La réanimation est le service qui accueille les malades en urgence vitale. Ceux, d'abord admis dans les autres services, dont l'état s'est aggravé, tout comme les malades graves amenés par les pompiers ou le Samu. Nous suivons le parcours de ces patients en états critiques dès leur arrivée dans le service. Ils y restent parfois plusieurs mois.
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00:00:00 - Il mesure combien ? - 75.
00:00:02 - 75. - 75.
00:00:04 - 87 kg.
00:00:05 ...
00:00:08 - Bonjour, monsieur. Je suis le docteur Aziz,
00:00:10 le médecin de réanimation.
00:00:12 Vous écoutez quoi comme musique ?
00:00:14 ...
00:00:17 - Une nouvelle dynophore.
00:00:18 - Elle est au téléphone avec vous ?
00:00:20 OK, c'est bien.
00:00:22 - J'ai pas de gardien en renfort.
00:00:24 - On va devoir vous endormir, monsieur.
00:00:26 - Sinon, je le renforce avec ça.
00:00:29 Parce que là, vous êtes épuisés.
00:00:31 C'est trop compliqué de vous laisser comme ça.
00:00:34 Vous êtes d'accord ?
00:00:35 ...
00:00:37 Mais vous, ça, vous le sentirez pas, vous dormirez.
00:00:40 ...
00:00:42 Vous lui avez dit à votre femme ?
00:00:44 Elle parle anglais ?
00:00:45 ...
00:00:47 - Hi, I'm the doctor.
00:00:49 From the intensive care.
00:00:53 I'm with your husband.
00:00:55 ...
00:00:57 ...
00:00:59 ...
00:01:01 ...
00:01:03 ...
00:01:06 ...
00:01:08 ...
00:01:10 ...
00:01:12 ...
00:01:14 ...
00:01:17 ...
00:01:19 ...
00:01:21 ...
00:01:48 ...
00:01:49 ...
00:01:51 ...
00:01:55 ...
00:01:57 ...
00:02:00 ...
00:02:01 ...
00:02:03 ...
00:02:10 - On peut y aller.
00:02:12 ...
00:02:14 See you later.
00:02:16 ...
00:02:44 - Ça va ?
00:02:45 ...
00:02:46 - J'arrive, là.
00:02:47 ...
00:02:48 - C'est quoi, la...
00:02:49 ...
00:02:51 ...
00:03:01 - Tiens.
00:03:02 ...
00:03:05 - C'est bon, c'est clair.
00:03:06 ...
00:03:08 - C'est bon pour moi.
00:03:09 Vous pouvez y aller comme vous.
00:03:11 ...
00:03:15 ...
00:03:16 ...
00:03:19 - Là, l'objectif, c'est de passer un cap.
00:03:21 Vous avez une inflammation dans vos poumons
00:03:24 qui gêne la capture de l'oxygène par vos poumons.
00:03:28 ...
00:03:30 On fait ce qu'on peut pour vous aider à capter cet oxygène.
00:03:33 Vous allez bien souffler.
00:03:35 J'ai vu que vous étiez ultra courageuse.
00:03:37 Je lui donne la main.
00:03:38 ...
00:03:39 - Doucement.
00:03:40 Doucement.
00:03:41 ...
00:03:43 Voilà.
00:03:44 - Ça gêne ? - Voilà.
00:03:45 - Beaucoup mieux.
00:03:46 - Ça y est, c'est piqué.
00:03:47 Maintenant, le plus gros, il a été fait, là.
00:03:51 D'accord ? - Oui, ce qui pique, c'est fait.
00:03:53 - Après, là ? - Oui, ça s'arrête un petit peu.
00:03:56 Vous allez voir.
00:03:57 ...
00:03:59 - On est trop gentils ? - Oui.
00:04:01 - Ah bon ? - Non, pas mal.
00:04:03 ...
00:04:04 - La dame a dit qu'on est gentils
00:04:06 alors qu'on lui plante des insulines dans tous les vaisseaux.
00:04:09 - On le fait délicatement ?
00:04:11 - Je peux enregistrer ça et le dire à ma mère.
00:04:14 Elle me dit toujours ce que je suis.
00:04:16 - "Marie et la délicatesse", vous avez 3 heures.
00:04:18 ...
00:04:20 ...
00:04:28 - Bonjour, monsieur Jouini.
00:04:29 Je suis le docteur Lermuzo, médecin de réanimation.
00:04:33 On a pris en charge votre femme ce matin,
00:04:35 depuis les urgences,
00:04:37 parce qu'en fait, de façon assez brutale,
00:04:40 vers 10h, elle a présenté une détresse respiratoire.
00:04:43 Elle avait beaucoup de mal à respirer.
00:04:45 Pour l'instant, elle est consciente.
00:04:48 C'est elle qui respire toute seule.
00:04:50 On peut discuter avec elle.
00:04:51 Et ça va un peu mieux.
00:04:53 Si jamais ça va plus mal,
00:04:55 que nos traitements y suffisent pas,
00:04:57 à ce moment-là, peut-être qu'on sera amenés à l'endormir.
00:05:01 - L'endormir combien de temps ?
00:05:03 - C'est plusieurs jours et souvent plusieurs semaines.
00:05:06 Mais on n'en est pas là et on va essayer de ne pas le faire.
00:05:09 - J'espère, parce que...
00:05:11 - Si on doit le faire, on doit le faire.
00:05:13 D'accord ? - Parce que le problème...
00:05:15 J'espère que tout va bien, parce que c'est pour ses enfants.
00:05:19 - Bien sûr.
00:05:20 - Moi, c'est pas un problème.
00:05:22 Elle peut pas laisser ses enfants toutes seules.
00:05:25 - On est là pour la prendre en charge.
00:05:27 On s'occupe d'elle. - Je comprends.
00:05:29 Parce que c'est ses enfants.
00:05:31 Moi, c'est pas un problème,
00:05:33 mais si elle part, elle laisse ses enfants comme ça.
00:05:36 - Pour l'instant, elle a besoin
00:05:38 d'une quantité d'oxygène très importante.
00:05:40 Son état est préoccupant.
00:05:41 C'est pour ça qu'on l'a mise en réanimation.
00:05:44 On la surveille de très près pour faire au mieux.
00:05:46 D'accord ? - C'est gentil.
00:05:48 ...
00:05:50 Sonnerie de téléphone
00:05:52 ...
00:05:54 - Le produit est là pour que vous lavez les mains avant et après.
00:05:58 ...
00:06:01 - Ca va ?
00:06:02 - On vous laisse toutes seules. Ca vous angoisse un peu ?
00:06:06 ...
00:06:11 - J'espère être tranquille, comme Marie-Ève vous a montré.
00:06:14 Si jamais vous êtes trop fatiguées, vous n'arrivez pas,
00:06:17 il faudra qu'on vous aide.
00:06:19 Je peux vous laisser avec votre mari pour que vous profitiez ?
00:06:22 On est à côté, on a tous les répétiteurs.
00:06:25 OK ?
00:06:26 A tout à l'heure.
00:06:27 - Merci.
00:06:28 - De rien.
00:06:29 - C'est le... C'est le...
00:06:31 ...
00:06:32 ...
00:06:34 ...
00:06:36 ...
00:06:39 ...
00:06:41 ...
00:06:43 ...
00:06:45 ...
00:06:47 ...
00:06:49 ...
00:06:52 ...
00:06:54 ...
00:06:56 - Allez, ce que nous faisons,
00:06:58 ça gêne, c'est un peu l'or pareil.
00:07:01 Hop !
00:07:02 Hop !
00:07:03 Je vous mets un petit peu de grasse et de la vitamine A.
00:07:09 Voilà.
00:07:12 Je vois, dans un jour ou deux, il n'y aura plus rien.
00:07:17 ...
00:07:19 ...
00:07:22 ...
00:07:24 ...
00:07:26 OK.
00:07:27 ...
00:07:28 On va faire 250 mg de kétamine en IVD.
00:07:32 ...
00:07:34 ...
00:07:36 Voilà, ma belle, la tête tourne.
00:07:38 ...
00:07:41 ...
00:07:43 ...
00:07:45 ...
00:07:47 - Ah non, c'est ça, en dessous ? - Non, je lui ai demandé.
00:07:51 J'avais déjà tout...
00:07:52 J'avais déjà tout prévu.
00:07:54 Quand elle est arrivée, j'ai commencé par lui poser ces questions-là.
00:07:58 ...
00:08:00 ...
00:08:02 ...
00:08:04 ...
00:08:07 ...
00:08:09 - Il y a un truc qui va pas.
00:08:11 Il y a un truc qui va pas.
00:08:13 T'as soin de ma dure 2-4 no ?
00:08:15 Il faut... Le ventilateur, il y a un truc qui cloche.
00:08:18 La dame et le tube, c'est bon.
00:08:20 Kytri, tu peux le sculpter, si tu veux.
00:08:23 ...
00:08:25 ...
00:08:27 - Allez, ma belle, on grimpe, on grimpe, on grimpe !
00:08:30 ...
00:08:32 - Ça y est, écoute ?
00:08:34 C'était quoi ?
00:08:37 - Je pense qu'il faut aller là-bas. - Ouais, je suis en retard.
00:08:40 Ça remonte déjà.
00:08:42 La fille que j'ai eue au téléphone, elle a dit qu'il faut pas l'endormir.
00:08:46 Elle va pas se réveiller, sinon.
00:08:48 ...
00:08:51 C'est un peu dur.
00:08:52 Mais on espère que ça va marcher.
00:08:55 ...
00:08:57 ...
00:08:59 ...
00:09:01 ...
00:09:03 - Elle s'affaire à 100 % sous un coup de pied.
00:09:06 On lui s'est mis un 5,2 millimoles.
00:09:09 On l'intube avec énormément de difficulté.
