Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, était l'invité de BFMTV pour évoquer une manifestation de l'ultra droite qui a eu lieu à Paris ce samedi. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, tout de noir vêtu et visage dissimulé, pour célébrer le 29e anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu, un militant d’extrême droite proche de l’ex-GUD.
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00:00 Nous sommes justement avec Monsieur le Préfet de police de Paris, Laurent Nunes, qui est avec nous.
00:04 Bonsoir Monsieur le Préfet.
00:06 Donc vous n'avez commis aucune erreur en autorisant cette manifestation.
00:12 Alors d'abord, permettez-moi de rectifier une petite erreur.
00:14 Nous n'autorisons pas des manifestations, elles sont déclarées.
00:18 J'ai la possibilité en revanche de les interdire.
00:21 C'est-à-dire quand je considère qu'il y a des risques de trouble à l'ordre public,
00:25 il faut que je le démontre évidemment,
00:27 j'ai la possibilité d'interdire cette manifestation.
00:30 Le trouble à l'ordre public c'est quoi ?
00:31 C'est des risques de violence, de dégradation, d'exaction.
00:35 Et ça n'est pas la seule condition.
00:36 Il faut de surcroît que je démontre que avec les forces de police dont je dispose,
00:40 je ne serai pas en mesure de contenir ces violences et ces débordements.
00:44 Donc ce sont des conditions extrêmement restrictives.
00:47 C'est l'état du droit et c'est ce qui a fait que nous n'avons pas pris d'arrêté,
00:50 d'interdiction de cette manifestation.
00:52 D'autant plus que lors d'une précédente manifestation d'ultra droite,
00:55 qui s'est tenue en février dernier,
00:58 pour commémorer "les morts" du 6 février 1934,
01:02 une manifestation, une marche au flambeau s'est tenue, organisée par l'ultra droite.
01:06 J'avais pris à cette époque un arrêté d'interdiction et il a été annulé,
01:10 parce qu'il a été considéré que je ne démontrais pas suffisamment
01:13 qu'il y avait un risque de trouble à l'ordre public
01:15 et que je ne démontrais pas suffisamment que j'étais avec les forces de l'ordre
01:18 dont je disposais en mesure de le contenir.
01:20 Donc c'est évidemment une jurisprudence forte qui est venue éclairer ma réflexion,
01:25 d'autant plus que dans le précédent de février,
01:27 je savais que les précédentes marches de février avaient donné lieu à des débordements.
01:32 Celle de samedi dernier, cette commémoration organisée par l'ultra droite,
01:37 c'est incontestable, cette commémoration d'un militant décédé en 1994,
01:42 s'est toujours déroulée chaque année et n'a jamais entraîné de trouble à l'ordre public.
01:46 C'est pour ça que j'ai pris cette décision de ne pas l'interdire,
01:49 mais ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillons pas dessus,
01:51 en renseignement, en judiciaire,
01:53 mais évidemment que nous sommes très actifs sur la mouvance.
01:56 – Monsieur Nunes, ce qui interpelle lorsqu'on regarde ces images,
01:59 c'est qu'on ne voit quasiment pas de forces de l'ordre,
02:02 contrairement aux manifestations, notamment les dernières contre la réforme des retraites.
02:06 Et puis on voit ces visages cagoulés sur la voie publique.
02:08 Or, selon la loi anti-casseurs, ces visages cagoulés sont interdits.
02:13 Pourquoi ces personnes n'ont pas été interpellées ?
02:17 – Alors d'abord deux choses,
02:18 je ne peux pas vous laisser dire que les forces de l'ordre n'étaient pas présentes,
02:21 elles n'étaient pas visibles,
02:22 et lors des manifestations contre la réforme des retraites,
02:24 elles ne sont pas visibles non plus.
02:26 Elles n'interviennent que lorsqu'il y a des exactions.
02:27 Pardon de vous le dire, mais j'applique la désescalade
02:29 pour tous les types de manifestations.
