Baisses d'impôts des classes moyennes: "Il va y avoir cette question de contraintes de plus en plus fortes sur les finances publiques" pour Philippe Dessertine (économiste)

  • l’année dernière
Emmanuel Macron a annoncé son souhait de baisser les impôts pour les classes moyennes, qui gagnent “entre 1.500 et 2.500 euros et “sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre” car elles seraient selon lui celles qui subissent la plus haute pression fiscale en France.

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Transcript
00:00 Peut-être première chose, la fiscalisation des classes moyennes,
00:02 on a eu le problème déjà l'année dernière,
00:04 elle augmente par elle-même par l'inflation.
00:06 C'est un point qu'il faut rappeler parce que là,
00:07 quand on était en train de dire 2 500 euros,
00:10 on disait la même chose l'année dernière, il y a trois ans.
00:11 Sauf que 2 500 euros, maintenant,
00:13 ce n'est plus le même pouvoir d'achat.
00:14 On doit s'y mettre.
00:15 On n'est plus en euro constant.
00:17 L'inflation est apparue dans notre économie
00:19 et elle est apparue dans la réalité des classes moyennes.
00:22 Même si le barème de l'impôt a été indexé.
00:24 Exactement.
00:24 L'année dernière, barème d'impôt indexé,
00:27 6 milliards de coûts pour l'État.
00:29 Alors que pratiquement, les gens ne s'en rendent pas compte
00:31 parce qu'ils disent en fait,
00:32 ce n'est pas que je paie moins d'impôts,
00:34 c'est qu'en fait, maintenant,
00:35 on considère effectivement que mon pouvoir d'achat a baissé.
00:38 Donc ça, je crois que c'est un premier élément fondamental
00:40 à bien avoir en ligne de compte,
00:41 c'est que le pouvoir d'achat des Français baisse.
00:44 L'inflation signifie que vous avez, en euro constant,
00:47 une baisse de votre pouvoir d'achat,
00:49 donc il faut augmenter vos salaires.
00:50 Ou alors en tout cas, il ne faut pas vous fiscaliser
00:51 de la même façon parce qu'effectivement,
00:53 l'inflation a commencé à vous prélever,
00:55 à vous prendre une partie de la richesse que vous créez.
00:57 Donc ça, c'est la première chose.
00:58 La deuxième chose effectivement,
01:00 c'est, et là vous me permettez d'être ancien membre
01:02 du Haut Conseil des Finances Publiques,
01:04 le président du Haut Conseil des Finances Publiques
01:06 qui est aussi d'ailleurs le patron de la Cour des Comptes,
01:09 Pierre Moscovici, disait il y a quelques jours dans les échos,
01:11 nous on pense qu'une baisse d'impôts,
01:13 elle doit être financée.
01:14 C'est-à-dire que oui, on comprend bien que ça fait plaisir,
01:16 on a le micro-trottoir qu'il montre tout à l'heure,
01:18 tout le monde est d'accord.
01:19 - Je n'ai pas Romain Brans qui parlait de financer
01:21 quand il était ministre économique.
01:23 Le fait qu'on parle d'une baisse d'impôts financée,
01:25 vous vous dites "je ne comprends pas".
01:26 C'est normal, effectivement en France,
01:27 on ne se pose jamais cette question.
01:28 - On n'est pas habitué, non.
01:29 - Si vous voulez, quand je vais parler d'inflation,
01:31 on doit avoir la contrepartie automatique
01:34 qui est en train de se mettre en place,
01:35 augmentation des taux d'intérêt.
01:37 Et là, tout d'un coup, évidemment, ça devient sérieux.
01:38 C'est-à-dire que là, non seulement le Français
01:41 perd en pouvoir d'achat,
01:42 mais l'État paie de plus en plus cher la dette à dette identique.
01:45 - Oui, oui.
01:46 - Donc évidemment, ça veut dire que lorsque nous sommes
01:48 dans une situation qui commence à être un peu tendue
01:50 comme celle-là, la question, vous aviez commencé
01:53 en disant "est-ce qu'il a raison ? Est-ce qu'il faut ?"
01:54 Moi, je vous réponds tout de suite d'un point de vue technique.
01:56 Est-ce que c'est possible ?
01:58 Et la question "est-ce que c'est possible ?"
01:59 là, du coup, tout d'un coup, on se rend compte que
02:01 un, évidemment, il y a la question du pouvoir d'achat.
02:03 Deux, il va y avoir cette question de contrainte
02:04 de plus en plus forte sur les finances publiques françaises.
02:07 On a eu, on va dire, une première vague, petite,
02:10 Fitch, l'agence de notation,
02:12 peut-être pour nos téléspectateurs qui ne sont pas tout à fait
02:15 au point sur ces questions de la dette publique,
02:17 la dette en général, Fitch a dégradé la note française
02:20 il y a quelques jours.
02:21 Ça veut dire qu'elle va coûter plus cher.
02:22 Et là, il est très possible que d'ici quelques jours,
02:24 on ait une deuxième grande annonce qui dégrade la note.
02:26 Ça voudra dire que la question des diminutions d'impôts,
02:29 peut-être on dira "eh bien franchement, vous voulez ?"
02:32 Mais là, vous comprenez, c'est la finance qui ne veut pas.
02:34 Et donc, effectivement, ce sera peut-être une façon
02:36 de clore le débat définitivement.

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