sienne aujourd'hui.
03:41 – Pour vous brandir l'article 40 de la part d'E. Brunet-Pivet,
03:43 ce serait écraser le Parlement ?
03:45 – Bien sûr, bien sûr, vous vous rendez compte que,
03:47 on est quand même, ce sujet, cette réforme,
03:51 a été au cœur de l'actualité politique depuis 6 mois.
03:57 Depuis 6 mois, vous avez les Français qui s'y opposent,
04:02 qui manifestent, qui se mobilisent avec des manifestations énormes,
04:09 et soutenues pas simplement énormes dans la rue,
04:11 énormes dans le soutien de l'opinion publique.
04:14 Cette loi, encore une fois, les 64 ans jusqu'à maintenant,
04:19 n'ont jamais été votées à l'Assemblée.
04:22 Il n'y a pas eu de vote sur les 64 ans.
04:25 Il y a l'opportunité d'un vote.
04:27 Ça s'appelle la démocratie.
04:28 – Est-ce qu'il n'y a aussi pas eu de vote parce qu'une partie de la gauche
04:30 a fait durer les débats ?
04:31 – Écoutez, moi je regrette qu'effectivement, à ce moment-là,
04:36 l'article 7 n'ait pas été voté.
04:38 Mais la réalité, c'est qu'il n'y a jamais eu de vote
04:41 et qu'aujourd'hui, c'est une obstruction du gouvernement,
04:45 c'est une obstruction de la majorité qui empêche, en fait,
04:49 l'Assemblée du peuple de s'exprimer.
04:52 C'est absolument dramatique.
04:53 Et là, on voit, si vous voulez, on a quand même un président de la République
04:57 qui, en 2017, a été élu sur une forme de renouveau démocratique,
05:04 de renouveau de la méthode pour présider ce pays.
05:09 Beaucoup pensaient voter pour Rocart ou Mendès-France
05:13 en disant « ça va être de nouveaux compromis,
05:15 on casse un peu les systèmes politiques conservateurs ».
05:18 Non seulement le président de la République a cassé les partis politiques,
05:22 mais il est en train d'abîmer nos institutions,
05:26 il est en train d'abîmer la démocratie.
05:29 Peut-être certains pensaient élire Rocart ou Mendès-France.
05:32 Ils ont élu Giscard pour l'arrogance et Sarkozy pour la brutalité.
05:36 – Vous êtes raccord avec les propos de Jean-Luc Mélenchon
05:39 dans l'entretien qu'il a donné à 20 minutes dimanche.
05:42 Jean-Luc Mélenchon dit avec M. Macron « nous ne sommes plus vraiment en République ».
05:45 C'est certain, mais nous sommes aussi en train de sortir du cadre de la démocratie.
05:49 Vous faites ces propos, votre ?
05:50 – J'ai dit, il y a déjà plusieurs semaines, plusieurs mois,
05:55 que le président de la République était dans une dérive illibérale.
06:00 Alors attention, je ne dis pas qu'on est en Pologne et qu'on est en Hongrie,
06:05 mais quand à un moment donné,
06:07 vous écrasez la démocratie parlementaire et la démocratie sociale,
06:11 quand vous considérez qu'un mouvement social devient la foule,
06:18 que les manifestants deviennent des factieux,
06:22 quand vous commencez à contester ce qu'a fait ce gouvernement,
06:26 le corps, l'organisme, à plusieurs acteurs,
06:34 qui définit la trajectoire sur le système des retraites,
06:38 que vous contestez l'ANSES sur la santé et l'environnement,
06:42 que vous contestez la LDA chez les contre-pouvoirs,
06:45 que les écologistes dans le premier quinquennat, c'était les Amish,
06:50 dans le deuxième quinquennat, ce sont les écoterroristes,
06:53 que vous criminalisez…
06:54 – Un faisceau d'action et d'expression.
06:57 – Un faisceau d'action et d'expression qui renforce l'autoritarisme,
07:00 qui consiste à disqualifier en permanence et à combattre les contre-pouvoirs,
07:06 ça s'appelle une dérive illibérale.
07:08 Et donc c'est extrêmement dangereux pour la démocratie,
07:11 surtout qu'à la fin, quand vous allez au bout de l'illibéralisme,
07:15 c'est l'extrême droite.
