La parole aux Français du 09/03/2023
L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais
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00:00:00 -14h sur CNews. Bonjour à tous.
00:00:01 J'ai le plaisir de vous retrouver pour la parole
00:00:04 aux Français à l'émission.
00:00:06 La parole au sommaire, la parole à la jeunesse
00:00:09 qui manifeste contre la réforme des retraites.
00:00:11 On parlera des dérives sectaires qui sont en hausse,
00:00:14 en forte hausse, même, à l'occasion de la tenue d'assise
00:00:17 sur le sujet. Vous entendrez un ancien témoin
00:00:20 de Jéhovah. Il racontera comment il s'en est sorti.
00:00:23 Le journal, Simon Guillin, bonjour.
00:00:26 -Bonjour. Les blocages se poursuivent en France
00:00:29 contre la réforme des retraites.
00:00:31 Plusieurs lycées et universités de la capitale
00:00:33 ont été bloqués. Une manifestation, vous le disiez,
00:00:36 est prévue cet après-midi, à l'occasion de la jeunesse.
00:00:40 Des universités ont été bloquées à Strasbourg
00:00:42 ou dans le nord de la France, à Lille.
00:00:44 Des blocages également dans les raffineries.
00:00:47 C'est le cas en Provence, où trois raffineries sont à l'arrêt.
00:00:50 Les automobilistes de la région sont inquiets.
00:00:53 Nombreux sont ceux qui anticipent une pénurie.
00:00:56 Reportage sur place, signé Stéphanie Rouquet.
00:00:59 -Depuis trois jours, dans les bouches du Rhône,
00:01:01 c'est l'affluence aux pompes.
00:01:03 Plusieurs stations-service affichent déjà des ruptures de stock.
00:01:07 -Station Sourgardan, fermée,
00:01:10 juste à côté de chez moi.
00:01:12 Juste ici, je viens d'en trouver.
00:01:14 C'est juste une prévoyance.
00:01:16 Il vaut mieux venir mettre l'essence que galérer.
00:01:18 -Pour pas être pris à l'eau dépourvue,
00:01:21 j'en avais un quart, il me manquait un quart.
00:01:23 Je fais le quart, je suis tranquille.
00:01:25 -Le conflit d'octobre dernier a laissé des traces
00:01:28 dans les esprits des automobilistes provençaux.
00:01:31 La région est vaste, les transports en commun insuffisants.
00:01:35 La voiture s'avère donc indispensable.
00:01:38 -C'est un élément quotidien, on s'en sert tous les jours,
00:01:41 on en a besoin pour travailler.
00:01:43 J'espère que ça durera pas, mais après, la grève est aussi nécessaire
00:01:46 pour revendiquer certaines choses.
00:01:48 Je les comprends.
00:01:50 -Il y en a, on va pas se plaindre.
00:01:52 Quand il y en a plus, c'est comme les bonbons,
00:01:54 il y en a plus, on roulera pas.
00:01:56 Et puis, voilà, quoi.
00:01:57 -Plus aucune goutte de carburant ne sort des trois raffineries
00:02:01 de la région depuis lundi soir.
00:02:03 En grève illimitée, les salariés organisent des votes
00:02:06 quotidiennement pour reconduire le mouvement.
00:02:09 -La laïcité continue d'être menacée
00:02:11 dans les établissements scolaires.
00:02:13 42 % des personnels de direction interrogés
00:02:16 constatent la présence de tenues religieuses à l'école
00:02:19 et un quart relève des contestations
00:02:21 de contenus pédagogiques au nom de la religion.
00:02:24 Voyez ce sujet signé Solène Boulland.
00:02:27 -Les atteintes à la laïcité
00:02:29 se multiplient dans les établissements scolaires.
00:02:32 42 % des personnels de direction
00:02:34 constatent la présence d'élèves aux tenues vestimentaires
00:02:37 dites culturelles, qui peuvent être utilisées
00:02:40 dans le cadre d'une pratique religieuse.
00:02:42 Dans le détail, on trouve 63 % de constats
00:02:45 au coeur d'une métropole ou d'une grande ville
00:02:47 et 60 % en banlieue d'une grande ville.
00:02:50 Concernant la pédagogie, 26 % des personnels
00:02:52 constatent une ou des contestations
00:02:55 de contenus d'enseignement au nom d'une vérité religieuse.
00:02:58 Un chiffre qui induit une autocensure
00:03:00 chez certains enseignants.
00:03:02 Ces faits ne sont pas toujours dénoncés.
00:03:04 43 % des personnels de direction n'ont pas signalé
00:03:07 à l'institution les problèmes de tenues vestimentaires.
00:03:10 37 % n'ont pas signalé les contestations
00:03:13 d'enseignement à l'institution.
00:03:15 Parmi les raisons qui expliquent ces non-signalements,
00:03:18 la conviction qu'ils ne seront pas suivis par l'institution,
00:03:22 le manque de temps pour gérer ces situations
00:03:24 est un problème de carrière.
00:03:26 Depuis le mois de septembre, le ministère de l'Education
00:03:29 a recensé entre 300 et 700 cas par mois d'atteinte à la laïcité.
00:03:33 -Dans le reste de l'actualité,
00:03:35 les forces russes ont mené de nouvelles frappes massives
00:03:38 à travers toute l'Ukraine.
00:03:40 10 régions ont été visées, selon Volodymyr Zelensky.
00:03:43 Dans l'est, les habitants de Kharkiv
00:03:45 se sont retrouvés sans électricité, sans eau et sans chauffage.
00:03:49 Dans la capitale, à Kiev, au moins 2 personnes ont été blessées.
00:03:53 Enfin, la France déploie des forces armées en Estonie,
00:03:56 un pays frontalier de la Russie.
00:03:58 Une opération logistique
00:03:59 qui s'inscrit dans le contexte de cette guerre en Ukraine.
00:04:02 Sur le flanc est, plusieurs véhicules de combat
00:04:05 ont été envoyés en soutien.
00:04:07 Il s'agit de griffons, acheminés depuis la Rochelle et la Valbonne.
00:04:10 Leur nombre n'a pas été précisé.
00:04:12 Voilà pour ce tour de l'actualité à 14h.
00:04:17 La parole aux Français, avec Clélie Mathias et ses invités.
00:04:21 -Simon, on se retrouve à 15h. Mes invités, Philippe Bilger.
00:04:24 Bonjour. Soyez le bienvenu.
00:04:25 Et bonjour à Ivan Riefold. Soyez le bienvenu également.
00:04:29 Simon Guillain en parlait dans le journal.
00:04:31 Il y a des blocages, souvent partiels,
00:04:33 dans certains établissements d'enseignement supérieur,
00:04:37 certains lycées, notamment parisiens, sont parfois bloqués.
00:04:40 Et une manifestation à Paris, un grand rassemblement
00:04:43 de la jeunesse qui lutte contre cette réforme des retraites.
00:04:46 Une manifestation prévue devant la gare Saint-Lazare
00:04:50 qui invite les étudiants, les jeunes,
00:04:52 jusqu'à la place de la République.
00:04:54 On est sur place avec nos reporters,
00:04:56 Michael Dos Santos et Sacha Robin.
00:04:58 Et on a déjà en ligne avec nous Mathis.
00:05:00 Bonjour. Vous avez 23 ans.
00:05:02 Vous étiez étudiant à l'université Paris-Cité.
00:05:05 Expliquez-nous pourquoi, à 23 ans,
00:05:08 vous manifestez pour votre retraite.
00:05:10 (Propos inaudibles)
00:05:13 -Aujourd'hui, on est des centaines, des milliers dans toute la France
00:05:17 à manifester contre la réforme des retraites.
00:05:20 C'est pour toutes les bonnes raisons
00:05:21 qu'on a envie d'avoir un avenir.
00:05:23 Et l'avenir qu'on nous offre aujourd'hui,
00:05:26 c'est davantage d'exploitation pour nous,
00:05:28 pour nos parents, nos familles, nos proches.
00:05:31 Et de manière générale, une société pourrie,
00:05:33 une société où la planète, elle, est en train de se mourir,
00:05:37 où on nous promet de nous remettre la conscription,
00:05:40 le service militaire,
00:05:42 et de vivre de manière générale dans la précarité
00:05:45 et sur une planète où les tensions entre pays,
00:05:48 où l'autoritarisme, où l'extrême droite se développent.
00:05:52 Et nous, on manifeste aujourd'hui pour montrer
00:05:54 un moment où on pense que c'est possible
00:05:56 de faire enculer le gouvernement,
00:05:59 que la jeunesse est présente pour remettre tout ça en cause
00:06:02 et tout contester.
00:06:03 -Vous avez un discours qui est très noir, finalement,
00:06:06 très pessimiste sur l'avenir qui vous attend.
00:06:09 Mais alors, je vous pose la question,
00:06:11 parce que là, vous dites, voilà, vous manifestez
00:06:14 pour ne pas avoir un...
00:06:15 Justement, pour avoir une bonne retraite.
00:06:18 Mais avant de manifester pour la retraite,
00:06:20 est-ce qu'il faut pas justement manifester
00:06:23 pour avoir un bon travail, pour avoir un emploi qui vous plaît ?
00:06:26 Est-ce que ce serait pas dans ce sens-là
00:06:28 qu'il faudrait voir les choses ?
00:06:30 -Bah nous, on aimerait avoir un emploi digne,
00:06:33 un emploi bien payé, un emploi où on meurt pas au travail.
00:06:36 Mais en faisant travailler plus longtemps nos parents,
00:06:40 en fait, on va galérer en avant d'avoir un emploi.
00:06:43 Parce qu'aujourd'hui, il faut attendre 27 ans
00:06:45 pour que les jeunes, ils aient en moyenne un emploi qui est stable,
00:06:49 donc pour pouvoir cotiser.
00:06:50 Et les emplois qu'on a aujourd'hui, ils sont sous-payés, ils sont usants.
00:06:54 Y a des jeunes qui, quand ils commencent à bosser à 16 ans,
00:06:57 18 ans, à 30 ans, 35 ans,
00:06:59 bah ils ont déjà des problèmes de dos, ils galèrent.
00:07:02 Et bon, la vie qu'on nous offre, c'est de galérer à avoir un emploi,
00:07:05 c'est de galérer à avoir un logement,
00:07:08 en fait, à avoir une vie, de manière générale.
00:07:10 Et d'ailleurs, c'est un petit peu ce qu'on observe,
00:07:13 même pour avoir un "travail qualifié",
00:07:16 bah on se fait refuser des places à l'université.
00:07:19 Y a une politique de sélection qui s'est renforcée ces dernières années
00:07:23 et qui rend de plus en plus difficile, justement,
00:07:25 de postuler à des emplois qui nous feraient plaisir
00:07:28 et qui nous permettraient de vivre dignement.
00:07:31 -Vous, alors je sais que vous parlez sans doute au nom des autres,
00:07:34 mais vous, vous avez 23 ans, je le disais,
00:07:36 vous étudiez à l'université Paris-Cité.
00:07:39 Par exemple, vers quel type de métier vous vous orientez ?
00:07:42 Que faites-vous, finalement ?
00:07:43 -Moi, je suis à l'heure actuelle en master de physique fondamentale.
00:07:50 Et pour y arriver, à ce master, il a fallu bagarrer
00:07:53 parce qu'il y a de moins en moins de places.
00:07:56 Et là, bon, quelles études ?
00:07:58 Bah, peut-être être ingénieur, mais pour bosser pour qui ?
