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  • 30/05/2023
Les Vraies Voix de l'emploi avec Sylvie Fouanon, Restauratrice de pianos anciens et Alexis Dandreis, Néoniste
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Transcription
00:00 - Les vraies voies de l'emploi, on apprend des choses, on découvre des métiers avec Jérôme Lavernie et là Jérôme, pour ceux qui viennent de nous rejoindre, on est vraiment dans l'artisanat déjà,
00:10 au sens large et au sens un peu plus rétréci de l'artisanat d'art.
00:15 - Oui tout à fait, son et lumière disait-on, avant la pause, avec la restauration de pianos, mais également ce métier de néo-viniste qu'il reste à faire découvrir,
00:26 parce que je pense que si tout le monde a vu certaines productions, peut-être pas celles d'Alexis, qui pourtant fleurissent sur pas mal d'aventures de restaurants,
00:36 on a tous en contact ces choses-là, en n'imaginant pas l'investissement, le temps, l'apprentissage qu'il a fallu pour arriver à ce type de production,
00:47 et avec des parcours qui ne sont pas très éloignés des deux que nous avons découverts en première partie.
00:52 - Il y a une vieille maison qui date de 1902, ça s'appelle la Maison Balleron, restauration et donc une histoire de passion, une histoire de famille.
00:59 Sylvie, merci d'être avec nous aujourd'hui, c'est la transmission, parce que ça aussi c'est important dans l'artisanat,
01:05 le mot "héritage" et "transmission" reviennent assez régulièrement, et là on est vraiment dans ce cas avec vous.
01:13 - Oui, moi je pérennise une entreprise de plus de 100 ans à Paris, dans le 16ème, et je passe mon temps à pérenniser des vieux pianos,
01:20 qu'on mettait autrefois à la poubelle, qu'on met toujours à la poubelle, et qu'avec un petit peu de savoir-faire, un petit peu de bois, de feutre de métal, je fais revivre.
01:30 Aussi bien pour M. Tout-le-Monde, mélomane ou débutant du piano d'ailleurs, que pour les grands musiciens,
01:37 parce que j'ai aussi une collection de pianos de concert, M. le Président connaît bien.
01:42 - Tout type de piano, parce qu'on dit toujours que le piano droit n'est pas un piano, mais piano à queue, demi-queue...
01:49 - Moi je suis plutôt maintenant dans les pianos à queue, parce que la demande est quand même descendue,
01:55 parce que je suis un métier de niche dans une autre niche, donc c'est principalement des pianos à queue, jusqu'aux grands pianos de concert.
02:02 - Mais quand on regarde votre site, le piano en vente le plus ancien date de 1842.
02:07 - Plus récent vous voulez dire, parce que le plus ancien c'est 1808.
02:12 - 1808, je ne l'ai pas vu sur le site web. - Vous cherchons bien, vous allez le trouver.
02:15 - Même 1808, ça ne vous rajeunit pas, qu'on arrive à travailler les matériaux comme il y a un peu plus de deux siècles, il y a 215 ans.
02:22 - Oui, parce que moi je m'inscris surtout dans la transmission du patrimoine,
02:25 donc je restaure des instruments qui vont de en gros de 1840, époque Chopin, jusqu'à aujourd'hui.
02:32 Ce sont des instruments qu'on trouve encore dans les maisons, alors que les pianofortes d'avant,
02:36 ils sont plutôt dans les musées ou dans les salles de conservatoire pour les pianistes, pianofortistes.
02:42 Donc ce sont toujours des instruments qu'on trouve dans les familles encore, et que je restaure depuis maintenant 40 ans.
02:49 - On parlait de transmission tout à l'heure et d'héritage, puisque vous avez suivi l'héritage ou la transmission de vos parents.
02:54 Est-ce que vous avez dû faire un CAP ? Est-ce que vous avez dû retourner à l'école ?
02:58 Ou si finalement c'est vos parents qui vous ont servi de référent et de professeur, si je puis dire ?
03:04 - Voilà, moi je suis sortie de la 3e à 15 ans au mois de juin, et au mois de septembre je suis rentrée à l'atelier,
03:11 et je n'ai plus quitté. J'ai acquis mon métier en faisant effectivement un petit passage dans une école de technicien de maintenance de piano neuf,
03:21 qui s'appelle l'ITEM, qui existe en France, qui forme plutôt des techniciens de maintenance de piano moderne.