07:16 – Juste sur la réforme des retraites, telle que vous l'avez évoquée,
07:20 6 mois de lutte dans la rue auprès de l'opinion,
07:23 de mobilisation très forte, là on a l'impression pour cette 14ème journée,
07:27 que ce sera un peu la dernière et qu'il y a une mobilisation annoncée plutôt faible,
07:31 est-ce que les Français n'ont pas déjà tourné la page ?
07:34 – Je ne crois pas, quand on regarde les enquêtes d'opinion,
07:38 leur niveau d'opposition à cette réforme est toujours aussi important,
07:42 moi je souhaite qu'il y ait du monde dans la rue cet après-midi pour marquer.
07:46 – Ce sera le cas, vous pensez ?
07:47 – Écoutez, on verra, je n'ai pas de boule de cristal,
07:52 évidemment il y a une forme de lassitude,
07:54 y compris par rapport au coup que portent le président de la République
07:58 et son gouvernement contre la démocratie,
08:01 il n'y a pas de résignation, parce qu'il y a plutôt beaucoup de colère,
08:06 et pas de la résignation, mais il y a un sentiment qu'au fond,
08:11 rien, ce président et ce gouvernement n'entendent rien du rejet de l'opinion publique,
08:19 de la volonté d'apaiser le pays par les Françaises et les Français,
08:24 d'avoir un peu plus de justice sociale, de s'occuper enfin de ce qui les concerne,
08:29 le climat, on voit la dégradation absolue de notre situation climatique,
08:35 la sécheresse, on est au début juin, il n'a pas plu depuis je ne sais pas combien de temps,
08:39 il fait très chaud, regardez encore ce qu'il est sorti hier,
08:44 la grande concertation qui a été mise en place sur le logement,
08:50 souvenez-vous, on a eu la grande concertation avec tous les acteurs sur les banlieues,
08:56 vous vous souvenez le rapport Borlau,
08:58 Jean-Louis Borlau humilié devant les Françaises et les Français,
09:02 le rapport qui avait été mis des mois à sortir par tous les acteurs, mis à la poubelle,
09:09 on a eu la convention citoyenne sur le climat,
09:12 des citoyens choisis qui s'emparent du climat, qui font des propositions à la poubelle,
09:17 et là on a tous les acteurs du logement,
09:19 depuis la Fédération Française du bâtiment jusqu'à la Fondation Abbé Pierre,
09:23 en passant par le logement social, les promoteurs, les architectes,
09:27 et tout le monde se sent humilié, humilié,
09:30 c'est-à-dire que vous ne pouvez pas abîmer à ce point la démocratie
09:34 et tous les processus de concertation et d'intelligence collective,
09:38 à chaque fois en disant "ah c'est génial, on va vous réunir",
09:42 et en fait on détruit l'intelligence collective
09:45 et la mobilisation des forces vives de ce pays, ça va mal tourner.
09:49 – Ça va mal tourner, ça veut dire, ça va vous dire quoi ?
09:50 Est-ce qu'il y aura un avant et un après cette séquence réforme des retraites ?
09:54 Est-ce que par exemple les parlementaires écologistes
09:55 continueront à siéger comme avant ?
09:59 Ou est-ce qu'il y aura des nouveaux moyens d'agir ?
10:01 – Écoutez, les parlementaires écologistes,
10:04 ils vont continuer à porter des propositions,
10:07 encore une fois sur l'eau, on voit, enfin, on a tous les scientifiques,
10:12 je me permets de contourner un peu votre question, pardonnez-moi,
10:15 mais qui sont extrêmement inquiets aujourd'hui,
10:19 les forêts en France et dans le monde absorbent beaucoup moins,
10:23 les océans absorbent beaucoup moins de CO2,
10:25 qu'est-ce que ça veut dire quand on dit que ça absorbe beaucoup moins ?
10:29 Ça veut dire qu'en fait il va y avoir un dérèglement climatique
10:32 qui va s'accélérer encore plus, encore plus vite,
10:36 encore plus fort, encore plus durement,
10:38 et vous avez un gouvernement qui, sur le climat, sur les renouvelables,
10:44 sur la rénovation thermique, des logements, sur l'eau,
10:48 sur le changement de modèle agricole, sur la pollution de l'air,
10:51 ne veut rien faire, il renonce.