02:31 Donc les forces de l'ordre sont toujours à distance.
02:33 Elles l'étaient samedi, et elles le sont pour les manifestations contre les retraites.
02:36 Malheureusement, les casseurs font que nous sommes contraints d'intervenir.
02:39 Pour répondre précisément à votre question,
02:41 oui, certaines personnes avaient le visage dissimulé,
02:43 oui, effectivement, c'est un délit d'avoir le visage dissimulé.
02:46 C'est une infraction, pardon,
02:47 une contravention d'avoir le visage dissimulé sur la voie publique.
02:50 Et c'est même un délit dans le cadre de la loi anti-casseurs
02:53 lorsqu'il est établi qu'on se dissimule le visage
02:55 en vue de commettre des exactions et des violences et des troubles à l'ordre public.
02:58 Ce n'était pas le cas ce jour-là.
03:01 Je suis désolé d'avoir à vous le lire,
03:02 mais néanmoins, encore une fois,
03:04 nous allons observer, évidemment,
03:05 revisionner les bandes pour essayer de déterminer
03:07 s'il y a eu des gestes, des propos
03:10 qui rentrent sous le coup de la loi.
03:12 À ce stade, ça n'est pas le cas,
03:13 mais nous allons évidemment le faire et regarder tout ça de très très près,
03:16 comme nous le faisons systématiquement après les manifestations.
03:19 Que répondez-vous à ceux qui vous critiquent personnellement,
03:22 notamment à gauche,
03:23 et qui estiment que la préfecture de police
03:26 est finalement plus tolérante avec l'extrême droite qu'avec l'extrême gauche ?
03:32 Alors, d'abord, c'est totalement faux.
03:34 C'est absolument inacceptable à mes yeux.
03:37 Ce genre de propos est totalement inacceptable.
03:40 J'ai été directeur général de la Sécurité intérieure,
03:42 j'ai été coordonnateur national de renseignement et de la lutte anti-terroriste
03:45 et je suis aujourd'hui préfet de police.
03:46 Depuis 2017, la détermination des pouvoirs publics
03:49 et l'action que j'ai menée évidemment sous cette autorité du pouvoir politique,
03:54 elle a frappé très dur contre l'ultra-droite.
03:56 Je veux vous rappeler que depuis 2017,
03:58 nous avons plus d'une dizaine de dossiers qui ont été ouverts
04:01 et qui sont gérés par le parquet national de l'anti-terrorisme,
04:04 au titre du terrorisme.
04:05 Nous avons dissous plusieurs structures d'ultra-droite.
04:08 Donc il est faux de dire que nous faisons preuve de clémence,
04:10 de complicité face à l'ultra-droite.
04:12 C'est complètement faux.
04:13 Et je veux vous rappeler par...
04:14 Évidemment, l'ultra-gauche, quand il y a des violences et des exactions,
04:18 nous intervenons.
04:18 Mais attendez, des manifestations d'individus cagoulés
04:21 qui défilent derrière des banderoles et qui professent,
04:24 qui tiennent des propos qui sont anti-républicains, anti-démocratiques,
04:28 il en existe aussi à l'ultra-gauche.
04:29 Enfin, je vous renvoie aux mouvements ou manifestations
04:31 qu'organise la mouvance antifasciste,
04:33 jusqu'à preuve du contraire, il se déroule de la même façon.
04:36 Et donc, nous n'intervenons pas, nous n'interdisons pas
04:38 et nous encadrons et nous intervenons uniquement
04:40 quand il y a des violences et des débordements.
04:42 Donc il ne s'agit pas, pour moi, de renvoyer deux à deux ces deux mouvances,
04:45 mais simplement de rappeler une évidence,
04:47 il n'y a pas deux poids, deux mesures dans le traitement que nous appliquons.
04:49 Et tout ce qui a été fait depuis 2017 est là pour le démontrer.
