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00:00 -On en parle avec Fahad Hidaroussi. Vous êtes maorais.
00:03 Bonsoir à vous, docteur en géographie,
00:05 chercheur associé au laboratoire de géographie et d'aménagement
00:08 à Montpellier, le LAGAM.
00:10 Vous travaillez en ce moment sur une thèse
00:12 intitulée "Vulnérabilité différentielle
00:15 "des migrants à Mayotte".
00:16 Le préfet a évoqué une grosse opération
00:19 préparée depuis plusieurs mois
00:21 qui constitue une première en Outre-mer.
00:23 Votre réaction à cette opération ?
00:25 Peut-elle réussir à lutter contre l'immigration illégale ?
00:29 -Bonsoir. Merci de votre invitation.
00:33 Déjà, en fait, cette opération dépend de l'union des Comores.
00:39 Comme vous l'avez souligné tout à l'heure,
00:42 en guise d'introduction, les Comores ont décidé
00:45 de refouler les bateaux transportant des migrants
00:49 venus de Mayotte.
00:50 Donc cette opération peut dépendre des Comores,
00:55 s'ils souhaitent ou non,
00:57 que ces migrants refoulés de Mayotte
01:00 intègrent leur territoire national.
01:04 -On voit bien que le premier bateau envoyé
01:06 a été refoulé par les Comores.
01:08 Qu'est-ce que ça signifie ?
01:10 Qu'il faut mieux négocier avec les Comores ?
01:13 Ils sont en période électorale, me semble-t-il.
01:15 C'est compliqué ?
01:17 -La question de négociation...
01:19 Il faut savoir aussi que le refus de l'union des Comores,
01:22 comment dire, de recevoir sa population,
01:25 ne date pas d'aujourd'hui.
01:26 Il y a eu des précédents, en 2011 et en 2018,
01:29 suite au mouvement de décalage qui a eu lieu à Mayotte.
01:32 Donc pour que les Comores acceptent leur ressortissant,
01:36 il faut faire jouer la diplomatie.
01:38 Les deux ministères de...
01:40 Comment dire ?
01:41 Les deux ministères des Affaires étrangères,
01:45 donc en 2018, en fait,
01:47 il y a eu le refus de Comores de recevoir sa population.
01:51 Donc ce qu'a fait la France,
01:53 c'est de bloquer la délivrance des visas
01:55 à destination des Comores.
01:57 Et à l'issue de ça, en fait, il y a eu des négociations
02:00 des pouvoirs parlés qui ont eu lieu,
02:02 où la France a décidé d'octroyer une aide
02:05 à hauteur de 150 millions d'euros.
02:07 Donc je pense que, voilà, la solution...
02:10 La plus... Voilà.
02:12 La solution envisageable serait la diplomatie,
02:15 négocier avec les Comores.
02:16 Il faut savoir que la France est quand même une puissance mondiale.
02:21 Donc elle a, en fait, les levées nécessaires
02:23 pour faire plier les Comores.
02:25 -Les Comores ont, encore une fois, refoulé le 1er bateau.
02:28 L'opération vise donc ces habitations de fortune,
02:31 des habitations insalubres, illégales,
02:34 qui sont fabriquées en tôle ondulée,
02:36 sans eau, sans électricité.
02:38 Il y en aurait 20 000 sur l'île.
02:40 La misère s'y répand.
02:41 Il y a des bandes criminelles.
02:43 Est-ce que c'est ça, la situation à Mayotte,
02:46 dans ces habitats de fortune ?
02:48 -Effectivement. Il faut savoir que, voilà,
02:50 ces bidonvilles ont été conçus sur des terrains privés,
02:53 sur des mortes, des zones fortement exposées
02:56 aux aléas naturales.
02:57 Donc les personnes qui y vivent, voilà,
02:59 sont menacées de mort.
03:01 Donc, voilà, le danger est imminent.
03:03 Il faut savoir qu'en 2018, une mère de famille
03:05 a été ensevelie, en fait, dans un glissement de terrain,
03:08 voilà, avec ses quatre enfants.
03:10 Et voilà, ces zones aussi, ce sont des zones criminogènes
03:14 qui servent, en fait, d'arrière-base
03:16 pour les délinquants qui commettent des mortes
03:19 et qui sont exposées dans les villages.
03:21 Donc, voilà, il y a non seulement la question
03:24 de sécurité publique, parce que ce sont des zones
03:27 où habitent des milliers de personnes.