10:53 – Vous trouvez qu'il ne fait rien ?
10:54 – Ah ben rien !
10:55 Là, ce qui est sorti hier sur le logement,
10:57 c'est "on ne fera pas plus sur la rénovation thermique",
11:00 même Pizzaniferi et Madame Maffouz ont dit "il faut mettre 14 milliards",
11:07 c'est ce qu'on a toujours dit, ils ne le font pas.
11:10 Sur l'eau, la France condamnée, mise en demeure,
11:13 montrée du doigt par la Commission européenne…
11:14 – Le plan O, ce n'est pas suffisant pour vous ?
11:16 – Mais non, enfin quand vous avez le plan O, on dit…
11:18 Alors il y a un éléphant, dans la pièce, ça s'appelle l'agriculture,
11:22 là c'est 80% de la consommation d'eau l'été, 80%,
11:27 donc l'éléphant il touche les murs de partout.
11:29 Ah ben on ne l'a pas vu, on ne l'a pas vu, on ne fait rien,
11:32 on va continuer à financer les mégabassines,
11:35 on va tirer de l'eau qui n'est plus disponible pour irriguer une agriculture
11:40 qui est totalement inadaptée à ces régions où il n'y a plus d'eau.
11:44 Donc rien ne va, et qu'est-ce que cette inaction permanente,
11:49 ces renoncements à la justice sociale comme à la justice fiscale,
11:53 ça crée un désespoir dans notre pays,
11:57 et que nous, les forces de progrès, les écologistes,
12:01 on doit réussir à remobiliser effectivement pour qu'il y ait une perspective politique.
12:06 – Mais est-ce que le problème ce n'est pas que vous n'y arrivez pas justement ?
12:08 – Il faut qu'on y arrive, il faut qu'on y arrive, là, on est un peu…
12:11 alors il n'y a plus d'eau, mais reconnaissons que depuis un an
12:15 on prend la vague des réformes antisociales de ce gouvernement,
12:18 de l'inaction climatique, d'une colère qui monte dans le pays,
12:22 et nous avons la responsabilité effectivement de construire le projet
12:27 qui les convaincra, pas simplement d'être contre
12:30 et de voir l'impasse du libéralisme et le danger de l'extrême droite,
12:35 mais un projet enthousiasmant qui fait de ces grands défis
12:40 un sujet de mobilisation et de reconquête de notre pouvoir de vivre.
12:45 – Rien ne va, ça ne va pas assez vite, pas assez fort, il faut tout changer,
12:49 ça tombe bien, il y a des élections qui arrivent, il faut prendre le pouvoir,
12:52 les prochaines c'est les sénatoriales, vous êtes candidat,
12:54 quels sont vos objectifs par rapport à ces élections ?
12:58 Qu'est-ce que vous pensez pouvoir y faire et apporter aux sénateurs ?
13:00 – Renforcer le groupe écologiste au Sénat, c'est un groupe qui travaille beaucoup.
13:06 – 12 sénateurs aujourd'hui.
13:07 – 12 sénateurs, donc l'objectif c'est de se rapprocher des 20 sénatrices-sénateurs,
13:13 d'avoir dans une assemblée des territoires qui pèse,
13:20 et d'ailleurs on voit à quel point le gouvernement bloqué à l'Assemblée
13:26 passe par le Sénat aujourd'hui pour construire ses alliances avec les Républicains,
13:32 il faut y être présent, il faut porter nos idées,
13:34 il faut arracher des victoires comme ça a été le cas sur l'avortement.
13:39 – 20 sénateurs c'est quand même très ambitieux pour ces élections.
13:42 – On verra.
13:43 – Le corps électoral ne vous est pas forcément très favorable pour l'instant.
13:45 – On s'est renforcé sur tous les territoires,
13:50 c'est quand même aussi la bonne nouvelle, c'est des écologistes.
13:52 – Le renouvellement se fait par moitié,
13:53 et la moitié sur laquelle on va voter est la plus favorable aux écologistes.
