Parlons Vrai chez Bourdin avec Jean-Marc Preel, membre du syndicat Force-Ouvrière, professeur de Science Economiques et Sociales en lycée à Rouen, Christian de Boissieu, vice-président du "Cercle des économistes", Philippe Brun, député PS de l’Eure, membre de la NUPES, Benjamin Saint-Huile, député LIOT du Nord, Bruno Millienne, député des Yvelines, porte-parole du groupe MODEM à l’Assemblée Nationale et Colonel Peer de Jong, ancien chef de corps du 3e régiment d'infanterie de marine, aide de camp de deux présidents de la République et fondateur de l'institut Thémiis.
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00:00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:00:06 - Il est 10h30, bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous sur l'antenne de Sud Radio pour parler de l'actualité, évidemment, et parler de l'actualité avec vous.
00:00:16 Vous intervenez, 0826 300 300, vous avez l'habitude, vous avez l'habitude de cette émission, de notre émission.
00:00:23 De quoi allons-nous parler ? Le gouvernement sera-t-il censuré ? Cet après-midi, deux motions de censure soumises au vote à l'Assemblée nationale.
00:00:31 Et entre 11h et 12h, débat politique sur l'antenne de Sud Radio ce lundi avec trois députés qui seront invités.
00:00:39 Certains députés sont encore indécis, nous ferons le point tout à l'heure, entre 11h et midi, et nous organiserons ce débat autour de ces deux motions de censure.
00:00:48 Les épreuves de spécialisés du Bac ont commencé, certains syndicats appellent les surveillants à des grèves, les surveillants des épreuves à la grève.
00:00:58 "On ne touche pas au Bac", répond Laurent Verger, dans un instant un professeur de lycée en grève, grève d'épreuve, vous soutenez à l'occasion du Bac.
00:01:06 Vous pensez qu'il ne faut pas perturber les épreuves, ni perturber les enfants. Vous nous dites 0826 300 300, on en parle évidemment.
00:01:15 Le crédit suisse racheté par UBS, l'autre grande banque suisse, les inquiétudes demeurent, et ce matin les grandes banques européennes dévisent sur les marchés financiers,
00:01:25 les marchés financiers et boursiers en plein doute, faut-il être inquiet ?
00:01:29 Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes sera avec nous à 10h45 tout à l'heure.
00:01:35 À 12h05, notre invité sera le colonel Pierre de Jong, ancien chef de corps du 3e RIMA, Régiment d'Infanterie de Marine, aide de camp de François Mitterrand et Jacques Chirac, fondateur de l'institut Temis.
00:01:47 Il publie "Agir entre les lignes", c'est une enquête sur les sociétés militaires privées, Blackwater, Wagner et autres, les mercenaires des temps modernes,
00:01:56 certains états conduisent des guerres par procuration, je parlerai aussi à Pierre de Jong de la guerre en Irak, c'était il y a 20 ans.
00:02:04 Aujourd'hui est le début de la guerre en Irak, une guerre dont personne n'est sorti gagnant, c'est le point qu'on fera 20 ans après.
00:02:12 Il est 10h32, merci d'être avec nous. Dans quel monde vit-on ? Des tags, des caillassages, des insultes, des menaces,
00:02:20 de nombreux députés favorables à la réforme des retraites font l'objet d'intimidations. Félix Mathieu ?
00:02:26 La permanence d'Éric Ciotti, caillassé hier, vitrine brisée, je ne céderai à aucune intimidation.
00:02:32 Ce matin, le député des Alpes-Maritimes est président du parti Les Républicains qui porte plainte.
00:02:37 Enquête ouverte après ces dégradations, environ 280 manifestants se sont rassemblés hier devant ce local d'Éric Ciotti
00:02:43 pour lui demander de voter les motions de censure contre le gouvernement. Autre registre, les menaces, pendus,
00:02:49 taguées par exemple sur la permanence de Guillaume Gouffier-Valente, député Renaissance à Vincennes, graffiti
00:02:56 accompagné de messages dénonçant, je cite, un déni de démocratie. Une eurodéputée LR, Agnès Évrenne, annonce sur Twitter
00:03:03 qu'elle porte plainte, elle aussi, après avoir reçu des menaces de mort, capture d'écran à l'appui des messages
00:03:09 ou les références à la guillotine, alterne avec les insultes. La permanence de la sénatrice du Pas-de-Calais,
00:03:15 aussi Amel Gacker de l'Union centriste, taguée vendredi, des inscriptions comme "Vous votez contre nous, on s'en souviendra"
00:03:22 ont été apposées sur cette permanence.
00:03:24 - Alors ça vous fait réagir, cette forme de violence, 0826-300-300, vous nous dites, vous intervenez, évidemment,
00:03:33 puisque ici, libre antenne, je regarde plusieurs manifestations, on court autour de Rennes et ailleurs en Bretagne
00:03:41 contre cette réforme des retraites, il y a des opérations escargots, des tentatives de blocage de la circulation, sont en cours.
00:03:49 Dites-nous, là encore 0826-300-300, nous allons parler de l'école, pourquoi l'école et pourquoi le lycée et pourquoi le bac ?
00:04:00 Parce qu'aujourd'hui, il y a les épreuves du bac, des épreuves importantes, puisque ce sont les épreuves de spécialité,
00:04:08 les épreuves de spécialité qui concernent 536 081 candidats.
00:04:17 536 081 candidats, il est 10h34 pour en parler avec nous, Jean-Marc Préel, qui est membre du syndicat Force Ouvrière,
00:04:24 professeur de sciences économiques et sociales en lycée à Rouen. Bonjour !
00:04:29 - Bonjour.
00:04:30 - Merci d'être avec nous. Alors, 536 000 candidats, vous étiez mobilisé pour surveiller ces épreuves, Jean-Marc Préel ?
00:04:40 - Écoutez, oui, un certain nombre a été mobilisé dans notre lycée, effectivement.
00:04:46 - Dans votre lycée. Vous faites grève ou pas ?
00:04:50 - Écoutez, en tout cas, nous en avons discuté largement en Assemblée Générale ce vendredi.
00:04:56 Et effectivement, un certain nombre de collègues, non négligeables, de manière importante, ont décidé de faire grève aujourd'hui.
00:05:04 - Vous-même, vous faites grève ?
00:05:06 - Oui.
00:05:07 - Vous-même, vous faites grève ?
00:05:09 - Oui, tout à fait.
00:05:10 - Donc, vous avez volontairement décidé de ne pas surveiller les épreuves du BAC ?
00:05:14 - Tout à fait.
00:05:15 - Bien, pourquoi ?
00:05:16 - Écoutez, ce mouvement s'inscrit dans la continuité du mouvement contre la réforme des retraites.
00:05:23 Et en particulier, suite à l'annonce du 49.3, qui a été vraiment pris par l'ensemble des collègues comme un déni de démocratie,
00:05:35 un coup de force qui n'a fait qu'attiser la colère des collègues qui étaient dans le mouvement contre la réforme des retraites.
00:05:42 Donc, c'est la poursuite de la grève contre la réforme des retraites.
00:05:48 - Lorsque Laurent Berger dit "Il ne faut pas gêner le BAC", je le cite, pour un jeune en terminale, le mois de mars, c'est un stress total.
00:05:56 Cette période est déjà très dure pour eux.
00:05:58 Si en plus, ils ont au-dessus de leur tête une épée de Damoclès, on n'aide personne.
00:06:04 La CFDT est claire, on ne gêne pas le BAC. Que lui répondez-vous ?
00:06:09 - Écoutez, depuis des mois, depuis le ministre Blanquer, ils n'ont fait que détruire le BAC comme examen national.
00:06:20 Avant, il n'y a pas si longtemps, nous avions encore des épreuves nationales en juin, où tous les élèves passaient des épreuves terminales, nationales, anonymes.
00:06:29 L'égalité de traitement, on tenait beaucoup à ce diplôme national.
00:06:34 Ils l'ont saccagé, ce diplôme. En mettant des épreuves en mars, c'est une aberration pédagogique.
00:06:42 Donc nous n'avons en tête que l'intérêt des élèves.
00:06:44 Depuis des mois, tous les syndicats disent "Ca n'est pas possible, des épreuves de spécialité en mars".
00:06:50 Quelle est la cohérence pédagogique de faire passer des épreuves de baccalauréat au mois de mars, en milieu d'année ?
00:06:58 Les élèves ne sont pas préparés, les enseignants ont eu une pression énorme.
00:07:04 Les élèves ne vont pas bien, les enseignants ne vont pas bien.
00:07:07 Mais ça, c'est le fruit de la politique menée par M. Blanquer, M. Ndiaye,
00:07:12 qui se sont empêtés à détruire le BAC en juin, à maintenir des épreuves au mois de mars, contre l'avis de tous.
00:07:20 Là encore, un déni de démocratie.
00:07:22 Tous les syndicats disaient "Non, c'est pas possible", tous les personnels, et ils se sont empêtés à faire des épreuves en mars.
00:07:30 Oui, effectivement, les élèves, nous nous demandons que les épreuves aient lieu en juin.
00:07:34 Il est tout à fait possible, et ce serait la sagesse, de dire "Il faut mieux préparer les élèves, il faut travailler sereinement,
00:07:41 on fait tout le programme sur l'année et on a des épreuves en juin".
00:07:45 C'est ça que nous demandons.
00:07:46 Et effectivement, nous avons l'intérêt des élèves en tête.
00:07:50 - Bien, Jean-Marc Préel, vous avez peut-être l'intérêt des élèves en tête,
00:07:53 mais la réalité c'est que ces épreuves, c'est un tiers des résultats du BAC, ces épreuves de spécialité,
00:08:01 sont aujourd'hui programmées en mars.
00:08:04 D'abord, est-ce que vous vous engagez à ne pas faire grève en juin, quelle que soit la situation, si les épreuves sont reportées en juin ?
00:08:13 - Ça, ça dépend du contexte social, je ne peux pas vous répondre en théorie.
00:08:18 - Donc, le fond du problème, Jean-Marc Préel, ce n'est pas l'intérêt des élèves.
00:08:22 Le fond du problème, c'est la colère contre la réforme des retraites, soyons directs.
00:08:28 - Au départ, on est bien d'accord, c'est dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.
00:08:33 Mais les collègues disent aussi qu'on est sans cesse méprisé, que la déception...
00:08:40 - Ça, j'ai bien compris, mais le fond du problème, c'est la réforme des retraites.
00:08:44 Donc, vous, moi je vous pose sincèrement la question, vraiment,
00:08:48 est-ce l'intérêt des élèves que de les empêcher de passer leur épreuve du baccalauréat ?
00:08:55 - Écoutez, on ne les empêche pas, ce terme-là, je ne l'utilise pas.
00:09:01 - C'est-à-dire, vous ne les empêchez pas ?
00:09:05 - On utilise notre droit de grève.
00:09:09 Après, ce n'est pas à nous d'assurer, c'est l'institution qui fait en sorte que les épreuves se passent ou non.
00:09:17 - Donc, les épreuves se passent ou pas dans votre lycée ?
00:09:20 - En fait, on sait très bien que de toute façon, comme les épreuves ne sont plus réellement nationales,
00:09:25 que tout est prévu et qu'on n'est pas au mois de juin,
00:09:28 donc tout est prévu pour que de toute façon, les élèves, il y ait des solutions pour qu'ils repassent les épreuves.
00:09:34 - Non, mais là, aujourd'hui...
00:09:38 Non, mais Jean-Marc Préel, soyons directs et soyons francs.
00:09:42 Aujourd'hui, est-ce que les élèves, dans votre lycée, dans tous les lycées de Rouen,
00:09:48 est-ce que les élèves peuvent passer leurs épreuves de bac ?
00:09:52 - On verra cet après-midi, ça dépendra bien sûr.
00:09:56 - Est-ce que vous souhaitez qu'ils puissent les passer ?
00:10:00 - Moi, je souhaite qu'ils puissent passer un vrai baccalauréat.
00:10:04 - Non, mais d'accord, mais là, Jean-Marc Préel,
00:10:07 engagez-vous, dites "oui, j'ai envie de bloquer, oui, je ne veux pas que les élèves passent leur bac",
00:10:13 dites-le, franchement !
00:10:15 - Non, vous voulez me faire dire ce que je ne veux pas dire.
00:10:18 - C'est ce que vous pensez, mais vous n'osez pas le dire.
00:10:22 - Ah si, tout à fait. Effectivement, si on aboutit à un nombre de grévistes important,
00:10:28 que les épreuves, effectivement, soient reportées.
00:10:31 - Est-ce que vous le souhaitez ?
00:10:33 - Ah bah oui, je souhaite que les épreuves soient reportées au mois de juin.
00:10:36 - Vous souhaitez que les élèves ne passent pas leur bac ?
00:10:39 - Je souhaite qu'ils le passent au mois de juin, dans des conditions sereines.
00:10:42 - Vous souhaitez les empêcher de passer leur bac, dites-le clairement !
00:10:45 - Non, non, non, je souhaite qu'ils passent leur bac au mois de juin, dans des conditions sereines.
00:10:50 On souhaite travailler sereinement.
00:10:52 - Mais mettez-vous à la place, mettez-vous, moi je comprends Laurent Berger,
00:10:55 mettez-vous à la place, mettez-vous à la place de ces enfants,
00:10:58 qui avaient programmé leurs épreuves au mois de mars.
00:11:02 Est-ce que c'est leur intérêt ? Est-ce que vous agissez en leur intérêt ?
00:11:05 Vous avez des élèves en lycée, vous avez des élèves, vous êtes enseignant, moi je ne comprends pas.
00:11:11 Je vous le dis sincèrement, alors allez-y, expliquez-moi pourquoi.
00:11:14 Expliquez-moi en quoi c'est l'intérêt des élèves, en quoi.
00:11:18 Vous les avez préparés à ces épreuves ?
00:11:22 - On les a tous les jours les élèves, vous savez, moi et les collègues,
00:11:25 les collègues disent, et moi aussi, les élèves vont mal,
00:11:30 les enseignants vont mal parce que justement ils ont essayé...
00:11:33 - Est-ce qu'ils iront mieux en ne passant pas leurs épreuves ?
00:11:36 - Ah, ils iraient mieux si enfin le ministre décidait de rétablir
00:11:40 des épreuves nationales du baccalauréat en juin.
00:11:42 - Non mais... - Oui, ça, ils iraient mieux.
00:11:44 - Non mais on comprend très bien votre... Jean-Marc Préel,
00:11:47 tout le monde comprend très bien que vous êtes opposé à cette réforme du bac, fort bien.
00:11:52 Mais elle est là, alors, elle est là.
00:11:55 Aujourd'hui il y a des épreuves programmées.
00:11:58 Donc vous me dites clairement, vous me dites clairement,
00:12:01 je demande à ce que ces épreuves soient annulées,
00:12:04 à ce que les élèves ne passent pas ces épreuves.
00:12:07 - À notre vendication, c'est bien, effectivement, le report des épreuves en juin.
00:12:11 - Voilà, donc pas d'épreuves du bac, vous vous dites c'est clair,
00:12:15 vous dites aux enfants, vous ne passez pas vos épreuves aujourd'hui.
00:12:18 - Ah ben, notre vendication depuis des mois, et pas seulement nous,
00:12:22 c'est effectivement de rétablir les épreuves nationales en juin, tout à fait.
00:12:27 - Donc pas d'épreuves aujourd'hui ?
00:12:29 - Oui, tout à fait.
00:12:30 - Bon, merci beaucoup Jean-Marc Préel, au moins c'est clair.
00:12:33 Et j'aime bien, au moins vous êtes franc, il a fallu un peu que je vous pose des questions,
00:12:37 mais au moins c'est clair, les choses sont très claires.
00:12:40 Merci, dans tous les cas, vous réagissez, qu'en pensez-vous ?
00:12:44 0,826, 300, 300.
00:12:47 La réalité, la réalité c'est que les épreuves en juin, oui,
00:12:51 c'est vrai que c'est une vieille revendication de certains syndicats de l'éducation nationale,
00:12:55 mais la réalité c'est que ça s'inscrit dans la contestation de la réforme des retraites.
00:13:01 Alors moi je vous pose simplement la question,
00:13:03 est-ce que les enfants doivent être en quelque sorte utilisés
00:13:09 pour contester la réforme des retraites ?
00:13:11 Je vous pose franchement la question, qu'en pensez-vous ?
00:13:14 0,826, 300, 300, chacun aura son opinion sur la question.
00:13:19 Et vous allez l'exprimer évidemment.
00:13:22 Tariq, est dans les Yvelines. Bonjour Tariq.
00:13:24 Bonjour M. Bourdin.
00:13:26 Vous allez bien Tariq ?
00:13:28 Vous avez été prof de chimie en lycée pendant 10 ans, vous avez démissionné il y a 6 mois,
00:13:32 vous étiez à bout, vous en aviez marre.
00:13:34 Que faites-vous aujourd'hui Tariq ?
00:13:36 Je suis en pleine reconversion professionnelle,
00:13:38 je me dirige dans le métier de l'ingénierie dans le bâtiment,
00:13:41 les expertises énergétiques.
00:13:42 Ah d'accord, c'est intéressant ça, c'est intéressant l'expertise énergétique.
00:13:46 Je peux vous dire que vous allez avoir du boulot Tariq.
00:13:48 Tout à fait, oui.
00:13:50 Bon, alors, vous avez entendu ma discussion avec cet enseignant
00:13:54 qui a fini par nous dire la réalité des choses,
00:13:57 qu'il était contre et qu'il s'opposait au passage des épreuves.
