La lutte de Jean-Pascal Zadi pour la diversité au cinéma

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Transcript

00:00 On dit maintenant le cinéma c'est pas pour nous, c'est pas notre délire.

00:02 C'est pour nous, c'est pour tout le monde.

00:04 On veut des renois qui ont des boîtes de production,

00:06 on veut des renois dans les comités, dans les chaînes de télé.

00:09 En fait, nous on veut être partout.

00:11 Hey, salut les gars, je suis JP Zaddy, meilleur espoir du cinéma de l'année dernière.

00:16 Vous êtes plutôt dans le registre de la comédie normalement.

00:18 Là on fait un gros film d'action.

00:19 "Coco Rico" c'est une aventure collective avec mon gars sûr,

00:24 John Wax le triple X, qui a réalisé le truc, avec Fary à l'écriture.

00:28 On a voulu rigoler sur des thématiques de la société qui nous faisaient rire.

00:32 Et nous, ce qui nous fait rire en particulier,

00:34 je pense que c'est un peu l'exclusion en général.

00:37 Parfois on a du mal à comprendre si vous jouez un rôle ou si vous êtes vraiment débile.

00:41 Là par exemple, vous jouez un rôle, non ?

00:43 Oui !

00:46 On sait que l'humour aujourd'hui c'est difficile.

00:48 Beaucoup de gens se plaignent et disent que non, on ne peut pas rire de tout,

00:51 le moindre truc qu'on dit peut être mal interprété, machin, tout ça.

00:54 Donc nous, à partir de ça, on s'est dit, on va faire un sketch show

00:58 et après on va s'auto-juger nous-mêmes sur les sketches qu'on a écrits.

01:01 C'est un peu méta.

01:02 Il y en a un, c'est un sketch avec Charlotte Gabry,

01:06 dans lequel elle joue une espèce de RH,

01:09 et moi un employé qui a fait une connerie,

01:11 et donc j'arrive dans son bureau.

01:13 Je peux ?

01:14 Oui, je vous ai dit d'entrer.

01:16 En plus on a rendez-vous donc.

01:17 Tout ce qu'elle me dit, en fait, je prends ça pour du racisme,

01:20 et moi tout ce que je dis, elle prend ça pour du sexisme,

01:22 et donc du coup on n'arrive pas à discuter.

01:24 Je ne vais pas m'excuser, arrêtez de me dévorer du regard, là, comme ça.

01:28 Pardon ? Dévorer ?

01:28 Rapport à l'exposition coloniale, le noir cannibale, on en est là ?

01:31 En 2022 on en est là ?

01:33 Arrêtez, ça va, ne me dites pas qu'en Afrique personne n'a mangé personne.

01:36 L'époque dans laquelle on vit, ça manque aussi parfois un peu de communication,

01:39 juste de s'écouter.

01:40 Il y a beaucoup de prises de position, mais est-ce qu'on s'écoute ?

01:44 C'est la grande question de ce sketch.

01:46 L'humour, c'est un moyen d'ouvrir le débat, d'ouvrir les discussions,

01:53 bien sûr de rire et de passer aussi un bon moment,

01:55 mais pour moi c'est vraiment un outil pédagogique et j'aime bien l'utiliser.

01:59 Bon, c'est elle la donzelle endormie, là ?

02:02 Elle est pas mal, hein ?

02:03 Mais qui t'es, toi ?

02:04 Je suis le prince.

02:05 Non mais les gars, il faut que ça soit un prince charmant.

02:07 C'est moi ?

02:08 Mais t'es pas charmant du tout, mec, t'es dégueulasse.

02:10 Ça m'arrive des fois d'aller dans des restaurants et tout,

02:13 des trucs un peu bien huppés, tu vois,

02:15 et quand j'arrive devant j'ai un peu rep'

02:17 et je vois les gens ils me regardent et tout, j'ai rep' de me faire recaler.

02:20 Quand j'étais au cours, il m'est arrivé une anecdote comme ça,

02:22 où on ne voulait pas que j'interprète le rôle de Louis XIV

02:25 parce que je ne serais pas crédible,

02:27 mais je ne sais pas, ça ne m'atteint pas plus que ça,

02:29 parce que ma mère m'a éduqué en me disant, avec mon frère,

02:33 quand on était petits, elle nous disait "vous êtes des Noirs

02:35 et votre vie ne sera pas comme celle des Blancs,

02:37 donc vous allez affronter plein de difficultés".