00:08:01 Pour Total et défoncer la planète.
00:08:03 Peut-être me tourner vers les métiers de l'enseignement,
00:08:06 mais bon, pour enseigner quoi exactement
00:08:08 quand on voit les programmes aujourd'hui
00:08:10 qui ont été sabrés en physique, en mathématiques,
00:08:14 de manière générale, l'école publique et les universités
00:08:18 manquent de fond, manquent de tout.
00:08:20 Et bon, qu'est-ce qui nous reste en réalité ?
00:08:22 Pas grand-chose. C'est ça qu'on veut remettre en cause.
00:08:25 Si on se bat pas maintenant, on n'aura rien.
00:08:27 -C'est triste parce qu'on vous sent vraiment très...
00:08:29 Voilà, très inquiets sur votre avenir.
00:08:32 Est-ce que vous pouvez me lire la pancarte qu'il y a derrière vous ?
00:08:35 Il y a une grande pancarte. On n'arrive pas bien à la voir.
00:08:39 Est-ce que vous pourriez nous la lire ?
00:08:41 -Alors, ce qu'il y a écrit, c'est, dès le 7 mars,
00:08:45 étudiants et salariés en grève pour tout bloquer.
00:08:50 C'est une pancarte de la coordination Interfac d'Ile-de-France,
00:08:53 donc toutes les écoles, lycées, universités
00:08:57 qui se sont réunies pour essayer de proposer des perspectives,
00:09:00 parce qu'en fait, on n'est pas pessimistes sur l'avenir.
00:09:03 On n'est pas pessimistes, c'est pour ça qu'on se mobilise,
00:09:05 parce qu'on pense qu'on peut gagner,
00:09:06 on pense qu'on peut obtenir quelque chose de mieux,
00:09:08 on pense qu'on peut faire reculer le gouvernement,
00:09:10 le patronat qui le sert,
00:09:11 et c'est bien pour ça qu'on manifeste aujourd'hui,
00:09:13 c'est qu'on sait qu'on peut avoir un avenir meilleur,
00:09:15 et on s'en arrêtera à rien pour l'obtenir.
00:09:17 Et là, on est en manifestation aujourd'hui,
00:09:20 on sera en manifestation demain,
00:09:22 et on sera en manifestation jusqu'à la victoire,
00:09:24 jusqu'à ce que le gouvernement, il recule
00:09:26 et qu'on obtienne des vraies avancées.
00:09:28 -Est-ce que vous avez l'impression, justement,
00:09:29 que le mouvement prend de l'ampleur, comme M. Monive ?
00:09:31 Alors, je ne parle pas du mouvement, on va dire, général,
00:09:33 je parle vraiment pour la jeunesse,
00:09:35 donc les étudiants et les lycéens.
00:09:37 Est-ce que vous avez l'impression que ça patine
00:09:39 ou qu'il y a une certaine dynamique, malgré tout ?
00:09:42 -La dynamique, elle est présente dans les conversations.
00:09:47 Il n'y a aucun jeune, aujourd'hui,
00:09:48 qui soutient la réforme du gouvernement.
00:09:50 Tout le monde est contre, à l'image du reste des salariés,
00:09:53 du reste de la société aujourd'hui.
00:09:55 Et là, ce qu'on voit, c'est qu'il y a des actions de blocage
00:09:58 qui se répètent, il y a des actions
00:10:01 d'Assemblée générale, de manifestations qui se multiplient.
00:10:05 On voit qu'il y a quand même des trucs qui changent dans la tête
00:10:08 et que là, avec le 7, on n'a pas juste envie de s'arrêter
00:10:12 à une journée de grève toutes les semaines.
00:10:14 On veut faire la grève étudiante, la grève lycéenne,
00:10:16 la grève des jeunes, de manière générale, tous les jours.
00:10:19 Et c'est pour ça que là, on va se diriger
00:10:21 vers la place de la République,
00:10:22 mais on va d'abord passer par Gare du Nord, Gare de l'Est,
00:10:25 pour aller voir les travailleurs qui sont en grève reconductible
00:10:28 et leur montrer que les jeunes, ils les soutiennent,
00:10:31 que les jeunes sont avec eux
00:10:32 et qu'aucun des deux côtés, on lâche.
00:10:35 -Est-ce que c'est un...
00:10:36 -Et d'ailleurs, le gouvernement, il s'en rend compte
00:10:37 parce qu'il repousse la mise en place du SNU,
00:10:39 il repousse la mise en place de la réforme des bourses,
00:10:43 qui visait à précariser encore davantage
00:10:44 et à nous mettre sous la coupe des généraux et de la police.
00:10:47 Donc, en fait, je pense que s'il fait ça,
00:10:48 c'est que lui-même, il a bien senti que la jeunesse,
00:10:51 elle était mobilisée et qu'elle va continuer à l'être.
00:10:53 -Je sais pas si c'était pour vous,
00:10:55 mettre sous la coupe des généraux et de la police, quand même.
00:10:57 On parle du SNU, c'est le Service national universel.
00:10:59 Pour ceux qui nous suivent, c'est pas forcément
00:11:02 le service militaire tel qu'on l'a connu,
00:11:04 que les générations précédentes l'ont connu, quand même.
00:11:06 Il faut un petit peu relativiser.
00:11:08 Je voulais vous demander, parce qu'effectivement,
00:11:10 là, vous avez raison, c'est la crainte...
00:11:11 -Faut voir si l'on peut en nous faire.
00:11:12 -C'est la crainte du gouvernement que la jeunesse, justement,
00:11:15 s'empare de cette contestation
00:11:19 et y prenne part de manière assez importante.
00:11:21 Est-ce que c'est un mouvement qui est pacifiste
00:11:23 ou c'est un mouvement qui peut devenir violent,
00:11:26 avec des actions à coups de poing ?
00:11:32 -Là, la violence, elle est du côté de cette réforme.
00:11:34 Si on veut pas de violence, il faut baquer cette réforme.
00:11:36 D'ailleurs, il faudrait changer plein de choses
00:11:38 pour qu'il y ait plus de violence aujourd'hui.
00:11:39 La violence, là, de nos présidences de fac qui ferment les facs,
00:11:43 nous poussent en distanciel, quand on n'a pas forcément
00:11:45 les moyens de suivre les cours à distance.
00:11:47 C'est la violence de tous les emplois précaires
00:11:49 qu'on occupe aujourd'hui.
00:11:50 Alors, s'il y a des jeunes, des moins jeunes,
00:11:52 qui, aujourd'hui, vont vers des actions radicales,
00:11:54 mais qui ne le sont pas tant que ça,
00:11:55 qui sont parfois des blocages,
00:11:57 qui sont le fait de reconduire la grève,
00:11:59 on a même l'impression qu'aujourd'hui,
00:12:00 faire grève, c'est de la violence.
00:12:01 Non, non, faire grève, c'est un moyen de se faire entendre,
00:12:03 c'est un moyen de montrer notre force.
00:12:05 Et nous, on ira le plus loin possible,
00:12:07 de tous les points de vue.
00:12:09 Et s'il y a quelqu'un qui est violent aujourd'hui,
00:12:11 c'est le gouvernement, c'est le MEDEF,
00:12:12 où on voit les profits qu'ils se font aujourd'hui,
00:12:14 ils se les font sur le dos
00:12:16 de tous les gens qui bossent aujourd'hui en France.
00:12:18 Et des jeunes à bosser,
00:12:20 on en est quand même beaucoup à côté de nos études.
00:12:22 -Ca, c'est vrai. Il y a une vraie précarité étudiante
00:12:24 qui a été, d'ailleurs,
00:12:26 relevée par de nombreuses associations.
00:12:28 Une question en plateau pour vous, Matisse,
00:12:30 de la part d'Yvan Rioufol.
00:12:32 Moi, je peux vous poser une question, quand même,
00:12:33 Yvan Rioufol et Philippe Bilger, d'ailleurs,
00:12:35 vous avez connu Mai 68.
00:12:36 Il y avait un tel, parce que je trouve quand même,
00:12:38 n'en déplaise à Matisse,
00:12:40 qu'il y a un discours qui est très dur,
00:12:42 qui est très sombre pour cette jeunesse
00:12:44 qui démarre dans la vie.
00:12:45 Est-ce que c'était pareil au moment de Mai 68 ?
00:12:47 -Non, Mai 68 était une grande rigolade, si je puis dire.
00:12:50 -C'était plus joyeux.
00:12:51 -C'était beaucoup plus joyeux.
00:12:53 J'avais 15 ans, 16 ans,
00:12:55 donc je participais à la marge.
00:12:58 Mais justement, ma question était celle-ci.
00:12:59 D'abord, une réflexion d'ordre très général
00:13:02 qui rejoint Mai 68.
00:13:03 C'est-à-dire qu'en effet, moi, je serais un jeune aujourd'hui,
00:13:07 je serais furieux, en effet, du leg que j'ai à supporter
00:13:12 de cette génération de 68 qui s'est gavée
00:13:14 et qui donne en héritage, précisément,
00:13:16 une société pourrie, pour reprendre l'expression
00:13:18 de notre interlocuteur.
00:13:19 Je veux bien entendre le qualificatif de société pourrie,
00:13:23 mais est-ce que vous avez poussé l'analyse
00:13:26 de savoir pourquoi cette société était pourrie ?
00:13:28 Si je vous entends dans votre discours,
00:13:31 vous accusez la société, dans le fond, libérale,
00:13:34 capitaliste, si j'ai bien compris.
00:13:35 Moi, il me semble que si la société est pourrie,
00:13:37 c'est précisément parce qu'elle a hérité de ce leg de 68,
00:13:41 c'est-à-dire de ces 68 ans qui se sont gavés
00:13:44 au nom d'un progressisme,
00:13:45 en oubliant quelles étaient les réalités du terrain.
00:13:47 Et moi, si j'avais 10, 20 ans aujourd'hui,
00:13:50 j'en voudrais terriblement à cette société-là,
00:13:53 à cette société des pseudo-révolutionnaires de l'époque
00:13:55 qui ont brisé un certain nombre d'institutions,
00:13:58 singulièrement l'éducation nationale,
00:14:00 et c'est à eux que je m'en prendrais,
00:14:02 et c'est précisément, j'ai l'impression
00:14:03 que vous voulez renouveler l'erreur
00:14:05 qui serait de faire confiance à un progressisme.
00:14:07 Est-ce que c'est mai 68 qui est...
00:14:09 Ma question, est-ce que c'est mai 68
00:14:11 qui est l'exemple que vous voudriez renouveler ?
00:14:13 Et sinon, quelle est la société idéale que vous voulez défendre ?
00:14:16 Alors, vous vous plaignez pour une rupture générationnelle,
00:14:18 finalement, Évore et Eau folle.
00:14:19 Mathis, je vous laisse répondre à cette question.
00:14:25 Nous, si on a une seule chose à regretter de mai 68,
00:14:28 c'est que c'est pas allé assez loin,
00:14:29 c'est qu'on n'a pas renversé cette société capitaliste.
00:14:32 Vous voulez qu'on la décrive ? C'est la société capitaliste.
00:14:34 Pas libérale, pas progressiste,
00:14:36 je sais pas quel terme employer, à part capitaliste.
00:14:38 C'est la société capitaliste qui aujourd'hui pousse...
00:14:41 Bah, vous disiez ceux qui se gavent.
00:14:42 C'est pas mes grands-parents qui se sont gavés,
00:14:45 c'est pas mes parents qui se sont gavés.