00:14:01 Vous pensez qu'il faut s'opposer au passage des épreuves ?
00:14:05 Écoutez, qu'on s'oppose ou pas aux épreuves,
00:14:09 en passant les épreuves, de toute façon les élèves ne seront pas lésés.
00:14:11 Moi je suis encore plus pragmatique que M. Prel.
00:14:14 On fera encore appel à la bienveillance des professeurs dans les notations,
00:14:18 on va surnoter les élèves, et puis lors de l'harmonisation des notes,
00:14:21 on va encore gonfler les notes.
00:14:23 Oui, non, non, mais encore avant d'avoir des notes,
00:14:25 encore faut-il que les épreuves puissent se dérouler.
00:14:27 Elles se déroulent, de toute façon elles se dérouleront.
00:14:29 Elles se dérouleront, vous pensez Tariq, sans problème.
00:14:32 Non mais elles se dérouleront de toute manière.
00:14:34 De toute façon, on va réaménager le calendrier, puis ce sera fait.
00:14:38 Mais le fait de dire les pauvres élèves,
00:14:41 le fait de dire "ah les pauvres élèves, ils vont être lésés, etc.",
00:14:44 c'est le bac, aujourd'hui, il vaut pas grand-chose.
00:14:47 Non mais Tariq, il a peut-être baissé, mais pour un enfant,
00:14:51 avoir le bac, peut-être qu'il ne vaut pas,
00:14:54 il vaut ce que vous estimez qu'il vaut.
00:14:56 Mais mettez-vous à la place d'un lycéen.
00:14:59 Le lycéen attend d'avoir son bac, il rêve d'avoir son bac, Tariq,
00:15:03 même s'il est dévalué, vous le savez bien.
00:15:06 Mais ils vont tous avoir leur bac.
00:15:08 Mais pas tous, mais 90%.
00:15:10 Oh, plus que ça, oui.
00:15:12 De toute façon, M. Brunin, vous n'avez jamais enseigné en lycée,
00:15:15 vous n'avez jamais été professeur.
00:15:17 Je n'ai jamais été professeur au lycée, mais j'ai enseigné.
00:15:20 Je peux vous assurer que les élèves sont contents.
00:15:23 Si les élèves sont contents, tant mieux !
00:15:26 Qu'ils sont contents qu'on va pouvoir emporter les examens, vous savez.
00:15:30 Moi je les ai vus, parce que j'ai connu une grève comme ça,
00:15:33 il y a quelques années, c'était en...
00:15:35 je ne sais plus, 2019, je crois.
00:15:37 Je surveillais les épreuves orales, écrites,
00:15:40 et dans mon lycée, c'était à France-Rivillon,
00:15:43 vous savez, les élèves ont fait grève,
00:15:46 voilà, ils ont perturbé,
00:15:48 les élèves eux-mêmes ont perturbé les examens,
00:15:51 et puis on a été obligés d'annuler.
00:15:53 - Vous croyez que c'est dans l'intérêt des élèves, ça ?
00:15:56 - Non, pas forcément dans l'intérêt des élèves,
00:16:01 mais c'est pas ça la question.
00:16:03 - C'est pourtant la question essentielle,
00:16:06 l'intérêt des enfants, c'est la question essentielle.
00:16:09 - Oui, certes, mais vous savez,
00:16:11 c'est pas parce que vous allez reporter les épreuves du bac
00:16:13 qu'ils vont rater leur vie, les élèves.
00:16:15 C'est pas la question cruciale, en fait.
00:16:17 - Bon, finalement, ça sert à rien, quoi.
00:16:20 Finalement, les études ne servent à rien,
00:16:22 le bac ne sert à rien, Tariq.
00:16:24 - Non, c'est les compétences qui servent.
00:16:26 Il faut enseigner les compétences,
00:16:28 et le problème, c'est que le bac, il est dévalué aujourd'hui,
00:16:30 et je vous le dis tout de suite, il vaut rien.
00:16:32 J'ai enseigné pendant 10 ans.
00:16:34 On fait que surévaluer, on fait que supprimer des programmes,
00:16:36 on surcharge les classes,
00:16:38 on n'arrive pas à suivre les élèves comme il faut,
00:16:40 et le reste, vous savez,
00:16:42 c'est de la politique politicienne,
00:16:44 comme vous aimez dire parfois.
00:16:46 - Ah oui, ça, je déteste.
00:16:48 Merci, Tariq.
00:16:50 - Merci à vous.
00:16:52 - Merci, Tariq.
00:16:54 Vous réagissez, 0826 300 300, il est 10h46.
00:16:56 Tiens, les banques et les marchés financiers sont inquiets.
00:16:58 Hier, le Crédit Suisse a été racheté
00:17:00 par la plus grande banque suisse, l'UBS.
00:17:02 Le Crédit Suisse, c'était la deuxième banque suisse.
00:17:04 Racheté par la première,
00:17:06 les marchés financiers ne sont pas rassurés.
00:17:08 Nous en allons parler dans un instant
00:17:10 avec Christian de Boissieu,
00:17:12 qui sera notre prochain invité.
00:17:14 Vous réagissez à 0826 300 300.
00:17:16 On est là pour ça.
00:17:18 On est là pour dialoguer.
00:17:20 On est là pour discuter.
00:17:22 On a le temps jusqu'à 12h30.
00:17:24 Christian de Boissieu, vice-président
00:17:26 du Cercle des économistes, à tout de suite.
00:17:28 - Jean-Jacques Bourdin.
00:17:30 - Bien, parlons des marchés financiers
00:17:32 avec Christian de Boissieu.
00:17:34 Et je me réjouis de retrouver
00:17:36 vous. Bonjour Jean-Jacques. Bonjour à tous.
00:17:38 - Vice-président du Cercle des économistes.
00:17:40 Nous en parlions la semaine dernière
00:17:42 avec vous et avec plusieurs invités.
00:17:44 La banque suisse,
00:17:46 le Crédit Suisse,
00:17:48 a été rachetée par UBS.
00:17:50 Hier soir, alors,
00:17:52 il faut rappeler que le Crédit Suisse était la deuxième banque suisse.
00:17:54 Rachetée par la première.
00:17:56 C'est ça, Christian de Boissieu ?
00:17:58 - C'est exactement ça.
00:18:00 C'était dans le pion quand on s'est vu
00:18:02 le vendredi.
00:18:04 On a conclu pendant le week-end.
00:18:06 Et je pense que sur ce terrain-là,
00:18:08 les autorités suisses ont réagi
00:18:10 parce que ce sont elles qui sont derrière
00:18:12 ce rachat.
00:18:14 Ce sont les autorités éloignées en Suisse
00:18:16 qui ont demandé à la première de racheter la deuxième.
00:18:18 - Évidemment.
00:18:20 Alors, les marchés financiers
00:18:22 étaient dans l'incertitude ce matin.
00:18:24 Ils ont ouvert à forte baisse.
00:18:26 Ça se redresse un peu les valeurs
00:18:28 bancaires. Je regarde les derniers
00:18:30 cours Société Générale -4, BNP -3,
00:18:32 Cadiens et Écoles -2.
00:18:34 Il y a eu inquiétude,
00:18:36 évidemment. Le cours de bourse
00:18:38 de Crédit Suisse
00:18:40 s'effondre, mais c'est logique.
00:18:42 Il y a toujours
00:18:44 une inquiétude sur les marchés financiers.
00:18:46 - Je vous disais la semaine dernière,
00:18:48 je n'ai pas changé d'avis.
00:18:50 Tout ça se déroule
00:18:52 dans un contexte de
00:18:54 finances fragiles, ce que j'ai appelé
00:18:56 une finance mondiale inflammable.
00:18:58 Et donc, il y a,
00:19:00 suite à la faillite de la
00:19:02 banque californienne, SVB,
00:19:04 il y a 10 jours,
00:19:06 il y a des effets de contagion
00:19:08 au plan mondial, parce que les marchés financiers
00:19:10 sont interconnectés
00:19:12 au plan mondial.
00:19:14 Et puis, rajoutons
00:19:16 une deuxième raison, c'est que
00:19:18 avant ces événements qui ont
00:19:20 commencé il y a une dizaine de jours,
00:19:22 les bourses avaient quand même,
00:19:24 on a battu des records de hausse.
00:19:26 Vous vous souvenez, on faisait cocorico
00:19:28 il y a deux semaines, trois semaines, quand le CAC 40
00:19:30 avait battu son record.
00:19:32 Donc,
00:19:34 quand trop
00:19:36 c'est trop, une allumette,
00:19:38 une petite allumette,
00:19:40 suffit à poser,
00:19:42 à créer une crise de confiance
00:19:44 dans l'ensemble du système
00:19:46 financier qui est interconnecté.
00:19:48 Et donc, je pense qu'il faudra quelques jours,
00:19:50 il faudra sans doute aussi
00:19:52 jaillir des actions,
00:19:54 en tout cas, des concertations
00:19:56 des ministres des finances
00:19:58 et gouverneurs de banque centrale
00:20:00 au plan mondial plus fort, pour que
00:20:02 les marchés arrêtent
00:20:04 cette petite déprime.
00:20:06 - Cette petite déprime, est-ce que
00:20:08 question que tout le monde se pose,
00:20:10 on m'a posé plusieurs fois la question,
00:20:12 Christian Deboisieu, est-ce qu'il faut être inquiet ?
00:20:14 Est-ce que nous, épargnants,
00:20:16 dépositaires dans les banques,
00:20:18 est-ce que nous devons être inquiets ?
00:20:20 - Écoutez, je vous l'ai dit la semaine dernière,
00:20:22 non, je n'ai pas non plus changé d'avis, parce que
00:20:24 globalement parlant, et même
00:20:26 cas par cas, les banques françaises
00:20:28 se portent globalement bien.
00:20:30 Elles ont affiché une rentabilité record
00:20:32 pour la plupart d'entre elles en 2022,
00:20:34 elles ont des fonds propres,
00:20:36 ça c'est la conséquence
00:20:38 du durcissement de la réglementation qui,
00:20:40 depuis 15 ans, a obligé les banques
00:20:42 à avoir plus de fonds propres, elles ont des liquidités,
00:20:44 donc moi, je suis client
00:20:46 d'une banque moyenne indépendante,
00:20:48 j'ai réfléchi,
00:20:50 mais pas longtemps, je reste
00:20:52 dans ma banque, parce que
00:20:54 j'ai pas de raison d'aller vers une grande banque,
00:20:56 et il y a en plus
00:20:58 la garantie des dépôts qui joue jusqu'à
00:21:00 100 000 euros par personne,
00:21:02 donc tout ça, si vous voulez, c'est un peu
00:21:04 ceinture et bretelle, si vous permettez l'expression,
00:21:06 et donc les marchés
00:21:08 corrigent, parce qu'il y a un sentiment
00:21:10 de défiance à l'égard des
00:21:12 banques en général, mais c'est pas
00:21:14 nécessairement justifié au cas par cas.
00:21:16 - Alors cette défiance
00:21:18 qui persiste,
00:21:20 ne vous inquiète pas donc ?
00:21:22 - Moi, je ne suis pas inquiet,
00:21:24 je ne suis pas tout jeune, j'ai vécu pas mal
00:21:26 de crises bancaires depuis 20 ou 30 ans,
00:21:28 je répète,
00:21:30 les marchés avaient trop monté,
00:21:32 donc l'occasion de cette
00:21:34 correction, c'est
00:21:36 l'ombre de choc
00:21:38 de la faillite de cette banque californienne,
00:21:40 et puis le crédit suisse
00:21:42 qui était fragile depuis des années,
00:21:44 alors les événements ont accéléré,
00:21:46 la restructuration du crédit suisse
00:21:48 a fait son rachat, et puis les marchés
00:21:50 financiers, ça a monté, ça baisse, donc il faut
00:21:52 accepter, c'est l'url,
00:21:54 on accepte plus facilement la hausse
00:21:56 quand on est actionnaire que la baisse,
00:21:58 mais il faut accepter. - Merci
00:22:00 Christian de Boissieu, merci encore une fois
00:22:02 pour ce regard sur
00:22:04 les marchés financiers, merci à vous.
00:22:06 Il est 10h55,
00:22:08 vous êtes sur Sud Radio,
00:22:10 évidemment, alors nous allons parler de
00:22:12 la réforme des retraites, nous allons parler
00:22:14 de ces deux motions de censure qui seront
00:22:16 soumises au vote cet après-midi
00:22:18 à l'Assemblée Nationale, nous allons
00:22:20 essayer de savoir ce que ça va donner, mais
00:22:22 je ne suis pas là pour faire de la prédiction,
00:22:24 vous savez que je déteste le
00:22:26 journalisme de prévision,
00:22:28 ce qui m'intéresse c'est
00:22:30 les discours des uns et des autres,
00:22:32 les faits et les
00:22:34 idées défendues par les uns
00:22:36 et les autres, nous allons débattre
00:22:38 de ces deux
00:22:40 motions de censure dans un instant,
00:22:42 avec nos invités, trois
00:22:44 députés, un député
00:22:46 PS, un député Liott,
00:22:48 et un député du Modem,
00:22:50 le porte-parole d'ailleurs du groupe
00:22:52 Modem à l'Assemblée Nationale.
00:22:54 A tout de suite, vous êtes
00:22:56 sur l'antenne de Sud Radio,
00:22:58 tiens, à ce propos, j'ai vu
00:23:00 que le conseil d'administration
00:23:02 de Total Énergie proposait
00:23:04 une augmentation de
00:23:06 10% de la rémunération
00:23:08 de son PDG en 2023,
00:23:10 évidemment ça fait
00:23:12 jaser, le PDG de
00:23:14 Total Énergie, Patrick Pouyanné,
00:23:16 le conseil d'administration propose 10%
00:23:18 d'augmentation, je ne sais pas si
00:23:20 c'est bien
00:23:22 accueilli, si ça va être bien
00:23:24 accueilli, allez, je vous en parlerai, tiens,
00:23:26 à nos trois députés, à tout de suite,
00:23:28 10h56.
00:23:30 Sud Radio, parlons vrai, chez Bourdin,
00:23:32 10h30, midi 30, Jean-Jacques
00:23:34 Bourdin. - Bien, il est 11h03,
00:23:36 merci d'être avec nous, nous allons
00:23:38 évidemment parler de ce qui va se
00:23:40 passer cet après-midi à l'Assemblée nationale,
00:23:42 avec deux motions
00:23:44 de censure qui seront
00:23:46 soumises au vote,
00:23:48 je dis bien soumise au vote, 400,
00:23:50 non, qu'est-ce que je dis 400 ?
00:23:52 289 députés pour que
00:23:54 une motion de censure soit adoptée.
00:23:56 C'est 287.
00:23:58 Pourquoi je dis 287 ? Je ne sais plus compter.
00:24:00 - Il y a eu des annulations d'élections.
00:24:02 - Il y a eu des partiels en cours. - Ah oui, il y a deux partiels,
00:24:04 vous avez raison. - 289, si nous étions
00:24:06 dans 177, nous sommes un peu moins en ce moment.
00:24:08 - Vous êtes un peu moins, vous êtes...
00:24:10 Combien vous êtes là ? Vous, 500...
00:24:12 Donc 287. - Il en manque 4.
00:24:14 - Il en manque 4, oui. Il y a des votes, oui,
00:24:16 effectivement, des partiels. Bien, donc
00:24:18 287 pour que
00:24:20 l'une de ces
00:24:22 deux motions de censure soit
00:24:24 adoptée,
00:24:26 nos invités, Philippe Brun, député
00:24:28 socialiste de l'heure, membre de la NUPES,
00:24:30 bonjour. - Bonjour. - Merci d'être
00:24:32 avec nous, Benjamin Saint-Huil, député
00:24:34 Lyot du Nord, bonjour. - Bonjour. - Merci d'être
00:24:36 là, Bruno Milienne, député
00:24:38 des Yvelines et porte-parole du groupe MoDem à l'Assemblée,
00:24:40 bonjour et merci d'être avec nous. - Bonjour.
00:24:42 - Tout à l'heure, j'appellerai Véronique Besse
00:24:44 qui est députée non-inscrite
00:24:46 de Vendée et j'appellerai
00:24:48 Emmanuel Ménard, député non-inscrite
00:24:50 de Leroux, parce qu'on parle toujours
00:24:52 des députés qui sont membres d'un groupe
00:24:54 à l'Assemblée nationale, mais il y a des députés
00:24:56 non-inscrits qui choisissent
00:24:58 en toute liberté leur vote, voter la
00:25:00 censure ou ne pas voter la censure.
00:25:02 Avant d'entrer dans le débat autour
00:25:04 de ces motions de censure
00:25:06 et de cette réforme
00:25:08 des retraites, je voudrais vous soumettre
00:25:10 cette information qui est
00:25:12 passée un peu inaperçue.
00:25:14 Jeudi, il y avait Conseil d'administration
00:25:16 de TotalEnergie et le
00:25:18 Conseil d'administration de TotalEnergie
00:25:20 a indiqué
00:25:22 qu'il proposerait
00:25:24 une hausse de 10% de la rémunération
00:25:26 de son PDG en 2023, Patrick
00:25:28 Pouyanné. Qu'en pensez-vous ?
00:25:30 Je fais un petit tour. Tiens, Bruno Milienne,
00:25:32 qu'en pensez-vous ? - Je pense qu'à un moment, il faut un petit peu
00:25:34 de décence et il faut arrêter. Il a été augmenté
00:25:36 de plus de 50% l'année dernière.
00:25:38 Je sais pas
00:25:40 si ces gens-là se rendent
00:25:42 compte de ce qui se passe réellement dans le pays.