03:26 Mais il n'y a pas d'école qui apprend le métier que je fais. C'est quelque chose que j'ai appris...
03:31 - C'est vraiment du mentorat en fait, c'est vraiment une espèce de...
03:33 - Voilà, j'ai appris avec les techniciens qui étaient là, j'ai appris avec les instruments qui étaient là,
03:38 et je n'ai cessé de monter, si vous voulez, en qualité j'espère, de travail.
03:43 - En excellence, ma fille.
03:44 - Voilà, en excellence. Et puis voilà, à partir de 2008, je suis allée voir la Chambre des métiers,
03:49 puisque j'ai pris ma première apprentie en 2008. Moi je suis patron depuis 1992, parce que j'ai repris la maison.
03:55 - Oui.
03:56 - Et à ce moment-là, la Chambre des métiers m'a dit "Oh mais vous pourriez être maître artisan métier d'art,
04:02 et puis ensuite vous pourriez avoir le label EPV". Alors je suis allée au label EPV.
04:06 - C'est quoi le label EPV ?
04:07 - C'est le label Entreprise du patrimoine vivant, qui est donné par, toujours je crois, le ministère de l'économie et des finances.
04:15 - Qu'est-ce que ça change finalement d'être labellisé "Entreprise EPV du patrimoine vivant" ?
04:23 - Le label EPV c'est une énorme machine qui regroupe aussi bien Louis Vuitton que l'atelier Balleron.
04:28 - D'accord.
04:29 - C'est tourné tous ensemble dans le même panier. Nous sommes des entreprises qui sont censées transmettre
04:36 l'excellence des savoir-faire français au niveau mondial en fait.
04:40 - Vous êtes nombreux à restaurer des pianos qui datent jusqu'à 1808, c'est sous Napoléon.
04:45 - Non, on n'est pas nombreux. Il y a beaucoup de...
04:46 - On peut le voir partiellement à Paris en France.
04:48 - Oui, on n'est pas nombreux. Il faut aussi quand même dire que l'artisanat il y en a partout, n'importe qui peut faire quelque chose.
04:55 Mais c'est vrai qu'il y a des niveaux qui sont importants à respecter, surtout quand on doit transmettre quelque chose.
05:01 Parce que si vous abîmez un piano, comme si vous abîmez...
05:04 - Oui, on ne parle pas d'accorder un piano, on parle de la perfection de l'objet.
05:07 - Voilà, c'est vraiment le travail de la structure. Donc si vous abîmez l'objet par une mauvaise restauration,
05:11 c'est un peu comme le bâtiment, le patrimoine bâti. Si vous abîmez les choses, c'est très difficile, très compliqué.
05:17 - Cette filière, la filière est fournie ou on sent que quand même certaines jeunesses se dirigent vers ce type d'artisanat ?
05:28 - Comme la musique ça a un impact assez fort chez les jeunes, tout le monde est absolument émerveillé du travail que je fais.
05:35 Mais dès qu'ils rentrent dans la matière, ça se complique.
05:38 - Oui, parce qu'il faut y dire que c'est un investissement de beaucoup de travail.
05:44 Et un investissement individuel qui du reste, au-delà de vos rôles, vous a quand même valu la légende d'honneur.
05:51 Il faut le rappeler quand même. Et il y a juste deux titres. Et tant pis, il est bien fait.
05:55 Et puis d'abord, ces métiers appartiennent à un patrimoine non pas tant seulement parce qu'ils sont historiques,
06:00 parce qu'ils existent depuis des lustres, il y en a plein d'autres.
06:02 Mais c'est qu'ils s'inscrivent dans une production unique, durable. Il n'y a pas que le développement qui est durable.
06:08 A notre époque du recyclage, vous produisez des choses qui non seulement sont uniques, mais ont pour vocation de durer.
06:15 Les bâtiments qui étaient construits dans le micro-ondes des maçons il y a une centaine d'années sont bien plus durables que ne le sont ceux d'aujourd'hui, si je ne m'abuse.