00:09:11 On est obligés d'induire 2 fois.
00:09:13 Allez, je vous en rappelle.
00:09:15 ...
00:09:18 - C'est une patiente de 49 ans
00:09:20 qui a pas d'antécédents, pas de chirurgie,
00:09:23 mais qui a eu un coma de Glasgow 3 à l'arrivée des pompiers
00:09:26 avec une anisocorie. Elle était très hyper tendue.
00:09:29 On a passé du sérum salivar tonique,
00:09:31 toujours en anisocorie après.
00:09:33 Le scanner montre un énorme hématome
00:09:36 qui est peut-être dû à un anébrisme.
00:09:39 Ils étaient pas sûrs.
00:09:41 ...
00:09:43 ...
00:09:45 ...
00:09:47 - Alors, au final,
00:09:50 nous sommes en réanimation à l'hôpital de La Fontaine.
00:09:53 Ils retrouvent, comme je craignais
00:09:55 et comme je vous avais expliqué,
00:09:57 une hémorragie qui est dans le cerveau.
00:10:00 Donc, je vous invite à venir
00:10:03 maintenant en réanimation à De La Fontaine.
00:10:06 Comme ça, vous verrez un réanimateur
00:10:08 pour qu'il vous explique la suite de la prise en charge.
00:10:11 ...
00:10:13 - Là, on sait qu'il y a malheureusement
00:10:16 plus rien à faire pour elle
00:10:18 parce qu'elle risque soit de passer en mort en céphalique
00:10:21 soit d'être dans un état végétatif.
00:10:23 Donc, c'est catastrophique, ce qui lui arrive.
00:10:26 Maintenant, il faut qu'on prévienne la famille,
00:10:29 qu'on leur explique tout ça.
00:10:31 Et une fois qu'ils auront un peu compris
00:10:34 où on en est dans notre réflexion,
00:10:36 passer à la deuxième étape,
00:10:38 qui est le prélèvement d'organes.
00:10:40 Il y a une liste des refus.
00:10:42 On consulte cette liste des refus de dons d'organes.
00:10:45 Si la patiente n'est pas sur cette liste de refus,
00:10:48 c'est que par élimination, elle n'est pas contre.
00:10:51 En France, c'est ça, la réglementation.
00:10:53 Mais on s'informe auprès de la famille
00:10:55 si, de son vivant, elle n'a pas évoqué des choses
00:10:58 qui pourraient nous faire dire qu'elle est contre le don d'organes.
00:11:02 Souvent, on s'en tient à ce que dit la famille.
00:11:04 C'est trop brutal de dire qu'elle n'a pas dit non, donc on y va.
00:11:08 C'est quand même déjà dur pour eux.
00:11:10 Donc, voilà, on attend...
00:11:12 On attend d'avoir leur aval, en fait,
00:11:15 pour continuer la procédure.
00:11:17 ...
00:11:27 En fait, donc...
00:11:29 C'est difficile à expliquer, mais quand le cerveau est mort,
00:11:32 le corps est mort, en fait.
00:11:34 D'accord ?
00:11:35 Même si, là, pour l'instant, vous avez l'impression
00:11:38 qu'il respire, c'est la machine qui pousse de l'air,
00:11:41 qui envoie de l'air dans cette fonde.
00:11:43 Donc, ça fait beaucoup d'informations en même temps pour vous.
00:11:46 J'imagine que... Je pense que c'est bien que vous vous posiez un peu.
00:11:50 Et puis, on reparlera peut-être un peu plus reposé de tout ça,
00:11:54 parce que là, c'est...
00:11:56 C'est beaucoup de choses en même temps.
00:11:58 -On va tout remanger.
00:11:59 -Donc, là, les organes, ils tiennent pour l'instant,
00:12:02 mais on sait pas combien de temps ils vont tenir.
00:12:05 Donc, quand on fait un don d'organes, il faut le faire rapidement.
00:12:09 ...
00:12:38 -Alors, elle a les catéphères à droite.
00:12:40 Du coup, j'imagine que c'est vers vous et comme ça,
00:12:42 ce serait l'idéal. Vous êtes d'accord ?
00:12:45 -Comment ? -Vers les filles,
00:12:46 et ensuite, on bascule vers le ventilateur et tout.
00:12:49 -Oui. -Vas-y, on prend le scope,
00:12:51 si ça vous ennuie pas.
00:12:52 Donc, on commence par une lévitation vers le haut.
00:12:55 Voulez-vous baisser le lit ou ça va ?
00:12:57 -Ça va. -À trois.
00:12:59 Un, deux, trois.
00:13:01 -Oh, la vache ! -Il trifle !
00:13:02 -Plus haut, là ! -Qu'est-ce que c'est ?
00:13:05 -Le poids, il va trop haut, là !
00:13:07 -Il va trop haut, là ! -Essoufflez les filles !
00:13:09 -Essoufflez les filles !
00:13:11 -C'est bon, on est là.
00:13:12 -Tu es en forme, hein ?
00:13:14 Rires
00:13:16 -On fait la rotation,
00:13:17 comme ça, vous serez débarrassés.
00:13:19 Un, deux, trois.
00:13:21 -Vous allez faire la tour de la main par l'équipe Boubouine.
00:13:24 -Vas-y, c'est bon.
00:13:26 -C'est bon, c'est bon.
00:13:27 -Faut faire attention à sa petite joue.
00:13:29 C'est rouge, hein.
00:13:31 ...
00:13:35 -L'intubation a permis de lui sauver la vie dans l'immédiat,
00:13:38 car elle ne tenait plus en respiration toute seule.
00:13:41 Les besoins d'oxygène sont restés trop importants,
00:13:43 malgré 100 % d'apport en oxygène.
00:13:45 Elle avait un rapport entre la pression artérielle
00:13:48 en oxygène dans son sang et l'apport en oxygène
00:13:51 qui était quand même relativement bas
00:13:53 et qui était l'indication à ce qu'on la ventile sur le ventre.
00:13:56 C'est ce qu'on a fait cette nuit.
00:13:58 Elle a bien répondu au déculbitus ventral
00:14:00 quand on l'avait sur le ventre,
00:14:02 ça a réaéré les parties postérieures de ses poumons.
00:14:05 C'est le même qu'il y a en surpoids.
00:14:07 Donc ça a bien servi.
00:14:09 Après, ça reste en état précaire
00:14:11 et ce sera probablement un traitement
00:14:14 qu'on sera amené à renouveler dans les jours qui viennent.
00:14:17 ...
00:14:28 -Du coup, son fils nous dit
00:14:30 qu'elle aurait été contre le don d'organes.
00:14:34 Voilà.
00:14:35 ...
00:14:39 -On va arrêter les soins.
00:14:41 La patiente est morte au niveau cérébral.
00:14:43 Nous, on faisait de la réanimation d'organes,
00:14:46 comme on appelle ça,
00:14:47 pour maintenir les organes à peu près en vie
00:14:50 pour pouvoir les transférer sur un receveur.
00:14:52 Mais là, s'il n'y a plus de possibilité,
00:14:54 on va tout arrêter.
00:14:56 ...
00:15:22 -Ca va, les mafettes ?
00:15:24 -Un peu pour la mode.
00:15:25 -Ca va ? -Oui.
00:15:26 -Salut, Stéphane. Ca va ? Tu vas bien ?
00:15:28 -Toujours heureuse de toi.
00:15:30 -Toujours.
00:15:31 -Ca va ? -Oui, ça va.
00:15:33 -Ca a été la nuit ? -Oui.
00:15:34 -Oui ? -Oui.
00:15:35 -OK.
00:15:37 ...
00:15:39 -Bonjour, monsieur.
00:15:40 ...
00:15:45 Monsieur, je vous bouge la tête un petit peu.
00:15:47 Je regarde votre centre d'intubation.
00:15:50 ...
00:15:57 Je vous bouge les pieds, excusez-moi.
00:15:59 ...
00:16:03 De leur parler, de les prévenir de ce qu'on fait,
00:16:06 c'est une façon de garder un contact, un lien, quand même,
00:16:10 avec les patients, un lien humain.
00:16:12 Parce que si on occulte tout,
00:16:14 ça devient des objets,
00:16:17 des objets de soins.
00:16:20 C'est pas le but.
00:16:21 Faut pas que je perde de vue que c'est un être humain,
00:16:26 c'est le papa ou l'époux de quelqu'un,
00:16:28 le frère, peut-être, le fils de quelqu'un.
00:16:30 Parfois, dans la journée ou la nuit de travail,
00:16:34 quand on est tellement occupé par les soins,
00:16:38 qu'on a tellement de choses à faire,
00:16:40 que les situations d'urgence s'enchaînent,
00:16:42 c'est vrai qu'on occulte certains soins,
00:16:44 et notamment le soin relationnel,
00:16:47 surtout chez les patients qui sont inconscients.
00:16:49 Je m'en rends compte après, je me dis...
00:16:54 J'ai pas été bonne, là.
00:16:55 ...
00:17:03 -Lécurier, propofol aussi, insuline...
00:17:06 Bon...
00:17:07 Bah, il va pas bien, lui.
00:17:10 Il a la couverture mouillée, parce qu'il a beaucoup de fièvre.
00:17:15 ...
00:17:18 Il a pas trop de zébème.
00:17:20 ...
00:17:25 Gundo, il a de la fièvre depuis combien de temps ?
00:17:28 -Au moins depuis...
00:17:30 Il est monté jusqu'à 39,7.
00:17:33 -D'accord.
00:17:35 ...
00:17:58 -On va y aller, là ! On est prêts !
00:18:01 ...
00:18:04 -En fait, c'est parce qu'il y a le médecin
00:18:06 qui va vous enlever le tube.
00:18:08 Il faut qu'elle se mette de ce côté-là.
00:18:10 -Allez.
00:18:11 Donc là, je vais ouvrir un peu...