13:57 – Écoutez on va voir, à Paris on n'avait plus de sénateurs-sénatrices,
14:01 vous le savez, donc on espère…
14:03 – Il reste en police d'union de la gauche ou à votre tour ?
14:05 – Écoutez là on a encore quelques jours pour discuter,
14:09 on discute avec l'ensemble des forces politiques installées
14:14 sur le territoire parisien, sur le département,
14:17 mais c'est aussi une négociation nationale.
14:19 – Vous êtes communiste ?
14:20 – Écoutez on discute, on va voir, vous savez qu'il y a une liste
14:23 qui s'est engagée autour de, j'allais dire, de la majorité parisienne,
14:29 ce qui n'est pas forcément la majorité au sein du Parti Socialiste,
14:31 mais ce n'est pas mon affaire de rentrer dans leur débat interne.
14:35 – En tant que Rémi Féraud qui est le sénateur sortant, vous discutez avec lui ?
14:38 – Pourquoi on veut être fort au Sénat ?
14:42 Je l'ai dit, il y a un dérèglement climatique,
14:45 il y a la dégradation de la nature, de la biodiversité,
14:49 et ce gouvernement y renonce, c'est quand même le terme,
14:54 ça restera la phrase de ce quinquennat sur l'environnement.
14:59 Le président de la République qui appelle finalement une pause environnementale,
15:02 c'est ça, c'est pas là comme ça qu'il l'a dit,
15:04 mais c'est comme ça qu'il a voulu le faire comprendre,
15:06 comme Sarkozy l'avait fait en disant l'environnement, ça commence à suffire.
15:11 – Mais c'était une pause sur les nouvelles normes européennes,
15:14 il n'a pas créé de nouvelles normes.
15:15 – Qu'est-ce qu'il dit ?
15:16 Au fond il se rapproche de la droite européenne qui aujourd'hui dit,
15:19 "pouf, ça cogne tellement sur l'environnement,
15:23 la catastrophe qu'on n'a pas anticipée, sur laquelle on n'a pas agi, est tellement là,
15:28 que finalement le meilleur moyen de régler le problème dans l'environnement,
15:31 c'est de ne plus en parler et de ne plus agir, on va mettre ça de côté".
15:35 Donc au fond c'est, je ne sais pas quoi, c'est une sorte d'anxiolithique,
15:39 où on se dit finalement ne plus en parler, c'est ne plus avoir de crise,
15:44 mais non elle est là et c'est totalement irresponsable,
15:46 et le président de la République s'inscrit, et donc nous écologistes,
15:49 on veut porter ça au Sénat, vous savez combien nous sommes des fédéralistes,
15:54 donc s'il y avait des réformes qui permettaient de renforcer le pouvoir
15:57 des régions, des collectivités, c'est un sujet très important pour nous,
16:01 c'est le sujet de Paris, confronté au dérèglement climatique,
16:05 comme à la question du logement, comme à la question du transport,
16:07 et puis nous voulons porter la question de la proportionnelle,
16:11 enfin tout ce bazar dont on parle, cette incapacité au Parlement,
16:17 que ce soit l'Assemblée, au Sénat, d'intervenir correctement dans le débat public,
16:22 la façon dont les institutions ne fonctionnent plus, la démocratie ne fonctionne plus,
16:28 la façon dont Emmanuel Macron concentre les pouvoirs,
16:31 et puis tous les débats de la NUPES sur comment se débrouille en 2027,
16:35 reconnaissant que s'il y avait la proportionnelle dans notre pays,
16:39 si on devenait une démocratie mature, eh bien notre pays, notre démocratie,
16:49 s'en trouverait apaisé. Nous avons besoin de la proportionnelle dans notre pays,
16:54 d'abord pour 2027. – Ça tombe bien presque au Sénat,
16:55 il y a une part de proportionnelle. – Bien sûr.
16:57 – Donc vous travaillez à une liste d'Union de la gauche,
16:59 c'est pas acté qu'il y aura une liste Écolo à Paris ?
17:01 – C'est ouvert, c'est ouvert, nous sommes en capacité d'avoir des élus seuls,
17:07 c'est ouvert, nous sommes dans des discussions,
17:10 il reste encore quelques jours pour le vote, le 9, au Conseil de Paris,
17:16 et puis jusqu'à fin septembre.