00:25:44 Pas besoin de 10% en plus,
00:25:46 Patrick Pouyanné. Alors après, c'est dans son contrat.
00:25:48 - Oui, c'est dans son contrat.
00:25:50 - Voilà, il y a eu des résultats
00:25:52 exceptionnels pour Total, donc forcément
00:25:54 il a droit à une rémunération
00:25:56 complémentaire, une augmentation de sa rémunération.
00:25:58 Enfin, je serai lui, je la rendrai.
00:26:00 - Vous ne l'accepteriez pas ?
00:26:02 - Oui, je la rendrai.
00:26:04 Enfin, je la rendrai à la participation salariale.
00:26:06 - Benjamin Sainte-Huile, qu'en pensez-vous ?
00:26:08 - Il y a une forme d'utrence et de surenchère
00:26:10 permanente. Total a des résultats
00:26:12 historiques. - Exceptionnels, mais on peut
00:26:14 s'en réjouir, remarquez. - On peut s'en réjouir, mais c'est très bien.
00:26:16 On n'est pas obligé derrière. - On peut aussi
00:26:18 rappeler que Total a bénéficié
00:26:20 de la volonté du gouvernement
00:26:22 de mettre en place la ristourne à la pompe,
00:26:24 plutôt que de taxer particulièrement
00:26:26 ces groupes-là. Aujourd'hui, la réalité, c'est que
00:26:28 les chiffres de Total sont encore meilleurs
00:26:30 et que ça a eu un impact.
00:26:32 Oui, il y a quelque chose d'absolument
00:26:34 inacceptable, malheureusement. C'est
00:26:36 toujours cela qui s'enrichit ces dernières années.
00:26:38 - Je reviendrai sur le sujet, d'ailleurs,
00:26:40 demain ou les jours prochains. Philippe Brun, qu'en pensez-vous ?
00:26:42 - Évidemment, cette augmentation, elle est inacceptable
00:26:44 et dans la période incompréhensible.
00:26:46 Mais ce qu'il faut regarder aussi, c'est pourquoi
00:26:48 Total a fait de si gros profits cette
00:26:50 année. Une grande partie de ces profits,
00:26:52 ce n'est pas la question de l'augmentation
00:26:54 du prix du carburant, c'est
00:26:56 le trading d'énergie, c'est l'activité
00:26:58 spéculative de vente d'énergie et d'achat
00:27:00 d'énergie sur le marché européen
00:27:02 d'électricité. Donc ces super profits de
00:27:04 Total, ils sont à mettre en relation
00:27:06 avec le déficit record
00:27:08 d'EDF cette année. Vous savez que j'ai
00:27:10 déposé à la semaine dernière une proposition de loi de nationalisation
00:27:12 d'EDF, qui a été d'ailleurs adoptée
00:27:14 et qui passe au Sénat en commission cette
00:27:16 semaine. Et je crois que nous devons profondément
00:27:18 réformer ce marché européen de l'énergie spéculative
00:27:20 qui explique en grande partie
00:27:22 cette rémunération en descente. - Une nationalisation
00:27:24 de Total ? - Non, en tout cas...
00:27:26 - Est-ce que vous seriez... Non, non, mais je
00:27:28 vous pose la question, franchement, est-ce que vous
00:27:30 seriez favorable à une nationalisation de Total ?
00:27:32 - Total était jadis nationalisé, c'était
00:27:34 essence et lubrifiant de France.
00:27:36 En tout cas, moi je ne crois pas
00:27:38 que ce soit une activité de souveraineté. Je suis en tout cas
00:27:40 moi favorable à ce que nous sortions... - Donc vous n'êtes pas favorable
00:27:42 à une nationalisation de Total ? - Ça nous coûterait
00:27:44 très cher compte tenu des bénéfices de cette
00:27:46 entreprise, mais en tout cas sortir l'électricité
00:27:48 du marché européen tel que nous vivons
00:27:50 aujourd'hui, qui est un marché spéculatif. Et
00:27:52 quand on voit les bénéfices de M. Pouyanné,
00:27:54 quand on voit ces "stock options",
00:27:56 il faut aussi penser à tous les boulangers qui sont
00:27:58 en galère aujourd'hui, qui vont leur facture électricité faire
00:28:00 x12, x14, ben c'est Total
00:28:02 qui s'en met plein les poches aujourd'hui. - Bien,
00:28:04 nationalisation de Total, non ?
00:28:06 - Oui, je crois que ce n'est pas à l'ordre du jour, Azizan. - Ce n'est pas la brune homélienne
00:28:08 non plus. - Ce ne serait pas raisonnable
00:28:10 en termes de coûts. - Ce ne serait pas raisonnable
00:28:12 en termes de coûts, oui, mais ça coûterait une fortune.
00:28:14 Ça c'est évident. - Si je peux juste
00:28:16 rajouter un mot. - Oui. - Ce qui est dommage
00:28:18 sur ce genre d'informations, c'est que ça jette
00:28:20 le discrédit sur tout un tas de chefs
00:28:22 d'entreprise qui font plutôt bien leur boulot
00:28:24 et qui redistribuent. Et on ne focalise
00:28:26 que là-dessus. - Mais Total redistribue
00:28:28 à ses salariés. - Oui, mais redistribue, mais c'est tellement
00:28:30 énorme ce que prennent les dirigeants.
00:28:32 Enfin, il y en a d'autres, on peut parler de Stellantis,
00:28:34 on peut parler d'autres entreprises, qui sont des
00:28:36 groupes fantastiques. Mais il y a un moment
00:28:38 où ces gens-là devraient se dire
00:28:40 "Moi aussi, je dois participer
00:28:42 à ce que vit le pays, et
00:28:44 peut-être, c'est bon, on ne peut pas
00:28:46 aller au-delà de l'Outrance". - Bien.
00:28:48 Il est 11h08, alors,
00:28:50 venons-en à la réforme des retraites.
00:28:52 Encore un mot avant, je voudrais que nous
00:28:54 intéressions au ramassage
00:28:56 des déchets, parce que
00:28:58 ça concerne Paris,
00:29:00 certains arrondissements à Paris,
00:29:02 mais pas que Paris, puisque
00:29:04 problème de ramassage des déchets
00:29:06 dans de nombreuses communes de France,
00:29:08 dans vos circonscriptions, non ?
00:29:10 - Non, tout se passe bien, pas directement.
00:29:12 - Bon, bon, rien. Mais il y a des villes qui sont
00:29:14 concernées. La quantité de déchets
00:29:16 à Paris, en sous-France, se stabilise
00:29:18 ces derniers jours, selon la mairie de Paris.
00:29:20 Félix Mathurne en est où ? - Oui, 10 000 tonnes
00:29:22 de déchets environ sur les trottoirs de la capitale
00:29:24 ce week-end, des camions-bennes réquisitionnées
00:29:26 collecter les ordures. Un comme ordonné
00:29:28 jeudi par le préfet de police,
00:29:30 l'entreprise de Richebourg a annoncé elle-même,
00:29:32 dans un communiqué, avoir été réquisitionnée par la
00:29:34 préfecture de police pour ce service
00:29:36 minimum de collecte. Au total,
00:29:38 cinq garages de camions-bennes ont repris
00:29:40 une activité, deux sociétés
00:29:42 et un concessionnaire de traitement. Plusieurs agents
00:29:44 requis depuis vendredi, précise aussi la préfecture.
00:29:46 Du côté des habitants,
00:29:48 quelques-uns par endroit ont pris sur eux
00:29:50 de faire venir à leur frais des camionnettes
00:29:52 pour enlever leur tas d'ordures. D'autres,
00:29:54 au contraire, de fibres plus militantes,
00:29:56 s'emploient à attacher les poubelles entre
00:29:58 elles pour empêcher leur enlèvement par les agents
00:30:00 réquisitionnés. - Et voilà
00:30:02 deux poubelles unies par les liens
00:30:04 du cerflex. - Alors
00:30:06 ici, c'est une militante d'Alternatiba.
00:30:08 Les grévistes, en tout cas des trois sites
00:30:10 d'incinération, ont mis en place des barrages
00:30:12 filtrants pour laisser passer
00:30:14 des camions de collecte. Question de
00:30:16 sécurité pour limiter les risques
00:30:18 d'épidémie, expliquent ces éboueurs
00:30:20 qui ont par ailleurs reconduit leur action
00:30:22 au moins jusqu'à demain mardi. - Bien !
00:30:24 Est-ce qu'il n'y a pas des paradoxes dans cette
00:30:26 grève des éboueurs ?
00:30:28 Le paradoxe, c'est que les déchets
00:30:30 s'amoncèlent, c'est que certains les ramassent
00:30:32 en privé en louant des camionnettes
00:30:34 et vont les
00:30:36 décharger n'importe où.
00:30:38 Évidemment, pour des raisons écologiques, c'est pas terrible.
00:30:40 Est-ce qu'il n'y a pas un paradoxe, là,
00:30:42 dans ce mouvement
00:30:44 Philippe Brun ? Vous le regardez comme un... - Je vois pas
00:30:46 le paradoxe. En tout cas, il y a des activités
00:30:48 essentielles à notre pays, on s'en rend
00:30:50 compte aujourd'hui, et des femmes, des hommes,
00:30:52 surtout des hommes, s'agissant des éboueurs
00:30:54 qui ont un métier essentiel, qui est très mal
00:30:56 rémunéré, pas bien considéré,
00:30:58 et ces gens vont être les premiers à payer
00:31:00 cette mauvaise réforme des retraites.
00:31:02 Par leur action, ils montrent avec
00:31:04 force... - Vous soutenez cette action ? - Bien sûr !
00:31:06 Ils ont le droit de faire grève, après les questions...
00:31:08 - Vous savez que dans les arrondissements
00:31:10 où c'est le privé qui ramasse, il n'y a plus de poubelle.
00:31:12 C'est une vraie publicité
00:31:14 pour l'entreprise privée que vous faites, non ?
00:31:16 - Écoutez, ceux qui sont dans le privé peuvent aussi...
00:31:18 - Je dis ça comme ça, quoi. - Pourquoi ?
00:31:20 Ils ont tout autant le droit de grève dans le privé
00:31:22 que dans les arrondissements publics. - Oui, tout autant, sauf qu'ils ramassent
00:31:24 des poubelles. - Peut-être qu'il y a
00:31:26 un meilleur dialogue social de ces entreprises. Il arrive
00:31:28 qu'il y ait du dialogue social... - Donc, dans le privé, il y a un meilleur social
00:31:30 un meilleur dialogue social que dans le public.
00:31:32 - En tout cas, cela dépend des endroits. Ce que je constate,
00:31:34 c'est que dans le privé aussi,
00:31:36 il y a beaucoup de grèves aujourd'hui. Moi, je vous l'ai dit dans ma circonscription,
00:31:38 y compris dans les entreprises privées
00:31:40 très rentables, il y a aussi des grèves.
00:31:42 - Bon, Bruno Milienne, une remarque ?
00:31:44 - Il était temps que... Non, pas que ça cesse,
00:31:46 parce que la grève continue et c'est un droit
00:31:48 constitutionnel, il n'y a rien à dire là-dessus.
00:31:50 Mais là, il y avait un problème de salubrité publique, quand même.
00:31:52 Moi, je suis désolé, les parents qui voyaient
00:31:54 les poubelles s'amonceler devant les écoles, alors elles ont été assez
00:31:56 rapidement déblayées, les rats qui circulaient,
00:31:58 tout, ça pose quand même un problème de salubrité publique.
00:32:00 J'entendais une élue écologiste
00:32:04 de la mairie de Paris dire que les rats
00:32:06 n'avaient pas de maladie. Enfin, moi, je veux bien qu'elle...
00:32:08 On ne dit pas "rats", d'ailleurs, on dit "surmulot".
00:32:10 J'avais oublié. Mais moi, je veux bien qu'elle me prouve
00:32:12 le contraire. - Oui. Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:32:14 - Moi, je pense qu'on peut
00:32:16 régler le problème facilement.
00:32:18 Le président de la République prend la parole.
00:32:20 Il retire cette réforme,
00:32:22 il change de gouvernement,
00:32:24 il installe une nouvelle méthode de travail,
00:32:26 et vous verrez, le travail
00:32:28 va reprendre sereinement dans ce pays.
00:32:30 Il y a eu des semaines de mobilisation
00:32:32 qui se sont faites dans un respect absolu
00:32:34 de l'ordre républicain, tenu par l'intersyndicale,
00:32:36 et il ne faudrait pas que
00:32:38 quelques éléments d'exemple
00:32:40 viennent masquer cette réalité.
00:32:42 Et donc, aujourd'hui, celui qui a les clés
00:32:44 du sujet, c'est le président de la République.
00:32:46 - Alors, le président de la République a les clés
00:32:48 du sujet, effectivement.
00:32:50 Effectivement, vous avez raison. Il peut décider.
00:32:52 Il peut décider de retirer la réforme.
00:32:54 Va-t-il le faire ou pas ? Pour l'instant,
00:32:56 il dit non. Je vais jusqu'au bout
00:32:58 du cheminement démocratique.
00:33:00 Voilà ce qu'il a déclaré.
00:33:02 Dernière
00:33:04 question autour de cette
00:33:06 réforme des retraites. Aujourd'hui, vous savez
00:33:08 qu'il y a les épreuves de spécialité
00:33:10 du baccalauréat. Certains syndicats
00:33:12 d'enseignants demandent
00:33:14 à ce que ces épreuves
00:33:16 ne soient pas encadrées, ne soient pas surveillées
00:33:18 et appellent à la grève.
00:33:20 Laurent Berger s'élève contre cet appel
00:33:22 à la grève en disant qu'il ne faut pas toucher aux épreuves
00:33:24 du bac. Quelle est la position
00:33:26 du député socialiste Philippe Brun ?
00:33:28 - Moi, je suis d'accord avec Laurent Berger.
00:33:30 D'ailleurs, ce que je constate, c'est que ce matin,
00:33:32 les épreuves vont commencer et que cela se passe
00:33:34 plutôt très bien. En tout cas, dans ma région,
00:33:36 ça se passe très bien. Donc, il faut
00:33:38 évidemment garantir aux jeunes...
00:33:40 - Il faut bloquer les épreuves. J'avais
00:33:42 tout à l'heure un enseignant,
00:33:44 un enseignant syndiqué, qui appelait à la grève
00:33:46 et qui disait qu'il ne faut pas que les élèves puissent
00:33:48 passer les épreuves. - En tout cas, là, les épreuves, elles ont lieu
00:33:50 et moi, je pense qu'il faut penser aux jeunes, qu'on prépare
00:33:52 avec assiduité ces épreuves
00:33:54 et ce ne serait pas un bon
00:33:56 signal à envoyer à nos jeunes.
00:33:58 Encore une fois, cette mobilisation,
00:34:00 mon collègue Saint-Hul l'a rappelé, elle a été exemplaire.
00:34:02 Il y a eu des millions de personnes dans la rue, ça s'est
00:34:04 bien passé, il n'y a pas eu de casse.
00:34:06 C'était un moment populaire, il y avait des poussettes,
00:34:08 des retraités, des gens de tous
00:34:10 les métiers, des couvreurs,
00:34:12 des maçons, des plombiers qui venaient
00:34:14 manifester
00:34:16 avec la CGT. On n'avait jamais vu ça avant.
00:34:18 Il faut qu'on garde cette belle image
00:34:20 de ce mouvement et c'est ainsi que, je crois,
00:34:22 nous finirons par l'emporter. - Vous êtes d'accord
00:34:24 Benjamin Saint-Hul ? - Oui, je crois que la jeunesse, elle a
00:34:26 sa place dans le mouvement social et que
00:34:28 on n'a pas à dire aux organisations
00:34:30 syndicales ce qu'elle doit faire. Néanmoins,
00:34:32 je considère que si
00:34:34 l'éducation nationale s'est largement mobilisée
00:34:36 cette dernière semaine et qu'elle continuera
00:34:38 à le faire, ça ne doit pas être au détriment
00:34:40 de notre jeunesse qui, par ailleurs, elle-même
00:34:42 exprime une colère sincère
00:34:44 et une incompréhension. Donc, il ne faut pas télescoper
00:34:46 les sujets. Les gamins
00:34:48 qui ont préparé ces épreuves, ils l'ont fait depuis longtemps
00:34:50 avec une perspective de construire leur avenir,
00:34:52 d'obtenir des diplômes. On est dans le discours de la
00:34:54 méritocratie que nous aimons beaucoup dans ce pays.
00:34:56 Donc, je pense qu'il ne faut pas télescoper les sujets.
00:34:58 Le temps viendra de
00:35:00 bloquer le pays encore. - Posons d'autres questions.
00:35:02 - Absolument. - Et notamment le bac,
00:35:04 la réforme du bac. Bruno Milienne. - Je n'ai pas grand-chose
00:35:06 à rajouter à ce que disent mes collègues. On est à peu près tous
00:35:08 d'accord là-dessus. Ça, c'est une épreuve du bac
00:35:10 qui a été préparée de longue date par
00:35:12 les élèves. Ça serait un petit peu
00:35:14 plus de la grosse manipulation et de la grosse ficelle que de faire ça.
00:35:16 Laissons-les passer
00:35:18 leur épreuve. Déjà, le stress est là.
00:35:20 On ne va pas en rajouter par-dessus. Leur avenir est en jeu.
00:35:22 Donc, laissons-les tranquilles passer
00:35:24 leurs épreuves. - Bien. Motion de censure.
00:35:26 Voté ou pas, on aborde le débat.
00:35:28 Dans deux minutes, vous êtes sur Sud Radio 11h14.