00:18:14 Euh...
00:18:15 Le truc qui tient le tube.
00:18:18 Est-ce qu'on l'avait aspiré aussi en sous-platique ?
00:18:22 Tout est fait ?
00:18:23 -Je dégonte, là ? -Vas-y, dégonte.
00:18:26 Et toussez ! Hop là !
00:18:28 Bravo !
00:18:29 -Très bien, oui.
00:18:31 Oh... Ça y est, ça y est.
00:18:33 Ça y est, ma belle !
00:18:34 -Oh, bravo.
00:18:37 -Voilà, super.
00:18:38 ...
00:18:42 -Est-ce qu'on peut éteindre la machine ?
00:18:44 Attendez.
00:18:46 -Merci.
00:18:47 -C'est élégant ? -C'est très bien.
00:18:49 -Vous avez fait beaucoup, aussi.
00:18:51 Ah oui, vous avez été très courageux.
00:18:53 -Alors... -Super, tout ça !
00:18:55 -Il va un peu peur.
00:18:57 -Excusez-moi, je vais vous remettre à ça.
00:18:59 Rires
00:19:01 -Mais je m'appuie sur le...
00:19:02 -Elle était combien, la machine ?
00:19:04 -Elle était à... -Très bien.
00:19:06 ...
00:19:10 -Bonjour. -Bonjour, monsieur.
00:19:11 -Ça va ? -Ça va, et vous ?
00:19:13 -Ça va, merci.
00:19:14 ...
00:19:21 -C'était...
00:19:22 C'était grave.
00:19:23 -Je sais.
00:19:24 -Allez, je te crie.
00:19:25 -Alhamdoulilah, tout va bien.
00:19:27 C'était pour tes enfants.
00:19:29 C'est pour tes enfants, le plus important.
00:19:31 Faut pas que tu restes. Faut pas qu'il reste.
00:19:34 Faut pas que tu restes. Faut pas que...
00:19:36 -Ouais, ouais.
00:19:37 -Vas-y doucement.
00:19:38 Alhamdoulilah, ça va, ça y est.
00:19:41 Là, pour le moment, t'as...
00:19:43 -J'ai mangé.
00:19:44 -C'est pas grave.
00:19:45 Tu sais, j'avais peur que tu parles...
00:19:47 Tu m'as parlé de Kim.
00:19:49 ...
00:19:51 -Ah, c'est bon.
00:19:53 ...
00:19:54 Ah oui.
00:19:55 -C'est des gens...
00:19:56 Ils sont humains.
00:19:59 -Vas-y, parle doucement, parce que...
00:20:01 -Non, je le vois, je le vois que c'est que des gens.
00:20:03 -Vas-y.
00:20:04 Fais voir tes parfums, s'il te plaît.
00:20:06 Le parfum.
00:20:08 -Ah.
00:20:09 -Tu m'en veux un peu ? -Essaye, grave.
00:20:11 -T'as tout les jours.
00:20:13 ...
00:20:25 -Ca va bien ?
00:20:26 ...
00:20:41 -Je vais te faire ça.
00:20:42 ...
00:21:12 ...
00:21:22 -On va lever pour enlever le prignon.
00:21:24 -Trois.
00:21:25 Un, deux, trois.
00:21:27 ...
00:21:29 On dépose.
00:21:31 OK.
00:21:32 Alors, à trois, encore un petit coup.
00:21:34 Un, deux, trois.
00:21:36 On tourne ?
00:21:37 -Oui, on est partis.
00:21:38 ...
00:21:40 -On enretire le bras.
00:21:41 Tu veux un peu de jauge ?
00:21:43 Voilà.
00:21:44 -C'est bon ?
00:21:45 -Ouais, c'est bon.
00:21:46 C'est bon, c'est assez.
00:21:48 -Ce moi, il est gonflé, il a des plaies sur le nez,
00:21:51 sur le front, la veau.
00:21:52 C'est son...
00:21:54 C'est le 14e bébé qu'on lui fait, donc...
00:21:57 -Bon, je vais pas avoir de la vitamine A, s'il te plaît.
00:22:01 Parce que, sincèrement, il est abîmé.
00:22:04 Il est toujours dans un état grammissime.
00:22:08 Il y a une petite amélioration,
00:22:10 il y a un peu de mieux,
00:22:11 il a une bonne réponse des coups d'utiles ventrales.
00:22:14 Donc on continue et on y croit.
00:22:16 En termes d'entourage, il y a pas grand monde.
00:22:19 -Il y a que des amis.
00:22:21 -Ouais, c'est ça.
00:22:22 Sa famille, elle est au pays, si je me souviens bien.
00:22:25 Donc c'est l'autre chose...
00:22:27 Pas très facile.
00:22:29 ...
00:22:31 -Bon, bon, bon.
00:22:33 -Ce matin, j'ai remis sur le dos un patient de 48 ans
00:22:36 et il a des escarres au niveau de la face
00:22:39 qui sont très impressionnants.
00:22:40 Le menton et la commissure des lèvres sont très abîmées,
00:22:44 c'est lucéré, c'est vraiment vilain comme tout.
00:22:46 Donc c'est choquant, parce que c'est quelque chose qui se voit.
00:22:50 Je pense qu'il cicatrisera correctement,
00:22:52 qu'il aura pas forcément de séquelles,
00:22:55 mais chez ce patient-là, on a un espoir,
00:22:57 on va mettre tout en oeuvre pour le sortir,
00:22:59 parce qu'il est très jeune et qu'il récupère une vie de qualité.
00:23:03 Quand on fait exactement la même chose
00:23:05 avec un personnage plus avancé, et qu'en plus, a priori...
00:23:08 Enfin, a priori, c'est pas...
00:23:10 Dans la majorité des cas, ça finit par un décès,
00:23:13 on rend un corps dans un état de délabrement physique
00:23:16 qui est difficile aussi à...
00:23:18 à tolérer.
00:23:20 Un sentiment de maltraitance, c'est ce que j'ai parfois.
00:23:23 Parce que l'objectif de la réanimation,
00:23:25 c'est pas de sauver la vie à tout prix,
00:23:27 c'est de faire passer une phase avec un danger vital
00:23:30 pour que les patients reprennent une vie de qualité,
00:23:33 peut-être différente de leur vie d'avant,
00:23:35 mais que ce soit une vie à n'importe quel prix.
00:23:38 -La question, c'est de bien choisir les candidats
00:23:41 à des prises en charge invasives.
00:23:44 Et c'est un exercice super difficile,
00:23:46 super difficile, parce qu'on manque de critères robustes
00:23:51 et on est souvent dans certains aspects
00:23:54 qui sont subjectifs.
00:23:56 Musique douce
00:23:59 ...
00:24:15 -Mon P/F a 120.
00:24:16 Je pense que la patiente, il faut qu'elle repose sa peau.
00:24:19 Parce que les DV de 20 heures, au bout d'un moment,
00:24:22 elles ont dit qu'elles salivaient le ventre.
00:24:25 ...
00:24:27 Je suis tellement inquiète pour elle, franchement.
00:24:30 Je suis pas favorable lorsqu'on la retourne de nouveau.
00:24:33 Elle a passé 20 heures en DV, il faut la reposer.
00:24:36 -De toute façon, il faut pas attendre un minimum...
00:24:39 -En fait, le DQ du central, c'est un vrai mode ventilatoire.
00:24:42 Le plus longtemps tu le fais, le mieux c'est.
00:24:45 Le problème, c'est que les patients tolèrent moins bien
00:24:47 d'être sur le ventre que sur le dos.
00:24:49 Il faut le temps pour faire bien les soins
00:24:52 et puis il faut reposer la peau,
00:24:54 parce que...
00:24:55 Ils sont moins bien installés, donc...
00:24:58 Mais sinon, c'est un mode ventilatoire, en soi.
00:25:00 Le plus longtemps tu y passes, le mieux c'est.
00:25:03 -OK.
00:25:04 -Monsieur, vous allez bien ?
00:25:06 -Oui, on peut se voir ?
00:25:07 Bonjour, monsieur.
00:25:09 On va s'installer à côté, dans la salle de famille ?
00:25:12 -Bonjour, monsieur. Vous allez bien ?
00:25:14 -Oui, avec la voisine.
00:25:15 -Merci, monsieur.
00:25:17 -Ca va ?
00:25:18 -Non, non, non.
00:25:19 ...
00:25:23 -Vas-y, installez-vous.
00:25:24 -On sera mieux, on sera au calme.
00:25:27 Merci.
00:25:28 ...
00:25:30 -Allez, asseyez-vous.
00:25:32 -Donc là, Mme Gabrielle, ça fait plus de trois semaines
00:25:35 qu'elle est chez nous.
00:25:37 En fait, pour sa pneumonie,
00:25:38 qui s'est aggravée de façon considérable,
00:25:41 pour laquelle elle a été intubée,
00:25:43 elle a été sédatée,
00:25:44 en effet, son état, malgré une prise en charge maximaliste,
00:25:49 maximale, a continué à se dégrader.
00:25:53 On s'est posé la question du bien fondé,
00:25:57 de la poursuite des traitements aussi lourds.
00:26:01 -J'ai entendu que vous allez la remettre sur le ventre.
00:26:04 -On avait prévu de la remettre sur le ventre.
00:26:07 -Est-ce que ça vaut vraiment ?
00:26:08 -C'est... En effet, on se pose la même question.
00:26:12 En effet, est-ce que c'est pertinent ?
00:26:14 -Jusque-là, c'est ce que je disais.
00:26:16 Mon beau-père, ça m'engage que moi.
00:26:18 Jusque-là, hier, les filles m'ont posé la question,
00:26:22 les infirmières, "Est-ce que c'est de l'acharnement thérapeutique ?"
00:26:26 -Oui, oui.
00:26:27 -Jusqu'hier, non.