00:14:46 C'est les patrons qui se sont gavés.
00:14:48 C'est le Medef, c'est les Arnaud, c'est les Gattaz,
00:14:51 c'est tous ces gars-là, les Pinault, les...
00:14:53 Enfin, c'est eux qui se sont gavés et qui continuent de se gaver aujourd'hui.
00:14:56 C'est pas les grévistes qui se sont battus,
00:14:59 qui ont perdu leur salaire,
00:15:00 qui ont fait une mobilisation qui, est vrai, était joyeuse,
00:15:02 mais était joyeuse parce qu'il y avait 10 millions de personnes
00:15:04 dans la rue qui disaient clairement,
00:15:05 "Nous, on veut changer tout ça."
00:15:07 Alors, s'il y en a qui ont peut-être tourné leur veste,
00:15:09 bah, tant pis pour eux, on n'a pas besoin d'eux.
00:15:12 Nous, on va refaire mai 68, mais on va aller jusqu'au bout.
00:15:14 Voilà, nous, c'est ça, notre objectif.
00:15:16 -Mais votre idéal de société, c'est quoi, alors ?
00:15:21 -Moi, je veux une société où les gens, ils décident réellement
00:15:24 de ce qu'on produit, hein, de à quel âge on part à la retraite,
00:15:27 qu'est-ce qu'on produit exactement.
00:15:29 Là, on voit le gouvernement qui augmente le budget militaire.
00:15:31 Bah, ça, c'est pas pour le bien des peuples,
00:15:32 certainement pas pour le nôtre.
00:15:34 Donc, nous, on aimerait que la population,
00:15:36 elle puisse vraiment décider de qu'est-ce qu'on produit,
00:15:38 comment on a une société écolo.
00:15:40 Et bon, pour le dire clairement, nous, on veut une société communiste.
00:15:43 On veut une société où on a renversé le capitalisme
00:15:45 et où c'est les travailleurs qui décident vraiment
00:15:48 de comment ça tourne.
00:15:49 -Mais vous avez vu quand même que l'exemple de l'URSS
00:15:52 n'a pas été forcément concluant, en termes de communisme.
00:15:55 Philippe Bilger.
00:15:56 -Mathis, j'aimerais vous poser une question
00:15:58 qui va vous faire régresser...
00:16:00 -Ce sera la dernière question.
00:16:01 Après, on vous laisse rejoindre le cortège, Mathis.
00:16:03 -Je voudrais, de marge, parce qu'il est bien,
00:16:05 il est intéressant... -Il est très bien,
00:16:06 mais il y en a d'autres.
00:16:07 -Je voudrais nous faire régresser un peu,
00:16:10 compte tenu de la différence de nos générations.
00:16:13 Je suis frappé de voir à quel point votre conscience politique
00:16:17 est vive, votre désir de révolution authentique.
00:16:20 En même temps, par rapport à la jeunesse que j'avais,
00:16:24 je me demande si cette politisation
00:16:27 ne vous fait pas perdre, d'une certaine manière,
00:16:30 le goût d'être jeune et, je dirais, l'aptitude au bonheur.
00:16:35 Est-ce que je me trompe ou est-ce que, pour être jeune,
00:16:38 il faut être absolument politisé comme vous l'êtes ?
00:16:41 -Mathis, là, si je traduis,
00:16:42 Philippe Bilger vient de dire que vous étiez vieux avant l'heure.
00:16:45 -Non, c'est plus subtil, tout de même.
00:16:48 -Je crois que mes idées, elles sont, au contraire,
00:16:51 extrêmement jeunes,
00:16:52 parce que c'est les idées d'une nouvelle société.
00:16:55 Voilà. Et ces idées, on les a formées dans la société actuelle,
00:16:58 dans toutes les bagarres, parce qu'aujourd'hui,
00:17:00 on veut nous faire régresser.
00:17:01 C'est pas mes idées qui sont vieilles,
00:17:03 c'est le projet de Macron et du patronat,
00:17:05 où ils veulent nous refaire bosser, envoyer des jeunes au collège,
00:17:08 aller bosser chez McDo, où ils veulent nous remettre,
00:17:10 je suis désolé, un service militaire,
00:17:12 parce que le SNU, pour l'instant, c'est une jolie petite colo,
00:17:15 mais on voit les discussions, quand même,
00:17:17 sur la guerre qui s'approche,
00:17:18 et on voit les augmentations de budget,
00:17:20 et nous, non, on n'a pas envie d'avoir des gendarmes
00:17:23 ou des militaires nous expliquer ce que c'est la vie.
00:17:26 Une journée, la JAPD, c'est déjà trop.
00:17:29 Nous, je sais pas s'il faut être politisé pour être jeune
00:17:32 ou s'il faut être jeune pour être politisé.
00:17:33 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si les jeunes,
00:17:35 ils se politisent, c'est pour répondre à un besoin
00:17:37 où on sent qu'il y a un mal-être qui est très fort.
00:17:39 Là, les jeunes, aujourd'hui, qui font la queue
00:17:42 pour récupérer de la nourriture,
00:17:43 ils se demandent pourquoi ils en sont là
00:17:45 et ils se demandent comment le changer.
00:17:47 -En tout cas, merci beaucoup. -Il y a des jeunes
00:17:48 qui vont se mobiliser, il va falloir s'y préparer.
00:17:51 Il y en aura beaucoup dans les semaines qui viennent
00:17:52 et dans les années qui viennent.
00:17:53 -On vous suivra. N'hésitez pas à revenir témoigner
00:17:55 sur notre antenne. Un grand merci à vous, Mathis.
00:17:57 On vous laisse rejoindre le cortège.
00:17:59 On va être en ligne dans un instant...
00:18:02 Revenez quand vous voulez.
00:18:04 On va être en ligne dans un instant avec Ephraim,
00:18:06 qui est encore plus jeune, puisque lui,
00:18:08 il porte la parole des lycéens dès qu'on pourra,
00:18:11 grâce à nos reporters sur place,
00:18:12 Michel Dos Santos et Sacha Robin,
00:18:14 qui, je vous rappelle, sont en direct
00:18:17 depuis le départ de cette manifestation
00:18:20 Garça-Lanzar à Paris.
00:18:22 Manifestation de la jeunesse, vous l'avez compris,
00:18:24 contre la réforme des retraites,
00:18:26 mais elle va plus loin aussi.
00:18:28 Et puis, il y a les questions de précarité étudiante
00:18:31 qui sont évidemment soulevées
00:18:34 par ce mouvement et ces manifestations.
00:18:37 C'est quand même un mouvement qui vous étonne,
00:18:38 vous l'avez dit, en termes de...
00:18:40 Parce que c'est une autre génération, forcément.
00:18:42 -Vous le disiez, Philippe Béger,
00:18:44 vous êtes étonné par le regard politique
00:18:46 de cette jeunesse.
00:18:47 -En même temps, j'écoute Matisse,
00:18:49 il a une dialectique parfaitement armée.
00:18:52 Il est évident que c'est la capacité de l'extrême-gauche
00:18:55 de théoriser sur une révolution à venir.
00:18:58 Et elle me passionne, cette extrême-gauche,
00:19:01 parce qu'évidemment, elle va dans une sorte
00:19:04 d'extrémisme intellectuel,
00:19:06 et elle est tellement enthousiaste, au fond,
00:19:10 qu'elle fait l'impasse sur son propre bonheur.
00:19:14 Si on avait eu plus de temps avec lui,
00:19:16 il est évident que le bonheur personnel,
00:19:19 ça n'est plus son souci.
00:19:20 La vie n'est plus que le bonheur collectif
00:19:23 dans la révolution, ce qui n'est pas vraiment
00:19:26 ma finalité. -Ce qui est étonnant,
00:19:28 parce qu'il se revendique du communisme,
00:19:30 qui n'est pas, un, une idée neuve,
00:19:33 et deux, qui a quand même été aigrené
00:19:35 dans un certain nombre de pays,
00:19:37 avec plus ou moins de succès, j'allais dire.
00:19:39 -Oui, mais, Clémy, la grande force
00:19:41 de ces révolutionnaires, pour l'instant,
00:19:44 en chambre, heureusement, c'est que le communisme
00:19:47 n'a été jugé que sur ses virtualités,
00:19:49 jamais sur ses réalités.
00:19:51 -Il y a eu des livres qui ont démontré...
00:19:53 -Non, mais pas du tout.
00:19:56 -Le livre-nom du communisme, quand même ?
00:19:59 -Non, pas du tout.
00:20:00 Les gens d'extrême-gauche qui vantent le communisme
00:20:03 vous parlent des virtualités qu'ils proposent.
00:20:06 Jamais de la réalité d'un communisme.
00:20:09 -Jamais de la réalité tragique qui l'a fait moduler.
00:20:12 -Il faut se méfier de l'effet d'optique
00:20:14 en laissant croire que la jeunesse serait cette jeunesse
00:20:17 qui rêverait d'une société communiste.
00:20:20 Il faut mieux être communiste à 18 ans
00:20:22 que à 60 ans, parce que là, au moins,
00:20:24 on a l'excuse de la jeunesse, c'est l'idéal.
00:20:27 Mais je pense que la jeunesse ne ressemble pas
00:20:30 à ce que l'on a vu là.
00:20:31 Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de monde
00:20:34 à rejoindre ces jeunes-là,
00:20:35 qui me font craindre vraiment l'embrigadement
00:20:38 de l'extrême-gauche dans les lycées et les universités.
00:20:41 -Bonjour, vous êtes secrétaire de la voie lycéenne.
00:20:44 Quel âge avez-vous ?
00:20:45 -Oui.
00:20:46 Bonjour, j'ai 17 ans et je suis lycéen au terminal.
00:20:50 -Lycéen au terminal, et vous pensez à votre retraite ?
00:20:53 ...
00:20:55 -Alors, c'est pas qu'on pense à notre...
00:20:58 D'accord, on pense à notre retraite,
00:21:00 mais il faut savoir qu'avant tout, on est là pour se mobiliser
00:21:03 dehors, parce que le chômage des jeunes, c'est 18 % aujourd'hui,
00:21:07 et la retraite de 2 ans, ça fait qu'on va avoir
00:21:10 un accès beaucoup plus difficile sur le marché du travail,
00:21:13 parce que le marché du travail s'est saturé.
00:21:16 On est là pour nos grands-parents qui touchent
00:21:18 500, 600 euros de pension de retraite,
00:21:20 qui ne font pas que vivre, mais qui font seulement survivre,
00:21:24 pour nos parents qui travailleront 2 ans de plus
00:21:26 avec un travail beaucoup plus compliqué,
00:21:29 avec des critères de punibilité qui sont revus à la baisse.
00:21:32 C'est pour ça qu'on est là, pour redire qu'on est là en soutien
00:21:36 pour essayer de faire plier le gouvernement.
00:21:38 On est mobilisés depuis le mars 17.
00:21:40 300 lycées étaient bloqués dans toute la France.
00:21:43 Ce matin, c'était 200 lycées et 400 lycées mobilisés
00:21:46 dans toute la France.
00:21:47 Le message de la jeunesse, c'est dire non à la réforme,
00:21:51 non à cette goutte de trop qui va faire que la jeunesse
00:21:54 va déférer dans la rue.
00:21:55 C'est non seulement la réforme des retraites
00:21:58 qui fait qu'on soit là, mais c'est la réforme des lycées,
00:22:01 la réforme de Parcoursup, la réforme de Bourse,
00:22:04 la réforme de Parcoursup,
00:22:05 et la réforme de Parcoursup.