00:35:30 - Jean-Jacques Bourdin. - Il est 11h18.
00:35:32 La réforme des retraites.
00:35:34 Deux motions de censure
00:35:36 qui seront soumises au vote. Je disais
00:35:38 deux... Je m'étais trompé. 289.
00:35:40 Non, 287 pour que l'une des deux
00:35:42 motions soit adoptée.
00:35:44 Nous avons trois invités.
00:35:46 Philippe Brun, député socialiste
00:35:48 de l'heure. Bruno Milienne,
00:35:50 député des Yvelines, porte-parole groupe
00:35:52 Modem. À l'Assemblée, Benjamin Saint-Huil,
00:35:54 groupe Liott du Nord.
00:35:56 20 députés, hein, Liott ? - 20. - Pas de bêtises.
00:35:58 - Absolument. - Bon.
00:36:00 Bon, d'accord. Et puis, en ligne,
00:36:02 j'ai Véronique Besse, que je remercie.
00:36:04 Députée non inscrite de Vendée.
00:36:06 Bonjour, Véronique Besse.
00:36:08 - Bonjour. - Vous êtes quelques-unes
00:36:10 et quelques-uns, député non inscrit.
00:36:12 Vous ne faites pas partie d'un groupe
00:36:14 à l'Assemblée nationale, dont vous votez
00:36:16 en toute indépendance, liberté.
00:36:18 Personne ne vous dicte votre conduite.
00:36:20 Qu'allez-vous faire cet après-midi ?
00:36:22 - Eh bien, écoutez, parce que je suis
00:36:24 libre et indépendante, je vais
00:36:26 justement faire un vote
00:36:28 où mon âme est consciente,
00:36:30 parce que, aussi, j'ai fait beaucoup de terrain ce week-end, et j'ai
00:36:32 entendu ce que m'ont dit
00:36:34 mes électeurs sur le terrain, et je vais
00:36:36 voter en
00:36:38 faveur de la motion de censure.
00:36:40 - Les deux motions de censure, vous allez
00:36:42 voter parce qu'il y a deux motions de censure,
00:36:44 l'une du Rassemblement national
00:36:46 et l'autre du groupe
00:36:48 Liott. - Tout à fait, je voterai
00:36:50 les deux, parce que pour moi, c'est pas le sujet
00:36:52 que, quel que soit
00:36:54 l'origine de ces motions de
00:36:56 censure, c'est pas le sujet pour moi, c'est
00:36:58 ce qui s'est passé jusqu'ici
00:37:00 est tout à fait antidémocratique.
00:37:02 Moi, je veux pas avoir un rôle de
00:37:04 spectateur. J'ai été
00:37:06 élu par
00:37:08 mes concitoyens, donc je veux jouer un rôle,
00:37:10 et je veux surtout être leur porte-voix,
00:37:12 parce que ça fait
00:37:14 depuis 9 mois que nous sommes élus, le 11ème
00:37:16 49-3 que nous subissons,
00:37:18 et c'est celui de trôle à
00:37:20 le 11ème, parce que moi, je voudrais
00:37:22 pouvoir voter, et je pense que si on avait
00:37:24 voté jeudi, il y aurait moins de violence
00:37:26 aujourd'hui dans le pays. - Cela dit,
00:37:28 là, vous allez pouvoir voter, hein, Véronique Besse ?
00:37:30 - Ah ben, justement, j'en profite. - Ça revient au même, à la limite ?
00:37:32 - C'est tellement rare.
00:37:34 - Oui, ça revient au même. Mais je pense qu'on a
00:37:36 créé de la violence pour rien. Il aurait fallu
00:37:38 qu'on respecte la démocratie,
00:37:40 qu'on respecte
00:37:42 les députés, qu'on respecte
00:37:44 le peuple. - Bon, ben merci beaucoup
00:37:46 Véronique Besse, merci beaucoup
00:37:48 d'avoir donné votre avis en direct
00:37:50 sur l'antenne de SIOUX de radio, et je vais
00:37:52 dans un instant appeler une autre
00:37:54 députée non inscrite, Emmanuel
00:37:56 Ménard, député de
00:37:58 Leraud, qui va nous dire ce qu'elle va faire
00:38:00 cet après-midi. Alors,
00:38:02 ça ne revient pas au même, pourquoi ?
00:38:04 Imaginons, je dis...
00:38:06 - Ça va.
00:38:08 - Je dis vote de tous les députés.
00:38:10 Sur quoi ? Sur le texte
00:38:12 de la réforme des retraites. - Oui.
00:38:14 - Aujourd'hui, vote de tous les députés.
00:38:16 Sur quoi ? Sur la réforme
00:38:18 des retraites. - Non, non, Jean-Jacques Bourdin,
00:38:20 vous pouvez pas dire ça. - Alors expliquez-moi la différence.
00:38:22 - La semaine dernière, la possibilité
00:38:24 qui était offerte à l'Assemblée nationale,
00:38:26 c'était de dire si, oui ou non,
00:38:28 il y avait une majorité pour le texte des retraites.
00:38:30 Le président de la République et le gouvernement
00:38:32 ont décidé de passer en force,
00:38:34 de tordre le bras aux députés,
00:38:36 et de ne pas permettre ce vote, craignant d'être minoritaire.
00:38:38 Bon, drôle de perception
00:38:40 de la démocratie, mais ce qui est en jeu
00:38:42 aujourd'hui, ça n'est pas la réforme des retraites, ça n'est pas
00:38:44 la question qui est posée aux députés
00:38:46 de l'Assemblée nationale, c'est "Est-ce que vous
00:38:48 voulez voir tomber ce gouvernement
00:38:50 qui a échoué ?" Et la question,
00:38:52 elle se pose à tous, particulièrement
00:38:54 à nos collègues républicains.
00:38:56 Moi, je les entends, depuis le début du mandat, nous dire
00:38:58 qu'ils sont dans l'opposition. Eh bien,
00:39:00 chiche, soyons en cohérence,
00:39:02 mesdames, messieurs, votez cette motion de censure,
00:39:04 pas par plaisir du désordre,
00:39:06 mais parce que vous voulez voir tomber ce gouvernement,
00:39:08 ou alors vous ne direz plus
00:39:10 que vous êtes dans l'opposition, vous accepterez
00:39:12 de faire partie, de manière
00:39:14 silencieuse, de la Macronie,
00:39:16 et vous devriez même dire que la réforme
00:39:18 des retraites a là une position
00:39:20 libérale de principe, que c'est une position
00:39:22 classique de droite, et que vous avez envie de participer
00:39:24 au gouvernement, c'est aussi une option.
00:39:26 - J'ai pas, évidemment, pas la même analyse
00:39:28 que Benjamin Saint-Huile, parce que quand
00:39:30 cette histoire de 49-3 suivie d'une motion de censure
00:39:32 a été inscrite dans la Constitution de 58,
00:39:34 dans l'esprit du général de Gaulle, c'était bien simple.
00:39:36 Vous avez un texte
00:39:38 que personne ne veut, même peut-être pas le Parlement,
00:39:40 mais le gouvernement décide qu'il est d'intérêt
00:39:42 général pour la nation. Donc, il
00:39:44 pousse, il pousse le
00:39:46 Parlement à se prononcer en
00:39:48 dégainant le 49 alinéa 3,
00:39:50 comme la Constitution le lui permet, ce qui
00:39:52 entraîne automatiquement une motion de censure.
00:39:54 - Ça oblige les députés
00:39:56 à se prononcer. - Absolument, sur la
00:39:58 motion de censure. Si, et là je rejoins
00:40:00 Benjamin Saint-Huile, si effectivement, il y a
00:40:02 une majorité de comptes, normalement on devrait les retrouver
00:40:04 sur la motion de censure, et les motions
00:40:06 de censure devraient être adoptées. Chacun,
00:40:08 mais ça c'est l'esprit dans lequel
00:40:10 a été fait
00:40:12 cet article 49-3.
00:40:14 - Alors vous allez faire quoi, Bruno Miam ? - Mais moi j'ai toujours dit que je voterai
00:40:16 le texte, donc je ne voterai pas la motion de censure.
00:40:18 - Donc vous n'êtes pas d'accord avec votre collègue du Modem
00:40:20 qui lui appelle à ce que le gouvernement change.
00:40:22 Vous ne souhaitez pas voir le gouvernement changer.
00:40:24 - Le gouvernement changera peut-être,
00:40:26 après vous n'en savez rien.
00:40:28 Il n'y a pas besoin du 49-3 pour faire changer
00:40:30 un gouvernement. - Vous avez raison, les clés sont
00:40:32 à Emmanuel Macron. - Et oui ! - C'est le président
00:40:34 de la République qui les a. - Alors,
00:40:36 parce que c'est très intéressant ce débat, c'est pour ça que
00:40:38 je mets le doigt là-dessus, c'est
00:40:40 très intéressant. Philippe Brun.
00:40:42 - C'est simple, aujourd'hui
00:40:44 71% des Français souhaitent
00:40:46 que nous censurions ce gouvernement.
00:40:48 Moi j'étais ce week-end dans ma
00:40:50 conscription à Louvier, à Bourroger
00:40:52 en Roumoix, j'ai serré la main de 200 personnes.
00:40:54 J'ai vu que des gens qui m'ont dit "on compte
00:40:56 sur vous pour censurer le gouvernement".
00:40:58 - Mais vous n'avez que des amis là. - Non,
00:41:00 je vous assure, il n'y aura pas des anciens.
00:41:02 - Il y aura beaucoup d'amis.
00:41:04 - Il n'y aura pas des anciens avec des personnes
00:41:06 âgées. Pourquoi ? Parce que les gens
00:41:08 ne supportent pas ce coup de force antidémocratique.
00:41:10 Ils disent le 49-3, on est d'accord.
00:41:12 - Mais ce n'est pas antidémocratique.
00:41:14 - C'est suprême de la démocratie.
00:41:16 - C'est constitutionnel mais pas forcément démocratique.
00:41:18 - Laissez-moi terminer.
00:41:20 Les gens nous disent le 49-3,
00:41:22 ok pour le budget,
00:41:24 pour certaines réformes, la loi Macron,
00:41:26 les histoires de notaire, bon d'accord.
00:41:28 Mais là c'est la retraite. Et la retraite, il faut
00:41:30 un vote. C'est deux années de vie dont on parle.
00:41:32 - Mais vous allez voter, c'est pas contre.
00:41:34 - Non mais c'est contre le gouvernement, c'est pas contre.
00:41:36 La retraite est même. - Ça revient à ça.
00:41:38 Si on avait voté, vous auriez perdu. C'est ça la réalité.
00:41:40 Vous avez refusé de perdre.
00:41:42 - Non, c'est surtout le président de la République
00:41:44 qui a peut-être eu peur d'aller au vote.
00:41:46 - Il a eu peur d'aller en démerdre, ce qui n'est pas pareil.
00:41:48 - Les gens nous disent, là, Macron,
00:41:50 il est allé trop loin. C'est le verbatim du week-end.
00:41:52 Tout le monde a entendu la même chose.
00:41:54 Macron est allé trop loin.
00:41:56 Et c'est la raison pour laquelle il faut voter la censure.
00:41:58 - Donc vous votez la censure. - Même quand on est dans la majorité
00:42:00 présidentielle comme M.Millienne, je crois qu'on doit
00:42:02 voter la censure. On a besoin d'un nouveau
00:42:04 gouvernement. Un nouveau gouvernement qui
00:42:06 comprenne l'urgence sociale dans le pays
00:42:08 et l'urgence démocratique.
00:42:10 - M.Brin, je voterai en cohérence. Pour moi,
00:42:12 cet après-midi, les contres doivent
00:42:14 s'exprimer. Moi, j'ai toujours dit que je
00:42:16 voterai cette réforme des retraites, quoi qu'il
00:42:18 m'en coûte, parce que je suis persuadé
00:42:20 qu'il faut rétablir les comptes
00:42:22 de notre système de retraite.
00:42:24 Et donc, je n'ai pas à voter la motion de censure.
00:42:26 Après, le président fera ce qu'il veut.
00:42:28 C'est dans sa main. C'est à lui de le voir.
00:42:30 - Je vais entrer dans un autre débat, parce que
00:42:32 quand même, je m'intéresse
00:42:34 beaucoup à ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
00:42:36 Je suis ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
00:42:38 Et je me mets à la place des Français.
00:42:40 Il y a deux motions de censure.
00:42:42 Et les Français ne comprennent pas
00:42:44 cette vie politique. Et nous irons
00:42:46 dans notre discussion vers le compromis.
00:42:48 Pourquoi est-ce qu'en France,
00:42:50 on n'arrive pas à ouvrir des compromis
00:42:52 en politique ? C'est l'un
00:42:54 des seuls pays d'Europe où on n'arrive pas
00:42:56 à discuter, à dialoguer.
00:42:58 Ce qui est regrettable, regrettable
00:43:00 pour la vie politique,
00:43:02 la vie démocratique de ce pays.
00:43:04 Il y a deux motions de censure.
00:43:06 Et je vois, alors, des députés qui en voteront
00:43:08 une, mais qui ne voteront pas l'autre, alors qu'elles portent
00:43:10 sur le même texte. C'est...
00:43:12 Comment voulez-vous que les Français comprennent
00:43:14 ça ? Comment voulez-vous ?
00:43:16 Et je vais vous poser la question, Philippe Brun.
00:43:18 Vous voulez voter la motion de censure
00:43:20 liotte... - Donc je suis signataire,
00:43:22 donc c'est aussi la motion de censure socialiste.
00:43:24 - Mais vous ne votez pas la motion
00:43:26 de censure du Rassemblement national
00:43:28 qui est sur le même texte.
00:43:30 Qui est sur la même réforme.
00:43:32 Comment voulez-vous que les gens comprennent ça ?
00:43:34 Il est 11h26.
00:43:36 Emmanuel Ménard est en ligne avec nous.
00:43:38 Bonjour, Emmanuel. - Bonjour.
00:43:40 - Je dis Emmanuel parce que je vous connais bien.
00:43:42 Nous sommes de la même région.
00:43:44 - Eh bien, eh bien. - Oui, oui.
00:43:46 Nous sommes de la même région. Puis j'aime beaucoup
00:43:48 Emmanuel Ménard et Robert, je le dis franchement.
00:43:50 Je ne partage pas
00:43:52 toutes les opinions politiques, peut-être,
00:43:54 d'Emmanuel et Robert, mais je les aime beaucoup.
00:43:56 Alors, Emmanuel. - Moi également.
00:43:58 - Bon, Emmanuel.
00:44:00 Emmanuel, qu'est-ce que vous allez faire
00:44:02 cet après-midi ? Vous êtes députée non inscrite.
00:44:04 - Tout à fait. Je suis députée
00:44:06 non inscrite et comme Véronique Besse
00:44:08 l'a dit tout à l'heure, voilà,
00:44:10 je suis très jalouse de mon indépendance
00:44:12 et de ma liberté de vote.
00:44:14 Je ne fais pas partie d'un groupe
00:44:16 politique et encore moins d'un groupe
00:44:18 politique où on nous demande de respecter
00:44:20 des consignes de vote. Donc moi, je fais en mon âme
00:44:22 et conscience. Pour parler
00:44:24 très clairement, moi, je regrette ce 49.3.
00:44:26 Mais je ne voterai pas la motion
00:44:28 de censure. Je la voterai pas
00:44:30 pour une idée toute simple.
00:44:32 C'est que, d'abord, j'ai vu
00:44:34 et j'ai beaucoup regretté que
00:44:36 il y avait des députés de la France insoumise
00:44:38 qui avaient signé cette motion de censure.
00:44:40 Moi, je ne me ferai jamais la complice
00:44:42 de personne, et là, je parle des députés
00:44:44 pas de Lyott, évidemment, vous le savez,
00:44:46 je parle ici des députés de la France insoumise
00:44:48 qui ont une telle détestation
00:44:50 et un tel mépris pour nos institutions.
00:44:52 Moi, je ne veux pas me faire l'allié du parti
00:44:54 de la violence et du chaos
00:44:56 parce que c'est ça, la France insoumise.
00:44:58 La France insoumise, c'est la démagogie.
00:45:00 Vous savez, ils proposent dans leur programme
00:45:02 pour les retraites alternatives,
00:45:04 1600 euros minimum pour tout le monde,
00:45:06 départ à 60 ans, c'est n'importe quoi.
00:45:08 On ne peut pas le faire et les Français le savent bien.
00:45:10 La France insoumise, c'est un parti
00:45:12 qui se réjouit des malheurs de notre pays et je ne peux pas le supporter.
00:45:14 La France insoumise, c'est le parti
00:45:16 des insultes permanentes,
00:45:18 les assassins, les ballons de foot
00:45:20 avec la tête d'un ministre,
00:45:22 les menaces, les outrances,
00:45:24 la délation, même, ils publient des listes.
00:45:26 Je ne peux pas supporter ça.
00:45:28 Et la France insoumise, je voudrais
00:45:30 quand même le rappeler parce que c'est important de le rappeler.
00:45:32 D'abord, c'est le parti de la haine de la police.
00:45:34 Je vous rappelle quand même que selon la France insoumise,
00:45:36 c'est la police qui tue en France.
00:45:38 Et c'est la haine aussi de ce que Jean-Luc Mélenchon
00:45:40 qualifie de système
00:45:42 mais dont il a toujours, lui,
00:45:44 profité. Il a toujours profité
00:45:46 de ce système et puis
00:45:48 il déplore que M. Macron soit
00:45:50 pas légitime, mais ce sont
00:45:52 ces députés qui ont voté pour lui au deuxième
00:45:54 tour de la présidentielle pour Emmanuel Macron
00:45:56 parce qu'il ne voulait pas voter pour Marine Le Pen.