00:26:28 Je ne peux pas dire non.
00:26:30 On ne voudrait pas que ça en devienne.
00:26:32 -Mais complètement, c'est une question qu'on se pose
00:26:35 à chaque instant.
00:26:37 C'est-à-dire, est-ce que ce qu'on fait
00:26:39 et ce qu'on continue à faire,
00:26:41 est-ce que ça a du sens ?
00:26:42 C'est une question qu'on se pose quotidiennement.
00:26:45 -Oui, mais il n'y a pas tout d'acharnement
00:26:48 thérapeutique. C'est une femme
00:26:50 qui ne voulait même pas entendre parler de fauteuil ou l'autre.
00:26:54 Si c'est pour qu'elle entraîne dans la douleur,
00:26:57 parce qu'elle ne souffre pas parce qu'elle est en bébé,
00:27:00 c'est une femme très, très courageuse.
00:27:02 Si vous voyez que ça va l'emmener pour rester comme un légume,
00:27:05 c'est pas du bien, ça, le ferait.
00:27:08 -Là, en début de semaine,
00:27:10 demain ou mardi,
00:27:11 on va se réunir à nouveau.
00:27:14 -D'accord.
00:27:15 -On va se réunir à nouveau.
00:27:18 On va rediscuter du projet de soins de Mme Gabriel.
00:27:22 À ce moment-là, mardi, on aura deux jours de recul
00:27:26 et on prendra les décisions
00:27:29 qui en découleront concernant le projet de soins
00:27:31 de Mme Gabriel.
00:27:33 Voilà, on fait le maximum, on fait le mieux.
00:27:35 Et surtout, on essaie de faire des choses qui ont du sens.
00:27:39 Musique douce
00:27:41 ...
00:28:03 ...
00:28:19 -Donc, Mme Gabriel, c'est une patiente de 71 ans
00:28:22 qui a commenté ses dents d'eau, l'hypertension,
00:28:25 une FA, une obésité, un lupus et un syndrome d'apnée du sommeil,
00:28:29 qui est hospitalisée maintenant depuis 26 jours
00:28:33 et les différentes thérapeutiques dont elle est bénéficiée
00:28:36 ne lui ont pas vraiment permis d'amélioration.
00:28:40 Là, la patiente, elle reste toujours catastrophique
00:28:43 sur le plan respiratoire.
00:28:46 -Donc, la question, c'est plutôt du côté d'un arrêt de traitement ?
00:28:49 -Ce serait ça, enfin...
00:28:50 -T'as-y ?
00:28:53 -Euh...
00:28:54 Je suis toujours un petit peu embêtée pour Mme Gabriel
00:28:57 parce que je pense que je suis très attachée à cette dame.
00:29:00 J'aurais envie de dire qu'on a envie de continuer.
00:29:03 Après, la seule chose qui m'embête et je pense qu'il y a à prendre en compte,
00:29:08 c'est la famille, parce que si la famille évoque de l'acharnement,
00:29:12 ça va nous aider à prendre une décision.
00:29:14 -Sur ce que tu dis, moi, il y a quelque chose
00:29:17 auquel je pensais, c'est la question d'être abîmée au niveau du visage.
00:29:21 Être abîmée au niveau du visage,
00:29:23 je pense que ça renvoie à quelque chose de différent
00:29:25 et je crois que ce serait pas autant investi
00:29:29 comme un effet vraiment maltraitant les escarres
00:29:32 si ça avait été seulement à d'autres lieux du corps,
00:29:35 mais que quand il y a quelque chose qui vient marquer le visage,
00:29:38 je crois que ça nous interpelle tous beaucoup plus
00:29:42 parce que le visage et la peau du visage,
00:29:44 c'est pas les cicatrices, tout ça, voir un visage abîmé,
00:29:48 ça renvoie pas à la même chose que voir d'autres parties du corps abîmées.
00:29:53 -Mathilde ?
00:29:54 -Donner ce poids-là aux escarres cutanées,
00:29:57 je trouve que c'est difficile, en fait,
00:30:00 parce que je pense que qui ça dérange ?
00:30:02 Ça nous dérange, peut-être la famille aussi,
00:30:04 peut-être que ça va les traumatiser.
00:30:07 S'ils parlent d'acharnement, c'est pour cette raison-là.
00:30:10 Mais centrer la décision sur les lésions cutanées,
00:30:13 je sais pas, moi, je trouve que c'est finalement accessoire.
00:30:17 Je m'en foutrais d'être abîmée
00:30:19 si on arrive à me maintenir en vie.
00:30:21 Franchement, arrêter les thérapeutiques, non.
00:30:25 Et surtout, prendre l'avis de la famille, c'est super important,
00:30:28 parce que finalement, on est tous partagés sur cette question.
00:30:32 Peut-être qu'elle va nous aider aussi à avancer là-dessus.
00:30:36 -Après, quand même, moi, par rapport à ça,
00:30:39 que la famille soit contre ou soit pro,
00:30:41 j'ai tendance toujours à dire que c'est dans un deuxième temps.
00:30:46 La question, c'est d'abord de voir
00:30:48 quelle est la position de l'équipe médicale et soignante,
00:30:53 et d'une certaine façon, qu'on ait une famille qui dise
00:30:56 "On veut absolument que vous vous acharniez"
00:30:59 ou qu'on ait une famille qui dit "Vous faites de l'acharnement",
00:31:03 c'est à prendre en compte, mais dans un deuxième temps,
00:31:06 une fois que l'équipe s'est décidée sur ce qui lui semblait
00:31:09 le plus pertinent comme projet pour le patient.
00:31:12 -Bien sûr que la charge affective est lourde,
00:31:15 qu'on est très investi auprès de la malade,
00:31:17 que c'est perturbant d'avoir des lésions cutanées qui se voient
00:31:21 et que la famille se pose la question d'acharnement thérapeutique,
00:31:25 mais c'était très judicieux de rappeler
00:31:27 que quand on prenait une décision médicale d'arrêt de soins,
00:31:30 on allait expliquer à la famille pourquoi on voulait arrêter les soins.
00:31:34 C'est déstabilisant, c'est l'inverse,
00:31:36 mais aujourd'hui, on discute de la pertinence médicale
00:31:40 de poursuivre des soins.
00:31:41 C'est une famille qui se pose des questions,
00:31:44 mais avec qui on travaille en confiance
00:31:46 et qui sera ouverte à écouter si on leur dit
00:31:49 que le risque que cette patiente ne sorte pas de réanimation
00:31:52 est très grand, mais que tant qu'il y a de l'espoir,
00:31:55 on est là pour... Pour moi, à l'heure actuelle,
00:31:58 il n'y a rien de rédhibitoire à poursuivre la réanimation
00:32:01 chez cette patiente. -OK.
00:32:03 Musique douce
00:32:05 ...
00:32:22 -Moi, je suis pitié.
00:32:23 Rires
00:32:24 -3 minutes, on doit manger proprement.
00:32:27 Comment on mange une langue proprement ?
00:32:29 -Ils sont tous à l'encore. -Quand même !
00:32:31 -Je veux rêver ça avec mes copains. -Elle en coûte de 100.
00:32:34 ...
00:32:58 -Ouais !
00:32:59 ...
00:33:14 ...
00:33:31 -Est-ce que vous avez mal quelque part ?
00:33:33 -Non. -Vous n'avez pas eu de douleur
00:33:35 dans la poitrine ? -Non.
00:33:37 -Pas du tout ? Ni dans le ventre, pas de douleur ?
00:33:40 -Non.
00:33:41 -Ah...
00:33:42 ...
00:33:49 -Ca va, votre coeur se contracte bien, hein ?
00:33:52 Pour votre âge, tout ça...
00:33:54 ...
00:33:56 Vous avez fait quoi comme métier ?
00:33:58 -Je suis cheminot.
00:33:59 -Cheminot ? -Ouais.
00:34:01 ...
00:34:04 -On a l'impression que toutes les parois se rejoignent bien,
00:34:08 se contractent bien.
00:34:09 Est-ce que vous avez des questions, un petit peu, là ?
00:34:12 -Hm-m.
00:34:13 -OK.
00:34:14 Est-ce que vous fumez beaucoup ou pas ?
00:34:17 Vous avez fumé ? -Non, j'ai jamais fumé.
00:34:19 -Vous avez jamais fumé, d'accord.
00:34:21 Et vous vivez tout seul ?
00:34:23 -Oui, ma fille, elle a 25 ans.
00:34:26 -Elle vit avec vous ? -Hm-m.
00:34:28 -OK.
00:34:29 Et qu'est-ce que vous faites de vos journées en général ?
00:34:32 C'est quoi votre activité favorite ?
00:34:35 -Je fais surtout les mots croisés.
00:34:37 -Vous êtes bon à mots croisés ?
00:34:38 Faut qu'elle vous en ramène, alors ?
00:34:41 Parce qu'ici, il faut s'occuper, hein.
00:34:43 Les journées sont longues.
00:34:44 Soit vous avez la télé...
00:34:46 -Oui, mais j'aime pas... -Vous aimez pas la télé ?
00:34:49 Du coup, faut qu'on lui dise de vous ramener des mots croisés.
00:34:52 -Ouais.
00:34:53 -Bon.
00:34:55 Musique pesante
00:34:58 ...
00:35:04 ...
00:35:05 -Y a rien, en fait.
00:35:06 ...
00:35:10 -Oui, je suis le docteur Aziz, je suis en déméphase du service.
00:35:14 Euh...
00:35:15 Et...
00:35:16 Je sais pas, vous comptiez passer aujourd'hui, c'est ça ?
00:35:19 ...
00:35:23 Ah, en courrèze.
00:35:24 ...
00:35:28 Donc là, en tout cas, je préférerais être honnête avec vous,
00:35:31 mais il est confortable.