00:22:07 On n'oublie pas les chiffres de Parcoursup,
00:22:10 les 94 000 lycéens sans infectation
00:22:12 après la 1re phase de Parcoursup,
00:22:14 et les 1 lycéen sur 3 qui ont été mal orientés.
00:22:17 Ces chiffres font peur, ils nous mettent la pression.
00:22:20 On en a marre de ce stress, de cette pression.
00:22:23 C'est pour ça qu'on est là, d'autant plus mobilisés
00:22:26 et qu'on fera plier le gouvernement.
00:22:28 - On vous sent remonté.
00:22:29 J'espère que vous avez rempli votre grille Parcoursup.
00:22:33 - C'est le dernier jour, les vœux Parcoursup.
00:22:35 - Effectivement, c'est ce qui me semblait.
00:22:38 Dites-moi, Efraim, comment vous vous envisagez,
00:22:41 certainement travailler, vous allez me dire,
00:22:44 et surtout, jusqu'à quel âge,
00:22:46 quel carrière-type vous envisagez ?
00:22:48 Dans quoi vous vous projetez ?
00:22:50 - Je sais pas si on peut parler de se projeter
00:22:56 dans un monde du travail.
00:22:57 Le monde du travail repousse les jeunes.
00:23:00 Le monde du travail ne donne plus envie d'aller travailler.
00:23:03 C'est le réel problème.
00:23:05 Si l'âge idéal pour partir à la retraite,
00:23:07 ce serait 60 ans.
00:23:09 Je vais vous expliquer pourquoi.
00:23:11 Ce n'est pas parce qu'on est des jeunes fémards
00:23:14 qui pensent qu'à se reposer.
00:23:16 Ceux qui animent la vie associative dans toute la France,
00:23:19 la campagne de la semaine dernière,
00:23:22 c'était les retraités en bonne santé.
00:23:24 J'ai envie de m'investir dans la vie associative de la France.
00:23:28 J'ai envie d'investir et d'aider les associations
00:23:31 qui aident aujourd'hui toutes les associations de la France.
00:23:35 Le bénévolat, on n'en parle pas assez,
00:23:38 mais la plupart sont des retraités.
00:23:40 Pour moi, l'âge idéal de départ à la retraite,
00:23:43 c'est 60 ans.
00:23:44 Repousser l'âge de départ à la retraite,
00:23:47 on va se retrouver à 64 ans.
00:23:49 Si vous faites des études, c'est 69.
00:23:51 Si on laisse passer cette réforme, ce sera peut-être 90 ans.
00:23:55 Avec ce gouvernement, on ne sait jamais
00:23:58 si on va pouvoir faire des choses.
00:24:00 -Vous avez du mal. On vous en reste quelques secondes.
00:24:04 Vous envisagez d'avoir du temps libre
00:24:06 pour le consacrer à des associations
00:24:08 ou aux bénévolats à partir de votre retraite.
00:24:11 Mais est-ce que c'est inenvisageable
00:24:14 d'avoir un travail qui est épanouissant
00:24:16 et qui vous permet de faire d'autres choses à côté ?
00:24:20 Il y a différentes formes de travail.
00:24:22 Votre génération va mettre en place
00:24:25 un rapport au travail différent.
00:24:27 C'est inenvisageable.
00:24:28 On a l'impression que vous gardez un cadre de travail
00:24:32 qui est celui de vos parents ou vos grands-parents.
00:24:35 Mais ça va évoluer, non ?
00:24:37 -Justement, c'est notre rôle à nous,
00:24:39 en tant que syndicat, en tant que jeunes,
00:24:42 de pouvoir révolutionner le monde de l'entreprise,
00:24:45 de pouvoir le changer.
00:24:47 Quand on va arriver dans le monde de l'entreprise,
00:24:50 on va avoir de nouvelles manières de travailler.
00:24:53 On a tout un vocabulaire de la start-up,
00:24:56 de la start-up nation française.
00:24:58 Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution.
00:25:01 On doit se concentrer sur le bien-être des travailleurs,
00:25:05 et s'il faut s'épanouir dans le travail,
00:25:08 il faut commencer par consulter les travailleurs,
00:25:11 ceux qui souffrent.
00:25:12 Le gouvernement ne fait rien pour améliorer le monde du travail.
00:25:16 Il prend des décisions en petits comités.
00:25:19 Si je devais travailler, ce serait seulement dans de bonnes conditions,
00:25:24 en rabaissant les heures, en travaillant mieux.
00:25:26 Aujourd'hui, le travail ne donne pas envie,
00:25:29 car il ne paye pas assez. C'est pour ça.
00:25:32 -Je vous souhaite ce travail qui vous permet de vous épanouir
00:25:35 et de faire d'autres choses. -Merci.
00:25:38 -On va suivre votre mouvement.
00:25:40 N'hésitez pas à revenir vers nous.
00:25:42 On se retrouve dans quelques instants.
00:25:45 On parlera des dérives sectaires.
00:25:47 Il est 14h30. On commence par le flash info.
00:25:50 Somaïa Labidi.
00:25:52 -L'ADN a parlé.
00:25:53 Les corps retrouvés les 3 et 4 mars derniers
00:25:56 en Charente-Maritime sont bien ceux de Leslie et Kevin.
00:25:59 Un proche du couple, Tom, 22 ans, a été mis en examen
00:26:02 pour enlèvement et séquestration,
00:26:05 tout comme deux autres suspects, qui, en plus,
00:26:07 sont mis en examen pour assassinat et modification
00:26:10 de l'état des lieux d'un crime.
00:26:12 200 manifestants ont bloqué l'autoroute à Neuf
00:26:15 au niveau du PH Boulou dans les Pyrénées-Orientales.
00:26:19 Le gouvernement a entravé cet axe stratégique
00:26:21 entre la France et l'Espagne.
00:26:23 Il dénonce l'injustice de la réforme des retraites
00:26:26 et compte bien multiplier ce type d'actions
00:26:29 pour qu'enfin le gouvernement les entende.
00:26:31 Et puis, Corinne Diac, repoussée vers la sortie,
00:26:34 fragilisée par une fronte de ses joueuses,
00:26:37 la sélectionneuse des Bleus a été démise de ses fonctions.
00:26:40 Un limogé qui intervient 4 mois et demi avant le Mondial.
00:26:43 Pour l'heure, la Fédération française de football
00:26:46 n'a pas encore désigné de successeur.
00:26:49 -Je suis en compagnie d'Yvan Rioufol et de Philippe Bilger.
00:26:52 On va parler des dérives sectaires.
00:26:54 Des assises ont pour but d'établir une feuille de route pluriannuelle
00:26:58 pour lutter contre ces dérives sectaires.
00:27:01 Les signalements sont en hausse.
00:27:03 Vous allez voir les chiffres.
00:27:05 Il y a eu plus de 4 000 signalements.
00:27:07 C'est une hausse de près de 50 % des signalements reçus
00:27:10 entre 2015 et 2021.
00:27:13 Euh... Est-ce qu'on peut... Voilà. Merci, les chiffres.
00:27:17 Et une hausse de 33,6 % par rapport à 2020.
00:27:21 Ce qui inquiète grandement les autorités.
00:27:25 Alors, il y a non seulement, j'allais dire,
00:27:28 les... Comment on peut dire ?
00:27:30 Les multinationales de la spiritualité,
00:27:32 qui sont connues comme l'église de la scientologie,
00:27:35 mais il y a aussi ce qu'on appelle des "gourous 2.0"
00:27:38 qui fleurissent sur les réseaux sociaux.
00:27:41 Nous sommes en ligne, en duplex, avec Nicolas Jacquet,
00:27:44 depuis, d'ailleurs, en saise assise au ministère de l'Intérieur.
00:27:48 Bonjour et merci d'être en direct avec nous.
00:27:51 Vous êtes un rescapé des témoins de Jéhovah.
00:27:54 C'est comme ça que vous vous êtes décrit
00:27:56 dans un livre que vous avez écrit il y a quelques années.
00:27:59 Est-ce que vous pouvez, brièvement, nous raconter votre histoire ?
00:28:03 Je crois que vous avez été un enfant, finalement,
00:28:06 des témoins de Jéhovah.
00:28:07 -Oui, ce livre que j'ai écrit était là pour raconter
00:28:10 la condition des enfants au sein de ce genre de mouvements,
00:28:14 qui sont des exemples des témoins de Jéhovah.
00:28:16 Des enfants qui sont brisés, privés de liberté,
00:28:19 privés d'esprit critique, de citoyenneté, de culture.
00:28:24 Ca représente toutes les choses dont j'ai été privé,
00:28:27 au même titre que ma famille naturelle,
00:28:29 mes oncles, tantes, grands-parents,
00:28:31 qui n'étaient pas témoins de Jéhovah,
00:28:33 ont été exclus de ma vie.
00:28:35 Les enfants ne devraient pas grandir.
00:28:37 -Il y a actuellement entre 50 000 et 80 000 enfants
00:28:40 qui sont sous emprise, il y a 500 000 adultes.
00:28:43 Je suis désolée, je vais vous demander de raconter
00:28:46 votre parcours, mais il est intéressant,
00:28:48 vous allez nous dire comment vous êtes sorti,
00:28:50 mais avant cela, comment vous êtes tombé dans cette secte ?
00:28:54 Comment vous y êtes arrivé ? C'est par l'emprise de vos parents ?
00:28:57 -Il n'y a pas eu de chute, puisqu'il y est né.
00:29:00 Mes parents étaient déjà des adeptes
00:29:02 et m'ont inculqué ce qui leur avait été présenté
00:29:05 comme la meilleure façon d'éduquer des enfants.
00:29:07 C'est souvent ça, le drame de l'implication sectaire d'enfants,
00:29:11 c'est que leurs parents sont les premiers à avoir été manipulés
00:29:14 et qu'ils projettent sur leurs enfants
00:29:17 un enseignement qui leur a été fait et qui a des effets délétères.
00:29:20 Toute ma vie jusqu'à mes 22 ans a été rythmée, décidée,
00:29:24 ordonnée par les ordres des témoins de Jéhovah
00:29:26 sur tous les aspects de ma vie, la façon dont je m'habillais,
00:29:30 ce que je regardais à la télé, les études que je pouvais envisager,
00:29:33 l'avenir que je pouvais dessiner pour moi,
00:29:36 étaient forcément, systématiquement, ramenés à Jéhovah,
00:29:39 et aux bénéfices de cette organisation.
00:29:42 -Et comment vous en êtes sorti ?
00:29:43 Comment, à 22 ans, vous avez trouvé la force mentale,
00:29:46 d'ailleurs, pour vous extraire de cette emprise
00:29:49 qui, vous le dites, vous avez baigné dedans
00:29:51 depuis votre naissance, donc ça a été une rupture,
00:29:55 j'imagine, particulièrement forte.
00:29:57 -La rupture, elle a été très, très forte.
00:30:01 C'est tout l'objet de ces assises, aujourd'hui,
00:30:04 qui rassemblent non seulement les organes d'Etat
00:30:07 qui travaillent sur la lutte contre les dérives sectaires,
00:30:10 mais aussi les associations et les acteurs d'aide sur le terrain.
00:30:14 Ma sortie a été largement accompagnée
00:30:16 par des acteurs de terrain, des associations,
00:30:18 des amis qui ont demandé l'aide de ces associations
00:30:21 et qui, ensemble, ont organisé l'opération Nicolas,
00:30:24 qui était une opération, surtout,
00:30:26 qui s'est jouée sur une concurrence sur le temps,
00:30:29 parce que la plupart des mouvements sectaires
00:30:32 phagocytent le temps de leurs adeptes.