00:45:58 Alors moi, cette incohérence,
00:46:00 ce chaos, cette violence, cette
00:46:02 détestation de nos institutions,
00:46:04 ce détournement, qu'est-ce que ça
00:46:06 veut dire de chanter la Marseillaise avec le
00:46:08 poing levé dans l'hémicycle ? Je ne peux pas.
00:46:10 Je ne pourrais jamais
00:46:12 être l'allié de ces gens-là.
00:46:14 - Eh bien, merci.
00:46:16 Vous voulez répondre, Emmanuel Ménard ?
00:46:18 Vite, Benjamin Saint-Huil.
00:46:20 - Oui, je veux juste dire qu'il ne faut pas
00:46:22 toujours se cacher derrière son petit doigt.
00:46:24 Il faut 58...
00:46:26 Je vais terminer, chers collègues, avec beaucoup de respect.
00:46:28 Il faut 58 signatures pour que la
00:46:30 motion de censure soit déposée. Le groupe
00:46:32 Lyot, nous sommes 20. Et il y a une
00:46:34 quinzaine de parlementaires qui ont signé.
00:46:36 - Non, non, il faut 58, il n'y en a que 15.
00:46:38 - La motion de censure avait été signée par
00:46:40 90 personnes. - Oui, un instant,
00:46:42 Mme Ménard, j'y viens. Il faut
00:46:44 58 signatures pour pouvoir la déposer.
00:46:46 Le groupe Lyot, nous sommes 20.
00:46:48 Nous avons donc forcément besoin
00:46:50 que les oppositions viennent se
00:46:52 coaguler à nous pour que nous puissions
00:46:54 supporter cette motion de censure. La réalité,
00:46:56 c'est que les premiers que nous sommes allés
00:46:58 voir, les premiers que nous avons interrogés,
00:47:00 ce sont les Républicains. En leur disant
00:47:02 "Vous avez l'occasion d'assumer
00:47:04 votre rôle d'opposition." Ils n'ont pas
00:47:06 souhaité le faire, parce que, en termes
00:47:08 d'affichage, ils avaient du mal à l'assumer.
00:47:10 - Quel hypocrisie ! Si j'ai bien compris !
00:47:12 Quel hypocrisie !
00:47:14 Chez certains députés LR.
00:47:16 Voilà. Ils ne signent pas
00:47:18 la motion de censure, mais ils vont la voter.
00:47:20 Ils ne signent pas pour ne pas être...
00:47:22 - Comment voulez-vous que les Français aiment
00:47:24 la politique ? - Est-ce que Emmanuel
00:47:26 Bénard va voter la motion de censure du RN ?
00:47:28 - Non, parce que là, il n'y a pas de sujet.
00:47:30 - Mais non plus, parce que ça ne sert à rien.
00:47:32 - Donc vous voulez une motion de censure qui est portée
00:47:34 par des gens qui ne sont pas des extrêmes, je peux vous rejoindre.
00:47:36 Mais à un moment donné, si vous ne signez pas
00:47:38 les motions de censure que vous espérez, le gouvernement
00:47:40 ne tombera jamais. Et aujourd'hui, le chaos et le désordre,
00:47:42 c'est le 49.3.
00:47:44 - J'espère que M. Macron aura
00:47:46 entendu, justement, le signal fort qui a été
00:47:48 envoyé par l'hémicycle,
00:47:50 mais aussi surtout par la rue, et qu'il décidera
00:47:52 de lui-même et sans 49.3, parce que
00:47:54 tout à coup, je ne vois pas comment on pourra continuer autrement,
00:47:56 un remaniement, et un remaniement en profondeur.
00:47:58 - Bon, et bien là, je peux vous rejoindre.
00:48:00 - Et bien, voilà, Emmanuel Bénard,
00:48:02 merci dans tous les cas. - Un premier compromis.
00:48:04 - Merci Jean-Jacques. - Merci.
00:48:06 - Il est 11h31. - Pour changer de gouvernement.
00:48:08 - C'est très clair. Vous avez votre avis, vous allez
00:48:10 répondre, hein ? Vous avez votre avis
00:48:12 sur la question. Nous allons
00:48:14 regarder les manœuvres,
00:48:16 parce que, quand même,
00:48:18 pardonnez-moi à tous les trois, mais des manœuvres
00:48:20 politiques à l'Assemblée nationale, il y en a en ce
00:48:22 moment, hein ? Ça fleurit
00:48:24 de tous les côtés. Nous allons en parler.
00:48:26 11h31, à tout de suite.
00:48:28 - Bon, Jacques Bourdin. - Bien, nous avons eu deux informations
00:48:30 depuis 11h.
00:48:32 Un, Véronique Besse votera
00:48:34 la motion de censure, députée non inscrite de
00:48:36 Vendée. Deux, Emmanuel Bénard,
00:48:38 député non inscrite de Leraux, ne votera
00:48:40 pas la motion de censure, un par tous.
00:48:42 Bien, il est
00:48:44 11h34, 287
00:48:46 voix. C'est une motion de censure.
00:48:48 Il y a deux motions de censure
00:48:50 déposées. La motion de censure,
00:48:52 Lyot. Alors, tout le monde
00:48:54 s'est rallié à Lyot, discrètement.
00:48:56 Même l'URN,
00:48:58 j'ai vu, hein ? Est prêt
00:49:00 à voter votre motion de censure.
00:49:02 LFI, discrètement,
00:49:04 a co-signé, discrètement,
00:49:06 a co-signé cette motion
00:49:08 de censure. On est bien d'accord ?
00:49:10 - Oui. - Donc vous rassemblez tous les extrêmes.
00:49:12 - On rassemble toutes celles et ceux
00:49:14 qui veulent voir tomber ce gouvernement.
00:49:16 Je le précise, le groupe Lyot, c'est un
00:49:18 groupe que je qualifierais de modéré.
00:49:20 Moi, je suis issu de la gauche, il y a des gens
00:49:22 issus du centre et de la droite. S'il est modéré
00:49:24 de ce pays, Convocation a
00:49:26 toujours cherché l'intérêt général en
00:49:28 liberté. Ils veulent voir défendre
00:49:30 les territoires et porter une politique qui
00:49:32 réponde aux besoins des gens. Si ceux-là,
00:49:34 ils sont dans une situation de déposer
00:49:36 eux-mêmes une motion de censure,
00:49:38 ça dit quelque chose de l'état du pays
00:49:40 et de la manière dont le gouvernement a
00:49:42 malheureusement, lamentablement, échoué.
00:49:44 - Est-ce que dans le groupe Lyot, les 20 députés
00:49:46 voteront la motion de censure ? - Non, je ne le crois pas,
00:49:48 Jean-Jacques Bourdin, parce que justement, nous sommes
00:49:50 en liberté. Donc je ne suis pas sûr que tous
00:49:52 mes collègues le fassent. Je crois que 15
00:49:54 ou 16 ont signé la motion de censure.
00:49:56 Donc ceux-là, en cohérence, ils la voteront.
00:49:58 Après, il y en a sans doute qui ne le feront pas.
00:50:00 Et moi, je respecte ça. - Qui ? Qui ? Dans votre groupe ?
00:50:02 - Vous verrez, ceux qui n'ont pas signé. - Non, non, mais vous le savez.
00:50:04 - Oui, il y a les anciens UDI qui sont
00:50:06 partagés, je pense, sur le sujet.
00:50:08 Parce qu'on peut l'entendre, mais moi, je ne suis pas là
00:50:10 pour convaincre tel ou tel député de voter.
00:50:12 Je dis simplement qu'au-delà de la motion de censure,
00:50:14 celui qui a les clés, celui en responsabilité,
00:50:16 qui doit prendre les décisions, qui doit
00:50:18 agir, qui doit changer, c'est le Président
00:50:20 de la République. - Alors moi, je voudrais, parce que
00:50:22 il y a une hypocrisie totale. On a souligné
00:50:24 à juste raison l'hypocrisie d'Emmanuel
00:50:26 Macron lui-même, qui a changé d'avis
00:50:28 sur la réforme des retraites. Remarque, on peut changer
00:50:30 d'avis. - Mais Marine Le Pen aussi avait beaucoup changé d'avis.
00:50:32 - Oui, Marine Le Pen a changé d'avis. Tout le monde a changé d'avis.
00:50:34 Mais alors, il y en a un qui a vraiment changé d'avis.
00:50:36 Je regrette qu'il ne soit pas là. C'est
00:50:38 le député Dumont.
00:50:40 Député Dumont, qui est député LR.
00:50:42 Voilà ce qu'il disait le 10 décembre
00:50:44 2019. J'ai vu son tweet.
00:50:46 10 décembre 2019.
00:50:48 Si on veut préserver
00:50:50 le pouvoir d'achat des Français, c'est-à-dire
00:50:52 ne pas augmenter les cotisations,
00:50:54 ni diminuer les pensions,
00:50:56 il faut augmenter l'âge de départ
00:50:58 à la retraite à 64,
00:51:00 puis 65 ans,
00:51:02 car nous vivons
00:51:04 plus longtemps. Voilà ce qu'il a déclaré.
00:51:06 Nous sommes en 2023. 4 ans
00:51:08 après, il va voter la motion de censure,
00:51:10 il va voter contre l'allongement.
00:51:12 Il est député LR. Pourquoi ?
00:51:14 Parce que c'est de la posture politicienne.
00:51:16 Comment voulez-vous ?
00:51:18 Comment voulez-vous ? Vous n'êtes pas d'accord ?
00:51:20 - Pourquoi c'est politicien ? Non, il est élu d'une circonscription
00:51:22 très populaire. Il est élu de Calais.
00:51:24 - Donc il joue sa carte personnelle
00:51:26 et pas l'intérêt général.
00:51:28 - CQF des subres.
00:51:30 - CQF des subres ?
00:51:32 - Non, non, non, pardon.
00:51:34 Si l'intérêt général, c'est cette réforme
00:51:36 malfagotée que vous nous avez donnée,
00:51:38 qui en plus, aujourd'hui, n'est même pas équilibrée
00:51:40 financièrement. Pierre Moscovici, premier
00:51:42 président de la Cour des comptes devant la Commission des Finances, nous dit
00:51:44 qu'à 2023, la réforme coûte 400 millions
00:51:46 d'euros de plus par an au budget des comptes publics.
00:51:48 - Elle a mis 6 milliards de mesures sociales en plus.
00:51:50 - Oui, mais cette réforme, elle est tellement
00:51:52 mal faite. Arrêtez, s'il vous plaît.
00:51:54 L'intérêt général, vous n'en avez pas le monopole.
00:51:56 C'est nous qui décidons de l'intérêt général.
00:51:58 Nous tous qui représentons l'ensemble du peuple
00:52:00 français. Et l'intérêt général, ce n'est pas
00:52:02 de faire travailler plus longtemps ceux qui ont
00:52:04 commencé à travailler le plus tôt et qui exercent
00:52:06 les métiers les plus pénibles.
00:52:08 On n'équilibre pas les comptes sur le dos des gens
00:52:10 qui ont commencé à travailler le plus tôt
00:52:12 et qui exercent les métiers les plus pénibles.
00:52:14 - Là, on est d'accord, mais c'est pas un problème de retraite, c'est un problème de travail.
00:52:16 - Le député Dumont,
00:52:18 - Je ne suis pas membre de son parti.
00:52:20 - Mais pardon, le député Dumont, en 2019,
00:52:22 vous pensez qu'en 2019,
00:52:24 il pensait quoi ?
00:52:26 En 2019, il pensait que la réforme des retraites
00:52:28 était indispensable pour équilibrer les comptes.
00:52:30 En 2023,
00:52:32 il peut changer la vie. - Parce que les comptes, la situation a vraiment
00:52:34 changé avec le
00:52:36 creusement du déficit. - On peut faire
00:52:38 différemment. - Jean-Jacques Bourdin.
00:52:40 - Moi, j'ai une réforme à vous proposer pour équilibrer
00:52:42 les comptes. - Non, mais d'accord.
00:52:44 - Jean-Jacques Bourdin, vous avez
00:52:46 légitimement le droit
00:52:48 de vous émouvoir en disant
00:52:50 que c'est surprenant, mais oui.
00:52:52 En disant, c'est une réforme de droite,
00:52:54 c'est bizarre que la droite ne vote pas.
00:52:56 Il faut dire les choses clairement. La réalité,
00:52:58 c'est qu'aujourd'hui, le gouvernement d'Emmanuel
00:53:00 Macron, qui s'était fait élire en 2017
00:53:02 sur une promesse de politique nouvelle,
00:53:04 où on va chercher les meilleures idées de la droite
00:53:06 et de la gauche, on fait vivre l'intelligence collective.
00:53:08 Aujourd'hui, Emmanuel Macron,
00:53:10 il n'écoute plus que lui-même
00:53:12 et que son camp resserré. Il n'est
00:53:14 plus capable de créer les conditions de dialogue
00:53:16 avec la droite responsable, avec
00:53:18 la gauche responsable. Il n'est pas capable de construire
00:53:20 des coalitions intelligentes et du coup,
00:53:22 il est tenu par les contre-pieds des républicains
00:53:24 qui ne savent plus bien où ils habitent. - Bien, alors ça,
00:53:26 c'est très intéressant ce que vous dites, c'est
00:53:28 vrai, Benjamin St-Ulphe, parce que je vais vous poser
00:53:30 quand même une autre question, c'est
00:53:32 on est dans une crise politique pour une raison
00:53:34 toute simple, c'est qu'Emmanuel Macron n'a pas de majorité
00:53:36 à l'Assemblée nationale et que l'opposition n'a
00:53:38 pas de majorité à l'Assemblée nationale.
00:53:40 Alors, vous, vous pourriez créer
00:53:42 une majorité. Il y a une motion
00:53:44 de censure, vous,
00:53:46 Philippe Brun, il y a une motion de censure
00:53:48 qui est déposée par le Rassemblement national.
00:53:50 Vous la votez ou pas ?
00:53:52 - Vous voulez que les socialistes créent une majorité avec le Rassemblement national ?
00:53:54 - Ah bah donc, il n'y a pas de majorité,
00:53:56 il n'y a pas d'opposition, il n'y a pas de majorité.
00:53:58 - Non, non, non, ce n'est pas ça le sujet, le sujet c'est de censurer
00:54:00 ce gouvernement. Ensuite, il peut exister...
00:54:02 - Alors, pourquoi est-ce que vous ne votez pas la motion
00:54:04 de censure du Rassemblement national ? - Si il doit y avoir,
00:54:06 Jean-Jacques Bourdin, une seule personne qui ne banalise
00:54:08 pas le Rassemblement national, ce sera moi.
00:54:10 Et je serai peut-être le dernier à ne pas voter
00:54:12 les propositions du Rassemblement national et à ne pas
00:54:14 voter la motion de censure du Rassemblement national.
00:54:16 - Donc, impossible. Vous oubliez les 488 voix
00:54:18 du Rassemblement national.
00:54:20 - Mais cela ne change rien, cela ne change rien, cela ne change rien,
00:54:22 au résultat, puisque nous allons tous voter la motion
00:54:24 de censure transpartisane,
00:54:26 et donc cela ne change absolument rien.
00:54:28 - Vous êtes transpartisan pour faire tomber un gouvernement,
00:54:30 mais vous n'êtes pas transpartisan pour construire
00:54:32 une majorité, si j'ai bien compris. - Si, si, je vous le dis,
00:54:34 Jean-Jacques Bourdin, et on peut avoir ce débat aujourd'hui.
00:54:36 Ce matin, je crois qu'en France, nous avons une faible
00:54:38 culture parlementaire et que les institutions
00:54:40 de notre 5ème République,
00:54:42 présidentialistes, ont
00:54:44 de mon point de vue,
00:54:46 apporté
00:54:48 des problèmes
00:54:50 à notre vision du dialogue.
00:54:52 Il faut qu'on ait davantage de dialogue.
00:54:54 Moi, je crois, oui, que nous pourrons réfléchir
00:54:56 à construire des coalitions différentes.
00:54:58 Et c'est au président de la République de construire ces coalitions.
00:55:00 - Je souligne tout cela volontairement,
00:55:02 je suis un peu provocateur, parce que je me mets
00:55:04 toujours, j'adore cela, parce que
00:55:06 je me mets toujours à la place des électrices
00:55:08 et des électeurs qui ne comprennent
00:55:10 pas toujours ces jeux politiciens
00:55:12 et ces jeux parlementaires. Franchement,
00:55:14 Bruno Milienne... - Mais il y en a trop de jeux
00:55:16 politiciens, on le sait bien, c'est ce qui nous tue,
00:55:18 c'est pour cela que je me suis engagé aussi. Mais quand vous voyez
00:55:20 le paradoxe qu'il y a dans cette Assemblée où d'un côté,
00:55:22 effectivement, et je suis le premier à les combattre,
00:55:24 on ne votera jamais rien avec
00:55:26 le Rassemblement National. En revanche,
00:55:28 on s'allie avec la France Insoumise qui
00:55:30 bordélise l'Assemblée Nationale depuis 2017.
00:55:32 Et qui ne fait qu'une chose, c'est mettre le
00:55:34 chaos dans la rue. - On s'allie comme les socialistes pour être élus, souvent.
00:55:36 - Moi, je me souviens, quand même,
00:55:38 encore, pendant
00:55:40 les Gilets Jaunes, de défiler
00:55:42 dans la rue avec des députés LFI,
00:55:44 avec la tête d'Emmanuel Macron sur une pique.