00:35:32 Lui, il se sent bien, en tout cas, pour l'instant.
00:35:35 Voilà, il dit que tout va bien, qu'il se sent bien,
00:35:38 mais on voit bien, nous, sur nos paramètres,
00:35:40 qu'il a des besoins énormes, en fait.
00:35:42 Il a des besoins énormes en oxygène,
00:35:45 et qu'au vu de ce qu'on...
00:35:47 De notre expérience,
00:35:48 et de tout le contexte,
00:35:51 bah, c'est ça, en fait.
00:35:53 Et...
00:35:54 Et on a...
00:35:55 Voilà, on a pas de patients
00:35:57 qui sont vraiment sortis
00:36:00 avec un tableau comme votre papa, en fait.
00:36:02 Ouais. Voilà.
00:36:04 Pour tout vous dire. C'est important que vous veniez.
00:36:06 C'est ce que je voulais vous dire.
00:36:08 Je sais pas si vous allez pouvoir venir aujourd'hui ou demain.
00:36:11 Je sais pas.
00:36:12 -Il faut faire l'éducation. -Si vous l'avez vu depuis.
00:36:15 ...
00:36:18 D'accord.
00:36:19 ...
00:36:21 Ce que je veux vous dire, c'est que votre papa,
00:36:25 c'est possible qu'il décède, en fait, de cette maladie.
00:36:28 ...
00:36:30 Et donc...
00:36:31 Euh...
00:36:32 Je pense que votre papa, c'est important que vous le voyez.
00:36:35 Je pense que c'est vraiment important.
00:36:37 D'accord ?
00:36:38 ...
00:36:42 -Je peux vous aider, si vous voulez bien ? -Parfait.
00:36:45 -Et alors, juste essayer de respirer par la bouche fort.
00:36:48 ...
00:36:55 ...
00:37:15 -On a M. Achraf qui se réveille.
00:37:17 Tranquillement.
00:37:18 M. Achraf, serrez-moi la main.
00:37:21 M. Achraf, ouvrez les yeux.
00:37:25 Oh !
00:37:26 Là, vous êtes en réanimation.
00:37:28 D'accord ?
00:37:30 Vous vous réveillez tranquillement.
00:37:32 Il y a toujours la sonde dans la bouche
00:37:34 qui fait que vous pouvez pas parler.
00:37:36 C'est normal, d'accord ? Mais vous allez de mieux en mieux.
00:37:39 Ouvrez bien fort les yeux.
00:37:42 Allez-y, ouvrez les yeux.
00:37:43 ...
00:37:45 Je vous aide un petit peu. Ah, super !
00:37:47 ...
00:37:49 Super. Donc là, il faut essayer de se réveiller
00:37:51 le plus calmement possible.
00:37:53 J'ai la machine qui vous aide un petit peu à respirer.
00:37:56 OK ?
00:37:57 ...
00:38:00 C'est très bien, ce que vous faites. C'est très bien.
00:38:03 ...
00:38:07 Il y a des amis qui viennent vous voir régulièrement
00:38:10 et qui informent votre femme au Pakistan.
00:38:13 D'accord ?
00:38:14 ...
00:38:20 ...
00:38:40 -N'hésitez pas, je suis dans le coin.
00:38:42 -D'accord.
00:38:43 ...
00:38:47 -Allez, va y.
00:38:49 ...
00:38:50 -Essuie, vas-y.
00:38:51 ...
00:38:55 C'est ma soeur.
00:38:56 -Oui, c'est elle.
00:38:57 -C'est qui ?
00:38:58 ...
00:39:02 -Hein ? -C'est la chienne de mes biens.
00:39:04 -Qui ?
00:39:05 -Qui, tes biens ?
00:39:06 -Elle est morte. -Elle est morte.
00:39:08 Mais la chienne, elle est pas morte, papa.
00:39:11 -Non, elle est pas morte.
00:39:12 -Bah non, elle est morte. Pourquoi tu me parles de ça ?
00:39:15 ...
00:39:18 -Elle va bien, Madison ?
00:39:19 -Je la comprends.
00:39:20 ...
00:39:22 -Elle va bien, Madison ?
00:39:23 ...
00:39:25 Qu'est-ce qui te fracasse ?
00:39:26 -Pas bien, aujourd'hui.
00:39:28 -Oui, c'est vrai.
00:39:29 ...
00:39:30 -Comment ça va finir ?
00:39:32 Qu'est-ce qui va finir, toi ?
00:39:33 -Toi, t'auras un beau chien qui va...
00:39:36 Qui finit de monter.
00:39:38 ...
00:39:39 -Pourquoi le chien, il va focuser sur Madison ?
00:39:43 Pourquoi t'es focalisé sur Madison ?
00:39:45 -Mais là, c'est toi qui faut qu'il...
00:39:47 Qui remonte la pente, là.
00:39:49 -Ouais. -Ah, c'est pas possible.
00:39:51 ...
00:39:52 C'est toi qui faut qu'il remonte la pente.
00:39:55 ...
00:39:57 -Voilà, c'est un peu pour raconter l'histoire,
00:40:07 donc 80 ans, pas mal d'antécédents,
00:40:10 notamment en AVC,
00:40:11 ischémique,
00:40:13 avec des séquelles à type d'épilepsie,
00:40:16 un pacemaker sur une maladie de l'oreillette
00:40:19 pour lequel il est anticoagulé à dose curative,
00:40:22 et un monsieur qui, là,
00:40:24 même pas une semaine des symptômes,
00:40:26 agit-y, ses symptômes,
00:40:28 et qui s'aggrave, on voit, là, de jour en jour.
00:40:31 En tout cas, hier par rapport à aujourd'hui,
00:40:34 c'est déjà bien pire.
00:40:35 -Il a eu des urgences de l'aréa
00:40:38 ou on l'a pris des étages ?
00:40:40 -Il est passé par les urgences.
00:40:41 -Il a eu des urgences d'aréa.
00:40:43 -C'est Sophie qui l'a pris, je pense,
00:40:45 et qui est la garde à qui j'ai parlé,
00:40:47 disait que d'emblée, il y avait eu l'idée de le prendre
00:40:50 pour faire de l'optiflom et que la question d'intubation...
00:40:53 Donc, c'est une façon de pouvoir en parler
00:40:57 pour vérifier que le projet médical
00:41:00 convient à tout le monde.
00:41:02 -Et donc, chez ce monsieur, on n'ira pas jusqu'à l'intubation.
00:41:05 -Donc, ça, c'est ce que tu...
00:41:07 -Ca bouge pas, en tout cas.
00:41:09 -C'est ce que tu proposes. -C'est ce que je propose.
00:41:12 Si on l'intube, c'est aussi...
00:41:13 Du coup, si on veut être cohérents avec nous-mêmes,
00:41:16 ça veut dire DV, ça veut dire pulvérisation,
00:41:19 ça veut dire un patient qui va se dégrader,
00:41:21 la famille qui va le voir.
00:41:23 C'est aussi, finalement, la famille à prendre en charge,
00:41:26 dans ces circonstances, leur assurer le deuil
00:41:28 le plus viable possible pour eux aussi.
00:41:32 Et puis, même pour le patient, même s'ils sont sédatés,
00:41:36 enfin, ils ressentent peut-être rien, mais...
00:41:39 -Ne pas intubier, c'est aussi,
00:41:42 pour certains patients, leur éviter des souffrances inutiles.
00:41:47 Parce qu'on a des éléments qui nous font dire
00:41:50 que si on l'intube et si on met sous ventilation mécanique
00:41:53 et tout ce que ça comporte,
00:41:55 dans un contexte aussi grave que le sien,
00:41:58 c'est de se retrouver à faire de l'acharnement thérapeutique,
00:42:01 être dans l'obstination déraisonnable.
00:42:04 -Ce que vous dites avec la famille,
00:42:06 je suis d'accord avec une famille qui vit loin, en Corée,
00:42:09 qui, a priori, peut être là que jusqu'à dimanche,
00:42:12 il va pas forcément avoir beaucoup de visite.
00:42:14 -Ca va être un deuil difficile. -Exactement.
00:42:17 -Il faut pas intuber ce monsieur.
00:42:19 Et c'est l'accompagner, tout en essayant de lui donner
00:42:23 les moyens de lutter contre l'hypoxémie,
00:42:26 assurer le confort.
00:42:28 C'est le confort qui est la priorité.
00:42:30 -OK.
00:42:31 Musique douce
00:42:33 ...
00:42:42 -Allez, filez.
00:42:43 -Installez-vous.
00:42:44 ...
00:42:45 -Bonjour. -Bonjour.
00:42:46 -Bonjour, Joël.
00:42:47 ...
00:42:52 -Donc...
00:42:53 Donc, voilà, il a...
00:42:55 Il a des besoins en oxygène
00:42:58 qui sont énormes,
00:43:00 qui sont au maximum de ce qu'on peut donner,
00:43:04 mais on voit que son oxygène dans le sang
00:43:07 diminue d'heure en heure.
00:43:09 -Quand vous êtes venus le voir hier,
00:43:11 vous l'avez trouvé... -Sincèrement,
00:43:14 on a été très surpris.
00:43:16 Par rapport à ce que vous m'aviez dit,
00:43:18 on s'attendait vraiment à le voir mourir,
00:43:21 alors qu'on l'a trouvé très bien.
00:43:23 Certes, il avait le problème de respiration,
00:43:27 mais ça nous a pas plus choqués que ça.
00:43:30 -Plus malade que ça. -Voilà.
00:43:32 -En fait, c'est vrai que je vous ai appelées un peu,
00:43:36 on va dire, tôt.
00:43:38 En même temps, je préférais que vous le voyiez dans un bon état,
00:43:41 que vous lui disiez ce que vous avez à lui dire
00:43:44 quand il est encore bien,
00:43:45 que finalement arriver trop tard,
00:43:47 parce qu'on a malheureusement une expérience
00:43:50 de ces évolutions-là.