00:30:34 J'avais calculé que, pour un enfant au primaire,
00:30:37 le programme d'e-spirituel, rajouté par le mouvement
00:30:40 au programme scolaire et familial des enfants,
00:30:42 représentait quasiment 23 heures par semaine.
00:30:45 Si vous regardez ce que ça représente,
00:30:47 c'est quasiment une semaine de travail, c'est gigantesque.
00:30:50 Et, en fait, tous mes amis, conseillés par les associations,
00:30:53 se sont acharnés, en fait, à me trouver des occupations,
00:30:57 des invitations, des sorties culturelles
00:31:00 sur tous les moments où le mouvement avait prévu
00:31:02 des réunions, des activités.
00:31:04 Cette concurrence sur le temps a apporté ses fruits,
00:31:07 à plein d'autres domaines, à plein d'autres intérêts,
00:31:09 mais je me suis reconstruit un cercle amical.
00:31:11 La plus grande faiblesse des gens qui quittent des mouvements sectaires,
00:31:15 c'est que ces mouvements circonscrivent leur relation
00:31:18 uniquement à l'intérieur du groupe.
00:31:20 Et que, lorsqu'ils le quittent, comme avec les témoins de Jéhovah,
00:31:23 ordre est donné à tous les membres du groupe
00:31:26 de cesser toute relation avec celui qui les a quittés.
00:31:29 C'est une séparation qui est cruelle,
00:31:31 parce que ça concerne aussi la famille,
00:31:33 et c'est une séparation qui est terrible aussi
00:31:36 quand on se retrouve seul dans le monde,
00:31:38 et un monde qu'il a appris à détester,
00:31:40 ou tout le moins à s'en méfier et en avoir peur.
00:31:42 Et cette sensation de solitude
00:31:44 dans un univers extrêmement inhospitalier,
00:31:47 elle est très dure à gérer pour les sortants de mouvements sectaires.
00:31:50 - Finalement, vous avez eu de la chance,
00:31:53 ce qui n'est pas forcément le cas de tous les enfants
00:31:56 qui sont sous l'emprise d'une secte,
00:31:58 quelle qu'elle soit, d'ailleurs,
00:32:00 que ce soit les témoins de Jéhovah ou une autre.
00:32:02 On va parler des nouvelles dérives sectaires.
00:32:05 Vous l'avez dit, ces assises visent quand même à améliorer les choses.
00:32:09 Parce que j'ai cité les chiffres, là, il y a une hausse des signalements,
00:32:13 et notamment en raison aussi de la crise sanitaire,
00:32:16 ça s'accélère, ces sectes prennent de l'ampleur,
00:32:19 les réseaux sociaux n'y sont pas pour rien.
00:32:21 Alors qu'est-ce qu'il faudrait améliorer
00:32:23 pour qu'il y ait moins de personnes qui soient, évidemment,
00:32:27 sous cette coupe ?
00:32:29 La ministre chargée, justement, de la citoyenneté, Sonia Bakkes,
00:32:33 qui dirige, finalement, qui préside ces assises,
00:32:38 demande à renforcer l'arsenal législatif.
00:32:40 On sait qu'il y a un manque de moyens pour la justice,
00:32:44 mais en quoi ça passerait ?
00:32:45 Comment on le renforce, cet arsenal ? Comment ça aiderait les victimes ?
00:32:49 -Elle a parlé ce matin notamment des délais
00:32:52 qui sont extrêmement difficiles pour les victimes,
00:32:55 qui ont envie de justice rapide,
00:32:57 comme d'ailleurs toutes les victimes qui sollicitent la justice.
00:33:01 Mais on est aussi dans des arsenals de justice
00:33:04 qui sont imperfectionnés sur la compréhension,
00:33:06 l'appréhension des phénomènes de dérive sectaire
00:33:09 qui ont largement évolué.
00:33:11 Il faut avoir conscience que tous ces groupes
00:33:13 qui ont pour objectif la manipulation
00:33:16 et l'utilisation de gens pour leurs seuls intérêts
00:33:18 évoluent très vite.
00:33:20 Quand la législation évolue, ils évoluent aussi,
00:33:22 et on est toujours à essayer de les rattraper,
00:33:25 et la justice aussi, et tout le système
00:33:27 qui va être pensé pendant ces 10 prochaines années
00:33:31 qui prend appui sur ces assises,
00:33:33 va être fait aussi pour être plus adaptable
00:33:36 et plus adapté à ces évolutions de ces mouvements.
00:33:39 Et on l'a vu, les mouvements surfent sur les angoisses.
00:33:42 Vous l'avez bien dit vous-même,
00:33:44 le Covid et la crise sanitaire ont largement dopé, finalement,
00:33:48 l'attrait et l'attirance que ces mouvements ont pu pratiquer.
00:33:54 Sur tous ces mouvements-là, d'ailleurs,
00:33:56 on a vu un forceau sur le domaine sanitaire,
00:33:58 sur ceux qui prodiguent ou proposent
00:34:00 des alternatives médicales ou des traitements miraculeux.
00:34:05 Les gens, quand ils sont dans l'angoisse,
00:34:07 veulent trouver des solutions rapides
00:34:08 et qui ont l'air simples.
00:34:10 Quand on leur dit que ça va prendre du temps
00:34:12 et qu'on n'en est pas sûr, ce que la médecine dit,
00:34:14 ça ne satisfait plus les gens.
00:34:16 Vous allez toujours trouver des charlatans,
00:34:18 d'autant plus sur Internet,
00:34:19 qui vont vous promettre le miracle,
00:34:23 et vous allez y passer votre vie et donner tous vos moyens.
00:34:27 -C'est ce qu'on appelle les "gourous 2.0"
00:34:29 qui fleurissent sur Internet, sur les réseaux sociaux.
00:34:32 Ce sont des pratiques non conventionnelles,
00:34:34 telles que la naturopathie,
00:34:37 le Reiki, la nouvelle médecine germanique, etc.
00:34:39 Une question pour vous, Nicolas Jacquette,
00:34:41 d'Yvan Rioufol.
00:34:42 -Bonjour. Est-ce que vous avez, malgré tout,
00:34:44 essayé de comprendre l'itinéraire de vos parents,
00:34:47 l'itinéraire presque spirituel de vos parents,
00:34:50 qui les ont amenés à adhérer à cette secte ?
00:34:53 Et est-ce que vous faites un parallèle
00:34:55 entre l'effondrement des grandes religions,
00:34:57 en tout cas du christianisme,
00:34:59 et la prolifération des sectes
00:35:01 comme des sortes d'avatars de religions de substitution ?
00:35:04 -Ca pourrait être une explication.
00:35:08 Je n'ai pas l'impression qu'elles soient des avatars.
00:35:10 Elles se greffent, elles utilisent un fond de croyance.
00:35:13 Les témoins de Jehova ont toujours surfé sur le christianisme,
00:35:15 se sont toujours montrés en opposition
00:35:18 ou en décalage par rapport à l'Église catholique,
00:35:20 mais finalement en utilisant une partie de son univers de croyance.
00:35:26 Sur le parcours de mes parents,
00:35:29 évidemment, je m'y suis intéressé,
00:35:31 je me suis demandé comment ils y étaient rentrés,
00:35:33 mais ils y sont rentrés comme beaucoup de gens.
00:35:35 Et c'est ça qui est intéressant
00:35:36 et qui est important de faire passer comme message,
00:35:38 c'est que ce n'est pas la faiblesse chronique
00:35:41 qui fait qu'on tombe dans un mouvement sectaire.
00:35:42 Tout le monde peut y tomber,
00:35:44 parce que ces mouvements pratiquent l'affaiblissement
00:35:47 des gens qu'ils rencontrent.
00:35:49 Ils ciblent certes des gens déjà faibles,
00:35:51 mais ils arrivent aussi à affaiblir ceux qui sont forts.
00:35:53 Et que croire qu'on est à l'abri d'une dérive sectaire,
00:35:57 de se faire attraper par un de ces mouvements
00:35:58 ou de ces fameux gourous 2.0,
00:36:00 c'est devenir particulièrement faible
00:36:02 à se faire attraper par ce genre de pratiques.
00:36:06 Donc il faut rester vigilant et ne pas se croire à l'abri.
00:36:10 S'il y avait un message à faire passer, ce serait celui-ci.
00:36:12 - Je crois que c'est très important d'ailleurs
00:36:14 ce que vous venez de dire, Nicolas Jaquette.
00:36:15 Il y a 500 000 adultes, je le disais,
00:36:17 qui sont sous la coupe d'une secte ou d'une dérive sectaire,
00:36:20 en tout cas, et effectivement, tout le monde peut être touché.
00:36:23 Il suffit de rien.
00:36:24 On a tous des moments de fragilité dans la vie.
00:36:26 Et c'est important de le rappeler.
00:36:29 Je vous donne la parole, Philippe Bigler.
00:36:30 - En effet, Nicolas Jaquette,
00:36:32 la dérive sectaire concerne tout le monde et tous les métiers.
00:36:36 Mais je voulais vous demander,
00:36:38 à la suite de votre intervention, il y a quelques secondes,
00:36:42 au fond, on ne peut pas se libérer tout seul de l'empris sectaire.
00:36:47 On a besoin des autres.
00:36:48 Seul, on ne peut pas prendre conscience totalement
00:36:52 de ce qui vous incarcère.
00:36:54 - Ce que vous dites est très intéressant.
00:36:58 C'est-à-dire que le principe même de ces mouvements,
00:37:00 c'est de vous isoler.
00:37:01 Et en fait, rompre avec cet isolement,
00:37:03 retrouver un groupe et retrouver des gens qui vous soutiennent,
00:37:05 qui vous aiment pour qui vous êtes, sans condition,
00:37:07 parce que c'est ça aussi la grande différence,
00:37:09 c'est que tous ces mouvements aiment,
00:37:10 mais à condition que vous adoptiez absolument
00:37:13 toutes les règles qu'ils vous imposent.
00:37:15 La véritable amitié, le véritable amour, il est inconditionnel.
00:37:17 Et c'est lorsqu'on redécouvre finalement
00:37:20 cette réalité de sentiment qui est difficile à construire,
00:37:23 qui prend du temps,
00:37:24 qui n'est pas comme un love bombing
00:37:26 quand on rentre dans un groupe et qu'il vous accueille à bras ouverts
00:37:29 en vous donnant un amour complètement factice,
00:37:32 mais qui est juste hyper impressionnant.
00:37:34 C'est redécouvrir tout ça et recréer ces liens
00:37:36 qui permettent de s'en sortir, clairement.
00:37:38 Et lorsque je vois des sortants de mouvements sectaires
00:37:40 qui ne se reconstruisent pas,
00:37:42 qui répètent des schémas d'emprise à l'infini
00:37:47 et qui tombent dans des dépressions monstres,
00:37:49 ce sont souvent des gens qui n'ont pas réussi à rompre cet isolement,
00:37:51 mais parce qu'il est extrêmement difficile.
00:37:53 Il ne s'agit pas de leur jeter la pierre du tout,
00:37:55 parce que reconstruire une confiance,
00:37:58 c'est l'un des plus gros challenges
00:37:59 lorsqu'on quitte un mouvement adhérif sectaire,
00:38:02 parce que pendant des années,
00:38:03 on vous a persuadé que tous les gens
00:38:05 qui ne sont pas dans la croyance que vous partagez
00:38:07 avec ceux de votre groupe sont des gens dangereux,
00:38:09 malhonnêtes, dont il faut se méfier.