17:18 – Si toutefois vous partez sur une liste écologiste seul,
17:21 vous seriez numéro 2 de la liste, vous êtes numéro 2,
17:25 est-ce que vous êtes sûr d'être élu ?
17:26 Vous êtes sûr qu'aucune voix de votre camp ne manquera ?
17:28 Il n'y aura pas de division interne ?
17:29 – Non, vous savez, il faut toujours travailler, c'est une campagne électorale,
17:32 on y travaille très sérieusement,
17:34 vous savez qu'on a eu un processus de consultation interne,
17:38 puis il y a eu nos instances…
17:39 – Qui n'a pas fait que des heureux ?
17:41 – Eh non, ça c'est la démocratie, ça ne fait pas que des heureux.
17:43 – Et ces voix ne vous manqueront pas ?
17:44 – Pardon ?
17:45 – Ces voix ne vous manqueront pas ?
17:46 – Écoutez, on verra, moi j'appelle à la responsabilité,
17:49 j'appelle au respect des votes des militants,
17:52 c'est important d'avoir notamment plus de sénatrices,
17:57 avec notre groupe on est très très très attachés à la parité,
18:01 au Sénat ce n'est pas exactement ce qu'on espérait,
18:06 donc on va mettre le maximum de sénatrices en position élégée.
18:10 – Vous êtes élu au Sénat à l'automne,
18:13 vous voyez président du groupe écologiste ?
18:15 – Non, vous savez quand vous arrivez dans une institution,
18:18 il faut respecter celles et ceux qui sont là,
18:21 qui connaissent l'institution, qui y travaillent,
18:23 donc il y a des personnes très compétentes,
18:27 déjà engagées depuis un moment au Sénat,
18:29 qui à mon avis relèveront ce défi.
18:32 – Du coup vous ne serez pas candidat à l'UE ?
18:34 – Ah ben non, ça on ne peut pas tout faire.
18:36 – Qui souhaitez-vous voir succéder comme tête de liste ?
18:38 – Écoutez, il y a une candidate potentielle et un candidat potentiel,
18:44 Marie Toussaint, David Cormand, les deux ont des qualités,
18:49 les deux ne se sont pas encore positionnés
18:52 comme candidate ou candidat tête de liste,
18:55 écoutez on va voir ce qu'ils vont faire,
18:57 mais ce qui est sûr c'est que…
18:58 – Aucun des deux n'a votre préférence ?
19:00 – Non, non, les deux ont du talent,
19:03 ils font un boulot remarquable au Parlement européen,
19:06 et puis moi je souhaite, ça ne vous a pas échappé,
19:09 que cette élection européenne soit une élection européenne,
19:12 ce n'est pas un scrutin intermédiaire,
19:14 ce n'est pas un sondage national pour l'élection présidentielle.
19:17 – Non mais sachez à Jean-Luc Mélenchon ça.
19:19 – Ce qui est essentiel c'est qu'on ait beaucoup d'élus pro-européens
19:24 au Parlement à Strasbourg,
19:26 vous savez on a voté sur le devoir de vigilance la semaine dernière,
19:29 ça s'est joué à quelques voix,
19:31 et bien c'est à ça que ça sert le Parlement européen,
19:34 vous savez la planification écologique,
19:36 la seule qui existe vraiment, elle est européenne.
19:39 – Donc c'est un message à Jean-Luc Mélenchon,
19:41 pour vous les députés LFI ne sont pas suffisamment pro-européens ?
19:44 – Je vous ai dit que j'étais pour la proportionnelle,
19:47 on a un scrutin proportionnel à un tour,
19:50 ça permet aux insoumis d'aller chercher
19:53 tous leurs électrices et leurs électeurs
19:55 autour de leur projet, qui n'est pas le nôtre,
19:57 qui est moins pro-européen,
19:59 parfois plus ambigu sur la Russie, sur la Chine,
20:01 peu importe, je ne conteste pas leur projet,
20:04 c'est le leur, mais qu'ils aillent chercher
20:05 le maximum d'électeurs sur leur projet,
20:08 qu'on aille chercher le maximum d'électeurs sur notre projet,
20:11 pour que insoumis et le maximum de députés,
20:14 les écologistes, les socialistes, le maximum de députés,
20:18 et comme nous travaillons ensemble à l'Assemblée de Strasbourg,
20:21 et bien ça nous permet d'être plus forts dans les débats.