00:55:46 Et c'est avec cela qu'on s'allie
00:55:48 pour 2022. Moi, j'ai un petit souci
00:55:50 là-dessus. Le jour où tout le monde laisse
00:55:52 tomber les extrêmes, moi je travaille avec tout le monde, il n'y a aucun problème.
00:55:54 - Ah, très intéressant. Alors, on y va. - Alors, allez-y.
00:55:56 - Bon, disons les choses clairement. Moi, je fais partie de ceux
00:55:58 qui rejettent le
00:56:00 Rassemblement National avec fermeté et qui
00:56:02 considèrent que la gauche radicale n'a aucune
00:56:04 chance de diriger ce pays et qu'en plus,
00:56:06 elle participe parfois à le rendre encore
00:56:08 plus illisible. Quand on a dit ça, en fait,
00:56:10 il y a un point commun entre les gens qui sont là autour de la table aujourd'hui.
00:56:12 - C'est pour ça que vous êtes là. - Nous avons
00:56:14 tous, je crois, voté
00:56:16 pour Emmanuel Macron au deuxième
00:56:18 tour de l'élection présidentielle. - C'est vrai. - Ça veut dire quoi ?
00:56:20 Que nous sommes représentatifs ? - Pour le premier aussi.
00:56:22 - Représentatifs de notre société.
00:56:24 Un électeur sur deux qui a voté
00:56:26 Emmanuel Macron au deuxième tour, l'a
00:56:28 fait pour éviter l'arrivée au pouvoir
00:56:30 de l'extrême droite. Donc, ne nous demandez pas
00:56:32 de voter avec l'extrême droite, ça n'a
00:56:34 aucun sens. Et cette motion de censure,
00:56:36 c'est de la communication politique. Vous tombez
00:56:38 dedans à pieds joints parce que vous savez
00:56:40 bien que le Rassemblement National ne fera jamais passer
00:56:42 cette motion de censure. La seule qui puisse passer,
00:56:44 c'est la motion transpartisane que Lyott a déposée.
00:56:46 Mais pour dire les choses clairement, la réalité
00:56:48 c'est que le gouvernement doit tomber
00:56:50 parce qu'il est carbonisé. Il a
00:56:52 choisi un 49-3 en force alors
00:56:54 qu'il est minoritaire et dans la rue et au
00:56:56 Parlement. Le président de la République doit acter
00:56:58 qu'il s'est trompé. Macron
00:57:00 2 doit tuer Macron 1
00:57:02 et il doit dire "enfin, j'ai compris,
00:57:04 je n'ai plus les pleins pouvoirs, je ne suis
00:57:06 plus en majorité absolue, je dois travailler
00:57:08 différemment". Et alors là, vous nous refargez de coalition
00:57:10 à l'allemande d'intelligence collective
00:57:12 mais c'est à lui de l'organiser. - Mais je rajouterai
00:57:14 une chose, Jean-Jacques, si vous permettez. Il faut absolument
00:57:16 du coup que nous députés
00:57:18 - là c'est de nous que je parle -
00:57:20 nous députés, nous nous mettions
00:57:22 en dehors des postures, dans la possibilité
00:57:24 de travailler ensemble. Ce qui n'est pas toujours
00:57:26 le cas. - Bah ça j'imagine.
00:57:28 On va parler de cela parce que ça m'intéresse beaucoup
00:57:30 parce que construire des compromis
00:57:32 il n'y a pas de culture de compromis, on le disait
00:57:34 en France malheureusement. Mais comment faire ?
00:57:36 Il faudrait que vous, députés
00:57:38 socialistes, vous vous libériez de la France insoumise
00:57:40 - On est tout à fait libre, Jean-Jacques Bourdin.
00:57:42 On a une totale liberté
00:57:44 de vote. - Comprenez ce que je veux dire "vous libérez"
00:57:46 c'est-à-dire ne plus... - Bah oui
00:57:48 - Vous libérez. - Oui, nous sommes
00:57:50 totalement libérés. - Sortir de la lupesse.
00:57:52 - Mais ça c'est le rêve. - Redevenir
00:57:54 le parti socialiste. - C'est le rêve
00:57:56 de la Macronie. C'est que nous
00:57:58 soyons divisés pour qu'ils puissent gagner toutes les élections.
00:58:00 - Non, non, c'est pas le rêve de la Macronie.
00:58:02 - Je vais vous dire quelque chose. - Je vais vous dire, on n'est pas prêts
00:58:04 de construire une culture de compromis.
00:58:06 - Non, non, mais je vais dire quelque chose. - Soyons optimistes.
00:58:08 - Aujourd'hui, les partis socialistes votent de manière totalement
00:58:10 autonome à l'Assemblée Nationale. Nous avons
00:58:12 par exemple voté... - Et vous Européennes, vous ferez quoi ?
00:58:14 - On verra très bien. Pour l'instant, on est très très loin
00:58:16 d'une liste que ferait, avec qui que ce soit d'autre. - Vous ferez quoi ?
00:58:18 - C'est en discussion aujourd'hui. - Vous êtes en partant d'une liste commune ou d'une liste indépendante ?
00:58:20 - Je pense qu'il faut une liste commune de la gauche.
00:58:22 - Ah bah voilà. - Mais quel rapport ?
00:58:24 - La culture du compromis est déjà morte.
00:58:26 - Bah pourquoi ? On peut faire des compromis avec tout le monde.
00:58:28 - On pourrait faire des compromis avec la gauche.
00:58:30 - Tout à fait. - Mais pas cette gauche-là. Cette gauche radicale-là.
00:58:32 Cette porte sur le pélanchon. - Vous la caricaturez
00:58:34 en permanence. - Pas du tout.
00:58:36 - Vous parlez de la bordélisation
00:58:38 à l'Assemblée, M. Millième, d'accord ?
00:58:40 Moi, je peux vous dire qu'y compris vous, vous bordélisez souvent.
00:58:42 - Moi j'ai des réflexions assez frappées au point du bon sens.
00:58:44 - Les caricatures de la France insoumise.
00:58:46 - C'est vrai que l'élève Millième est un peu perturbateur par moment.
00:58:48 - Bon, et donc moi je veux dire, les députés
00:58:50 macronistes sont les premiers à bordéliser, les premiers
00:58:52 à insulter, les premiers à faire des tweets
00:58:54 contre les députés les uns et les autres, à insulter les grands-parents
00:58:56 des uns et des autres. - Arrêtez, vous n'avez pas le droit de dire.
00:58:58 - Moi je ne suis pas LFI, d'accord ?
00:59:00 - Non mais d'accord ! - Vous voyez ? D'accord.
00:59:02 - Mais voilà, ça fait dix fois que vous vous en défendez.
00:59:04 - M. Brun, si vous voulez.
00:59:06 - Donc aujourd'hui ce qu'il faut, c'est de ne pas se payer de mots.
00:59:08 - Oui, M. Brun. - Ce qu'il faut, c'est travailler dans l'intérêt du pays.
00:59:10 - C'est certain contre vous en plus. - D'avoir un Parlement
00:59:12 qui parlemente, un gouvernement qui soit
00:59:14 responsable devant le Parlement.
00:59:16 Ce qui se joue aujourd'hui, c'est de faire tomber
00:59:18 ce gouvernement, et au Président de la République
00:59:20 de construire un gouvernement d'union nationale.
00:59:22 - M. Brun, si je peux. - Et nous sommes prêts à discuter des émeutes.
00:59:24 - Je précise que ce n'est pas le cas
00:59:26 des socialistes. Je vous mets en dehors
00:59:28 de tout ça. Qui
00:59:30 réclame la démocratie au Parlement
00:59:32 et pose systématiquement
00:59:34 des motions de rejet ?
00:59:36 - C'est démocratique, M. Projet ?
00:59:38 - Non, quand vous mettez une motion de rejet, c'est que vous n'avez pas envie de débattre.
00:59:40 Qui a dans son programme
00:59:42 le droit révocatoire
00:59:44 et quand un de ses députés a un problème,
00:59:46 ne le pratique pas ?
00:59:48 Qui nomme ses dirigeants au lieu de les élire ?
00:59:50 Excusez-moi, il y a un moment
00:59:52 quand vous parlez de démocratie,
00:59:54 toutes les 30 secondes... - Vous parlez de La République En Marche ?
00:59:56 - Non, je parle de la France Insoumise. Vous vous l'appliquez à vous-même.
00:59:58 - Qui a élu le Président de Renaissance ?
01:00:00 - Adrien Quatennens, c'est mon avis.
01:00:02 - Je ne sais pas le sujet, messieurs.
01:00:04 - Soyez en accord avec ce que vous prenez.
01:00:06 Et la France Insoumise
01:00:08 n'est pas en accord avec ce qu'elle prône.
01:00:10 - Alors, il est 11h46, à tout de suite.
01:00:12 - Jean-Jacques Bourdin. - C'est passionnant,
01:00:14 ce débat politique. C'est passionnant parce que
01:00:16 on essaie de faire avancer les choses,
01:00:18 au moins. C'est bien beau
01:00:20 de déposer des motions de censure,
01:00:22 on la vote, on la vote pas, mais après.
01:00:24 Mais moi, je voudrais faire avancer les choses
01:00:26 et Bruno Milien nous avait une idée.
01:00:28 Tiens. - Lancez, lancez !
01:00:30 - Allez-y, allez-y, allez-y !
01:00:32 Adressez-vous au Président de la République.
01:00:34 - On va déjà essayer de partager
01:00:36 un constat.
01:00:38 La géographie de l'Assemblée Nationale aujourd'hui,
01:00:40 c'est bien un signal que nous ont envoyé
01:00:42 les citoyens, non pas de nous affronter,
01:00:44 mais de travailler ensemble. - Mais oui !
01:00:46 - On est bien d'accord. - C'est ce que demandent les Français.
01:00:48 - Si tout le monde est d'accord sur ce constat-là,
01:00:50 je ne suis pas Président de la République, et il vaut mieux pour les Français,
01:00:52 mais moi, je serai le Président de la République,
01:00:54 je dirais "OK, j'ai entendu,
01:00:56 je vous donne trois semaines aux Républicains,
01:00:58 Républicains et Démocrates,
01:01:00 je mets les extrêmes en dehors,
01:01:02 pour constituer un gouvernement autour d'un projet commun,
01:01:04 et de me proposer un Premier Ministre.
01:01:06 - Voilà. C'est-à-dire que vous vous mettez...
01:01:08 - Mais c'est Bruno Milienne tout seul qui parle,
01:01:10 c'est pas le modèle ? - Alors attendez, Bruno Milienne
01:01:12 tout seul, il y a raison. - Il faut qu'il parle au Président, Bruno Milienne.
01:01:14 - Donc, vous excluez
01:01:16 la France Insoumise et le Rassemblement National.
01:01:18 - Pour moi, je mets les deux dos à dos,
01:01:20 j'ai toujours fait... - Vous mettez les deux, vous les sortez,
01:01:22 et vous dites à tout le monde, à tous les autres,
01:01:24 "Venez autour d'une table, trois semaines,
01:01:26 trois semaines, je suis Président de la République,
01:01:28 mettez-vous autour d'une table pendant trois semaines,
01:01:30 réfléchissez à un programme,
01:01:32 et proposez-moi le nom d'un Premier Ministre."
01:01:34 Vous adhérez ou pas ?
01:01:36 Tiens, on fait un tour de table,
01:01:38 Philippe Brun, vous êtes député socialiste.
01:01:40 - Moi, l'idée d'un gouvernement du Nouveau National,
01:01:42 je ne la rejette pas. Je crois d'ailleurs qu'elle est...
01:01:44 elle correspond à ce que les gens attendent aujourd'hui.
01:01:46 Mais ce Nouveau National, elle doit se faire en respectant
01:01:48 chacun des identités politiques de chacun...
01:01:50 - C'est ma part. - Non, je vous le dis.
01:01:52 Non, non, je vous le dis. Et il faut savoir de quoi on parle.
01:01:54 Si c'est pour faire le programme d'Emmanuel Macron,
01:01:56 la réponse est non. C'est pour faire un autre programme.
01:01:58 - C'est pas une vision. - Non mais, donc oui, je vous réponds,
01:02:00 Jean-Jacques Bourdin, je pense que si on...
01:02:02 - Et on est à l'écart, elle est fuie, elle est reine.
01:02:04 - C'est pas ça la question. Pour moi, la question, c'est
01:02:06 qu'est-ce qu'on défend ? Si on... Un gouvernement du Nouveau National
01:02:08 qui fait... - Donc c'est mal barré, c'est déjà mort.
01:02:10 - Non, non, un gouvernement du Nouveau National qui dise
01:02:12 "Nous, nous nous défendrons, la hausse du SMIC,
01:02:14 le droit au départ à la retraite à 62 ans,
01:02:16 le blocage des prix,
01:02:18 le blocage des prix,
01:02:20 la question également des services publics
01:02:22 en milieu rural. - La loi Thoren, la loi socialiste.
01:02:24 - 62 ans pour ceux qui ont commencé à travailler,
01:02:26 qui ont leurs annuités. Bref.
01:02:28 Défendre ces sujets-là, moi je crois que cela a
01:02:30 un intérêt. On pourrait, évidemment,
01:02:32 on pourrait effectivement réfléchir à cela.
01:02:34 Mais on n'en est pas là aujourd'hui.
01:02:36 On est dans une présence jupitérienne
01:02:38 qui refuse de... - C'est mort.
01:02:40 - Le compromis est possible. Mais encore, il faut qu'on soit
01:02:42 plusieurs à le vouloir. - Ça serait un groupe politique, imaginons.
01:02:44 - Le plus humilien le demande.
01:02:46 - C'est pareil pour le président de la République. Un groupe politique.
01:02:48 Je pense que dans la majorité,
01:02:50 beaucoup n'accepteraient pas cela aussi.
01:02:52 - Mais enfin, moi, j'ai pas trop
01:02:54 de problèmes à proposer cette solution.
01:02:56 C'est dans l'ADN du modem.
01:02:58 - Qu'est-ce que vous en pensez ? Ce serait une bonne solution,
01:03:00 Benjamin Saint-Hugues ? - Moi, je trouve que
01:03:02 aujourd'hui, tous ceux qui réfléchissent
01:03:04 à sortir de cette crise démocratique
01:03:06 parlementaire, ils vont
01:03:08 dans le bon sens. Mais cette politique-fiction,
01:03:10 elle trouve sa limite intellectuelle à ce stade.
01:03:12 A savoir si le président de la République
01:03:14 est capable de faire
01:03:16 acte de contrition, capable de
01:03:18 comprendre que son programme
01:03:20 électoral n'est pas majoritaire
01:03:22 dans ce pays, qu'il faut donc le mettre
01:03:24 de côté et créer les conditions
01:03:26 pour définir ensemble les priorités.
01:03:28 Moi, je considère que les priorités, c'est
01:03:30 le travail, c'est
01:03:32 l'hôpital public, c'est l'éducation nationale,
01:03:34 ce sont les territoires.
01:03:36 Donc, si le président de la République
01:03:38 nous dit "Venez travailler avec nous
01:03:40 pour faire ce que j'ai rêvé de faire",
01:03:42 ça sera évidemment "non" puisqu'ils se
01:03:44 sont trompés. Si maintenant,
01:03:46 on change du président de la République,
01:03:48 non pas de personne, mais de méthode
01:03:50 et qu'il change son logiciel,
01:03:52 alors j'imagine que les intelligences qui veulent
01:03:54 voir la France réussir et le pays apaiser
01:03:56 auront envie... - Vous y croyez, franchement ?
01:03:58 - Je parle pas de la
01:04:00 décision,
01:04:02 de la volonté d'Emmanuel Macron,
01:04:04 mais si il propose ça, vous croyez
01:04:06 vraiment que ça peut créer...
01:04:08 - Non mais Jean-Jacques Bourdin, il y a quand même...
01:04:10 - Moi je vois la situation
01:04:12 politique tellement bloquée... - Si on peut,
01:04:14 avec un tout petit peu de lucidité, on a
01:04:16 des lois qui arrivent...
01:04:18 On va passer l'épisode de la
01:04:20 réforme des retraites, on a une loi très importante
01:04:22 qui arrive, c'est sur la loi travail. Là, il y a
01:04:24 vraiment des choses à faire, et il y a vraiment
01:04:26 des choses à faire en commun,
01:04:28 tous ensemble.
01:04:30 Parce que le rapport au travail, la façon
01:04:32 dont on aborde le travail aujourd'hui, est différente.
01:04:34 Moi, je trouve insupportable aujourd'hui,
01:04:36 je pense que ce n'est pas constitutionnel,
01:04:38 mais qu'on en soit encore à se poser la question
01:04:40 de l'égalité des salaires hommes-femmes,
01:04:42 ça devrait être réglé depuis plus longtemps.
01:04:44 Ça devrait être imposé.
01:04:46 Les carrières longues, ça devrait
01:04:48 être réglé depuis longtemps. Les seniors,
01:04:50 on a fait beaucoup de choses pour la formation,
01:04:52 pour l'apprentissage, on en a pratiquement un million,
01:04:54 on ne s'est toujours pas occupé,
01:04:56 de l'assignation à métier
01:04:58 que vivent certains de nos concitoyens.
01:05:00 On ne construit pas les passerelles. Tout ça,
01:05:02 c'est des combats qu'on peut avoir en commun.
01:05:04 - Oui. - Oui. - Parce que, Benjamin St-Huynh,
01:05:06 il nous reste une minute.
01:05:08 - Il y a des choses intéressantes, mais il faut dire
01:05:10 aujourd'hui que le gouvernement, il se trompe dans la méthode.