00:43:51 Et en fait, c'est...
00:43:54 -Et là, votre estimation ?
00:43:56 -De... De survie ? -Oui.
00:43:59 -Elle est inférieure à 1 %.
00:44:06 -Encore ? -Je suis connasse de vie.
00:44:08 -Désolée.
00:44:09 -Bon, allez.
00:44:10 -Elle a insulté ma vie hier.
00:44:18 -Je sais bien. Elle a insulté qui ?
00:44:20 -Elle a dit "connasse de vie de merde".
00:44:23 -Ah ouais, ouais. -Ouais, ouais.
00:44:24 -C'est un peu beaucoup. -Bah ouais.
00:44:26 -C'est un peu beaucoup.
00:44:29 ...
00:44:30 Musique douce
00:44:32 ...
00:44:52 ...
00:44:53 Rires dans la rue
00:44:55 -Ah, hum, la ratatouille qui a débordé,
00:44:58 qui a coulé.
00:44:59 Oh, que c'est bon.
00:45:00 Ca fait du poisson à la tomate avec la ratatouille à la tomate.
00:45:03 -Et surtout, ils sont...
00:45:05 -Ils aiment bien faire ça.
00:45:07 C'est genre ton sur ton.
00:45:08 Rires dans la rue
00:45:10 -C'est très amusant.
00:45:11 -C'est trop chiant.
00:45:13 Rires dans la rue
00:45:14 -Et encore, ça, on y accède qu'à 21h,
00:45:16 parce qu'ils estiment que avant...
00:45:18 Manger avant 21h en garde, c'est quand même pas possible.
00:45:21 Donc la porte, elle s'ouvre qu'à 21h.
00:45:23 -On parle de ce principe-là.
00:45:25 C'est pas possible !
00:45:26 -Attention, t'as la ratatouille qui s'accroupe !
00:45:29 Rires dans la rue
00:45:31 -On va croire qu'on peut y faire un tour.
00:45:33 On va croire que c'est du sang.
00:45:35 ...
00:45:36 -T'as amené de la bouffe ou tu...
00:45:38 -J'ai amené un truc.
00:45:40 -T'as amené un truc ? Eh ben, t'as bien raison.
00:45:42 -J'ai amené mon truc.
00:45:43 Moi, je sais très bien que je peux pas faire confiance.
00:45:46 Moi, je ramène d'habitude mon truc.
00:45:48 -T'as du poisson comme ça ?
00:45:50 -Non, c'est bon.
00:45:51 -Franchement, t'y crois, maman ? C'est crêpe, là !
00:45:54 -Mais j'ai envie d'y croire !
00:45:56 Rires
00:45:57 ...
00:46:19 ...
00:46:35 -Là, il va s'arrêter.
00:46:37 Ah là là !
00:46:38 Tu veux le laisser en haut un petit peu ?
00:46:40 -Oui. -Je vous mets un petit mail.
00:46:42 Là, il va s'arrêter.
00:46:44 Ça fait rien.
00:46:45 Hop !
00:46:48 ...
00:46:49 -C'est pas le mieux, Max ? -Oui, ça va bien.
00:46:51 -Monsieur ?
00:46:53 -Allez, respirez !
00:46:55 Je vais recevoir un peu d'oxygène.
00:46:58 ...
00:47:04 -C'est possible, en fait, qu'il ne passe pas la nuit.
00:47:07 Mais c'est ultra dur.
00:47:09 Là, il risque de quitter dans deux minutes, tu vois.
00:47:13 ...
00:47:16 -Suzanne, on lui fait...
00:47:18 On lui fait 10 mg ou 5 mg ?
00:47:20 -5 mg, je pense. -On peut faire 5 mg de Valium.
00:47:23 -Un peu de morphine.
00:47:24 N'hésite pas à lui faire un mg de morphine.
00:47:26 -On le prépare dans la chambre, on lui fera des bolus de morphine.
00:47:30 -Tu prépares un petit pouce-seringue ?
00:47:32 -Oui, comme ça, on le fera directement.
00:47:34 Faisons ça.
00:47:35 Un mg de morphine, 5 de Valium.
00:47:37 On prépare l'IVS de morphine.
00:47:39 -Il est pas bien... -Ouais, ouais.
00:47:41 Il est complètement confus.
00:47:43 ...
00:47:46 ...
00:47:56 ...
00:48:03 -Souvent, je leur dis...
00:48:05 "Pas à votre âme."
00:48:06 Je leur parle, quoi, tu vois.
00:48:08 Je pense rien, je me dis juste...
00:48:10 Je l'accompagne jusqu'au dernier moment,
00:48:12 je pense à la famille, s'ils sont dans la chambre.
00:48:15 J'essaie de faire au mieux que je peux,
00:48:17 comme j'aimerais qu'on fasse au mieux pour moi.
00:48:19 Après, est-ce qu'on se dit...
00:48:22 Des fois, ouais, des fois, tu te sens un peu...
00:48:25 T'as un coup sur toi,
00:48:28 mais après, t'essaies de pas forcément le montrer.
00:48:31 Après, y en a, ils vont te dire...
00:48:33 "Faut pas montrer ses émotions, faut pas pleurer."
00:48:36 On est des êtres humains.
00:48:37 Des fois, la famille, si elle voit qu'on est touché,
00:48:40 c'est comme ça.
00:48:41 On est pas des robots, donc...
00:48:43 Y a des situations où tu rentres chez toi, tu pleures,
00:48:48 tu parles avec tes collègues, tu pleures...
00:48:50 Comme là, tu vois, y a deux semaines,
00:48:53 j'ai une dame de 41 ans, tu vois, qui est décédée.
00:48:57 La matière qu'on a eue, tu vois, c'est...
00:49:00 C'est pas facile.
00:49:02 Elle donne la vie, elle est censée donner la vie.
00:49:04 Elle perd son enfant, elle meurt elle aussi, donc c'est pas...
00:49:09 En fait, ces histoires-là, faut pas les raconter à tout le monde.
00:49:13 Les génies sont pas prêts à caisser tout ce qu'on vit.
00:49:16 Donc c'est...
00:49:17 -On discute beaucoup entre nous, c'est ça qui est bien.
00:49:20 -Mais y a des gens qui ne sont pas du milieu,
00:49:23 j'en parle pas plus que ça.
00:49:24 C'est le taf, c'est la réa, voilà.
00:49:27 Mais sans plus.
00:49:28 Sans rentrer dans trop de détails.
00:49:30 Voilà.
00:49:31 Tant qu'on a nos blouses, on peut tout encaisser,
00:49:34 mais les gens en face, on n'en a pas forcément.
00:49:37 Donc...
00:49:38 Faut faire... Faut faire attention, quoi.
00:49:40 À ce qu'on dit et aux mots qu'on emploie.
00:49:42 -Hm.
00:49:44 -Tu penses que tant qu'on a nos blouses,
00:49:46 on peut tout encaisser ? -Ouais, je pense, oui.
00:49:48 Je pense que si on fait un sondage, ouais, ouais.
00:49:51 -Bah ça met un...
00:49:52 Une petite barrière, en fait. -Ouais.
00:49:55 Je pense que ouais, on peut tout entendre, tout vivre,
00:49:58 dès qu'on a notre blouse, ça passe.
00:50:00 Mais...
00:50:01 Voilà.
00:50:02 Rires
00:50:03 C'est notre costume de super-héroïne.
00:50:06 -C'est ça !
00:50:07 Rires
00:50:08 -Allez, bouge.
00:50:09 Rires
00:50:10 -Allez.
00:50:11 Musique de tension
00:50:13 ...
00:50:17 Rires
00:50:18 -C'est pas ça, c'est pas la même chose.
00:50:20 Rires
00:50:22 -Allez, bouge.
00:50:23 Rires
00:50:24 -Allez, bouge.
00:50:25 Rires
00:50:26 -Allez !
00:50:28 ...
00:50:56 -Bonjour, madame.
00:50:57 Je suis un des internes de réanimation,
00:50:59 je m'appelle Pierre Valzac.
00:51:00 Comment vous vous sentez avec le nouveau dispositif ?
00:51:03 -Je suis bien bien en train de m'enlever, ça va.
00:51:06 -Ça va ? Avant, vous étiez avec le masque, c'est ça ?
00:51:09 Mais là, ça a l'air d'aller mieux avec l'optiflow,
00:51:12 ça se passe plutôt bien.
00:51:13 Et ça pourrait être une infection avec une bactérie, en fait.
00:51:17 Parfois, il y a des bactéries
00:51:18 qui peuvent donner des infections pulmonaires,
00:51:21 surtout qu'il y a certains germes
00:51:23 qui touchent plutôt les patients jeunes.
00:51:25 On va peut-être rajouter des antibiotiques en plus.
00:51:28 Donc ça, c'était pour le poumon.
00:51:31 Et après, votre bébé...
00:51:33 Du coup, vous aviez vu les gynécos, ce matin, c'est ça ?
00:51:36 En gros, la question, c'est...
00:51:38 Le...
00:51:39 Probablement qu'il faudra...
00:51:41 Enfin, vous faire accoucher, donc extraire le bébé,
00:51:44 alors probablement sur ces ariennes.
00:51:46 Et la question, c'est...
00:51:49 Ben, quand ?
00:51:50 Donc ça, on en discute avec eux, je vais les rappeler ce matin,
00:51:53 et on verra ce qu'ils nous disent.
00:51:55 -Donc...
00:51:57 Elle est plutôt stable,
00:51:59 mais elle a des besoins d'oxygène importants,
00:52:02 puisqu'elle a une FIO2 à 50 %. -D'accord.
00:52:05 -Quand on la regarde, un petit corps et un utérus très gravide,
00:52:09 donc il y a un retentissement important
00:52:11 sur la fonction respiratoire de la grossesse.