06:23 Et voilà, ça aussi ça participe du patrimoine, donc chapeau bas.
06:26 - Francis Bussière, président de la CMA, justement à Île-de-France.
06:29 - Oui, je voulais rajouter quelque chose qu'elle n'a pas dit parce qu'elle est une militée totale.
06:34 - Qui n'est pas notre cas avec Philippe, hein, nous.
06:37 - J'ai l'impression, mais ça, ça vous regarde.
06:40 C'est-à-dire qu'elle est aussi maître artisan d'art.
06:43 C'est-à-dire que c'est aussi quelque chose, c'est un titre décerné par la Chambre de métier de l'artisanat,
06:49 titre décerné par les pairs, c'est-à-dire que ce sont les pairs qui vont dire, ben voilà, c'est effectivement quelqu'un.
06:57 - Reconnu en fait, c'est ça.
06:58 - Parce qu'en fait, on a plein de labels maintenant dans les métiers d'art,
07:01 où les gens finissent par un peu s'y perdre, entre la Chambre des métiers qui donne le titre de maître artisan en métier d'art,
07:07 le ministère de la culture avec le dispositif maître d'art élève,
07:11 les labels EPV, où les gens ne savent plus trop exactement ce qui se passe.
07:15 Et puis surtout, il y a beaucoup d'artisanat.
07:18 Et c'est vrai que le niveau d'excellence où on peut monter est extrêmement important
07:22 parce que c'est un rayonnement, c'est ce que nous apporte le label en fait.
07:25 - Bien sûr.
07:26 - Un rayonnement à l'international.
07:27 - Moi, j'exporte dans le monde entier alors que je suis un tout petit atelier du travail de mes mains.
07:32 - Vous ne travaillez pas, nous sommes très fiers de vous avoir.
07:33 - Ah vous êtes très fiers de nous avoir ?
07:34 - Vous trouvez des marques, tous comme Steinway ou comme Playel,
07:37 un piano, il prend de la valeur avec le temps comme un grand vin ?
07:41 - Non, c'est complètement l'inverse des instruments du Quatuor.
07:44 Nous, les pianos ne prennent pas du tout de valeur, au contraire.
07:47 Ils s'habillent beaucoup plus que les autres instruments, ils s'habillent énormément.
07:51 Il faut travailler le bois, le feutre, le métal.
07:53 Il faut maîtriser beaucoup de techniques.
07:56 Moi, je travaille avec que des matériaux anciens.
07:58 - Très patient.
07:59 - Je fais moi-même mes propres vernis avec de la gomme-laque.
08:02 Je n'utilise que des cols d'origine animale.
08:04 Je vais chercher des vieux bois, des vieux plaquages.
08:07 C'est une autre technique que simplement réparer une pièce cassée qui ne fonctionne pas.
08:12 - Pas trop dur d'exercer sur les 35 heures ce genre de métier ?
08:16 - Alors, je ne connais pas les 35 heures.
08:18 - Alors c'est quoi ?
08:19 - Les 35 heures, c'est rendez-vous en terre inconnue.
08:21 - Pourquoi c'est un patrimoine aussi ?
08:24 - Parce que tout à l'heure, on avait un métier où il y a une seule école en France pour toute l'Europe.
08:28 Et voilà des métiers encore qui n'ont pas besoin d'anclicisme pour pouvoir rayonner à l'international.
08:33 - Et pour rester avec nous, on va vous expliquer un nouveau métier.
08:36 En tout cas, pour nous, puisqu'on le découvre aussi.
08:39 C'est un métier qui s'appelle le néoniste.
08:42 Est-ce que... on vous laisse le suspense.
08:44 On va vous expliquer dans quelques instants.
08:46 Alexis est avec nous.
08:47 Il a été lauréat de la Fondation Banque Populaire 2021.
08:50 Il est passionné et certainement passionnant.
08:53 On va le découvrir dans un instant.
08:55 Il y a quelques instants, nous étions avec Sylvie.
08:58 Ça s'appelle la Maison Balleron.
09:00 C'est la restauration et l'histoire d'une passion des pianos.
09:03 On est vraiment dans l'excellence.
09:05 Et puis, un autre métier aussi que nous avons découvert,
09:08 enfin, moi plus que Philippe qui connaissait,
09:11 ça s'appelle le néoniste d'art.