04:52 On parle du retour du GUD, qui s'était autodissout,
04:55 ce mouvement d'extrême droite bien connu.
04:58 Est-ce que vous surveillez cela de près ?
05:01 Bien évidemment, mais nous surveillons la mouvance ultra-droite de très très près.
05:05 Enfin, nous sommes tous les responsables administratifs
05:09 de haut niveau, responsables de la sécurité dans ce pays.
05:12 On a eu l'occasion, à l'occasion d'une commission d'enquête
05:14 à la demande de la France Insoumise à l'Assemblée Nationale,
05:17 qui visait précisément la façon dont nous traitions les mouvances ultra-droites.
05:21 Nous avons eu l'occasion de rappeler, c'était en 2018-2019,
05:24 moi-même j'étais entendu, nous avons rappelé tout le dispositif
05:27 que nous mettons en place pour lutter contre les subversions violentes
05:30 et notamment, évidemment, l'ultra-droite.
05:31 Je vous dis, plus de dix dossiers ouverts au titre de l'antiterrorisme,
05:35 de nombreux mouvements dissous.
05:37 C'est évidemment pour nous une priorité
05:39 et le mouvement que vous avez cité est également une priorité.
05:42 Oui, il ne nous a pas échappé que sans doute à la fin de l'année 2022,
05:45 ils ont tenté, ils tentent de se reconstituer.
05:48 Évidemment que nous serons là pour les en dissuader et pour intervenir.
05:50 Évidemment.
05:51 - Restez avec nous, monsieur le préfet Nunes,
05:54 parce qu'on va demander à Maxime Ranchetteur
05:56 du service de police-justice de BFMTV, justement,
05:59 de savoir à qui on a affaire précisément lors de ce défilé, Maxime.
06:04 - Pour le déterminer, on a plusieurs éléments qui tous vont dans le même sens.
06:09 Déjà, on a nos confrères de Mediapart qui ont identifié au moins deux personnes
06:12 qui appartiennent, qui étaient membres du GUD,
06:15 ce groupe Union Autodéfense, qui était un groupe d'étudiants très violent,
06:19 qui a eu très mauvaise réputation et qui est connu pour avoir commis
06:21 beaucoup d'actes violents dans les années 90.
06:24 Il y a aussi les slogans.
06:25 Lorsqu'on écoute le son des vidéos qu'on peut voir sur les réseaux sociaux,
06:28 on entend "Scandée, Europe, jeunesse, révolution".
06:31 C'est le slogan du GUD, de l'ex-GUD, tout simplement.
06:34 Il y a aussi ces drapeaux noirs avec des croix celtiques.
06:37 Magali Chalet vous en parlait tout à l'heure.
06:39 Les croix celtiques, elles sont identifiées comme un symbole
06:41 de la suprématie de la race blanche, donc un symbole associé à l'extrême droite.
06:45 Et puis, de toute façon, le sujet de la manifestation,
06:48 on rend hommage à Sébastien, un jeune, Sébastien Désieux,
06:53 qui est mort il y a 29 ans lors d'une manifestation d'extrême droite
06:56 contre l'impérialisme américain.
06:57 C'est évident qu'ici, on est membre.
06:59 Il fuyait la police, il tombait d'un toit, c'est ça ?
07:01 Il fuyait la police, exactement.
07:02 C'était une manifestation contre l'impérialisme américain.
07:04 Il y avait à peu près 400 personnes.
07:06 La manifestation avait été interdite, d'ailleurs,
07:08 et il est monté sur un toit rude et chartreux en essayant de fuir la police.
07:12 Il a glissé, il est tombé, il est décédé quelques jours plus tard.
07:14 Cette manifestation est organisée depuis près de 30 ans,
07:17 disait Alain tout à l'heure, sauf que là,
07:20 il y avait un peu plus de monde que la dernière fois.
07:22 C'est peut-être pour ça aussi que tout le monde réagit.