03:29 Le bidonville de Kauenni est le plus grand bidonville de France,
03:32 où habitent, en moyenne, plus de 10 000 personnes.
03:35 Et il y a aussi d'autres bidonvilles qui...
03:38 Voilà, qui...
03:39 qui prolifèrent à Mayotte.
03:42 Donc, oui, ce sont des zones, non seulement...
03:46 Euh... Voilà, qui représentent une menace...
03:49 Voilà, une menace imminente pour les personnes qui y vivent,
03:52 mais aussi une zone de danger.
03:54 -Les ONG... -C'est ça,
03:55 d'arrière-base. -Vous dites "zone de danger".
03:58 Les ONG s'inquiètent du sort des clandestins
04:00 qui vont voir le bidonville détruit,
04:02 qui doivent être relogés.
04:04 Est-ce qu'elles ont raison d'être inquiètes ?
04:06 -Effectivement, parce que là,
04:09 c'est des vies humaines qui sont en danger.
04:12 Aujourd'hui, en fait, si on est amené
04:14 à détruire en fait des bidonvilles,
04:16 il faut savoir que dans ces zones habitent aussi des personnes
04:19 qui ont un titre de séjour
04:21 ou qui sont de nationalité française.
04:23 Donc, pour ces personnes-là,
04:25 leur cas doit être traité,
04:28 on doit trouver une solution plus durable.
04:31 Et il faut savoir aussi qu'à Mayotte,
04:33 il y a un retard de développement structurel,
04:36 en fait, il y a une absence de logements sociaux,
04:39 ce qui fait que, voilà, ça peut aussi remettre en cause
04:42 cette opération Moumouchou.
04:43 Aujourd'hui, si on est amené, en fait,
04:45 à détruire des bidonvilles et à reloger les populations,
04:49 il faut pas que cela soit durable,
04:50 en tout cas pour les personnes qui sont en situation
04:53 de rester à Mayotte.
04:55 -Selon... -Et pour les personnes...
04:57 -Oui. -Ah oui.
04:58 -Près de la moitié des 350 000 habitants de Mayotte
05:01 ne possèdent pas la nationalité française,
05:03 d'après ce que j'ai lu.
05:05 Un tiers des étrangers de l'île y sont nés.
05:07 Est-ce qu'il faut revoir l'obtention
05:09 de la nationalité française à Mayotte ?
05:12 -C'est une question...
05:14 C'est une question, voilà, qui est assez ponctueuse.
05:17 Et...
05:18 Pour ma part, en fait, je ne...
05:22 Je pense que le contexte actuel de Mayotte,
05:25 le contexte actuel de Mayotte, peut-être oui,
05:27 c'est une question qui doit être revue,
05:29 la question de l'obtention de titre de séjour,
05:32 mais la préfecture doit aussi se remettre en question,
05:35 parce que la préfecture,
05:36 apparemment, d'après les dires de certaines personnes,
05:39 délivre à outrance des titres de séjour
05:42 pour des personnes qui sont cantonnées sur Mayotte.
05:45 Donc, aujourd'hui, si l'Etat décide de régulariser les personnes,
05:48 il faut les permettre de quitter Mayotte,
05:51 parce qu'il est fort de les garder à Mayotte,
05:53 tout en sachant que Mayotte est le département le plus pauvre de France,
05:57 avec des services publics saturés, sous-dotés,
06:00 avec un manque d'investissement de l'Etat.
06:02 Donc, voilà, c'est ce qui crée la situation
06:04 que nous connaissons actuellement.
06:06 Donc, non seulement il faut régulariser,
06:09 mais aussi les permettre de partir.
06:11 Mais aussi, voilà, quand les personnes viennent à Mayotte,
06:14 ben...
06:15 C'est, voilà, c'est pas donner des titres de séjour à tout va,
06:19 mais, voilà, il faut, je pense, restreindre...
06:21 En tout cas, c'est déjà le cas, il y a quelques années.
06:24 La question du droit de sol a été modifiée à maillot,
06:28 mais peut-être que, voilà,
06:30 si la situation aujourd'hui n'est pas tenable,
06:32 peut-être, oui, il faudrait peut-être envisager
06:35 de revoir la question du droit de sol à Mayotte.
06:38 Et comment dire ? La distribution des titres de séjour.
06:41 -Merci beaucoup, Fahed. Ida Roussi,
06:43 merci d'avoir été avec nous ce soir.
06:45 -Merci.
06:46 - Merci.