20:23 – Si chacun va chercher son électeur,
20:25 il n'est pas question d'avoir une liste commune aux européennes,
20:30 le débat il est clos, tranché, ça ne sert à rien d'y revenir.
20:33 – Mais comment il est tranché ?
20:34 Et je ne comprends pas d'ailleurs la façon
20:37 dont Jean-Luc Mélenchon remet la pression.
20:40 – Il la remet dimanche encore,
20:41 donc ça nous entretient à 20 minutes.
20:43 – Mais qu'est-ce qu'il veut ?
20:44 Il sait qu'on aura une liste,
20:47 il sait qu'au fond, et c'est normal,
20:49 c'est le jeu démocratique,
20:51 il n'y a pas à dramatiser l'élection,
20:53 européenne qui est un scrutin proportionnel à un tour,
20:57 donc au fond, qu'est-ce qu'il cherche en disant
21:00 s'il n'y a pas de liste commune, il n'y a plus de NUPES ?
21:02 Qu'est-ce qu'il cherche ?
21:03 – Qu'est-ce qu'il cherche pour vous ?
21:04 – Je me demande s'il veut continuer la NUPES,
21:07 c'est sa réussite la NUPES,
21:11 pour le scrutin législatif de 2022,
21:13 il a pris cette initiative
21:14 et ça a été une très bonne stratégie de défense.
21:18 Et aujourd'hui, on a l'impression qu'au fond,
21:21 si tout le monde n'est pas le doigt sur la couture de sa stratégie,
21:26 il n'y a plus de NUPES, il veut casser le jouet.
21:29 Eh bien je trouve que nous avons la responsabilité
21:31 à la fois d'utiliser le scrutin européen
21:34 pour avoir le maximum d'élus,
21:35 la proportionnelle à un tour, chacun y va avec son projet,
21:39 comme nous avons la responsabilité
21:41 de travailler à l'union dans notre pays
21:44 pour faire en sorte qu'en 2027,
21:46 pas simplement nous soyons second tour.
21:49 Ça, ça serait presque, j'allais dire, si on se met ensemble,
21:51 c'est presque acquis, pas sûr,
21:54 mais c'est acquis si on se met une seule candidature
21:57 pour être au second tour.
21:58 Mais la question c'est de gagner l'élection présidentielle,
22:00 sinon on se trompe de débat.
22:02 – Mais vous mettez un "si", ça veut dire que ce n'est pas acquis
22:03 pour vous qu'il n'y ait qu'une seule candidature ?
22:05 Est-ce que vous souhaitez comme vous l'avez été vous,
22:07 qu'il y ait un candidat écologiste en 2027 ?
22:09 – Non, vous savez, un an avant la présidentielle,
22:11 j'étais le seul, j'ai rassemblé et j'ai voulu rassembler
22:15 tous les candidats de gauche et écologiste
22:16 pour qu'on ait un programme ensemble
22:19 qui débouche sur une candidature commune.
22:22 Reconnaissons que ni Jean-Luc Mélenchon,
22:25 ni Fabien Roussel, ni Anne Hidalgo
22:28 ne voulaient cette candidature commune.
22:30 Donc nous avons acté qu'il n'y avait pas de candidature commune pour 2022.
22:34 Moi je souhaite qu'il y ait une candidature commune pour 2027,
22:38 qui soit écologiste et de gauche,
22:41 et qui nous permette, encore une fois,
22:43 pas simplement de se faire plaisir en allant au second tour,
22:48 mais de prendre la responsabilité et se donner les moyens
22:51 de gagner l'élection présidentielle.
22:53 Donc il faut faire 50% plus une voix au second tour.
22:56 – Et ça c'est possible avec un candidat insoumis ?
22:59 – Il faut toute la gauche et les écologistes.
23:01 Moi je ne m'inscris pas dans les gauches irréconciliables.