07:24 Plus de 500 personnes, Laurent Nunes,
07:27 comment vous expliquez que ce rassemblement ait rencontré cette année
07:29 un succès un peu plus important que les années précédentes ?
07:32 C'est pour ça d'ailleurs, aujourd'hui, qu'on en parle.
07:36 Oui, la préfecture de police a comptabilisé 550 personnes.
07:39 Vous avez raison de souligner que c'est plus que l'an passé.
07:41 L'an passé, c'était 360.
07:43 On a des militants qui sont venus très probablement de toute la France.
07:45 Donc on va évidemment travailler à tout cela.
07:47 Je ne veux pas y voir un engouement pour la mouvance, ce n'est pas le sujet.
07:53 Le sujet, c'est qu'on soit concentré,
07:54 qu'on puisse continuer à travailler sur cette mouvance.
07:57 Vous savez, ne pas interdire une manifestation,
07:59 ça ne veut pas dire cautionner ce qui s'y dit.
08:00 Ça veut dire que le préfet de police considère
08:02 que les conditions juridiques ne sont pas réunies.
08:04 Et il n'y a rien de pire pour ces gens-là
08:05 que de gagner au tribunal administratif contre l'État.
08:07 C'est ce qui s'est passé en février.
08:09 Et donc, il n'y a rien de pire que ça.
08:10 Donc, nous continuons à travailler contre ces mouvances.
08:13 Évidemment, quand elles commettent des exactions.
08:15 Mais encore une fois, samedi, c'était une manifestation
08:18 qu'ils ont encadrée de manière extrêmement rigoureuse.
08:21 Ils se sont bien gardés de commettre des exactions.
08:23 Et en tout cas, s'il y avait des débordements qui nous auraient échappé,
08:27 nous allons évidemment travailler à la vidéo et les poursuivre au judiciaire.
08:31 Vous savez, j'ai d'ores et déjà, sur ce que vous disiez tout à l'heure,
08:33 j'ai déjà saisi Mme la procureure de la République de Paris,
08:36 sans attendre du fait que certains individus,
08:38 enfin la plupart d'ailleurs, manifestaient visage dissimulé.
08:43 – Monsieur le Préfet, du côté de la mairie de Paris,
08:45 il y a une adjointe socialiste qui a dit
08:47 "le seul changement dans cette histoire, c'est la complicité tacite
08:50 dont cette extrême droite bénéficie de la part de ceux
08:52 qui ont décidé d'affronter la gauche en priorité".
08:58 – Non, écoutez, il n'y a pas de complicité tacite de ma part
09:02 ni de celle du gouvernement, ni de celle du ministre de l'Intérieur.
09:05 Enfin moi, encore une fois, nous n'avons pas de leçons à recevoir
09:09 dans les combats que nous avons menés, que nous continuerons,
09:11 que nous continuerons de mener contre l'ultra-droite.
09:14 On n'a pas de leçons à recevoir, encore une fois.
09:16 Nous travaillons de manière très sérieuse en renseignement,
09:19 en judiciaire quand nous le pouvons,
09:20 et nous avons évidemment des moyens accrus en judiciaire
09:23 et nous sommes très déterminés, y compris pour certains, le plus scul.
09:27 – Mais pour vous aujourd'hui, l'ultra-gauche, l'extrême-gauche
09:30 est plus violente que cette ultra-droite qui a défilé ?
09:35 – Je n'ai absolument pas dit ça, vous savez, moi je ne définis pas
09:39 de degrés dans la dangerosité.
09:44 – Non mais votre fonction vous amène à savoir précisément la dangerosité.
09:47 Est-ce qu'aujourd'hui pour vous, l'extrême-gauche ou l'ultra-gauche
09:50 est plus violente que l'ultra-droite, l'extrême-droite ?
09:54 – L'ultra-gauche sait parfois se montrer violente,
09:56 elle l'a démontré en marge des manifestations retraites
09:59 dont elle est venue d'ailleurs polluer le message en commettant
10:02 de nombreuses exactions et qui nous ont conduit évidemment à intervenir
10:06 et nous intervenons pour dissuader les trop-valors publics
10:08 et non pas pour interdire des manifestations.