02:39 Donc moi j'étais déjà prêt.

02:40 J'ai envie de dire, comme mon ami Dany l'a fait hier,

02:44 il faut faire confiance au temps et il faut voir le temps en temps long.

02:50 Et donc pour ça, je remercie tous ceux qui ont ouvert la Bresse avant moi.

02:53 Depuis "Tout simplement Noir", depuis "Mont César",

02:55 quand même ma vie elle a changé frère.

02:57 Là quand on va à Franprix, on ne regarde plus le prix des pattes.

03:00 Tu vois ce que je veux dire ?

03:01 Il y a un peu plus d'acteurs Noirs,

03:03 il y a un peu plus de réalisateurs Noirs, même des actrices aussi.

03:06 Donc on a un peu plus la parole, même si on est 3-4 pélos.

03:10 On est 3-4 pélos dans le game, tu vois.

03:12 Mais il y a quand même plus de visibilité.

03:15 Et le fait qu'il y ait eu George Floyd aux États-Unis,

03:17 ça a sensibilisé la planète, c'est bien.

03:19 Mais bon, en fait le truc qui m'énerve,

03:21 c'est que souvent en France, on se dédouane des problèmes

03:25 en parlant des États-Unis.

03:26 En disant "Ouais aux États-Unis, t'as vu là-bas aux États-Unis, c'est des oufs".

03:30 Mais il y a des problèmes aussi en France.

03:32 Il y a des problèmes de violences policières,

03:33 il y a des problèmes d'exclusion.

03:35 Il y a plein de choses aussi en France.

03:36 Et moi j'aimerais bien qu'on arrête de se cacher derrière les États-Unis

03:40 et qu'on regarde nous notre situation ici en France.

03:42 Et qu'on essaye de faire changer les choses.

03:45 C'est terminé le fléau.

03:47 Tu devrais répondre de tes actes devant la Cour pénale internationale.

03:50 Moi je n'ai pas besoin qu'un noir soit James Bond 007.

03:57 Mais moi j'ai besoin qu'on puisse faire notre propre film,

04:00 notre propre héros à nous, agent secret, et qu'il fera son enquête.

04:03 Moi je suis plus pour prendre la parole.

04:05 On veut au moins qu'on puisse faire notre propre film.

04:08 On veut qu'on puisse faire notre propre film,

04:10 notre propre héros à nous, agent secret, et qu'il fera son enquête.

04:13 On veut prendre la parole.

04:14 On veut aussi faire partie des commissions au CNC.

04:17 On veut faire partie des décideurs dans les boîtes de production.

04:20 On veut des renois qui ont des boîtes de production.

04:22 On veut des renois qui sont dans les comités

04:25 pour financer les films dans les chaînes de télé.

04:28 En fait nous on veut être partout.

04:30 Je te dis la vérité.

04:31 On veut être partout.

04:32 On veut avoir notre mot à dire.

04:34 On ne veut pas être que spectateur du bail.

04:36 On veut faire partie du game.

04:38 Mais ça c'est en train de venir.

04:39 Moi j'ai participé déjà à des commissions du CNC.

04:42 Eric Judor aussi il a participé à des commissions.

04:44 Laj avec son école en train d'ouvrir les vannes.

04:48 Laj l'y je veux dire.

04:49 Et Laj y produit.

04:50 Moi aussi je produis maintenant.

04:51 D'ailleurs il y a un film que je produis qui sort le 5 juillet.

04:53 Il s'appelle "Yo Mama".

04:55 Un futur classique.

04:56 Même dans les équipes techniques.

04:57 Des jeunes noirs ingé-sons, régisseurs, assistants réels.

05:02 Tout ça c'est important.

05:03 Ce sont des boulots auxquels on ne pense pas.

05:06 Nous dans notre condition on dit "mais non le cinéma c'est pas pour nous".

05:09 "C'est pas notre délire".

05:10 C'est pour nous !

05:11 C'est pour tout le monde !

05:13 [SILENCE]

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