01:05:12 Je vais prendre un exemple. On parle des retraites,
01:05:14 entêtement, surdité.
01:05:16 Je prends un autre exemple. On va voter
01:05:18 demain soir le nucléaire.
01:05:20 Le nucléaire, à l'exception des verts
01:05:22 et des insoumis qui étaient opposés par
01:05:24 principe, j'allais dire, toutes celles et ceux
01:05:26 qui sont dans l'hémicycle étaient plutôt intéressés.
01:05:28 Le gouvernement, par voie d'amendement, entre le
01:05:30 Sénat et l'Assemblée nationale, il a ajouté
01:05:32 la fusion des éléments de sûreté.
01:05:34 Un bordel absolu. Tout le monde
01:05:36 était opposé. La concertation n'a
01:05:38 pas eu lieu. Donc ça veut dire que c'est bien
01:05:40 la méthode qui pose problème. - Oui, mais ça je le reconnais.
01:05:42 - Même les collègues de Boulumier. - Même moi,
01:05:44 j'ai posé un amendement pour essayer de
01:05:46 sauver le truc et redonner la main aux
01:05:48 parlementaires. - C'est le bazar.
01:05:50 - C'est le bazar. - Oui. - Vite, la 6ème
01:05:52 République. - Mais je n'ai...
01:05:54 Donc, si j'ai bien compris aujourd'hui,
01:05:56 il n'y a pas de majorité dans l'opposition.
01:05:58 - Sans que vous respecterez pas le droit évocatoire pour votre groupe.
01:06:00 - Il n'y en a pas. - La clé, c'est Emmanuel Macron.
01:06:02 La clé aujourd'hui, c'est de construire
01:06:04 un compromis nouveau sur des bases
01:06:06 nouvelles qui ne sont pas des bases
01:06:08 ultra-libérales et antisociales
01:06:10 que sont celles qui sont proposées par le
01:06:12 président de la République aujourd'hui. - Bon !
01:06:14 Eh bien, écoutez, on n'est pas au bout de nos peines,
01:06:16 les Français. Il est quelle
01:06:18 heure ? Il est 11h55. Merci à vous.
01:06:20 - Merci Jean-Joyc Boulon. - C'était très, très
01:06:22 intéressant. Vraiment, franchement,
01:06:24 très intéressant parce que ça nous permet de,
01:06:26 au-delà des postures des uns et des autres,
01:06:28 et au-delà de cette volonté sans arrêt
01:06:30 de créer le clash, essayons
01:06:32 quand même de réfléchir pour faire avancer les choses.
01:06:34 Il est 11h55. - Jean-Jacques
01:06:36 Bourdin. - Il est 12h05. Je reçois
01:06:38 le colonel Pierre de Jong, ancien chef
01:06:40 de corps du 3e RIMA,
01:06:42 régiment d'infanterie de marine, aide de camp
01:06:44 de deux présidents de la République, François Mitterrand et Jacques Chirac.
01:06:46 - Exactement, c'est un miracle. - Eh oui.
01:06:48 Fondateur de l'Institut Temis, bonjour.
01:06:50 - Bonjour. - Merci d'être avec nous. Vous publiez
01:06:52 "Agir entre les lignes".
01:06:54 Mareuil Editions nous en parlait
01:06:56 de ces sociétés militaires privées
01:06:58 qui finalement, peut-être,
01:07:00 peut-être, permettent
01:07:02 aux États de faire la guerre par personnes interposées.
01:07:04 Nous allons en parler, mais c'est très
01:07:06 très intéressant. Évidemment, Blackwater,
01:07:08 Wagner et autres
01:07:10 sociétés privées, mais
01:07:12 mais, ça tombe bien,
01:07:14 aujourd'hui, enfin ça tombe bien, il y a 20 ans,
01:07:16 oui, aujourd'hui, il y a 20 ans,
01:07:18 2003, c'était
01:07:20 la guerre en Irak. Le début
01:07:22 de la guerre en Irak,
01:07:24 une guerre en Irak, 2003,
01:07:26 vous étiez à l'Élysée en 2003.
01:07:28 - Pas du tout, en fait, j'étais,
01:07:30 j'avais quitté l'armée déjà, et j'étais
01:07:32 dans une société, et j'ai suivi ça de très très
01:07:34 près. J'avais un petit
01:07:36 contrat que font Sinterre, et j'ai fait
01:07:38 le 7-9 de Paoli pendant
01:07:40 un mois et demi, et j'ai suivi cette guerre
01:07:42 millimètre par millimètre. - Millimètre par millimètre,
01:07:44 père de Jung. Alors, Irak
01:07:46 2003, 4500
01:07:48 soldats américains morts,
01:07:50 200 000 civils irakiens morts,
01:07:52 pour une guerre qui finalement
01:07:54 n'a servi, on ne sait pas trop,
01:07:56 une guerre qui, dont personne
01:07:58 n'est sorti gagnant. - On a passé une guerre
01:08:00 préventive. En fait, les américains
01:08:02 ont projeté sur l'Irak une espèce
01:08:04 de fantasme, d'une menace, et en fait
01:08:06 c'était une destruction.
01:08:08 Et malheureusement,
01:08:10 avec l'Afghanistan et l'Irak, ça a créé un énorme problème
01:08:12 parce qu'ils sont restés en Irak presque 10 ans,
01:08:14 et ils ont laissé derrière eux
01:08:16 une espèce de pays complètement
01:08:18 déstructuré, complètement détruit. - Oui,
01:08:20 oui, enfin, totalement détruit.
01:08:22 C'est un régime, le régime irakien
01:08:24 qui n'est ni pluraliste, ni répressif.
01:08:26 C'est un...
01:08:28 qui est tenu par des islamistes chiites
01:08:30 mais sans qu'ils soient trop islamistes.
01:08:32 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a
01:08:34 une...
01:08:36 C'est un pays où les influences sont nombreuses.
01:08:38 L'Iran, la Turquie, l'Arabie Saoudite,
01:08:40 il y a plusieurs influences, conflits de
01:08:42 toutes les influences. L'Irak,
01:08:44 aujourd'hui, il y a beaucoup de personnes qui souffrent,
01:08:46 alors que l'Irak est producteur de pétrole,
01:08:48 évidemment. Bon, les américains
01:08:50 sont partis sans rien
01:08:52 finalement laisser derrière eux. - Ils devaient théoriquement
01:08:54 ramener la démocratie, évidemment, elle n'est pas là,
01:08:56 parce qu'au-delà des sunnites qu'il y a dans le Nord,
01:08:58 vous avez les chiites qu'ils ont dans le Sud, à Bassoura.
01:09:00 Donc le pays est profondément
01:09:02 divisé, avec deux,
01:09:04 comment dire, deux pressions majeures, l'une du Sud de l'Iran
01:09:06 et l'autre du Nord, par la Syrie,
01:09:08 par tous les pays sunnites.
01:09:10 Donc encore une fois, le pays est fortement
01:09:12 déstabilisé et malheureusement, si vous voulez,
01:09:14 la fin de Saddam Hussein,
01:09:16 aujourd'hui, est encore, si vous voulez, est restée
01:09:18 ou même, on va dire, même presque
01:09:20 sans l'assassinat, quelque part, et c'est resté
01:09:22 quand même une marque indélébile sur la politique américaine
01:09:24 au Moyen-Orient. - Alors, colonel De Jong,
01:09:26 justement, aucun compte à rendre ?
01:09:28 Les Etats-Unis n'ont rendu aucun
01:09:30 compte de leur intervention en Irak
01:09:32 et le droit international
01:09:34 a été bafoué ?
01:09:36 Je vous pose la question ? - Alors, c'est l'avantage des
01:09:38 mondes unipolaires, que du bipolaire
01:09:40 en 1990, vous passez au monde unipolaire, vous êtes le
01:09:42 roi du monde, donc évidemment, qui peut vous embêter ?
01:09:44 Pire que ça, rappelez-vous aux Nations Unies,
01:09:46 qui ont essayé de démontrer que, avec la petite
01:09:48 captule d'Antraque, ils ont essayé de démontrer que
01:09:50 il y avait une espèce de danger
01:09:52 majeur provenant d'Irak.
01:09:54 Et bien, évidemment, on peut faire tout ce qu'on veut, quand vous êtes le maître du monde,
01:09:56 vous faites ce que vous voulez. Ça a changé.
01:09:58 - Ça a changé, aujourd'hui, c'est multipolaire.
01:10:00 - Exactement, depuis le 24 février, vous avez
01:10:02 un vrai retournement,
01:10:04 et là, on assiste à une espèce d'émergence des pays...
01:10:06 - Mais même avant le 24 février 2022,
01:10:08 même avant, avec la montée en puissance de la
01:10:10 Chine, avec un monde
01:10:12 multipolaire, même avant.
01:10:14 - Oui, mais en même temps, vous savez, les Européens,
01:10:16 on aime bien les dates, on aime bien les moments.
01:10:18 Et c'est vrai que ce moment est fait qu'aujourd'hui,
01:10:20 le problème, c'est que la Russie, elle est plus européenne,
01:10:22 réellement, et c'est le cœur du problème.
01:10:24 Et en faisant ce choix chinois, puisque
01:10:26 Xi Jinping, aujourd'hui, est à Moscou,
01:10:28 vous avez une espèce de stratégie, si vous voulez,
01:10:30 presque anti-occidentale, qui va se mettre
01:10:32 en place, parce que c'est ça, la force de Poutine,
01:10:34 au-delà de l'échec, bien évidemment, de l'invasion
01:10:36 de l'Irak, c'est le fait qu'il a réussi, en fait,
01:10:38 quelque part, à fédérer
01:10:40 l'ensemble des pays du Sud contre l'Occident.
01:10:42 - Non, et puis, plus largement,
01:10:44 oui, plus largement,
01:10:46 ce qu'on peut dire aussi,
01:10:48 c'est que toutes ces tentatives,
01:10:50 parce que la Russie aussi a essayé
01:10:52 de maîtriser l'Afghanistan
01:10:56 de la même manière, et a échoué
01:10:58 aussi l'Union soviétique.
01:11:00 Toutes ces pays, ces grandes puissances
01:11:02 qui ont essayé de s'imposer
01:11:04 sur des territoires
01:11:06 lointains ou proches
01:11:08 ou tous les territoires
01:11:10 qui souhaitaient leur indépendance,
01:11:12 ces grandes puissances n'ont jamais réussi.
01:11:14 - Les guerres injustes finissent toujours mal,
01:11:16 quoi qu'il en soit.
01:11:18 - Ce qui risque d'arriver, d'ailleurs, en Ukraine.
01:11:20 - Ah, ça me parait assez
01:11:22 mal parti, comment dire ?
01:11:24 - Oui. - Indéniablement,
01:11:26 le prix va être énorme.
01:11:28 - Les dégâts seront énormes,
01:11:30 la guerre va durer, les dégâts seront énormes.
01:11:32 - D'autant que la Russie a quand même 7000 ogives
01:11:34 nucléaires, et donc on s'amuse
01:11:36 pas trop avec quelqu'un qui a 7000 têtes,
01:11:38 même si aujourd'hui, il semble être sur le rail
01:11:40 qui l'amènerait directement au TPI,
01:11:42 mais c'est pas demain la veille qu'il va y aller, ça c'est certain.
01:11:44 - Bien, il est 12h10, allez, nous allons
01:11:46 observer une petite pause
01:11:48 et nous parlons des sociétés militaires privées,
01:11:50 l'objet de votre livre.
01:11:52 Pierre de Jonghe, 12h10.
01:11:54 - Jean-Jacques Bourdin. - Bien, Pierre de Jonghe,
01:11:56 il est 12h14, alors,
01:11:58 ces sociétés, alors, on parlait de la guerre en Irak,
01:12:00 on a découvert
01:12:02 beaucoup, le grand public, pas vous,
01:12:04 mais le grand public a découvert Blackwater
01:12:06 à l'occasion de la guerre en Irak, rappelez-nous
01:12:08 ce qu'était Blackwater. - Ah, bien, les chiffres sont énormes,
01:12:10 Blackwater, c'est une société qui a été créée
01:12:12 sur le concept suivant, c'est-à-dire qu'en fait,
01:12:14 après 90, il y a eu une chute des budgets
01:12:16 de la défense dans le monde entier, baisse des armées,
01:12:18 baisse des activités, etc., etc.,
01:12:20 donc il a fallu compenser, et donc le soldat
01:12:22 devenait cher et devenait rare.
01:12:24 Donc en fait, à l'époque, c'était Dick Cheney,
01:12:26 qui était à l'époque le ministre de la défense, qui a dit
01:12:28 "faisons des économies, le soldat va être
01:12:30 consacré à la guerre, exclusivement à la guerre."
01:12:32 Et tout l'environnement va être pris en compte par des sociétés
01:12:34 militaires privées, et Blackwater est arrivé
01:12:36 dans le dispositif.
01:12:38 Eric Prince étant un homme d'affaires,
01:12:40 un ancien officier des SILS, mais surtout
01:12:42 un homme d'affaires, par sa famille,
01:12:44 globalement assez riche, il a investi,
01:12:46 il a créé une très grosse société, mais à l'époque, il faut savoir qu'il y avait
01:12:48 en gros un contracteur,
01:12:50 comme on dit, pour un soldat américain.
01:12:52 - Oui, pour un soldat, mais ah oui, c'est énorme.
01:12:54 - Le ratio est absolument énorme. - C'est énorme.
01:12:56 - En Irak, par exemple, que vous citiez à la seconde,
01:12:58 c'était un contracteur pour 100 soldats.
01:13:00 - Ah oui, oui.
01:13:02 Alors, il y a Blackwater côté américain,
01:13:04 il y a Wagner,
01:13:06 pas tout à fait pareil, Wagner,
01:13:08 c'est vraiment un engagement très
01:13:10 militaire, Wagner. - Wagner, c'est une
01:13:12 excroissance, en fait. - C'est une excroissance, oui.
01:13:14 - On est quasiment en 1921, avec la création
01:13:16 des sections d'assaut du parti
01:13:18 nazi. C'est un outil
01:13:20 militaire agressif,
01:13:22 au profit du pouvoir. Et ça, c'est vraiment
01:13:24 un objet
01:13:26 volant non identifié, quelque part.
01:13:28 Ils répondent à aucune norme, alors que le Blackwater
01:13:30 répondait à des normes américaines extrêmement
01:13:32 strictes. Alors, il y a eu des bavures, mais autant
01:13:34 que l'armée américaine
01:13:36 en a eu en Irak.
01:13:38 C'est le problème du conflit, c'est le problème
01:13:40 du stress des soldats, c'est le problème de la guerre.
01:13:42 Donc, encore une fois, Blackwater, il y a eu assez
01:13:44 peu de dérives, alors que
01:13:46 Wagner a dépassé totalement les limites.
01:13:48 On est dans un autre monde. - On est dans un autre
01:13:50 monde. Et Wagner, qui est influent
01:13:52 en Afrique, maintenant, vraiment ?
01:13:54 - Ah non, non, non.
01:13:56 C'est un truc extrêmement sérieux. Pourquoi ?
01:13:58 Parce qu'en fait, Wagner n'est que la tête
01:14:00 de gondole de la politique
01:14:02 étrangère russe. Et très concrètement,
01:14:04 Wagner, c'est le troisième pied d'un
01:14:06 triptyque qui est fondé, un, sur la sécurité,
01:14:08 c'est Wagner, ça c'est la partie visible, etc.
01:14:10 Sachant que Wagner n'a aucun bureau dans le
01:14:12 monde entier. Donc, non contactable,
01:14:14 non touchable, non vérifiable.
01:14:16 Deuxième truc, c'est tout ce qui concerne la guerre de l'information,
01:14:18 avec une structuration, avec des usines
01:14:20 à trolls, etc., qui fonctionnent très bien, puisque c'est eux
01:14:22 qui ont, entre autres, qui en 2016 ont
01:14:24 déstabilisé, comment dire,
01:14:26 l'élection américaine. Et puis le troisième,
01:14:28 qui est extrêmement puissant, c'est une myriade, je dis bien
01:14:30 une myriade de sociétés, extrêmement
01:14:32 techniques, dédiées à une activité,
01:14:34 encore une fois, d'accès, si vous voulez, à la ressource
01:14:36 naturelle ou aux matières premières, etc.
01:14:38 L'or, le pétrole, etc., etc.
01:14:40 Et ça, c'est du business normal,
01:14:42 entre guillemets. Ces sociétés sont russes,
01:14:44 détenues en partie par
01:14:46 Prigogine, ils négocient des contrats avec les Etats,
01:14:48 et bien sûr, ces flux financiers remontent
01:14:50 sur Wagner, qui remonte, enfin, sur
01:14:52 Concorde, parce que la holding s'appelle Concorde,
01:14:54 Concorde Management, qui est à Saint-Pétersbourg.
01:14:56 Donc vous avez une holding qui est haut placée, avec
01:14:58 toute une série de filiales en bas. Donc Wagner n'est qu'une
01:15:00 des filiales du système. - Voilà, du système.
01:15:02 Alors, évidemment,
01:15:04 cet
01:15:06 engagement
01:15:08 de Wagner crée
01:15:10 quelques tensions au sein du pouvoir russe,
01:15:12 on les a remarquées, évidemment,
01:15:14 notamment avec l'armée
01:15:16 traditionnelle russe, qui n'aime
01:15:18 pas trop. Est-ce que les armes, parce qu'il y a
01:15:20 d'autres... Bon, on a
01:15:22 parlé de Blackwater, Wagner, c'est pas tout à fait pareil,
01:15:24 mais est-ce que d'autres Etats possèdent
01:15:26 comme ça des sociétés paramilitaires privées ?