10:10 Encore une fois, je vous renvoie à ces manifestations
10:12 qui sont organisées par la mouvance antifasciste
10:15 où les individus sont cagoulés, ont aussi des slogans qui peuvent
10:20 s'apparenter comme étant des slogans anti-démocratie représentative,
10:23 ils veulent mettre à mal le système.
10:25 Pour autant, je ne considère pas que j'ai matière à interdire ces rassemblements
10:30 et donc nous faisons comme ça a été fait samedi avec ce gros puscule d'ultra-droite,
10:35 nous les encadrons et nous veillons à ce que ça se passe le mieux possible.
10:37 Mais vous dire lequel des deux est le plus dangereux,
10:40 je n'irai pas sur ce terrain-là, moi mon travail c'est d'éviter
10:43 des trop-valors publics, d'éviter des menaces pour la sûreté de l'État
10:47 et nous y travaillons et il ne faut pas s'arrêter au fait de savoir
10:49 si on a interdit ou pas une manifestation.
10:52 Vous savez, moi je considère que les conditions juridiques n'étaient pas réunies,
10:55 c'est une décision que j'assume totalement et je vous dis qu'en février,
11:00 quand ces mouvements d'ultra-droite ont gagné au tribunal administratif
11:03 contre mon arrêté d'interdiction, ce n'était pas non plus une bonne chose.
11:09 Donc nous allons continuer de manière déterminée à suivre et à lutter
11:13 contre les exactions quand elles sont commises par ces mouvements d'ultra-droite.
11:17 – Vous reconnaissez quand même que c'est une drôle d'image qu'on donne à chaque fois de Paris,
11:22 quand ce n'est pas l'ultra-droite, c'est l'ultra-gauche aussi et les Black Blocs,
11:25 quelle image de la capitale, vous n'y êtes pour rien,
11:28 on peut imaginer que tout à l'heure Alain Duhamel qui n'habite pas très loin
11:32 là où sont passés ces manifestants, était effrayé selon ses termes,
11:36 parce que c'est vrai, des images assez effrayantes.
11:38 – Je comprends, je comprends parfaitement qu'on puisse être choqué
11:42 par cette manifestation, peu de gens partagent les convictions
11:46 et les idées de ces gens-là, peu de gens partagent ça,
11:49 je comprends parfaitement qu'on puisse être choqué,
11:51 tout comme je comprends évidemment parfaitement qu'on puisse être choqué
11:53 par les exactions qui sont commises par les groupuscules ultra,
11:56 par les casseurs en marge des manifestations retraites.
11:59 Moi mon travail c'est d'éviter que ça se produise,
12:00 qu'il n'y ait pas de violence, qu'il n'y ait pas d'exaction,
12:02 voilà ça c'est mon travail et je vais continuer à le mener
12:05 avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de détermination.
12:07 – Christophe Barbier.
12:08 – Monsieur le Préfet, face à cette extrémisation des extrêmes,
12:11 si j'ose dire, est-ce que vous manquez de textes législatifs ?
12:14 Est-ce que vous avez besoin de nouvelles lois ou de précisions dans la loi
12:18 pour pouvoir limiter encore plus le défilé de ce genre de personnages ?
12:22 – Non, non, non, parce qu'on a beaucoup de moyens pour travailler en renseignement,
12:30 évidemment ce n'est pas le lieu de développer tout cela,
12:33 on a effectivement la possibilité d'interdire les cortèges
12:36 quand il y a des violences, quand il y a eu des exactions précédentes
12:39 qui moi me permettent de justifier du trouble à l'ordre public.