09:13 Ça c'est très intéressant aussi.
09:14 Il est avec nous.
09:15 Alexis, merci d'être avec nous aujourd'hui.
09:18 Expliquez-nous la qualité de ce métier.
09:21 Parce que là, on est vraiment dans l'artistique aussi.
09:24 On connaît tous les néons classiques,
09:26 mais là, on est hors cadre.
09:28 - Bonsoir, merci de m'accueillir.
09:29 - Avec plaisir.
09:30 - Oui, donc effectivement, c'est la création des néons.
09:32 La personne qui fait ça, c'est un néoniste.
09:35 C'est pas une secte.
09:36 - C'est pas un nouveau-niste.
09:39 - Non, voilà.
09:40 Je pense que le truc important à voir sur ce savoir-faire là,
09:43 c'est que c'est un savoir-faire français qui a un siècle.
09:46 Donc c'est un français, Georges Claude,
09:47 qui a créé, en gros, qui a permis d'industrialiser le néon.
09:51 En gros, mon travail, c'est de donner une forme à une canne de verre.
09:54 Et après, il y a un process dans lequel je mets un gaz dans cette canne de verre.
09:58 - Un gaz rare.
09:59 - Un gaz rare, voilà, il y en a cinq.
10:00 Le néon étant le nom d'un gaz.
10:02 Donc pour l'info, le néon ne donne que du rouge.
10:05 Donc si vous voyez, quand vous dites un néon,
10:08 vraiment, ce n'est que la couleur rouge.
10:10 Sinon, vous allez mettre de l'argon qui est un autre gaz
10:12 et qui va permettre de faire les autres teintes.
10:14 Donc voilà, il y a une connexion avec la France qui est très forte
10:18 parce que le verre que je travaille, c'est du borosilicate.
10:21 Donc c'est ce qu'on appelle le verre dur.
10:23 Et à l'opposé, il y a le verre tendre.
10:24 Et en gros, c'est un petit peu le reste du monde qui travaille le verre tendre
10:27 et la France travaille le verre dur.
10:29 Donc le verre tendre, genre le Murano.
10:30 Et donc, ce n'est pas les mêmes outils.
10:32 Donc si là, vous prenez un Américain, vous le mettez à Paris pour faire du néon,
10:35 - Il ne saura pas forcément le faire.
10:37 - Il ne saura pas forcément le faire.
10:38 - Alors, ce qui est intéressant, c'est de voir votre parcours aussi, et à vous.
10:41 Parce qu'à la base, pour être néoniste, il faut être souffleur de verre.
10:45 Ou c'est mieux ?
10:47 - Non, c'est connecté.
10:48 C'est-à-dire que le CAP qui permet de devenir néoniste,
10:51 c'est un CAP qui s'appelle "Souffleur de verre, option enseigne lumineuse".
10:54 Donc tout de suite, ça cadre le néon dans le champ de l'enseigne.
10:57 Or, aujourd'hui...
10:58 - Ce n'est pas votre cas.
10:59 - Ce n'est pas mon cas.
11:00 Moi, mon background, c'est les arts décoratifs.
11:01 Donc j'ai fait les arts déco.
11:02 Après, j'ai fait un CAP de menuisier à Paris.
11:05 Et ensuite, j'ai enchaîné avec les néons.
11:07 Pourquoi ? Comment ?
11:08 J'ai vu des néons, je me suis dit "Tiens, ça me plaît, comment ça marche ?"
11:11 Je suis allé sur YouTube, j'ai vu des vidéos, j'ai vu des chalumeaux.
11:14 Donc, puisque le verre, on travaille avec les chalumeaux.
11:16 Ça m'a plu.
11:17 Je me suis renseigné, il restait un seul CAP en France,
11:20 et c'est toujours le cas, qui est dans le 11e arrondissement.
11:22 C'est le lycée de Dorian.
11:24 Et en gros, l'état des lieux, c'est qu'il n'y a personne qui fait ce CAP.
11:29 Parce que c'est inscrit dans un lycée pro de verrerie scientifique.
11:34 Donc ils font de la verrerie parce qu'en fait, il y a des débouchés pour la verrerie,
11:37 pour les labos, tout ça.
