J'arrête les frais - Le Billet de François Morel - Vidéo Dailymotion

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Le billet d'humeur de François Morel dans le 7/9 (8h55 - 17 Février 2023) Retrouvez tous les billets de François Morel sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-francois-morel

Transcript

00:00 François Morel, à vous ! Pendant longtemps, j'ai gardé au fond d'un tiroir un autographe

00:05 de Serge Lama, juste sa signature sur une photo en noir et blanc obtenue en 1970 lors

00:12 de la foire-expo de Flair de Lorne qui avait également invité Rick Azaray et Tino Rossi.

00:18 Cette année-là, la place du champ de foire de Flair de Lorne, c'était l'Olympia,

00:22 Bobineau, le Casino de Paris.

00:24 Cette année-là, Flair de Lorne, c'était Broadway.

00:26 Tino Rossi en personne, je l'avais même aperçu en vrai.

00:30 Il était dans sa voiture, sortant de l'hôtel Oasis, le plus moderne de la ville à l'époque,

00:36 juste à côté de la place des Saint-Bec, dans une Mercedes et il téléphonait.

00:40 Oui, en 1970, Tino Rossi téléphonait à l'intérieur de sa voiture.

00:46 Cette année-là, Flair de Lorne, c'était la Silicon Valley, c'était la planète Mars.

00:51 Tino Rossi en 1970, c'était un vieillard de 63 ans.

00:55 Sur scène, sa prestation évoquait peu l'énergie d'un Jim Morrison ou d'un Mick Jagger.

01:01 J'avais 11 ans et peu sensible, j'étais à la nostalgie de Marinella et de Chichi.

01:06 Rick Azaray chantait Kazatchok et Balapapa, je trouvais ça très populaire.

01:11 À 11 ans, j'étais un peu snob.

01:13 Mais Serge Lama, qui à l'époque était le moins connu des trois, m'avait subjugué,

01:18 bouleversé, conquis.

01:20 Il chantait Une île, d'aventure en aventure, le temps de la rengaine, le 15 juillet à 5h.

01:28 Ma voix murmure, tranquille et sûre, comme un vieux disque qu'on écoute, un verre de

01:33 whisky à la main.

01:34 Sous la véranda, on s'installe dans un bruit feutré de sandales, devant un parterre de

01:39 fleurs, le 15 juillet à 5h.

01:42 Serge Lama chantait les choses les plus émouvantes, les plus délicates qui soient, puis Tony Truet

01:48 dans les brancards, rigolait, chantait fort, c'était un héros.

01:51 Vendredi dernier, quand je l'ai vu sur la scène des Victoires, j'ai repensé à mes

01:55 émotions d'enfant de 11 ans, et je me disais qu'il ne pouvait pas avoir 80 ans, puisque

02:00 j'en avais toujours 11 en l'écoutant chanter.

02:03 « J'arrête l'effret, il a dit, avec prosaïsme et franchise, avec pudeur et émotion.

02:07 J'arrête l'effret parce que c'est trop dur de chanter debout deux heures sur scène,

02:12 parce que le corps ne suit plus, parce qu'il n'est pas question pour lui de chanter assis,

02:16 parce qu'il est fier, orgueilleux, parce qu'il ne veut pas faire pitié, parce que

02:20 sur le ring d'un musical qui, une à une, éteint ses lumières, il ne veut pas faire

02:25 le combat de trop.

02:26 Je suis sûr qu'en cherchant un peu, je retrouverai l'autographe que Serge Lama m'a signée

02:32 en 1970 sur la place du chant de foire à Flair.

02:37 Les émotions d'enfant sont indestructibles. »

02:40 François Morel, merci.

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