00:38:11 Et il ne faut pas croire que lorsqu'on quitte un mouvement,
00:38:14 au jour J, où on dit "je ne suis plus,
00:38:17 "je ne veux plus faire partie de ce mouvement-là",
00:38:18 que cette transformation de l'esprit,
00:38:21 que cette manipulation qui a été faite sur votre façon de penser
00:38:24 va disparaître instantanément.
00:38:26 Ça va demander de longs mois, de longues années d'accompagnement,
00:38:29 de travail sur soi, de travail sur la déconstruction du dogme
00:38:34 pour pouvoir obtenir un résultat arraché avec de nombreux efforts.
00:38:39 Moi, il m'a fallu 10 ans pour pouvoir dire
00:38:41 que j'étais libre de l'embrigadement et de l'imprégnation
00:38:44 qui avaient été faites miennes par les témoins de Jéhovah.
00:38:47 C'est un travail gigantesque.
00:38:49 -C'est là aussi où on a besoin d'être aidé,
00:38:51 puisqu'on parlait de l'arsenal judiciaire
00:38:53 pour aider les victimes à avoir une réparation en justice,
00:38:56 j'allais dire, mais il faut aussi,
00:38:58 et j'imagine que c'est l'enjeu des Assises,
00:39:00 accompagner les gens qui sortent,
00:39:01 ne pas les laisser soudainement d'une dérive sectaire
00:39:05 à une solitude et devoir se faire face,
00:39:07 se reconstruire, rebâtir une confiance
00:39:09 qui est extrêmement longue.
00:39:11 -Tout seul, donc ça veut dire un accompagnement,
00:39:13 un suivi peut-être médical ou du moins...
00:39:16 Et/ou d'ailleurs psychologique.
00:39:18 -C'est là où le tissu associatif est hyper important.
00:39:22 L'Etat, évidemment, et la Mivilude
00:39:24 ne peuvent pas assurer l'accompagnement
00:39:25 sur le long terme de gens en les appelant tous les jours
00:39:27 et savoir comment ils vont.
00:39:29 Ils ont un rôle qui est de coordonner davantage
00:39:32 les forces en présence qui permettent de travailler sur ces sujets.
00:39:35 Et on a un tissu extrêmement dense et puissant
00:39:39 et formé et avec beaucoup d'expérience d'associations
00:39:42 qui ont des antennes locales
00:39:43 et qui, elles, assurent sur le long terme un accompagnement,
00:39:46 qui sont en contact avec des thérapeutes
00:39:48 qui peuvent accompagner aussi.
00:39:49 La question judiciaire dont vous parlez,
00:39:51 elle est aussi extrêmement sensible.
00:39:52 C'est-à-dire que lorsque l'on doit se porter en justice,
00:39:56 il faut pouvoir préciser le préjudice.
00:39:59 Quel est-il lorsque vous avez fait partie d'une communauté
00:40:01 et que vous décidez qu'elle vous a gâché la vie ?
00:40:04 Comment est-ce que vous estimez la valeur
00:40:06 de la réparation de vos années de vie gâchées,
00:40:08 des carrières que vous auriez voulu faire,
00:40:09 de la famille dont vous avez été privé,
00:40:11 de l'amour peut-être que vous n'avez pas pu avoir
00:40:14 parce qu'on vous a imposé un conjoint ?
00:40:16 Comment est-ce que vous quantifiez le préjudice de tout ça ?
00:40:19 C'est extrêmement difficile. Moi, je ne saurais pas le faire.
00:40:21 Et je remarque que, dans le système judiciaire,
00:40:24 ceux qui sont en charge de juger ces affaires
00:40:26 sont très mal à l'aise aussi avec ces sujets
00:40:28 parce que c'est très difficilement quantifiable.
00:40:30 -Un grand merci, Nicolas Jacquet, d'avoir témoigné,
00:40:33 nous avoir fait passer ces messages.
00:40:34 On reste en direct depuis les assises
00:40:38 contre ces dérives sectaires.
00:40:40 Dans un instant, le temps de l'équiper,
00:40:42 on sera avec Georges Fenech, qui a présidé la Miviludes,
00:40:46 cette mission de lutte contre les dérives sectaires.
00:40:48 Juste avant, je voudrais avoir une réaction
00:40:51 Yvan Royoufol et Philippe Bilger.
00:40:52 Je le disais, et vous avez entendu aussi le témoignage
00:40:54 de Nicolas Jacquet, qui était particulièrement fort,
00:40:58 il y a une hausse, là, ces dernières années,
00:41:01 des signalements des gens qui sont sous la coupe
00:41:03 de "gourous 2.0", tel qu'on les appelle,
00:41:05 ou alors d'entreprises sectaires, on va dire, plus...
00:41:10 On va dire...
00:41:12 connues.
00:41:13 Comment vous voulez expliquer
00:41:15 cette fragilisation de la société ?
00:41:16 -Je pense qu'il faudrait peut-être,
00:41:18 et peut-être que Georges Fenech va nous aider en cela,
00:41:20 il faudrait d'abord définir de quoi on parle.
00:41:21 Comment on doit définir une secte ?
00:41:24 Parce que vous avez des idéologies sectaires
00:41:26 et vous avez des entreprises sectaires, me semble-t-il.
00:41:28 Une idéologie sectaire, comme le wokisme, par exemple,
00:41:31 repose également sur l'enfermement, sur l'embrigadement,
00:41:33 sur l'absence d'esprit critique, mais c'est...
00:41:36 -On va lui demander une définition.
00:41:37 -Mais c'est une idéologie dans laquelle vous pouvez vous libérer.
00:41:41 Si j'ai bien compris, l'entreprise sectaire,
00:41:43 c'est une entreprise qui vous enferme
00:41:45 au point même que vous ne pouvez pas en sortir seul.
00:41:47 C'est ce que s'est expliqué cet interlocuteur.
00:41:49 Et donc, la définition que je propose
00:41:52 de la vraie secte de l'entreprise sectaire,
00:41:55 c'est qu'il faut qu'il y ait un gourou,
00:41:56 qu'il y ait une emprise telle
00:41:58 que votre propre détermination soit édulcorée,
00:42:00 et qu'il y ait une relation d'argent.
00:42:02 Je pense qu'également, il y a aussi cette manière
00:42:05 de vouloir un peu corrompre les gens
00:42:08 afin de leur soutirer des sous.
00:42:10 -Alors, Georges Fenech, bonjour.
00:42:12 Ravi de vous retrouver en direct du ministère de l'Intérieur.
00:42:15 Je ne sais pas si vous avez entendu Yvan Rioufol.
00:42:17 Quelle définition, finalement, vous donnez
00:42:21 au mot "secte" et aux dérives sectaires ?
00:42:22 C'est quoi, une secte, finalement ?
00:42:25 -Oui, c'est une question difficile que me pose Yvan Rioufol.
00:42:29 Dans la mesure où il n'y a pas de définition juridique
00:42:35 d'une secte,
00:42:37 il n'y a pas de concept juridique.
00:42:39 Vous ne trouverez jamais dans aucun texte de loi
00:42:42 le mot "secte".
00:42:44 On sait dans le droit commun,
00:42:45 enfin, dans le langage commun, ce que cela veut dire.
00:42:48 Couper, sectarer, couper du reste de la société,
00:42:51 du reste de la famille.
00:42:53 C'est effectivement la notion de rupture qui est importante.
00:42:56 Par contre, la France a développé, avec la Myvilude,
00:43:00 une connaissance unique,
00:43:01 parce que je le rappelle toujours, la Myvilude est unique au monde.
00:43:04 Il n'y a pas un autre pays où il existe une Myvilude.
00:43:07 Et donc, on a développé une expérience,
00:43:09 une expertise qui nous est beaucoup demandée,
00:43:11 d'ailleurs, par les pays étrangers,
00:43:13 à partir des critères de la dérive sectaire.
00:43:16 Quels sont les critères de la dérive sectaire ?
00:43:18 Il n'y a pas un seul critère.
00:43:20 Il faut qu'il y ait la conjonction de plusieurs critères
00:43:22 pour qu'on puisse dire, là, nous sommes dans une communauté
00:43:25 à caractère sectaire.
00:43:27 Ces critères, c'est, encore une fois, la rupture familiale,
00:43:30 les démêlés avec la justice, les escroqueries,
00:43:35 la rupture avec le soin conventionnel.
00:43:37 Ça, c'est aujourd'hui le point d'entrée principal
00:43:40 des gourous thérapeutiques,
00:43:42 ceux que j'appelle, moi, les "dérapeutes",
00:43:44 et non pas les "thérapeutes",
00:43:46 qui, par le biais surtout d'Internet aujourd'hui,
00:43:49 et notamment depuis, vous l'avez dit sur le plateau tout à l'heure,
00:43:52 la crise sanitaire,
00:43:54 on a assisté à une véritable explosion des offres
00:43:57 en tout genre pour guérir, bien sûr, de la Covid,
00:44:00 mais aussi du cancer, du sida, de toutes les pathologies lourdes.
00:44:03 Et il y a des gourous Internet 2.0, comme on dit,
00:44:08 qui ont des centaines de milieux.
00:44:10 -Vous avez présidé la Mivilut de 2008 à 2012,
00:44:15 et là, on a l'impression qu'avec Internet,
00:44:17 qu'avec les réseaux sociaux, il y a une hausse des signalements
00:44:20 parce que c'est encore plus facile, finalement,
00:44:23 de tomber sous la coupe d'une secte.
00:44:25 C'est ça qui a vraiment changé
00:44:27 depuis le temps où vous présidiez cette Mivilut ?
00:44:29 -Oui, je pense qu'on ne tombe pas dans une secte comme ça.
00:44:35 On ne vous dit pas, ici, c'est une secte,
00:44:37 venez chez nous, vous serez protégés.
00:44:39 Il y a toujours des points d'entrée.
00:44:41 C'est la formation professionnelle,
00:44:42 notamment au travers, souvent,
00:44:45 de tout ce qui est développement de soi,
00:44:47 développement personnel, coaching et autres.
00:44:51 La santé, je le disais tout à l'heure.
00:44:53 Et donc, le cheminement, il se fait petit à petit,
00:44:57 mais une fois que vous êtes dans cette communauté virtuelle,
00:45:00 vous vous retrouvez pris au piège.
00:45:03 Et ce que je tiens à vous dire, chère Clély,
00:45:05 c'est qu'aujourd'hui, j'ai retrouvé, moi, la Mivilut,
00:45:08 que je croyais un petit peu avoir disparu,
00:45:10 et nous sommes au ministère de l'Intérieur.
00:45:13 Je peux vous dire qu'ici, sous l'impulsion
00:45:15 de la ministre de la Citoyenneté, Sonia Baques,
00:45:18 j'ai retrouvé tous les acteurs historiques qui sont là,
00:45:21 les anciens présidents, les associations, les avocats,
00:45:24 mais également toute une nouvelle génération,
00:45:26 y compris de députés, qui assistent ce matin.
00:45:30 Et j'en suis très heureux parce que depuis 10 ans,
00:45:31 l'Assemblée nationale n'a rien fait sur ce sujet.
00:45:34 Pas de groupe d'études, pas de commission d'enquête.
00:45:37 -Mais alors, justement, il nous reste 1 minute 30.