12:43 Et puis, voilà, je n'appelle pas à une modification des textes,
12:48 je crois par contre à l'application rigoureuse de la loi
12:51 et chaque fois qu'évidemment une manifestation est susceptible d'engendrer,
12:53 de créer des troubles à l'ordre public, je prends mes responsabilités,
12:56 je l'interdis et quand ce n'est pas le cas, je ne l'interdis pas.
12:59 Mais pour autant, monsieur Barbier, vous le savez bien,
13:01 vous êtes un observateur avisé, nous sommes très attentifs
13:04 sur la mouvance d'ultra-droite, très, très attentifs.
13:07 – La loi sur les visages couverts, sur les cagoules,
13:10 elle est mal appliquée, on n'arrive pas à arrêter tous ces gens-là,
13:12 est-ce qu'il faudrait durcir les peines, passer d'infraction à délit
13:15 pour dissuader plus ceux qui viennent le visage cagoulé ?
13:20 – Il y a deux choses, il y a le fait d'avoir le visage dissimulé
13:23 dans l'espace public, puis il y a une deuxième chose,
13:25 depuis la loi de 2019, enfin c'est une discussion qui avait été discutée,
13:30 c'est de se dissimuler le visage en vue de commettre des troubles à l'ordre public.
13:33 Évidemment, c'est plus difficile à établir,
13:35 et là on rentre sur le terrain du délit, mais en général,
13:38 vous savez, les individus qui se dissimulent le visage
13:41 et qui commettent des exactions, quand on intervient en judiciaire,
13:44 parce qu'ils ont commis ces exactions, en général, vous savez,
13:47 en judiciaire, on a beaucoup de moyens, c'est pas le lieu de les développer,
13:50 mais prenez toutes ces personnes qui ont été interpellées
13:53 en marge de la manifestation contre les retraites,
13:55 et reconnues coupables d'avoir jeté les projectiles
13:57 sur des forces de l'ordre dont certains ont été gravement blessés,
14:00 tôt ou tard nous les retrouvons, parce que nous avons des moyens
14:03 d'investigation qui nous permettent, même quand un individu est cagoulé,
14:06 on arrive à le retrouver, donc voilà, il faut relativiser,
14:10 évidemment, et bien se dire que c'est plutôt...
14:13 On a aussi des règles qui sont protectrices de nos libertés,
14:15 et moi je ne vais pas plaider pour qu'on revienne sur ces règles
14:19 qui sont aussi protectrices des libertés.
14:21 Moi, mon travail, il est compliqué, pourquoi il est compliqué ?
14:23 Parce que je suis sur une ligne de crête, d'un côté,
14:25 je dois évidemment assurer la protection et la sécurité de nos concitoyens,
14:28 la sûreté de l'État, et de l'autre, garantir les libertés individuelles,
14:31 dont la liberté de manifester, qui est quand même
14:33 une des libertés les plus fondamentales.
14:35 – Est-ce que vous avez retrouvé l'homme qui a jeté le cocktail Molotov
14:38 sur ce policier ?
14:40 – Non, pas encore, mais vous savez, c'est la direction régionale
14:45 de la police judiciaire de Paris qui s'est saisie,
14:47 et tout est mis en œuvre pour retrouver cette personne,
14:50 au même titre qu'a pu être retrouvé l'auteur qui avait jeté un pavé
14:54 à un de mes effectifs, qui s'était effondré,
14:56 tout le monde avait vu ces terribles images.
14:57 L'auteur a été retrouvé, il a été condamné,
14:59 et il était cagoulé, il était cagoulé,
15:01 donc ne vous inquiétez pas, individus cagoulés ou pas,
15:04 nous saurons les retrouver en judiciaire,
15:06 et c'est vrai pour les casseurs qui peuvent plutôt se rattacher
15:09 à la mouvance d'ultra-gauche au cas d'espèce,
15:11 que les militants d'ultra-droite quand ils commettent des exactions.
