"On ne veut plus servir de chair à canon", deux CRS témoignent de la violence des manifestations du 1er-Mai

  • l’année dernière
Gilles, délégué Alliance CRS, et Patrick, chef de section CRS, dénoncent les violences du 1er-Mai. Tous les deux ont été blessés pendant les manifestations. Ils racontent.

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00:00 On ne veut plus servir de chair à canon pour 40 euros par jour
00:03 de frais de déplacement et une moyenne de 2 000 euros de salaire par mois.
00:06 Pour moi, ce n'est pas audible.
00:08 On a vu une violence inouïe, extrême, en 22 ans de carrière.
00:11 Je n'ai jamais vu ça.
00:12 Une législation d'enquillère d'une rare intensité, d'une rare violence.
00:21 Nous avons tout de suite compris ce qui nous attendait.
00:23 J'étais des centaines près au combat de rue,
00:25 armés de pavés, de boules de pétanque, de morceaux d'asphalte, de marbre,
00:29 des mortiers.
00:30 Pour le coup, on a tenté très rapidement de les repousser.
00:34 Ils ont déclenché des incendies impressionnants.
00:37 Ils ont monté des barricades pour entraver nos progressions.
00:39 Moi et beaucoup d'autres de mes collègues de ma compagnie,
00:42 j'ai été blessé par un jet de pavé à la cuisse gauche.
00:45 Parce que ça arrivait de partout, de tous les côtés.
00:47 Il y en a été 34 blessés sur environ 65 hommes de terrain.
00:52 En plus d'avoir le sentiment d'être utilisé un petit peu comme de la chair à canon,
00:56 on a l'impression de participer à un dernier rempart
01:02 vis-à-vis des institutions.
01:03 Et pour autant, la reconnaissance qu'on pourrait en attendre
01:07 n'est pas forcément rendue.
01:09 Non, le moral des CRS n'est pas bon.
01:11 Le moral des CRS n'est pas bon du tout.
01:13 Ce sont des gens qui sont organisés, équipés, coordonnés.
01:19 Et donc face à nous, on a des gens qui sont hyper professionnalisés dans la violence.
01:25 On avait toutes sortes de projectiles,
01:29 beaucoup de pavés, de morceaux de goudron.
01:33 On avait également, alors c'est une nature nouvelle de projectiles,
01:36 ce sont des petits plots en béton qui sont moulés en fait.
01:42 Et ils doivent nous envoyer ça avec une sorte de lance-pierre.
01:45 On a reçu des bombes à récolte avec forcément
01:49 des déclenchements d'acouphènes, de sifflements dans les oreilles.
01:53 Et donc pour ma part, j'ai eu une extinction de voix dès le début.
01:57 C'était compliqué.
01:58 On est sur tous les fronts.
01:59 Entre les Gilets jaunes il y a quelques années,
02:03 les déplacements de personnalités politiques, la réforme des retraites,
02:08 on est toujours en sous-effectif.
02:10 Et forcément, ça impacte le moral évident des fonctionnaires.
02:14 60 blessés d'un côté, 400 de notre côté.
02:17 Donc chez nous, à l'Agence police nationale,
02:19 on demande depuis des années des peines exemplaires
02:22 à l'encontre de ces pseudo-manifestants
02:24 qui ne sont rien d'autre que des assassins en puissance.
02:26 Moi, je le définis comme tel.
02:28 Des peines qui, une fois prononcées,
02:30 décourageraient définitivement ces parbarres de recommencer.
02:33 Il n'est pas audible que dans ce pays,
02:35 ces personnes continuent à jouir d'une telle impunité.
02:37 Je pense que le gouvernement doit se saisir de ce dossier urgentement
02:40 parce que les forces bombées, c'est aussi des pères de famille.
02:42 La situation qu'on vit actuellement, j'espère qu'elle se résoudra vite.
02:46 On arrive à un épuisement certain.
02:48 Il faut que notre hiérarchie en prenne conscience, vraiment.
02:52 C'est mes collègues qui sont aux urgences,
02:54 c'est mes collègues qui sont à l'hôpital,
02:56 c'est mes collègues que j'ai vus tirés par d'autres collègues
02:58 parce qu'ils étaient brûlés ou ils étaient inconscients.
03:00 Mes pensées vont en premier lieu à ces personnes-là.
03:05 Sous-titrage Société Radio-Canada

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