00:45:39 Vous connaissez les délais, Georges.
00:45:41 J'ai lu qu'il n'y avait que l'huître,
00:45:43 donc un tout petit groupe d'enquêteurs spécialisés
00:45:46 qui traquent justement les gourous en tout genre.
00:45:48 Lui, gourou... Enfin, lui, enquêteur,
00:45:51 contre ces gourous qui pullulent sur les réseaux sociaux.
00:45:54 Mais c'est rien.
00:45:56 -Oui, ça existe.
00:45:59 Ça a déjà le mérite d'exister.
00:46:01 C'est la CAIMAD,
00:46:02 la Cellule d'Assistance et d'Intervention
00:46:04 dans le milieu des rives sectaires.
00:46:06 C'est une police spécialisée au sein de la police judiciaire,
00:46:11 mais qui intervient, vous l'imaginez bien,
00:46:12 sur des dossiers complexes,
00:46:14 à la demande des enquêteurs de terrain, des gendarmeries.
00:46:17 Mais vous avez raison, ils sont en sous-nombre.
00:46:19 Il faudrait largement augmenter leurs effectifs.
00:46:23 -Ah oui.
00:46:24 Il nous reste 45 secondes, Philippe Biégea.
00:46:26 -Très vite, Georges.
00:46:27 Est-ce que le départ peut être facile à faire
00:46:31 entre des activités atypiques mais légitimes
00:46:34 et ce qui relève des rives sectaires ?
00:46:37 -Le départ entre... J'ai pas bien compris la question.
00:46:43 -Moi non plus, d'ailleurs.
00:46:44 -C'est pourtant évident.
00:46:46 Il y a des rives, il y a des activités
00:46:49 qui sont atypiques...
00:46:51 -La frontière, finalement.
00:46:52 La frontière entre une activité classique et une rive.
00:46:55 -Et qui sont légitimes et les rives sectaires.
00:46:58 Est-ce que c'est facile de faire le départ ?
00:47:01 -Non, on est sur une ligne de crête.
00:47:04 On est en matière de liberté individuelle,
00:47:08 liberté de conscience, liberté du soin,
00:47:10 si on est libre de se soigner ou pas.
00:47:13 Liberté de religion, toutes ces grandes libertés.
00:47:16 Il faut toujours faire attention,
00:47:18 c'était ma ligne de conduite,
00:47:19 à ne pas devenir une sorte d'inquisition.
00:47:23 La seule ligne de conduite qui doit séparer
00:47:26 ces activités de la dérive sectaire,
00:47:29 c'est tout ce qui trouble l'ordre public,
00:47:31 la santé publique,
00:47:33 tout ce qui enfreint la loi,
00:47:34 par exemple, l'insistance à personne en danger,
00:47:37 l'exercice illégal de la médecine.
00:47:39 C'est ça qui doit conduire à l'action des pouvoirs publics.
00:47:42 -Merci beaucoup, Georges Fenech.
00:47:44 Merci à Nicolas Jaquet d'avoir témoigné.
00:47:46 On vous laisse reprendre le cours de ces assises.
00:47:49 Merci à Fabrice Elsner pour la mise en duplex.
00:47:52 On se retrouve juste après 15h.
00:47:53 On donnera de nouveau la parole aux lycéens et étudiants
00:47:57 qui manifestent contre la réforme des retraites.
00:47:59 On parlera aussi des usagers des transports
00:48:02 en séjour de grève.
00:48:03 15h, tout pile sur C News.
00:48:04 On commence par le journal.
00:48:06 -Bonjour à tous ceux qui nous rejoignent sur C News à 15h.
00:48:10 La mobilisation se poursuit un peu partout sur le territoire
00:48:13 contre la réforme des retraites.
00:48:15 Ce matin, des agents ont coupé le courant du Stade de France
00:48:18 et du chantier du village olympique à Saint-Denis.
00:48:21 Une annonce faite par le secrétaire général de la CGT Énergie.
00:48:24 Des blocages également dans le sud de la France.
00:48:27 Ce matin, l'autoroute A9 a été bloquée
00:48:29 par des centaines de manifestants.
00:48:31 Les grévistes se sont mobilisés sur un axe routier très important
00:48:35 entre la France et l'Espagne.
00:48:37 On commence avec notre renvoyé spécial Alexandre Meneghes.
00:48:40 -Ils sont 200 manifestants à s'être retrouvés ici, au Boulou,
00:48:44 dans les Pyrénées-Orientales.
00:48:45 Ils ont répondu à l'appel de l'intersyndicale
00:48:48 à bloquer cet axe stratégique entre la France et l'Espagne.
00:48:52 Ils souhaitent que, tout simplement, cette réforme soit retirée
00:48:56 ou encore une autre réforme soit proposée.
00:48:58 Mais en tout cas, ils ne souhaitent pas que la réforme passe
00:49:01 avec un départ à la retraite à 64 ans.
00:49:04 Ils veulent que, tout simplement, le gouvernement cède
00:49:07 à leurs revendications.
00:49:08 -Et toujours dans ce contexte de blocage,
00:49:10 on voulait vous montrer ces images.
00:49:13 A la veille des manifestations du 7 mars,
00:49:15 la route de Lorient a été saccagée à Rennes.
00:49:17 Du mobilier urbain a été détruit sur place
00:49:20 et des vitrines de magasins ont été brisées.
00:49:22 Nous sommes retournés sur place.
00:49:24 Reportage signé Michael Chaillot.
00:49:26 -C'est le commerce le plus touché par l'expédition nocturne,
00:49:30 route de Lorient, lundi soir, à Rennes.
00:49:33 Plus de 100 000 euros de préjudice, vitrines brisées,
00:49:36 intrusion et casse à l'intérieur du magasin.
00:49:39 Le patron ne veut pas s'exprimer par crainte de représailles.
00:49:42 Deux jours après les faits, on trouve encore
00:49:45 des caddies incendiés devant les commerces voisins
00:49:48 un peu moins touchés.
00:49:49 -Ils ont pris les palettes consignées,
00:49:51 ils les ont emmenées pour les brûler plus loin
00:49:54 sur la route de Lorient.
00:49:55 On estime à peu près entre 2 500 et 3 000 euros.
00:49:58 -Je ne pense pas que les différents syndicats
00:50:01 vont dans ce sens-là de casser, au contraire.
00:50:05 -Pas de syndicats derrière cette action ultra-violente,
00:50:08 mais 200 individus environ qui se retrouvent en pleine nuit,
00:50:11 une première à Rennes, selon ce policier
00:50:14 qui a sa petite idée sur les auteurs.
00:50:16 -Pas du tout dans le cadre d'une manifestation,
00:50:19 mais plutôt dans le cadre d'une casse organisée
00:50:21 par des individus qui sont étudiants,
00:50:25 qui font partie d'organisations comme Défense collective.
00:50:29 On sait que beaucoup d'actions sont décidées
00:50:33 lors de ces AG.
00:50:34 -A Rennes ? -A Rennes 2, oui.
00:50:36 -Defco pour Défense collective,
00:50:38 un groupuscule d'extrême-gauche très implanté
00:50:41 au sein de l'université de Rennes 2.
00:50:43 Une université bloquée, les cours sont suspendus depuis lundi.
00:50:47 La reprise est prévue au mieux ce vendredi,
00:50:50 selon la présidence.
00:50:51 -Les deux corps retrouvés la semaine dernière
00:50:56 en charante maritime sont bien ceux de Leslie et Kevin.
00:50:59 Ils ont été identifiés grâce à l'exploitation de l'ADN
00:51:02 qui ont été prélevés sur les deux corps.
00:51:04 Trois personnes ont été mises en examen
00:51:06 et placées en détention provisoire.
00:51:09 Direction le Royaume-Uni, à présent,
00:51:11 où la loi sur l'immigration illégale fait polémique.
00:51:14 Ce projet de loi vise à expulser les migrants
00:51:16 qui sont entrés illégalement sur le territoire.
00:51:19 Un texte particulièrement controversé,
00:51:22 jugé comme contraire au droit de l'homme par certains.
00:51:25 Les précisions de notre correspondante à Londres,
00:51:28 Sarah Menaï.
00:51:29 -C'est un texte vivement critiqué,
00:51:31 autant ici au Royaume-Uni qu'à l'international.
00:51:33 Un point en particulier attise les crispations.
00:51:36 Ce projet de loi prévoit que ces personnes
00:51:38 entrées illégalement sur le territoire britannique
00:51:41 ne pourront pas bénéficier de la loi britannique
00:51:44 contre l'esclavage moderne.
00:51:45 Les associations d'aide aux réfugiés et les ONG,
00:51:48 telles qu'Amnesty International ou Human Rights Watch,
00:51:51 estiment que ce texte de loi est contraire au droit de l'homme.
00:51:54 Même son cloche à New York, du côté des Nations Unies,
00:51:57 dit-il, profondément inquiet.
00:51:59 Ici, au Royaume-Uni, cette semaine,
00:52:01 ce sont les propos de l'ancien footballeur anglais
00:52:04 Gary Lineker, qui font beaucoup parler,
00:52:06 qui font la une de beaucoup de journaux.
00:52:08 L'ancien footballeur devenu consultant pour la BBC
00:52:11 a comparé ce projet de loi aux méthodes de l'Allemagne des années 30.
00:52:15 Face aux critiques, le gouvernement britannique,
00:52:17 lui et Suella Braverman, en tête,
00:52:19 la ministre de la Nazaré, qui a présenté ce projet,
00:52:22 défendent leur texte de loi.
00:52:24 Le Premier ministre britannique, Richie Sounak,
00:52:26 a dit que le nombre de traversées illégales de la Manche
00:52:29 avait quadruplé en deux ans.
00:52:31 Le système d'asile au Royaume-Uni
00:52:33 se dit aujourd'hui complètement dépassé, selon Londres.
00:52:36 Dans sa lutte contre l'immigration clandestine,
00:52:39 le Royaume-Uni compte renforcer sa collaboration avec la France.
00:52:42 Le sujet devrait être abordé ce vendredi à Paris,
00:52:45 à l'occasion de la rencontre entre Richie Sounak et Emmanuel Macron.
00:52:49 -Voilà pour ce tour de l'actualité à 15h.
00:52:51 Sur C News, la suite de vos débats,
00:52:53 c'est la parole au français,
00:52:55 Cléli Mathias et ses invités.
00:52:57 -Merci. Je suis toujours en compagnie d'Yvan Rioufol
00:53:00 et de Philippe Bilger.
00:53:01 La jeunesse est dans la rue contre la réforme des retraites,
00:53:04 des lycées bloqués, des universités également
00:53:07 qui sont fermées ou bloquées.
00:53:09 Nous sommes en ligne avec Imane Wellage,
00:53:11 qui manifeste aujourd'hui, qui est la présidente de l'UNEF.
00:53:15 Merci d'être en direct avec nous.
00:53:17 J'avais une question, puisque là, c'est la jeunesse qui manifeste,
00:53:21 que ce soit les lycéens ou les étudiants,
00:53:23 mais avec les méthodes d'enseignement mises en place
00:53:26 pendant la crise sanitaire, notamment les cours en distanciel,
00:53:30 est-ce que ce n'est pas pour vous qu'ils souhaitaient faire
00:53:33 des actions, des grèves dans les lycées et dans les universités ?
00:53:36 Est-ce que ça ne vous met pas des bâtons dans les roues ?
00:53:39 Est-ce que les grèves sont moins visibles ?
