Adele Haenel décide de « politiser » son arrêt du cinéma

Sud Radio

09/05/2023

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00:00 Les vraies voix sud-radio, ça fait du clic sur les réseaux sociaux.

00:04 Et parmi les sujets les plus discutés, Félix Mathieu ce soir sur Twitter, on trouve Adèle Hennel.

00:09 J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma, des mots de l'actrice tweetée par le magazine Télérama qui explique

00:16 "Alors que nous enquêtions sur la trajectoire d'Adèle Hennel, l'actrice a pour la première fois depuis les Césars 2020 accepté de prendre la parole.

00:23 Les Césars 2020 qu'elle avait quitté, souvenez-vous avec perte Zefraka à l'annonce de la victoire de Roman Polanski.

00:28 Puis Télérama partage un courrier envoyé par Adèle Hennel qui a répondu par écrit à ses journalistes.

00:33 La tournure est très militante. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l'argent et du pouvoir.

00:42 J'ai décidé, dit-elle, de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels

00:50 et plus généralement la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère, écocide, raciste du monde tel qu'il est.

00:58 Alors on avait déjà revu l'actrice il y a quelques mois dans une réunion publique d'opposants à la réforme des retraites.

01:02 Si le gouvernement commence à agiter le fait de dire que soi-disant cette réforme elle est féministe, c'est d'autant plus inquiétant que ce gouvernement est en soi composé de violeurs.

01:11 C'est déjà un mauvais signe on va dire.

01:13 On dirait carrément que c'est un critère de sélection même.

01:16 Et dans la mesure où le projet ici c'est de précariser encore plus les plus précaires et donc à fortiori les femmes, c'est carrément le monde à l'envers.

01:23 Ce qu'on veut c'est renverser le capitalisme et on a plein d'idées pour ce que pourrait être un monde post-capitaliste, c'est-à-dire communiste.

01:29 Cette fois-ci par écrit dans Télérama, elle en dit plus sur l'interruption de sa carrière, Adèle Haenel dénonce une industrie bourgeoise qui, je cite,

01:36 "produit à dose homéopathique des films sur les pauvres héroïques et des femmes exceptionnelles, histoire de capitaliser toujours davantage sur notre dos sans donner aucune force à notre mouvement,

01:46 sont selon elle, continués de rendre désirables ce système et criminels."

01:51 Cette lettre ouverte suscite forcément beaucoup de réactions.

01:55 Parmi les dubitatifs, Eugénie Bastier du Figaro qui écrit "Je vous annule de mon monde",

02:01 écrit l'actrice Adèle Haenel triste itinéraire d'une artiste dévorée par la politique qui ressemble à une emprise sectaire.

02:08 Au contraire, la députée écologiste Sandrine Rousseau tweet en soutien "Cette colère qui monte, qui monte, en face, les résistances s'organisent,

02:16 mais nous gagnerons, nous n'avons pas le choix." Sandrine Rousseau qui adresse ensuite un coeur violé à l'intention d'Adèle Haenel.

02:22 - C'est intéressant quand même. - Moi je suis frappé, voilà une actrice dont je ne raffolais pas.

02:28 Je suis plus classique dans mes choix féminins d'acteur, d'actrice, mais j'avais été frappé par le fait qu'elle avait eu une liaison de quelques années

02:39 avec une femme, un metteur en scène qui s'appelait Céline Sciamma, dont j'avais lu une interview mais vraiment éblouissante.

02:47 Et je pense qu'elle ne cesse pas, Adèle Haenel, de se durcir, de devenir...

02:54 Si nous étions dans une période de terrorisme, je l'imaginerais bien, mais ça n'est pas le cas du tout, je précise,

03:01 elle a une telle idéologie, une telle dénonciation, une telle révolte qu'on pourrait imaginer qu'elle serait prête à d'autres actes.

03:09 Moi je trouve intéressant ce qu'elle dit. Alors je vois la radicalité, je vois l'extrémisme absolument, j'entends la colère,

03:19 une grande souffrance, une grande souffrance personnelle. Mais quand même, elle dit quand même des choses,

03:24 tout n'est pas à jeter dans cette lettre sur les films qu'on fait qui sont que des prétextes.

03:30 - C'est tout à fait vrai. - C'est vrai, moi j'adore le ballet classique et le ballet contemporain, j'aime la danse contemporaine.

03:37 Je suis désespéré de voir à quel point, par exemple, la diversité est absente.

03:41 Il y a des grandes compagnies comme la Batcheva Dance qui font danser des Asiatiques, notamment qui font danser des Palestiniens.

03:48 La Batcheva Dance qui est la plus grande compagnie israélienne, une des plus grandes compagnies au monde.

03:53 Mais le monde de l'art est quand même extrêmement confiné et clos sur toujours les mêmes critères.

04:00 Je vois comment a été accueilli la série Bridgeton, la fameuse série sur Netflix.

04:05 - On voit comment sont accueillies. - On rappelle avec des acteurs de couleur.

04:09 Et donc, je me dis, tout n'est pas à jeter dans sa lettre. Il y a une vraie réflexion entamée sur la façon dont nous envisaginons le monde.

04:18 - Et peut-être qu'elle va trop loin. - Je ne sais pas si elle va trop loin.

04:21 Vous savez, les féministes dans les années 70, elles ont tout cassé pour essayer d'obtenir des droits.

04:25 - Sophie Gauguin ? - Oui, il y a le mal-être personnel, ça c'est évident.

04:30 On peut évidemment comprendre sur un parcours, parce que c'est quand même publiquement pas facile d'arriver à s'exprimer sur ces sujets,

04:36 dans un environnement artistique où on voit bien que libérer la parole, ce n'est pas simple.

04:42 Après, chacun fait comme il le ressent, avec ses moyens personnels.

04:45 Elle a choisi cette expression-là qui est assez radicale.

04:49 Pour moi, c'est quand même l'expression d'un mal-être global sur le sentiment d'impunité généralisée sur des questions juridiques ou judiciaires,

05:01 sur les agressions sexuelles, les violences sexuelles.

05:07 Sauf qu'à force d'en parler avec le même degré de véhémence à tous les niveaux, on finit par oublier qu'il y a aussi des degrés de délit, de criminalité.

05:15 La question que je pose, c'est finalement, est-ce qu'on ne desserre pas la cause qu'on veut servir ?

05:22 Quand on met au même niveau tout, y compris son parcours personnel et des revendications qu'elle peut très bien avoir.

05:32 Il faut réfléchir à cette lettre, parce qu'il y a des choses qu'elle dit qui sont quand même très intéressantes,

05:42 qui nous secouent mais qui sont intéressantes.

05:44 Oui, par contre, je dirais quand même qu'on n'a pas entendu le garde des Sceaux une seule fois s'exprimer sur sa doctrine en ce qui concerne les violences faites aux femmes,

05:51 les violences intrafamiliales, tous ces sujets-là aujourd'hui qui arrivent dans le débat de société.

05:56 On ne connaît pas sa doctrine.

05:58 Il en avait parlé une fois.

05:59 Une fois ? Il est temps.

06:01 Il serait temps qu'on en reparle.