00:52:13 Voilà, à moi, mon impression, comme ça, c'est que...
00:52:17 Quel est l'intérêt d'attendre ?
00:52:19 -L'intérêt, ça reste quand même un préalable.
00:52:22 On est avant 37 semaines, ça reste un préalable.
00:52:24 C'est pas une prématurité sévère, mais les préalables peuvent faire
00:52:28 des complications, même si ils sont nés à 34 semaines.
00:52:31 C'est la balance bénéfice-risque.
00:52:33 Si vous estimez qu'elle est grave sur plan respiratoire,
00:52:36 qu'il va falloir naître le bébé, la balance va pencher
00:52:39 vers l'extraction, quoi.
00:52:40 Mais ça reste quand même... Au-delà, si on était à 37 semaines,
00:52:44 je pense que la discussion n'aurait pas lieu d'être.
00:52:47 On aurait dit "accouchement, c'est sûr".
00:52:49 On reste dans la prématurité,
00:52:51 mais c'est pas la prématurité sévère non plus.
00:52:53 Donc, voilà, nous, on s'est dit que dans ces situations-là,
00:52:57 la discussion est vraiment collégiale avec vous
00:53:00 pour décider ensemble si on sort pas au bébé.
00:53:03 La dernière patiente, le tableau était gravissime.
00:53:06 -C'était beaucoup plus compliqué. -C'était à 30 semaines.
00:53:10 C'était très simple aussi comme décision,
00:53:12 parce qu'on était dans... Là, on est dans une situation
00:53:15 un peu entre les deux. -C'est ça, mais c'est entre les deux.
00:53:19 -On est dans la zone grise, donc c'est pas très bien
00:53:21 où se situe le rapport bénéfice-risque.
00:53:23 -Elle va pas s'améliorer avant 48 heures.
00:53:26 Je vois pas très bien ce qu'on va gagner à attendre plus.
00:53:29 -Si l'évolution, elle est...
00:53:31 Si vous sentez la moindre inquiétude,
00:53:33 pas de souci, on le sort.
00:53:34 On le sort.
00:53:36 Musique sombre
00:53:39 ...
00:53:47 -Notre discussion, elle est vraiment autour
00:53:50 de votre insuffisance respiratoire aiguë
00:53:52 et des risques qu'on vous fait prendre
00:53:54 à soit aller trop vite, soit aller trop lentement.
00:53:57 Voilà, et donc de déterminer le bon moment.
00:54:01 -Mais quand vous allez l'intuber pour un févérien,
00:54:04 je risque de l'arrêter, intubé ?
00:54:07 -Alors, vous allez revenir
00:54:10 sous ventilation artificielle, ici.
00:54:13 -Je serai endormie. -Vous serez endormie.
00:54:15 D'accord ? Et après, ça va dépendre
00:54:19 de vos échanges gazeux,
00:54:20 c'est-à-dire de la qualité de l'oxygénation
00:54:23 pendant le...
00:54:24 -Je pourrais rester intubée si...
00:54:27 -Ca sera... -Si c'est plus intéressant.
00:54:29 -Voilà. -Si c'est vrai,
00:54:31 je vois qu'il y a pas... Voilà.
00:54:33 Je vois qu'il y a pas d'amélioration.
00:54:36 -Ce qui est sûr, c'est que vous allez mieux respirer
00:54:39 sans le...
00:54:42 -Sans le corps. -Sans l'utérus.
00:54:43 Voilà.
00:54:46 -Le bébé, il se porte bien ?
00:54:47 Vous m'avez fait de kilos ? Une estimation ?
00:54:50 -Honnêtement, c'est pas pour lui qu'on est inquiet.
00:54:53 -Ouais. -C'est vraiment...
00:54:55 -C'est bête, hein.
00:54:57 Mais si on n'arrive pas à m'extuber
00:55:00 et que ça dure trop longtemps...
00:55:02 Enfin, qu'est-ce que... -On va vous guérir.
00:55:07 Y a pas de solution, d'accord ?
00:55:09 -J'ai pas l'impression. -Mais si.
00:55:11 -Je vois pas d'amélioration, ça me fait peur.
00:55:14 -Bon, on va...
00:55:16 Là, ça fait 24 heures
00:55:19 que vous êtes en insuffisance respiratoire aiguë, d'accord ?
00:55:24 Vous avez une infection pulmonaire,
00:55:26 ça s'améliore pas en quelques heures.
00:55:29 Donc il faut plusieurs jours.
00:55:31 Mais par contre, on va s'en sortir.
00:55:34 Hein ?
00:55:35 Voilà.
00:55:36 -Bien sûr.
00:55:37 -D'accord.
00:55:39 -Faut qu'on fasse vite, là.
00:55:42 -Ca va, ça va.
00:55:43 -On va aller. -On va changer vite.
00:55:45 -Ca va aller.
00:55:46 Ca va aller.
00:55:47 ...
00:56:04 -Bon, fais la plus forte, là.
00:56:07 ...
00:56:08 A tout à l'heure.
00:56:09 ...
00:56:31 -A un moment donné, quand je t'ai appelée,
00:56:33 je t'ai dit "sissou", Vincent, je crois qu'il voulait que je...
00:56:37 Il voulait que je me détache un peu.
00:56:39 -Voilà, parce que tu connais trop les choses à coeur.
00:56:41 -Mais je t'ai dit...
00:56:43 -T'étais pas bien, j'ai vu.
00:56:44 -Non, mais j'étais pas bien. La nuit, j'ai fait des cauchemars.
00:56:47 J'étais en train de crier, pleurer dans mon sommeil.
00:56:50 -Ouais, parce que t'as fait un transfert, en fait.
00:56:53 -Mais c'est grave. -T'as fait un transfert.
00:56:55 Et moi, j'ai vu.
00:56:56 Ca faudrait que je sois partie te voir,
00:56:58 parce que si tu craques maintenant,
00:57:00 elle a besoin que tu l'encourages.
00:57:02 -C'est pour ça que je pouvais pas monter au bloc.
00:57:05 -C'est pour ça que je t'ai posé.
00:57:07 Je me suis dit "Laisse-moi, je prends le relais,
00:57:09 "si tu le sens pas, c'est mieux que c'est moi qui y va."
00:57:12 Elle était en train d'angoisser et elle te regardait.
00:57:15 Et comme elle voyait que dans ton regard,
00:57:17 t'étais pas là présente, elle était pas rassurée.
00:57:20 Elle s'est dit "elle est pas bien, ma copine,
00:57:22 "peut-être que je vais m'en sortir."
00:57:24 Peut-être qu'elle s'est mis ça dans la tête.
00:57:27 -Moi, je la voyais pas du tout comme patiente.
00:57:29 Parce que déjà, j'avais pas de gants...
00:57:32 -Tu l'as vue comme une amie.
00:57:33 -Et en fait, cette situation-là, je me suis dit
00:57:36 qu'en réa, faut s'attendre à tout.
00:57:38 Faut même s'attendre à ce que tes propres parents soient là.
00:57:41 Parce que moi, le fait de l'avoir dans le lit,
00:57:44 je me suis dit "c'était pas possible".
00:57:46 J'aurais tout imaginé sauf quelqu'un que je connais
00:57:49 dans le service où je travaille, en tant que patiente.
00:57:51 -On est soudés, c'est ça, la force aussi.
00:57:54 Parce qu'on est très soudés entre nous.
00:57:56 Sinon, on tiendrait pas.
00:57:58 -Moi, je l'ai dit toujours.
00:57:59 -Parce qu'on est très soudés, sinon, on tiendrait pas.
00:58:02 -Le travail d'équipe qu'il y a entre nous,
00:58:05 le travail d'équipe qui est entre nous,
00:58:07 s'il y avait pas ça, moi, cette année,
00:58:09 je serais à la ramasse.
00:58:11 Je sais pas où on serait aujourd'hui.
00:58:13 -On serait tous en burn-out.
00:58:14 -Si on avait pas cette solidarité entre nous,
00:58:17 je sais pas comment on aurait fait.
00:58:19 Musique douce
00:58:21 ...
00:58:35 -Mercredi, il a fait le poids à peau.
00:58:37 Et sinon, ça va, il pète la forme.
00:58:40 Il attend que sa maman, là.
00:58:42 Faut que tu sois patiente et courageuse.
00:58:46 On est au bout, là.
00:58:48 OK ?
00:58:49 ...
00:58:53 T'inquiète.
00:58:55 Tu sais, c'est la fin.
00:58:58 ...
00:59:04 Ça mérite un petit passage chez le coiffeur, après.
00:59:07 Rires
00:59:09 ...
00:59:10 -La durée de vie d'une infirmière en réanimation,
00:59:13 je crois que c'est 3 ans. -Pourquoi ?
00:59:15 -Parce que c'est dur.
00:59:18 Parce que c'est éprouvant.
00:59:20 Parce que c'est stressant.
00:59:22 Et parce qu'on est confrontés à des situations difficiles.
00:59:27 Très souvent.
00:59:30 Et le fait que ça soit très souvent,
00:59:33 même si on en est conscient avant d'arriver,
00:59:36 même si on en est conscient quand on choisit de travailler en réanimation,
00:59:41 eh bien, je crois qu'on a tous un quota
00:59:46 de situations difficiles.
00:59:48 Et quand on a épuisé notre quota, on s'en va.
00:59:52 Parce qu'après, c'est notre santé,
00:59:54 c'est notre bien-être qui...
00:59:57 qui s'en trouve...
00:59:59 en difficulté.
01:00:02 -T'en es où, de ton quota, toi ?
01:00:04 -Moi, je l'ai pas atteint, encore.
01:00:06 Rires
01:00:07 Je dirais que je l'ai pas atteint.