00:53:42 -C'est sûr que la fermeture administrative
00:53:44 des universités et le passage en cours en ligne,
00:53:47 c'est une problématique pour la mobilisation étudiante.
00:53:50 Mais les jeunes, depuis le début de la mobilisation,
00:53:53 ils ont mis en place des actions différentes sur leurs universités,
00:53:57 avec des conférences, des débats,
00:53:59 qui ont réuni énormément de monde dans les universités.
00:54:02 Aujourd'hui, c'est aussi la preuve de la créativité des jeunes.
00:54:05 À Paris, il y a une manifestation qui est en cours,
00:54:08 qui finira ici, place de la République,
00:54:11 avec un festival organisé par les jeunes,
00:54:13 toute la soirée, jusqu'à 22h.
00:54:15 -Avez-vous l'impression que la jeunesse se mobilise
00:54:18 contre cette réforme, qu'il y a du monde,
00:54:20 qu'il y a une dynamique, un mouvement ?
00:54:23 -Il y a clairement une dynamique de la jeunesse
00:54:26 dans cette mobilisation.
00:54:28 Depuis 19 janvier dernier, on voit une augmentation
00:54:31 du nombre de jeunes dans les cortèges à travers la France,
00:54:34 que ce soit dans les grandes villes universitaires
00:54:37 ou dans les plus petites, où à chaque fois,
00:54:39 on a des chiffres qui oscillent entre 500 personnes
00:54:42 dans les petites villes et plus de 15 000 dans les villes.
00:54:45 -Une question pour vous, Yvan Rioufol.
00:54:47 -Ne craignez-vous pas, en appelant les ulyséens
00:54:50 et les universitaires et les universités
00:54:52 à rejoindre le mouvement contre les retraites,
00:54:55 d'activer une sorte de radicalisation
00:54:58 et voire même d'activer une dérive vers la violence ?
00:55:01 -Non, pas du tout.
00:55:05 On voit ce qui se passe sur les universités.
00:55:07 Les blocages se passent relativement bien.
00:55:10 C'est dans une ambiance festive et bon enfant.
00:55:12 C'est à l'image de la mobilisation de façon globale
00:55:15 depuis le début, où on voit, du coup,
00:55:18 des familles, des jeunes être dans la rue,
00:55:20 faire la fête ensemble et faire en sorte
00:55:22 de se mobiliser tous ensemble pour faire entendre notre voix.
00:55:26 -Certains ont du mal à comprendre,
00:55:28 parce que souvent, on n'associe pas le mot "retraite"
00:55:31 au mot "jeunesse".
00:55:32 -Oui, la retraite, c'est clairement une affaire de jeunes.
00:55:38 Cette réforme va avoir un impact sur nous, les jeunes.
00:55:41 Quand on nous demande de travailler plus longtemps,
00:55:44 ça veut dire potentiellement mourir au travail.
00:55:47 En tant qu'étudiant, on n'est pas dupe,
00:55:49 même si le gouvernement nous dit que c'est pour nous.
00:55:52 On s'est bien rendu compte que même à 64 ans,
00:55:54 la retraite serait pas une réalité pour nous.
00:55:57 On serait obligés d'aller jusqu'à 67 ans.
00:55:59 -Un très court de Philippe Bilger.
00:56:01 -Est-ce que, véritablement, vous êtes angoissé
00:56:04 par le futur au sujet de la retraite
00:56:06 ou est-ce que vous manifestez une opposition politique
00:56:09 au pouvoir en place ?
00:56:10 -C'est pas une manifestation politique au pouvoir en place.
00:56:16 C'est une manifestation qui se mobilise pour son avenir.
00:56:19 La réforme de la retraite, c'est venu comme la cerise sur le gâteau.
00:56:23 On est précaires à 18, à 20 ans,
00:56:24 où notre quotidien, c'est dans les distributions alimentaires.
00:56:28 Quand on a vu cette réforme, on s'est dit qu'il y a pas d'espoir
00:56:31 pour l'avenir, on va devoir continuer les distributions alimentaires
00:56:35 à 67 ans, et c'est pas l'avenir qu'on veut.
00:56:37 -Merci d'avoir répondu à nos questions.
00:56:40 Vous étiez Place de la République, là où doit arriver le cortège,
00:56:43 et c'est une manifestation qui a démarré,
00:56:46 Garce-St-Lazare, à Paris.
00:56:47 Merci à Maureen Vidal et Charles Pousseau pour les images.
00:56:50 Vous parliez, Ima, de notre quotidien,
00:56:53 qui est perturbé par les grèves et les manifestations.
00:56:56 Nous sommes en ligne avec Michel Kidor,
00:56:58 vice-président de la Fédération nationale
00:57:01 des associations d'usages et des transports.
00:57:03 Je fais un point global sur la situation
00:57:05 dans les transports en commun.
00:57:07 Ca va mieux à Paris au niveau du métro,
00:57:10 mais au niveau des TGV, de la SNCF, des WeGo,
00:57:13 c'est pas tout à fait ça.
00:57:14 Vous verrez les prévisions de trafic.
00:57:16 Au niveau des vols, certains sont annulés,
00:57:19 en tout cas retardés.
00:57:20 Les usagers en ont marre ?
00:57:22 Ou ils comprennent davantage ce mouvement ?
00:57:24 On le sait dans les sondages,
00:57:26 les gens sont majoritairement contre cette réforme de la retraite.
00:57:30 -Les gens sont contre la réforme de la retraite.
00:57:33 C'est évident, clair et non discutable.
00:57:37 Ce qui, pour nous, est plus discutable,
00:57:39 c'est pas le droit de grève,
00:57:41 mais son prolongement dans le temps
00:57:43 pour une durée indéterminée.
00:57:45 Ca va complètement insécuriser les usagers, les utilisateurs,
00:57:48 que ce soit les utilisateurs quotidiens
00:57:51 ou les gens pour le week-end.
00:57:53 On sent bien que, tout du moins pour ce week-end-là,
00:57:56 tous les trains ne rouleront pas.
00:57:58 Ca peut poser des problèmes gênants
00:58:00 pour les gens qui veulent partir ou rentrer,
00:58:02 qui ont des projets familiaux.
00:58:04 Nous, ce qui nous inquiète,
00:58:06 c'est cette reconductibilité de la grève
00:58:08 qui n'offre aucune visibilité
00:58:10 et qui met le voyageur en première ligne
00:58:12 pour prendre 12 heures à l'avance,
00:58:15 d'avoir communication d'un plan de transport
00:58:18 qui ne le satisfera pas,
00:58:20 qui ne satisfera pas un grand nombre d'entre eux.
00:58:23 -Une journée, on peut s'organiser,
00:58:25 mais quand ça perdure, en tout cas, c'est plus difficile.
00:58:29 Une question pour vous, d'Yvan Rioufol.
00:58:31 -Dans la perspective que vous craignez
00:58:33 d'une continuation de ces blocages,
00:58:35 est-ce que l'opinion pourrait lâcher le mouvement ?
00:58:38 -Ca dépend de son degré de popularité.
00:58:40 Il est clair qu'à partir du moment où on gêne les gens,
00:58:43 et je note que pour les gens qui ne peuvent pas aller travailler,
00:58:47 ce sont les gens les plus modestes en première ligne,
00:58:50 les gens qui travaillent tôt, les gens postés,
00:58:52 les personnes qui vont nettoyer les bureaux avant qu'on y arrive,
00:58:56 les gens qui doivent aller au lycée, au collège ou à l'université.
00:59:00 C'est toute une population non motorisée
00:59:02 qui va se trouver face à un vide
00:59:05 qui risque de l'handicaper vraiment dans le déroulement.
00:59:08 Sur la prolongation du mouvement, je n'en sais rien,
00:59:11 personne n'en sait rien,
00:59:13 et c'est justement ça qui est extrêmement inquiétant.
00:59:16 D'autre part, et à plus long terme,
00:59:18 nous craignons à la Fédération
00:59:20 que ça ne décrédibilise le chemin de fer
00:59:22 comme moyen de transport puissant, décarboné et, disons, populaire.
00:59:26 Ca aussi, c'est assez grave pour l'avenir, à notre avis.
00:59:30 -Ca fait partie des enjeux.
00:59:31 Une question de Philippe Bilger.
00:59:33 -Vous êtes un breton infiniment modéré
00:59:36 par rapport aux incommodités de la vie quotidienne.
00:59:39 Est-ce à dire que vous comprenez
00:59:41 les ressorts de la contestation assez majoritaire ?
00:59:46 -Non, monsieur, nous ne comprenons pas
00:59:48 les ressorts d'une contestation
00:59:50 qui met en cause le service public.
00:59:52 Vous le savez comme moi, puisque vous êtes juriste,
00:59:55 qu'il y a un principe de continuité du service public en France
00:59:59 et que celui-ci n'est pas assuré.
01:00:01 Il y a aussi un droit à la mobilité, une liberté d'aller et venir,
01:00:04 qui, là, est outrepassé par l'abus qui est fait
01:00:07 d'un droit que nous ne contestons pas.
01:00:09 C'est pour ça que, dans le même temps,
01:00:11 nous souhaitons l'établissement,
01:00:13 mais ça sort à chaque fois, après s'être enterré,
01:00:16 l'instauration, négocier d'un service minimum tel qu'il existe
01:00:20 sous des formes différentes, en Allemagne ou en Italie.
01:00:23 Mais notre...
01:00:25 Notre ressentiment,
01:00:27 il est élevé, encore une fois,
01:00:30 compte tenu de la vie qui va être compliquée
01:00:32 et de la mise en cause d'un service public
01:00:35 absolument indispensable à la vie de la nation.
01:00:37 -Mais en quoi y a-t-il abus de ce droit de grève ?
01:00:40 Expliquez-nous.
01:00:41 -Il n'y a pas abus de droit de grève.
01:00:43 Il y a, dans la poursuite du droit de grève
01:00:46 pour une activité indispensable,
01:00:48 un handicap qui est institué
01:00:51 pour les gens qui doivent se déplacer.
01:00:53 Aujourd'hui, on ne conçoit plus...
01:00:55 La liberté ne se conçoit plus sans liberté d'aller et venir.
01:00:59 On ne peut pas concevoir une vie sur un long terme
01:01:01 avec un handicap si important.
01:01:03 Il est clair que priver les gens de déplacement,
01:01:07 c'est une atteinte à leur droit de travail
01:01:11 ou de loisir ou de déplacement,
01:01:13 et c'est aussi réorienter les déplacements
01:01:18 vers des déplacements et des modes de transport
01:01:20 beaucoup plus carbonés, comme la voiture ou l'avion,
01:01:23 alors que le train est reconnu comme un moyen de transport
01:01:26 extrêmement puissant et électrifié, donc propre.
01:01:29 -Merci, Michel Kidor, d'avoir répondu à nos questions
01:01:32 sur la galère des usagers en ces temps de grève.
01:01:35 C'est la fin de cette émission.
01:01:37 Vous pouvez la revoir sur cnews.fr
01:01:40 ou d'ailleurs avoir d'autres informations.
01:01:42 C'est Olivier de Kérenfleck pour 90 Minutes Infos.
01:01:45 Il reviendra sur le mouvement de contestation
01:01:48 contre la réforme des retraites,
01:01:50 alors que l'article 7 est passé au Sénat pendant la nuit.
01:01:54 Restez avec nous sur CNews.
01:01:56 Merci, Philippe Bilger et Yvan Riffaut.
01:01:58 A demain.