15:15 – Une dernière question, vous avez beaucoup insisté
15:17 durant cet entretien sur la liberté de manifester,
15:21 aujourd'hui, est-ce qu'elle n'est pas entravée cette liberté
15:23 de manifester avec des casseroles, aujourd'hui, monsieur le préfet,
15:27 quand on maintient les gens à même un kilomètre d'élu
15:30 ou du président de la République ?
15:32 Est-ce que c'est… on n'en fait pas trop ?
15:35 – Non, on n'en fait pas trop, vous savez,
15:37 la sécurité du président de la République c'est important,
15:39 moi sur Paris, je n'ai pas eu à prendre ce type d'arrêté,
15:43 contrairement à ce que je peux lire, entendre,
15:44 je n'ai pas pris ce type d'arrêté sur ma zone de compétence,
15:47 Paris est la petite couronne,
15:48 je n'ai pas eu à prendre ce type d'arrêté,
15:50 mais j'ai des déplacements ministériels
15:52 où se présentent un certain nombre d'individus
15:54 sur des manifestations qui ne sont pas déclarées,
15:56 avec des casseroles qui font du bruit,
15:58 et je demande aux forces de l'ordre d'intervenir
16:00 pour créer un cordon entre ces manifestants
16:02 et l'autorité ministérielle que nous voulons protéger,
16:05 et d'un côté l'avis du gouvernemental continue,
16:08 de l'autre la liberté d'expression elle est là, elle existe,
16:10 puisque nous permettons, alors même qu'ils n'ont pas déclaré,
16:13 à ces individus de manifester,
16:15 et ils le font c'est vrai, le plus souvent avec des casseroles,
16:17 moi le seul arrêté que j'ai pris, et je ne le regarde pas,
16:20 il a été certes annulé par le tribunal administratif, mais non, taxe,
16:22 c'est un arrêté qui visait à interdire une manifestation revendicative
16:26 dans le périmètre d'une manifestation sportive,
16:28 le soir de la finale de la Coupe de France,
16:30 parce que traditionnellement ça ne se fait pas,
16:32 on n'autorise pas une manifestation revendicative
16:34 là où il y a un grand rassemblement de personnes,
16:35 parce que c'est susceptible de générer des troubles à l'ordre public,
16:38 il s'agissait donc de distribuer des tracts, des cartons rouges, des sifflets,
16:42 j'avais interdit cette manifestation dont acte, l'arrêté a été annulé,
16:45 le juge administratif ayant considéré que,
16:47 certes il pouvait y avoir un trouble à l'ordre public,
16:49 mais comme les sifflets étaient interdits dans le stade,
16:51 finalement il suffisait de les empêcher aux portes du stade
16:56 d'entrer avec des sifflets, voilà, c'est le seul arrêté qui a été pris,
16:59 qui a été annulé, j'en ai pris acte, même si évidemment je le regrette,
17:02 mais voilà, donc on ne peut pas dire qu'il y a une entrave à la liberté d'expression,
17:06 je le dis et je le redis, sans les forces de sécurité intérieure,
17:09 sans les dispositifs policiers que nous déployons,
17:12 il n'y aurait pas de manifestation intersyndicale,
17:14 vous avez tous pu constater lors des 12 dernières manifestations organisées
17:19 par l'intersyndicale et 13 avec le 1er mai,
17:21 que les casseurs venaient perturber ces manifestations,
17:24 et sans l'intervention des forces de sécurité intérieure,
17:27 ces manifestations ne seraient pas possibles,
17:29 donc je ne peux pas laisser dire que nous entravons la liberté de manifester,
17:32 la liberté d'expression, c'est complètement faux,
17:34 enfin tout le monde peut s'exprimer, il y a des règles évidemment à respecter,
17:38 moi je suis là pour les faire appliquer, et les choses se passent relativement bien,
17:41 et les organisations syndicales sur les grandes manifestations le reconnaissent elles-mêmes.
17:46 – Merci monsieur le Préfet de police Laurent Nunes du Plex-Assuré par Philippe Vignot,
17:50 merci d'avoir été en direct sur BFM TV.