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Rebecca Marder : "François Ozon insuffle un vent de MeToo et parle de sujets diablement d'actualité"
France Inter
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28/02/2023
Les actrices Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz , à l'affiche de Mon crime, de François Ozon, sont les invitées de 7h50.
Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50
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7h48, deux actrices sont avec nous ce matin dans ce studio pour parler d'un film « Mon
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crime » dont elles partagent l'affiche, Nadia Tereskevits et Rebecca Marder.
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Bonjour à toutes les deux.
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Bonjour.
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Merci d'être avec nous ce matin.
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« Mon crime » de François Oswand en salle mercredi prochain, mercredi 8 mars.
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C'est un film qui raconte l'histoire de deux jeunes amies, l'une est actrice, l'autre
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est avocate et elles peinent à faire décoller leur carrière.
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Ça n'est pas du tout votre cas dans la vie puisque vous crevez l'écran depuis quelques
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mois.
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Nadia, vous avez reçu vendredi le César de Meilleur Espoir Féminin pour votre rôle
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dans le film « Les Amandiers ». Rebecca, vous tournez beaucoup également.
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On vous a vu l'an dernier à l'affiche, notamment dans « Simone, le voyage du siècle
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», qui a très bien marché.
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Est-ce que vous vous connaissiez avant le tournage de « Mon crime » toutes les deux ?
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Non, on ne se connaissait pas.
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Enfin, moi je l'avais vu jouer dans « Seules les bêtes » de Dominique Molle et puis on
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s'est rencontrées pour le casting, pour l'audition.
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Nadia ?
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Moi aussi je la connaissais depuis que j'ai 10 ans parce que j'ai vu Rebecca dans son
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premier film quand elle avait 10 ans et du coup moi aussi.
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Mais après, c'est vrai qu'on s'est rencontrées pendant le casting et ça a tout de suite
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matché.
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Vous ne vous connaissiez pas et là vous ne vous quittez plus ?
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Oui, exactement.
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Comment ça se passe la rencontre et le travail ? Peut-être même avant le tournage, vous
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êtes deux amies, vous êtes très proches dans le film pour que cette sororité, cette
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solidarité entre femmes, cette amitié, elle éclate à l'écran.
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Est-ce que vous avez passé du temps ensemble avant ? Est-ce que François Ozon vous a demandé
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ça ? Vous a réservé des moments pour ça ?
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Oui, on a fait beaucoup de lectures et puis comme rarement sur un tournage, on a eu ce
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luxe-là de répéter en amont du tournage, ce qui arrive rarement au théâtre, oui,
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mais au cinéma peu.
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Et donc là, on a répété pendant deux semaines dans les décors en studio avant le tournage.
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Donc tout de suite, ça nous a liés.
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Oui, puis on a passé du temps ensemble.
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Je suis allée voir Rebecca au théâtre, c'était sa dernière à la Comédie-Française
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et puis après, comme ça marche dans la vie, c'est toujours plus simple quand on est aussi
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amis dans la vie.
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Ce n'est pas banal de partager l'affiche d'un film à deux.
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En quoi est-ce particulier ? Est-ce qu'il faut veiller à la place de l'autre en permanence
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?
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Mais de toute façon, sur n'importe quel projet, on fait attention à ses partenaires.
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J'ai l'impression que ce soit au théâtre, au cinéma ou dans un film.
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Mais c'est vrai que de jouer un duo et d'autant plus un duo aussi complémentaire parce que
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dans ce film, ce film parle vraiment de ça.
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C'est deux jeunes femmes visionnaires qui sont toutes les deux très malicieuses et
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qui ont besoin l'une de l'autre aussi pour réussir.
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Et la fin justifie les moyens.
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Nadia, ça existe la sororité au cinéma ? Vous vous retrouvez fatalement en concurrence
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parfois pour des rôles.
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Vous êtes exactement de la même génération.
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Vous avez 26 et 27 ans toutes les deux.
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Je pense que là, c'est un film sur la sororité qui met en valeur l'amitié féminine et
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évidemment que j'y crois.
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Je pense qu'on est toutes les deux très différentes et en même temps, on a une connexion
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là dans le film en l'occurrence, mais en termes de concurrence, je ne dirais pas ça.
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Je suis fière de faire partie d'une génération de comédiennes que j'admire et avec qui
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j'aime travailler et avec qui je m'entends dans le travail et dans la vie.
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Nadia, vous jouez donc dans ce film une actrice.
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Rebecca, vous êtes une avocate, vous êtes sans le sou, vos carrières, je l'ai dit,
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piétinentes.
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Et lorsque votre personnage Nadia se retrouve accusée d'un meurtre qu'elle n'a pas
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commis, celui d'un riche producteur de cinéma, vous décidez toutes les deux de faire de
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ce procès à la fois un tremplin pour vos carrières, pour vous faire connaître, mais
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aussi une tribune pour défendre le droit des femmes, ce qui va parfaitement fonctionner.
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Et donc vous décidez de vous accuser, Nadia, de ce crime.
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Ça se passe dans cette scène du film dont on écoute un extrait.
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« J'avoue.
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» « Vous avouez quoi ? » « Mon crime.
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C'est moi qui ai tué mon frère.
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Passez-moi les menottes.
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» « Mais attendez, attendez, mais vous êtes sûre ? » « Certaine.
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Je l'ai tuée avec son revolver que j'ai ramené chez moi à Rue Jacob.
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» « Non, non, attendez.
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Maître Molléon, vous confirmez ? » « Je confirme les aveux de ma cliente.
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» « Rapu ! Qu'est-ce que vous dites de ça ? » « Ah oui, félicitations, monsieur
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le juge.