11:38 Les tubes à essai, enfin, je ne sais pas.
11:40 C'est vraiment un savoir-faire derrière.
11:42 Et le néon, qui est aussi un savoir-faire très important d'un point de vue de la technique,
11:46 on va dire qu'il demande beaucoup de technique,
11:48 il n'y a pas de jeunes.
11:49 Et pourtant, c'est très prisé.
11:51 C'est-à-dire que dans la décoration...
11:52 Oui, c'est beaucoup demandé, mais pour autant...
11:55 Vous avez rappelé que c'est un Français qui avait inventé,
11:57 c'était Georges Claude, c'est ça ?
11:59 Il y avait même une marque d'ampoule qui portait son nom à l'époque,
12:01 qui a été rachetée entre-temps.
12:03 Ça vous a fait rêver, vous, de voir, par exemple, dans les expositions,
12:07 les enseignes qu'il y avait dans les années folles,
12:10 qui étaient extraordinaires.
12:11 À Paris, on voyait les enseignes, on voit des images d'époque.
12:14 C'est sensationnel.
12:15 Je suis de Nice et je n'ai pas connu l'époque.
12:17 Moi non plus, mais j'ai vu des photos.
12:19 Je rigole, bien sûr.
12:21 Mais effectivement, ce que je disais tout à l'heure,
12:24 c'est que ça a changé un petit peu le champ de l'enseigne.
12:26 Aujourd'hui, vous avez beaucoup de LED, en fait.
12:29 Mais les gens qui peuvent se le permettre,
12:32 puisque le coût d'un néon est plus important que celui de l'LED,
12:35 particulièrement, vous pouvez vous permettre de mettre du néon,
12:38 vous mettez du néon, parce que ce n'est pas la même qualité de lumière.
12:40 Et donc, pour l'enseigne, c'est quand même mieux de mettre du néon.
12:43 Pour qu'on comprenne bien, forcément, avec vous, Alexis,
12:47 comment ça se décortique et comment on travaille.
12:50 D'abord, les différentes étapes.
12:52 Est-ce que d'abord, on souffle le verre, en tout cas, le tube, si je puis dire ?
12:56 Oui.
12:57 En fait, la toute première étape, c'est de parler avec la personne
13:00 qui vous demande un projet, puisque comme elle-même ne sait pas
13:03 comment fonctionne le néon et qu'il y a beaucoup de contraintes,
13:05 parce que c'est une pièce en verre, etc.,
13:07 vous allez devoir la guider, faire un dessin technique, etc.,
13:11 qui va probablement changer un petit peu ce qu'elle demandait,
13:13 mais bon, ça marche.
13:15 De là, vous déformez des cannes de verre avec des chalumeaux.
13:19 Donc là, vous soufflez.
13:21 C'est comme si j'avais une grande paille,
13:23 de 1,50 m dans les mains, j'ai un bouchon d'un côté,
13:26 un tuyau qui va dans la bouche de l'autre,
13:28 et je me mets au milieu, je fais mes actions diverses,
13:30 et ensuite, je soude des électrodes, électrodes que George Claude avait brevetées,
13:35 et donc, pendant 50 ans aux Etats-Unis, c'était chez Claude Néon, etc.,
13:38 qu'on apprenait à faire du néon.
13:40 Après, vous insérez un gaz, via une machine.
13:44 - Qui vous donne la couleur. - Voilà, entre autres.
13:47 Et vous avez fait de très belles enseignes dans lieux particulièrement prestigieux.
13:51 - Ce ne sont pas des enseignes, c'est des... - Je ne sais pas, ça peut être des enseignes.
13:54 Disons... Pardon, je...
13:56 - Ah ben, non, allez-y, on vous écoute.
13:58 - Effectivement, ma clientèle, ça va être autant des artistes
14:01 que des enseignes, enfin, que le ballet de Marseille,
14:04 ou alors qu'un restaurant, là, je fais un truc pour la Tour d'Argent.
14:07 Donc, il y a un cabinet d'architecte d'intérieur en intermédiaire,
14:12 mais qui place du néon dans le hall d'entrée de la Tour d'Argent.
