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Faire des blagues sur l'afroféminisme ? Moi, ce que j'en dis... Marine Baousson
France Inter
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08/03/2023
Retrouvez l'émission Zoom Zoom Zen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen
Catégorie
😹
Amusant
Transcription
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00:00
Pour une émission visant à décrypter notre époque, l'afroféminisme c'est un super sujet.
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Pour quelqu'un qui se pointe à la fin de l'émission et qui doit faire des blagues,
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c'est un guet-apens.
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Qui est ministre ? Là, pour le coup, notre thème est son pire cauchemar.
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Bonjour Marine Mausson !
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Bon Mathieu, qu'est-ce qui s'est passé là ? Me faire venir pour faire des blagues
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sur l'afroféminisme et vous attendez à ce que je dise quoi ? « Je suis féministe,
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j'adore les noirs, je suis donc afroféministe ! ». L'idée n'est pas ouf, surtout que
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je vous rappelle que je m'appelle Marine.
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En plus, pardon, mais cette émission, c'est vraiment pas le meilleur endroit pour se
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lancer sur l'afroféminisme.
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Plus blanc que cette émission, c'est compliqué.
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Plus blanc que cette émission, c'est un concert de Vincent Delaire.
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Ce serait pas écrit France Inter sur la photo du podcast de Zoom Zoom Zen, on croirait que
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c'est une photo de groupe du Sénat.
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Franchement, c'est chaud.
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En revanche, j'ai lu le livre de notre invité, car oui, je travaille.
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Et spoiler alert, j'ai adoré.
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Pas travailler, ah oulala, non, je suis de gauche sur une radio de gauche.
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Pour moi, la valeur travail, c'est comme la grammaire.
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Je sais pas c'est quoi.
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Disons que j'ai vraiment apprécié, vivement apprécié que cette lecture titille mon droit
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à la paresse, comme dirait Sandrine Rousseau.
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Alors que son frère Jean-Jacques Rousseau soutenait lui que les inégalités naissent
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artificiellement des systèmes sociaux.
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Ce qui n'est pas très loin de ce que dit Kiyé Mises dans son livre « Je suis votre
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pire cauchemar » qui a résonné en moi très très fort.
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Pour vous dire, j'ai tellement aimé que pour mieux savourer ma lecture, j'ai même
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éteint l'album de Vincent Delerme que j'écoutais.
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Je me suis reconnue et je voudrais vous remercier Kiyé Mises d'avoir trouvé les mots pour
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parler de mon quotidien de femme, de grosse et de noire.
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Pardon, je me suis un peu enflammée, j'ai senti, j'ai fait une blackface radiophonique
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en été maladresse.
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Dans le livre, vous dites merveilleusement à quel point même une grosse qui milite
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et pense que tous les corps sont beaux tels qu'ils sont peut intérioriser la grossophobie.
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Et c'est vrai que moi, je suis grosse et grossophobe.
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Là, on empêche Melba, comme dirait Rousseau.
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Stéphane, là, cette fois, c'est leur cousin québécois.
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Moi, je suis tellement grossophobe que pendant très longtemps, je pensais que si j'étais
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célibataire, c'est parce que j'étais grosse.
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Alors que l'équipe vous le confirmera, c'est probablement plus à cause de ma personnalité.
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Moi, je me disais que c'était à cause de ça que j'avais pas de mec.
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Et en fait, en réunissant réfléchissant bien, l'explication peut éventuellement
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se trouver dans le fait que je suis lesbienne.
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Bon, c'est vrai.
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En tout cas, dans le livre, vous expliquez que, et là je vous cite, « la grossophobie
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s'est construite pour asseoir les empires naissants.
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Afin de justifier scientifiquement et intellectuellement leur supériorité, il fallait déshumaniser
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les corps de ceux que l'on allait réduire en esclavage.
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Le corps des femmes africaines était jugé trop volumineux ». Et d'ailleurs, vous ajoutez
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qu'en gros, il a fallu construire et contrôler le corps des femmes européennes pour le distinguer
02:29
de celui des « sauvages noirs ». Donc je vous résume l'histoire.
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Au 15e-16e siècle, nous les grosses, on était un peu des « hit girls », genre décomplexés
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du bourrelet.
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Les magazines féminins de l'époque, c'était « Glass », « Junk Food » et « Gaines
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Rambouré ». 10 conseils pour être plus grosse pour l'été et faire tomber en
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pamoison tous les gentils hommes.
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Mais finalement, des colonialismes blancs en trottinette avec des Stan Smith de l'époque,
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pardon temps pour nous, on va dire que vous êtes horribles parce que, hé, l'esclavage,
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non ? Alors attention, là je ne suis pas en train de vous dire que du coup, comme je
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suis grosse et que je subis de la grossophobie, moi aussi je suis une victime du racisme et
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de l'esclavage.
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Non, je ne suis pas Clémentine Sélarier.
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Non, ce que je veux vous dire, c'est que le fait que le regard posé par la société
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sur le corps des femmes noires, afin de pouvoir les rendre esclaves, c'est exactement le
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même que celui qui a décidé que mon corps était dégoûtant, afin de justifier cette
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oppression inhumaine, et bien je trouve que ça, ça prouve bien à quel point toutes
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les luttes féministes sont liées et donc intersectionnelles.
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Et franchement Mathieu, en ce 8 mars, ça fait du bien de s'intéresser à d'autres
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réalités que celles du féminisme blanc pour écouter, notamment celles des afroféministes.
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Merci Kiyemis d'avoir pris le temps de venir nous éduquer et surtout, est-ce que vous
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voulez bien me dédicacer mon livre ?
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Je vous le tends et c'est bien comme ça on a pu parler aussi de ce livre plus précisément.
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Je vous le tends, merci beaucoup Marine Bausson, vous allez repartir heureuse avec votre dédicace.
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