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» « Ma chère petite, vous avouez, je suis le plus heureux des hommes.
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» « Moi aussi.
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Enfin, des femmes.
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On va me conduire en prison ? » « Je suis désolé, mais c'est inévitable.
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» « Ne vous excusez pas.
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Notre propriétaire allait nous expulser d'un jour à l'autre.
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» « Oh, alors je vous rends plutôt service ? » « Plutôt.
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» « Elle est délicieuse. »
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Voilà, l'accusé qui rend service aux juges d'instruction, incarné par Fabrice
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Lucchini.
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On a reconnu Olivier Broche dans le rôle du greffier.
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Comment s'est passé le tournage avec Fabrice Lucchini, Nadia ?
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C'était génial.
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J'étais très intimidée au début.
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Surtout que c'est quand même le maître de l'éloquence.
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Moi, je ne venais pas du théâtre.
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Le premier jour de tournage, il m'a dit d'articuler.
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Il ne comprenait pas ce que je disais.
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» « Il vous l'a dit carrément comme ça ? » « Oui, mais il m'a dit pardon,
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je n'ai pas compris.
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» « Ça vous a déstabilisé peut-être ? » « Non, mais il est génial.
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Il m'encourage.
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Il m'a dit de travailler avec un crayon dans la bouche, ce que j'ai fait très scolairement
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tous les soirs.
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J'ai pris un plaisir fou à m'approprier la langue, à se mettre les mots en bouche
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et à travailler l'articulation pour après être libre sur le plateau.
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Et en fait, c'est vrai que ça tire vers le haut d'avoir des partenaires aussi merveilleux.
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J'ai appris de chacun, que ce soit de Rebecca, que de tous les acteurs.
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» « Surtout de moi, bien sûr.
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» « Oui, évidemment.
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Et pas du tout d'Isabelle Hubert, de Michel Faux, d'André Dusselier, de Danny Boon avec
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l'accent marseillais à ne pas rater.
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Beaucoup d'autres.
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« Casting Royal, film léger, jubilatoire.
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François Ozon explique qu'il a voulu un film, je le cite, pour mieux « supporter
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la dureté du présent » Rebecca Marder.
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« Oui, mais c'est vrai parce qu'il place l'action dans les années 30.
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D'ailleurs, c'est une pièce, c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre.
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Mais comment dire, il place l'action dans les années 30 et il insuffle en même temps
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dans cette adaptation un vent de Me Too et il parle de sujets qui sont vraiment diablement
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d'actualité.
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Et le fait de placer cette action dans ce contexte historique permet le rire et permet
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de faire passer aussi des messages d'autant plus profonds et importants parce que peut-être
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que le même sujet traité aujourd'hui ne serait pas une comédie et c'est un sujet
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qui est grave.
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Et en même temps, c'est une jeune femme qui s'incrimine elle-même.
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Je dirais, elle accuse personne à tort.
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Ce n'est pas une opportuniste.
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Et je trouve que c'est très fort de sa part.
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François Ozon, il a ce don-là d'entrer dans des univers tellement différents d'un
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film à l'autre.
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Il est très très minutieux et presque à la manière d'un archéologue.
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Ça fait tous entrer dans cet âge d'or du cinéma, emportant en plus un message féministe
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et sur la libération de la parole.
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Donc je trouve que ces deux jeunes femmes, elles ont quand même presque un siècle d'avance
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sur leur temps.
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Oui, parce que vous avez parlé de Me Too, la première scène du film, votre personnage
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Nadia raconte la tentative de viol qu'elle subit de la part de ce riche producteur qui
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finalement sera assassiné.
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Elle appelle évidemment l'affaire Weinstein à l'origine du mouvement Me Too.
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Comme Rebecca, vous partagez l'idée que c'est un film féministe et qui a un propos
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politique.
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Nadia Tereskevits ?
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Oui, je pense que c'est vraiment un film profondément féministe.
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Dès la lecture, j'étais surprise de toutes les résonances avec l'actualité.
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Et ces deux filles, on replace dans le contexte des années 30, les femmes n'avaient pas
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de droit de vote, pas de carnet de chèque, elles devaient avoir une dot pour se marier.
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Il n'y avait sûrement pas d'avocates non plus.
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Les avocats n'étaient pas un métier pour les femmes.
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Oui, et par survie, elles n'ont pas de possibilité de s'en sortir.
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Elles galèrent, mais c'est vraiment ancré dans le contexte des années 30.
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Et en fait, par survie, elles saisissent une opportunité et se découvrent presque à
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leur insu une parole politique et une conscience politique et une parole féministe puissante
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face à cette société patriarcale.
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Le fait qu'elles puissent faire bouger le statut des femmes, la prise de conscience,
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elle se fait notamment au moment du procès pour mon personnage.
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Elle comprend avec les mots de son amie Pauline qu'en fait, elle peut avoir une parole.
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C'est là où l'évolution, je trouvais ça vraiment intéressant et fort à apporter.
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Sur l'évolution, justement, les actrices du film disent être dépendantes du pouvoir
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et du bon vouloir des hommes.
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Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui, Rémé Camardère ?
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Non, j'ai l'impression que quand même, on avance de plus en plus.
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Même si le chemin reste long, on l'avance et là.
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Film léger et profond à la fois, c'est un vrai plaisir, vraiment.
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« Mon crime » de François Ozon, film France Inter en salle mercredi prochain, mercredi
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8 mars, journée internationale du droit des femmes.
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Ça n'aura échappé à personne, c'est très drôle, on rit, on en a entendu un extrait.
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Merci à toutes les deux, Nadia Teressier, Rebecca Marder d'avoir été avec nous ce
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matin.
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Je vous garde encore quelques minutes, s'il vous plaît.
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