01:00:09 J'aime beaucoup... J'adore ce que je fais,
01:00:11 j'adore mon métier, mon service, mon équipe.
01:00:14 C'est une question de passion, aussi,
01:00:16 parce que si on n'était pas passionné, on ne le ferait pas
01:00:19 et on ne viendrait pas, quoi.
01:00:21 Il faut une bonne dose de motivation
01:00:24 et une bonne dose de conviction, aussi, dans ce qu'on fait.
01:00:27 -C'est très clair qu'on vient pas travailler à l'hôpital
01:00:30 pour gagner beaucoup d'argent.
01:00:32 C'est très, très clair.
01:00:34 La motivation, elle est au-delà de ça,
01:00:37 elle est sur des valeurs humaines, comme on l'a dit.
01:00:40 Et s'il y a pas l'engagement
01:00:43 de chaque professionnel de santé,
01:00:45 de chaque médecin, de chaque ASH,
01:00:48 aide-soignant, infirmière, chef de service, etc.,
01:00:51 et j'en passe,
01:00:52 l'hôpital y tient pas.
01:00:54 Parce qu'on fait beaucoup plus d'heures qu'on devrait,
01:00:57 on s'engage beaucoup plus que ce qu'on devrait, aussi,
01:01:01 et ça tient uniquement là-dessus.
01:01:03 ...
01:01:09 -Deux cécés.
01:01:10 ...
01:01:13 -Tu veux qu'on refait la sonde ?
01:01:15 -C'est peut-être plus facile d'enlever la sonde gastrique d'abord
01:01:18 et puis d'enlever la... -Tu veux des ciseaux ?
01:01:21 ...
01:01:29 -Vous pouvez me dire bonjour ?
01:01:31 ...
01:01:34 -Oui, d'accord.
01:01:35 -Bon, bah super. Ca y est, on est arrivé.
01:01:38 Vous atterrissez.
01:01:39 Applaudissements
01:01:42 Trop bien !
01:01:43 Je peux même t'accrocher le scope.
01:01:45 -Mais je crois que j'allais mourir.
01:01:48 Je te jure que j'allais mourir.
01:01:50 -Je suis fier de toi. T'es une guerrière.
01:01:53 -Tu peux appeler chez Amixem ?
01:01:55 -Je lui dis quoi ?
01:01:56 Je te ramène un téléphone ? Je peux t'appeler en visio ?
01:02:00 -De venir ? -Je lui dis de venir.
01:02:01 -Vas-y, va là. -Prends un peu mon train.
01:02:04 -Beaucoup mieux ?
01:02:05 -Ca va ? -Ouais.
01:02:08 -Je peux parler, tout ça ? -Ouais.
01:02:10 Je suis contente. Bravo.
01:02:11 -Yeah !
01:02:12 Rires
01:02:14 ...
01:02:16 -Comment elle va ? -Bah regarde !
01:02:18 -C'est pas mal, non ?
01:02:20 -Ouais, mais l'oxygène et tout ? -100 % !
01:02:23 -Je regarde.
01:02:26 -Oh, y a le mien !
01:02:28 -Oh, bébé !
01:02:29 -Mais non, Charlie ! -Charlie, non !
01:02:33 ...
01:02:35 -Charlie, tu te lèves ?
01:02:37 Elle t'attend.
01:02:38 -Tu auras ses lunettes ?
01:02:39 Elle a besoin d'avoir ses lunettes.
01:02:41 -Oui, ramène ses lunettes.
01:02:43 Il est beau, le mien.
01:02:45 -Ouais, il est beau.
01:02:46 ...
01:02:48 A tout à l'heure.
01:02:49 ...
01:02:51 -Oh !
01:02:53 ...
01:02:56 -Quand on nous regarde du monde extérieur,
01:02:59 on fait des soins.
01:03:00 On nous résume à faire des soins.
01:03:02 Alors qu'en fait, prendre en charge des patients,
01:03:05 c'est tout. C'est prendre en charge sa famille,
01:03:08 ses proches, ses amis, ses voisins.
01:03:10 C'est prendre en charge sa pathologie,
01:03:13 ses peurs, ses doutes, ses craintes,
01:03:15 ses pleurs, ses rires.
01:03:17 On nous donne plus les moyens d'avoir cette relation
01:03:20 parce que t'es parasité par des problèmes organisationnels,
01:03:24 du manque de personnel, du manque de lit,
01:03:26 d'un problème technique, d'un matériel,
01:03:28 d'un dispositif médical.
01:03:30 Et tout ça, en fait, ça parasite
01:03:33 le coeur de notre métier, en fait.
01:03:36 -C'est vrai que le patient, souvent, on lui parle pas,
01:03:39 on n'a pas le temps.
01:03:40 On n'a pas le temps, on ne peut pas prendre en charge
01:03:43 son sentiment et son ressentiment sur lui.
01:03:46 Si tu veux prendre ce temps-là, tu peux le prendre pas avec tous,
01:03:49 donc tu vas sélectionner.
01:03:51 Ceux qui, potentiellement pour toi, ont le plus besoin,
01:03:54 tu vas sélectionner pour prendre du temps avec eux.
01:03:57 Moi, je l'ai vécu aussi. Mais ça prend du temps sur...
01:04:00 Pendant tes repas, tu manges très rapidement
01:04:03 et tu manges pas.
01:04:04 Et t'es là, t'es en train d'essayer de discuter avec une famille,
01:04:08 tu sens les gens autour de toi qui viennent te charter,
01:04:11 les petits regards, les petits doigts en l'air,
01:04:13 "s'il vous plaît, s'il vous plaît".
01:04:15 En fait, t'as pas le temps.
01:04:17 -Et du coup, tu rentres chez toi et tu te dis,
01:04:20 "J'ai laissé une famille en galère, un patient en galère
01:04:23 "avec plein de questions, plein de doutes,
01:04:25 "ou alors j'ai mal répondu, ou j'ai pas su répondre
01:04:28 "parce que j'avais pas le temps,
01:04:30 "et du coup, je reviens, je suis jamais revenue."
01:04:33 Et tu rentres chez toi et tu te dis, "Merde, quoi !
01:04:36 "J'ai pas bien fait mon taf."
01:04:37 -T'as l'impression que ton travail, tu l'as pas fait comme tu aurais aimé.
01:04:42 Et c'est culpabilisant.
01:04:44 C'est très culpabilisant, parfois.
01:04:48 -Des fois, quand tu vois l'investissement fait,
01:04:50 toute une carrière, toute une vie faite à l'hôpital
01:04:53 et comme on te remercie,
01:04:55 ça pique un peu, aussi.
01:04:57 -Toi, tu te vois, aujourd'hui, infirmière toute ta vie,
01:05:01 à l'hôpital ?
01:05:03 -À l'heure d'aujourd'hui, là ?
01:05:05 -Franchement, j'y ai pas réfléchi.
01:05:08 -Moi, je crois pas.
01:05:09 -Là, j'y ai pas réfléchi, mais après, je pense que non.
01:05:12 Je pense qu'il y a une attitude qui va rentrer.
01:05:14 -Je pense pas que je serais infirmière à l'hôpital toute ma vie.
01:05:18 Non.
01:05:21 Sauf si il y a une amélioration exceptionnelle
01:05:27 ou je change de pays.
01:05:30 -Vous avez pas de madame à la matière ?
01:05:32 -Regarde bien, c'est le...
01:05:33 -Allez, on y va, l'hôpital.
01:05:35 -C'est terminé.
01:05:37 -Salut, familles.
01:05:39 -Bonjour, Nia !
01:05:40 -Adieu !
01:05:43 -Adieu !
01:05:44 -Vous voulez pas me faire un bisou ?
01:05:46 -C'est très très... Elle est même pas encore sortie d'ici,
01:05:49 elle dit "Adieu !"
01:05:51 -Salut !
01:05:52 -T'es contente ?
01:05:55 -Super. C'est l'essentiel.
01:05:57 -Ah ouais !
01:05:58 Ça, c'est la victoire !
01:05:59 La victoire !
01:06:01 -Bon !
01:06:02 -Salut !
01:06:04 -Merci.
01:06:05 -Pas de soucis.
01:06:06 -Vous viendrez me voir.
01:06:07 -Je t'enverrai des messages.
01:06:09 ...
01:06:18 -Vous avez un fils magnifique !
01:06:20 -Il est tellement beau !
01:06:21 Il est tout chaud !
01:06:24 Oh, qu'est-ce qu'il est beau !
01:06:26 -Salut.
01:06:27 -Oh...
01:06:28 ...
01:06:29 Qu'est-ce qu'il est beau !
01:06:31 -Je vais vous donner une blouse,
01:06:32 comme ça, vous pourrez le toucher.
01:06:34 -D'accord.
01:06:35 Oh...
01:06:36 Merci.
01:06:38 -Y a eu du temps.
01:06:42 -Merci.
01:06:43 Oh, mon petit château...
01:06:47 Oh, mon petit coeur...
01:06:50 Bah oui, je t'embête, on se connaît pas encore...
01:06:53 Mais si, on se connaît un peu, ici, quand même.
01:06:57 On se connaît un petit peu.
01:06:58 ...
01:07:01 Oh...
01:07:02 -Maman, elle te chantait plein de chansons.
01:07:05 ...
01:07:07 Mon amour...
01:07:08 Merci, maman.
01:07:10 Oh, mon petit coeur...
01:07:11 Oh, mais t'es tout beau !
01:07:13 Oh...
01:07:15 Qu'est-ce que t'es beau !
01:07:17 ...
01:07:18 Mon amour...
01:07:20 ...
01:07:21 Si tu savais à quel point je t'aime...
01:07:23 ...
01:07:27 T'es tellement beau...
01:07:29 ...
01:07:33 Qu'est-ce que je t'aime...
01:07:35 Je t'aime tellement, mon coeur...
01:07:38 ...
01:08:08 ...