01:15:28 - Oui, le Turc, ils ont une boîte qui s'appelle Sadat,
01:15:30 par exemple, qui est une boîte qui est très influente,
01:15:32 qui a fait la guerre en Libye dans les années
01:15:34 2016-2017, et qui a participé
01:15:36 à ces combats, mais du côté
01:15:38 des forces de, comment dire,
01:15:40 de Tripoli, contre
01:15:42 Haftar, ça c'est un point, mais on les voit aujourd'hui en Afrique.
01:15:44 Même concept que
01:15:46 Wagner, ils sont derrière
01:15:48 les ventes d'armes. Alors, ils sont beaucoup plus
01:15:50 discrets, et ils font de la relation
01:15:52 avec les Etats sur l'islam, et sur le
01:15:54 fait qu'étant musulmans, il est normal
01:15:56 qu'on les fasse travailler. Les Chinois, avec
01:15:58 une boîte qui s'appelle Frontier Service Group,
01:16:00 qui a été créée d'ailleurs à l'origine, il y a 5 ans,
01:16:02 par Prince, qui était d'ailleurs à l'origine
01:16:04 le créateur de Blackwater,
01:16:06 les affaires n'ont pas de frontières,
01:16:08 il n'y a pas de frontières, il n'y a pas de problème.
01:16:10 Donc les Chinois sont extrêmement présents, et vous avez vu d'ailleurs
01:16:12 qu'il y a eu un assassinat de 5 ou 8
01:16:14 Chinois il y a quelques jours au nord
01:16:16 Mali, et vous allez voir que les sociétés militaires privées
01:16:18 chinoises vont arriver au Mali extrêmement rapidement.
01:16:20 Donc aujourd'hui, s'il me l'est, quelque part,
01:16:22 ces sociétés ont deux missions.
01:16:24 La première, ce sont des missions de sécurité au profit des entreprises,
01:16:26 protection des Chinois, etc.,
01:16:28 dans les mines, etc. Et le deuxième volet,
01:16:30 c'est un volet d'action
01:16:32 complémentaire ou d'action périphérique
01:16:34 au profit des armées.
01:16:36 - Il y en a d'autres, d'autres pays ?
01:16:38 Israël, non ? - Ah ben non, le Canada,
01:16:40 Israël, c'est extrêmement prudent,
01:16:42 ils ne sont pas du tout "visibles".
01:16:44 On va dire que c'est plutôt les services de renseignement israéliens
01:16:46 qui sont très présents. Par contre, les autres pays,
01:16:48 c'est les Canadiens, évidemment les Britanniques,
01:16:50 qui ont un énorme programme actuellement
01:16:52 dans le LACCHAD, qui s'appelle ASI,
01:16:54 c'est l'association qui s'appelle Adam Smith International,
01:16:56 donc ils ont un très gros contrat. - LACCHAD ?
01:16:58 - Oui, autour du LACCHAD, sur les 4 pays,
01:17:00 concrètement le Tchad, le Cameroun, le Niger, le Nigeria.
01:17:02 - Ils sont chargés de quoi ?
01:17:04 - De sécurisation, mettre en place des programmes,
01:17:06 des programmes d'influence, puisqu'en fait,
01:17:08 l'État britannique, si vous voulez, investit
01:17:10 sur ce genre de société pour être présent,
01:17:12 et bien évidemment pour développer, et de la sécurité,
01:17:14 c'est l'influence par la sécurité,
01:17:16 c'est ce que fait Wagner d'ailleurs. - C'est l'influence par la sécurité.
01:17:18 - Et derrière, vous avez l'objet de votre livre.
01:17:20 - Évidemment, et puis derrière,
01:17:22 vous avez le service après-vente, qui est les ventes d'armes,
01:17:24 de la présence, de l'influence. - C'est passionnant.
01:17:26 - C'est une nouvelle manière de faire
01:17:28 de la politique, les Français.
01:17:30 - Oui, c'est une nouvelle manière de faire de la politique et de faire la guerre.
01:17:32 Remarquez, pardon,
01:17:34 avant de parler des Français,
01:17:36 les mercenaires de tout temps dans l'histoire,
01:17:38 on a connu des mercenaires,
01:17:40 on a connu des hommes
01:17:42 qui ont toujours eu la science et le goût du combat,
01:17:44 et qui sont allés
01:17:46 se battre contre de l'argent.
01:17:48 - Alors, pour les Français, depuis le départ
01:17:50 de Bob Denard en 95, si vous voulez,
01:17:52 le mercenariat d'État, et c'est fini,
01:17:54 on a clairement tourné la page.
01:17:56 Autant que la France a mis en place une loi
01:17:58 anti-mercenariat, qui date d'avril 2003,
01:18:00 et qui est extrêmement restrictive, et à un point tel,
01:18:02 c'est que cette loi empêche, quelque part,
01:18:04 si vous voulez, le développement de sociétés comparables
01:18:06 à Wagner, parce que Wagner, c'est un modèle incomparable
01:18:08 et indépassable, mais sur un modèle,
01:18:10 je dirais, un modèle qui permettrait aux armées
01:18:12 d'avoir, si vous voulez, une espèce de système
01:18:14 de logistique, ou un
01:18:16 environnement, si vous voulez, avec d'anciens militaires,
01:18:18 parce que les ESSD, parce qu'en France,
01:18:20 on ne dit pas SMP, il y a deux mots en trop,
01:18:22 il y a le mot "sécurité", il y a le mot "militaire" et le mot "privé".
01:18:24 Sécurité, militaire, privé, il y a le mot "militaire",
01:18:26 le mot "privé", donc vous savez, les Français, la sémantique,
01:18:28 on n'aime pas trop ça. Donc on appelle ça ESSD,
01:18:30 ce qui ne veut rien dire, sauf pour les Français,
01:18:32 entreprise de service de sécurité de défense.
01:18:34 Il n'y a que nous qui disons ça, quand on dit ça.
01:18:36 - Nos poudres. - Oui, quand on dit ça en anglais, le gars,
01:18:38 il vous regarde comme si tu allais sur la plaine des Mars.
01:18:40 Et on voit que ces sociétés-là ne se sont pas développées
01:18:42 et malheureusement, dans un cadre
01:18:44 qui est extrêmement compliqué, pourquoi ? Parce que nous, on a
01:18:46 trois grands chocs. - Mais pourquoi on n'y arrive pas ?
01:18:48 - Parce que, vous savez, on a un modèle... - Pourquoi on ne le veut pas ?
01:18:50 - Il y a un modèle... - Il y a une volonté politique ? - Il y a un modèle "guerre d'Algérie"
01:18:52 contre un bal depuis les années 60,
01:18:54 qui est un modèle très confortable, très embourgeoisé,
01:18:56 et malheureusement, ce modèle convenait.
01:18:58 Et si vous voulez, la lutte
01:19:00 contre le terrorisme était très pratique,
01:19:02 parce qu'on avait un ennemi qui était taillé à la taille de nos armées.
01:19:04 Un ennemi en mobilette, hein.
01:19:06 Barkhane, c'est 5000 hommes qui courent derrière 300 mecs en mobilette.
01:19:08 Donc c'est pas plus que ça. Donc c'était pratique.
01:19:10 Et là, patatras, 24 février,
01:19:12 vous avez les Russes qui rentrent en Ukraine.
01:19:14 Et là, on découvre la haute intensité.
01:19:16 Mais nous, on a une armée qui n'est pas prévue pour ça.
01:19:18 On avait 80 Césars, on en a donné la moitié,
01:19:20 déjà. On n'a plus d'artillerie solaire,
01:19:22 il nous reste 200 avions.
01:19:24 On en avait 600 quand j'étais commandant.
01:19:26 A l'époque, on avait 1400 Leclerc,
01:19:28 il nous reste 222. Donc notre armée
01:19:30 est totalement pas au niveau.
01:19:32 Enfin, pas au niveau, je m'entends. En termes de taille,
01:19:34 en termes de stock, on n'est pas capable
01:19:36 de mener une guerre de haute intensité.
01:19:38 Et ce qu'on voit aujourd'hui, c'est pour ça qu'il y a...
01:19:40 - Une guerre traditionnelle de haute intensité. - Oui, conventionnelle.
01:19:42 - Conventionnelle, oui. - Et on voit bien qu'aujourd'hui,
01:19:44 un exemple concret. Il y a 48 heures,
01:19:46 l'OTAN a annoncé qu'ils allaient renforcer
01:19:48 avec 300 000 hommes sur la frontière, la frontière Est,
01:19:50 en Europe. On va envoyer qui, en France ?
01:19:52 On est toute petite armée, t'as 110 000 hommes.
01:19:54 On voudrait être le leader. Alors en Roumanie,
01:19:56 on est présent. Mais avec combien d'hommes ? Avec 1 000 hommes.
01:19:58 Donc on voit bien qu'il va y avoir une espèce de transfert.
01:20:00 Et ça, c'est le premier, le deuxième grand choc.
01:20:02 Le premier grand choc, c'est cette guerre en Ukraine
01:20:04 qui fait qu'on est obligé de faire effort
01:20:06 quelque part et donc de désengager... - Mais on fait effort !
01:20:08 J'ai vu les budgets. - Mais oui, mais...
01:20:10 - Il y a des efforts partout, efforts nulle part.
01:20:12 C'est-à-dire, en fait, quand on étale,
01:20:14 si vous voulez, une armée qui est faite loin d'effectif sur l'ensemble
01:20:16 de la planète, vous faites effort nulle part. On voit bien qu'aujourd'hui,
01:20:18 l'effort, il doit se faire en Europe. Et concrètement,
01:20:20 les ESSD, c'est ça mon combat,
01:20:22 entre guillemets, mon combat ou ma guerre,
01:20:24 quelque part. - Vous pensez qu'il faut créer ?
01:20:26 - Ben elles existent déjà. - Oui, mais qu'il faut les développer ?
01:20:28 - Bien sûr. Télus, on fait de la formation.
01:20:30 On n'a pas d'armes. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est pas un plan d'armes.
01:20:32 On fait de la formation. Donc ce que je dis aux armées
01:20:34 françaises, tout ce qui est formation, laissez-nous
01:20:36 faire de la formation. En Afrique,
01:20:38 en Roumanie, en Pologne,
01:20:40 en France, exactement. Gagner les effectifs,
01:20:42 c'est une logique, je dirais,
01:20:44 une logique d'économie des moyens. - Vous pourriez attirer
01:20:46 aujourd'hui des
01:20:48 jeunes ou moins jeunes, pour venir...
01:20:50 - Et Témis, on a
01:20:52 80 experts qui travaillent dans toute l'Afrique.
01:20:54 Je parle de pour...
01:20:56 - Former des jeunes
01:20:58 qui seraient formés... - Il n'y a aucun problème.
01:21:00 - Pour participer, qui seraient payés...
01:21:02 - Il n'y a aucun problème. - Qui seraient payés pour aller faire la guerre.
01:21:04 - Alors non. Non. Là, il y a une limite.
01:21:06 C'est que les lois mondiales... - Quelle limite ?
01:21:08 - La loi mondiale, c'est simple, c'est
01:21:10 le mercenariat, c'est qu'on ne peut pas faire
01:21:12 une boîte privée. - Mais Gagner, c'est...
01:21:14 - C'est pour ça qu'ils sont indépassables et infréquentables.
01:21:16 Mais tout... - Mais les Turcs
01:21:18 aussi sont payés pour aller faire la guerre, non ? - Oui,
01:21:20 parce qu'il s'évite le renseignement qui sont derrière.
01:21:22 - Mais les Anglais aussi ! - C'est compliqué.
01:21:24 Non, non, non. Encore une fois, les Anglais
01:21:26 sont beaucoup plus discrets. Encore une fois, vous avez une limite.
01:21:28 - Ils sont discrets, mais enfin... - La limite officielle qui fait
01:21:30 qu'une ESSD ou une SMP ne fait pas
01:21:32 la guerre. Pourquoi ? Parce que vous êtes
01:21:34 justiciables d'une façon ou d'une autre. Ça, c'est régalien.
01:21:36 Le régalien, l'usage des armes,
01:21:38 l'usage de la violence, ce sont les États.
01:21:40 Tout ce qui est l'usage des armes
01:21:42 de l'autre moment, c'est soit les services de renseignement...
01:21:44 - Oui, enfin, vous savez bien que beaucoup de pays
01:21:46 contournent ces règles. - Oui, mais
01:21:48 il faut être plus malin. Aujourd'hui, la France, on n'en est pas là.
01:21:50 On est sur un modèle gentil garçon.
01:21:52 Et donc, même si, vous savez,
01:21:54 même s'ils confiaient des missions
01:21:56 logistiques ou des missions de formation
01:21:58 aux ESSD, ce seraient déjà des milliers d'hommes
01:22:00 d'économiser. Rien que de faire ça.
01:22:02 - Mais à la limite, la Légion étrangère,
01:22:04 c'est presque... On pourrait presque...
01:22:06 Bon, la Légion étrangère n'est pas engagée,
01:22:08 sur des terrains, ou très rarement.
01:22:10 Mais on pourrait presque penser que ça pourrait
01:22:12 constituer, qu'on pourrait constituer avec la Légion étrangère
01:22:14 une milice comme ça...
01:22:16 - Beaucoup de gens le pensent.
01:22:18 En fait, non pas du tout. Pourquoi ? Parce qu'en fait,
01:22:20 ces hommes nous rejoignent, ils prennent
01:22:22 un nom XYZ, ils se transforment,
01:22:24 ils sont français par le fait qu'ils sont
01:22:26 français par le sang versé. C'est qu'ils deviennent soldats
01:22:28 français quand ils servent le drapeau français.
01:22:30 Alors qu'encore une fois, une USSD ou une USMP,
01:22:32 ce sont les entreprises. Elles fonctionnent
01:22:34 comme les entreprises. Donc c'est tout le sujet.
01:22:36 Aujourd'hui, c'est ce qui fait que l'armée française, qui n'est pas habituée...
01:22:38 L'armée française n'a pas de vocation,
01:22:40 si vous voulez, à comprendre le monde des affaires.
01:22:42 C'est pas leur monde. D'autant qu'en France,
01:22:44 on est sur un modèle qui dit que, comment dire,
01:22:46 un USAR de 30 ans est un Jean-Froude
01:22:48 parce qu'il n'est pas mort. Donc on est sur un modèle extrêmement opérationnel.
01:22:50 Donc l'armée française a encore un regard
01:22:52 un peu distancié par rapport au monde des affaires,
01:22:54 mais par rapport à ses relais de croissance
01:22:56 et ses relais d'action qu'elle pourrait avoir sur le terrain.
01:22:58 - Mais qui freine ?
01:23:00 - Je pense que les militaires eux-mêmes.
01:23:02 Parce qu'ils sont extrêmement stressés par le fait qu'ils se disent
01:23:04 que 1) les sociétés comme les miennes
01:23:06 qui pourraient éventuellement leur prendre démission,
01:23:08 et ça c'est le truc, c'est très embêtant, c'est régalien,
01:23:10 c'est à moi, c'est très franco-français,
01:23:12 c'est très précaré, vous voyez ce que je veux dire. Et le deuxième, ils se disent
01:23:14 si Bercy réalise qu'on donne démission
01:23:16 à des sociétés comme Temis par exemple,
01:23:18 ça veut dire que Bercy pourrait nous récupérer
01:23:20 les budgets qu'on aurait éventuellement
01:23:22 concédés à des sociétés privées.
01:23:24 C'est tout le problème. Encore une fois, il y a un vrai problème
01:23:26 entre le public et le privé. Il y a de beaux discours,
01:23:28 il y a de beaux colloques qui sont faits autour du sujet,
01:23:30 mais c'est rarement mis en oeuvre. Et on voit qu'aujourd'hui,
01:23:32 si vous voulez, cette guerre en Ukraine,
01:23:34 nous oblige quelque part à revoir les choses
01:23:36 totalement. Encore une fois, les militaires
01:23:38 ne sont pas totalement réfractaires. Je vois
01:23:40 les contacts que j'ai au meilleur niveau dans cette armée
01:23:42 parce que la plupart des généraux d'aujourd'hui
01:23:44 qui sont aux affaires, ils sont remarquables au passage,
01:23:46 ils étaient mes capitaines, mes lieutenants
01:23:48 quand j'y étais, et je les connais très bien, c'est moi qui les ai notés
01:23:50 en partie. Et je sais qu'aujourd'hui il y a une vraie réflexion
01:23:52 autour du... - C'est vrai que l'état-major
01:23:54 français est de grande qualité
01:23:56 aujourd'hui. - Ils sont extraordinaires.
01:23:58 - C'est vrai. - Ils sont grands professionnels, et très ouverts,
01:24:00 très communiquants, et on a affaire à des gens
01:24:02 de très haut niveau. - On les côtoyait de temps en temps.
01:24:04 - Indéniablement. - Indéniablement.
01:24:06 - En tout cas, ça permet de comprendre
01:24:08 votre combat, et ça permet de comprendre
01:24:10 ce que font ces
01:24:12 sociétés militaires privées ou autres
01:24:14 puisque en France
01:24:16 il faut employer d'autres mots.
01:24:18 Agir entre les lignes,
01:24:20 le colonel Pierre de Jong, l'ISEE,
01:24:22 Maraï Editions. Merci beaucoup.
01:24:24 - Merci d'être venu nous voir.
01:24:26 Merci beaucoup. - Merci. André Vercoff.