14:15 - C'est formidable. Vous êtes combien aujourd'hui ?
14:18 Dans votre qualité, en tout cas, de néoniste d'art, vous êtes nombreux ?
14:24 - Ah, pfff... À vrai dire, je ne me décris même pas comme néoniste d'art,
14:27 je suis juste néoniste.
14:29 Mais, en gros, je pense que l'état des lieux, c'est qu'il reste une soixantaine,
14:32 ou une soixantaine de personnes en France qui savent faire un néon.
14:35 Sur la soixantaine... - Un instant, une soixante, c'est rien.
14:38 - Il n'y en a pas beaucoup.
14:39 Et sur les soixante, combien il y en a qui ont moins de quarante ans ?
14:42 Là, c'est... - Ah oui, ça, c'est une...
14:44 Francis Bussière, qu'est-ce qu'on peut faire, justement,
14:46 pour relancer ces métiers ?
14:48 D'abord, les faire découvrir, comme on fait ce soir, j'imagine,
14:50 donner envie à une jeunesse de se dire "j'ai envie de faire ce métier",
14:54 et finalement, on se rend compte qu'il y a des débouchés, dans plein de sujets.
14:58 Mais comment on peut travailler ça ?
15:00 - Vous l'avez dit, faire connaître, communiquer,
15:02 c'est-à-dire dire la beauté des métiers qui sont exposés ce soir,
15:07 la diversité des métiers, le fait que ce sont des métiers de passion,
15:12 ce sont des métiers pour lesquels, effectivement, à priori,
15:15 ils ne sont pas encore morts de faim,
15:17 donc on arrive à gagner sa vie là-dessus,
15:19 des fois c'est difficile,
15:21 et puis, il y a nécessité absolue de transmettre.
15:24 C'est-à-dire que, quand Alexis nous dit "ben voilà,
15:27 il y a 60 personnes qui savent travailler le néon en France",
15:31 c'est-à-dire qu'une fois que les 60 personnes seront parties,
15:34 eh bien, il se passera quoi ?
15:36 Donc c'est fondamental, si vous voulez,
15:39 pour tout cet artisanat d'art, bien sûr,
15:42 mais pas simplement.
15:43 On parlait tout à l'heure d'autres métiers,
15:46 les chiens, les boulangers, les bouchers, les maçons, les chumassons...
15:50 Oui, mais qui sont plus connus, c'est pour ça que ces métiers-là...
15:52 Mais il y a des transversalités entre...
15:54 Peut-être qu'on pourra vous demander un jour un piano
15:57 avec des néons autour, très jolis,
15:59 enfin voilà, il y a forcément des croisements entre les différents artisans.
16:03 Quelques plumes, c'est parfait !
16:05 J'ai travaillé pour un plume-acier, oui.
16:07 Ah oui ?
16:08 Ben, mon voisin d'atelier est plume-acier, du coup, voilà.
16:12 L'un et l'autre, est-ce que vous avez la sensation
16:15 qu'il se peut que votre savoir, non pas se perde,
16:19 mais ne soit pas hérité, ne soit pas transmis,
16:23 comme vous le souhaiteriez ?
16:25 Est-ce que c'est un danger qui peut exister, ça ?
16:28 Alors, moi, comme je m'inscris dans des métiers de transmission d'un patrimoine,
16:32 avec des techniques anciennes, qui s'acquirent avec le temps,
16:35 oui, c'est problématique,
16:37 parce que pour faire un bon restaurateur,
16:39 qui soit vraiment dans l'idée, l'intention musicale
16:42 qu'on doit donner à un piano quand on le restaure,
16:44 il faut au moins 15 ans de métier.
16:46 15 ans ?
16:47 Alors, moi, j'insiste vraiment, et appel au secours,
16:49 je pense que nos gouvernants feraient bien,
16:51 on a multiplié les aides,
16:53 pour ces petites entreprises,
16:55 il faut que le salaire d'un apprenti soit d'un coup zéro pour l'entreprise.
16:59 Ah, c'est sûr.
17:00 De telle sorte à ce qu'un jeune ait l'opportunité d'apprendre,
17:03 et une entreprise ait la possibilité de pouvoir le former
17:06 et de transmettre ce véritable patrimoine.

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