Mahmoud Darwish ô mort attends moi - Extrait de Murale, traduction d’Elias Sanbar, éd. Actes Sud.
[...] Et je veux vivre... J’ai à faire à bord du navire. Non pour préserver l’oiseau de notre faim Ou du mal de mer, Mais pour voir de près le déluge. Et après ? Que feront les rescapés de la terre ancienne ? Reprendront-ils le récit ? Qu’est le commencement ? Qu’est l’épilogue ? Aucun mort n’est revenu nous dire La vérité…
O mort attends-moi à l’extérieur de la terre, Attends-moi dans tes contrées, le temps que j’achève Une conversation passagère avec ce qui reste de ma vie À proximité de la tente. Attends que j’achève la lecture de Tarafa ibn al-‘Abd. Les existentialistes me séduisent Qui puisent dans chaque instant Liberté, justice et vin des dieux… Alors ô mort, attends que j’achève Les préparatifs des funérailles dans le printemps fragile où je suis né, Où j’interdirai aux orateurs De répéter ce qu’ils ont déjà dit De la patrie triste et de l’obstination des figuiers et des oliviers Face au temps et à ses armées.