23:04 J'entends les uns et les autres dire, certains…
23:09 J'allais dire, je ne sais pas,
23:11 une partie du Parti Socialiste est devenue infréquentable,
23:15 et d'autres disent que les insoumis sont infréquentables.
23:17 On aura besoin de tout le monde pour gagner.
23:19 – Ce candidat d'Union de la Gauche et des écologistes pour 2027,
23:22 il pourrait s'appeler Yannick Jadot ?
23:23 – Oh là là, moi je suis candidat à l'élection sénatoriale,
23:26 si on peut faire les étapes les unes après les autres.
23:29 – Vous auriez envie d'y retourner ?
23:30 – Écoutez, ce n'est vraiment pas le sujet.
23:31 Franchement, ce n'est pas le sujet aujourd'hui.
23:34 – Mais c'est pas non ?
23:35 – On verra, vous savez, on est dans un autre espace-temps là.
23:41 Moi je souhaite m'impliquer pleinement dans la politique nationale,
23:45 parce que je pense que le risque aujourd'hui très lourd
23:48 d'une victoire de Marine Le Pen avec un Premier ministre
23:52 qui s'appellerait Ciotti ou Wauquiez est très fort.
23:55 Regardez ce qui s'est passé en Espagne.
23:57 – D'après vous, l'LR pourrait devenir Premier ministre de Marine Le Pen ?
23:59 – Bien sûr, je veux dire, mais regardez ce qui se passe dans toute l'Europe.
24:02 LR a totalement dérivé vers l'extrême droite,
24:06 il n'y a qu'à les écouter sur l'immigration,
24:08 franchement c'est devenu totalement lunaire.
24:11 – C'est vous qui êtes là pour qu'on vous le dise ?
24:12 – Ah oui, quand vous en êtes quasiment à hésiter sur le droit du sol,
24:18 le droit du sang, quand vous faites des immigrés,
24:23 les boucs émissaires de toutes les difficultés de la France,
24:26 quand vous focalisez là-dessus,
24:28 quand vous êtes aussi dans une dérive illibérale,
24:32 vous contestez tous les contre-pouvoirs de la République et des institutions.
24:36 C'est totalement fou, c'est Orban, c'est Lepice en Pologne.
24:40 Donc au fond, quand vous avez cette menace-là,
24:43 quand vous avez la société française qui,
24:45 comme beaucoup de sociétés dans le monde, est prise de vertige,
24:49 vous avez tendance à penser plutôt avec les tripes qu'à regarder devant.
24:55 Donc ce risque existe.
24:58 Regardez en Espagne, pourtant Pedro Sanchez y gouverne pas mal,
25:02 économiquement, socialement, environnementalement, il fait des choses.
25:07 Il va potentiellement être emporté par la vague populiste
25:10 de l'alliance de la droite et de l'extrême droite.
25:13 Donc on a, notent-nous, une responsabilité majeure
25:16 que ça n'arrive pas en France,
25:18 et pour ça, y compris à gauche avec les écologistes,
25:22 et ce n'est pas les écologistes qui sont là-dedans,
25:26 il faut arrêter les détestations personnelles,
25:29 les houkas sur cette partie de la gauche est infréquentable,
25:32 les gauches anti-réconciliables, les nostalgies régressives,
25:36 parce que l'élection de 2027,
25:38 c'est pas réélire François Mitterrand en 81.
25:41 On ne peut pas juste fonctionner sur ce qui nous fait du bien,
25:44 mais ce qui ne nous permet pas d'affronter l'enjeu du climat,
25:48 de la justice sociale, de la justice fiscale
25:50 et de la démocratie dans notre pays.
25:51 – Merci beaucoup Yannick Jadot.
25:53 Merci d'avoir été notre invité ce matin.
25:55 On regarde la Lune de Ouest-France,
25:56 un plan pour le logement qu'il y a du mal à convaincre.
25:58 C'était la Lune de votre journal Stéphane.
26:00 Merci Yannick Jadot d'avoir été avec nous,
26:02 et peut-être à bientôt au Sénat.
26:04 – Mais Justelle, avec plaisir.
26:06 – Merci beaucoup, on passe au Club des territoires.