Boby et les gilets jaunes aux Champs-Élysées : «J’avais l’impression de photographier l’Histoire»
Mobilisé par «Libération» pour couvrir les manifestations, notre photoreporter Boby revient sur la mobilisation la plus marquante : l’acte III des gilets jaunes, le 1er décembre 2018.
Le 1er décembre 2018, le France connaît une journée de manifestation marquée par de nombreuses violences. A Paris, l’Arc de triomphe et les quartiers huppés sont pris pour cible, des affrontements très violents entre force de l’ordre et manifestants éclatent, les magasins et les véhicules sont incendiés.
Le cliché en haut de l’Arc de Triomphe, la statut éborgnée, les émeutes... Des images qui ont fait le tour du monde. Dans cet entretien, Boby nous explique comment il a vécu la couverture de cette manifestation historique.
Le 1er décembre 2018, le France connaît une journée de manifestation marquée par de nombreuses violences. A Paris, l’Arc de triomphe et les quartiers huppés sont pris pour cible, des affrontements très violents entre force de l’ordre et manifestants éclatent, les magasins et les véhicules sont incendiés.
Le cliché en haut de l’Arc de Triomphe, la statut éborgnée, les émeutes... Des images qui ont fait le tour du monde. Dans cet entretien, Boby nous explique comment il a vécu la couverture de cette manifestation historique.
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00:00 J'avais l'impression que tout Paris était en feu.
00:01 C'était quelque chose d'assez hallucinant.
00:04 Un moment qui m'a vraiment marqué en photographie,
00:10 je pense que c'est celui que je n'oublierai jamais,
00:13 c'est l'acte III des Gilets jaunes.
00:14 Il s'est vraiment passé tellement de choses pendant cette manif
00:17 que pour une fois, j'avais vraiment l'impression de photographier l'histoire.
00:22 C'est marrant, mais vraiment, je me suis dit,
00:24 je n'ai jamais vu ça, c'était tellement démesuré
00:28 et c'était tellement des gens différents d'habitude.
00:31 C'était vraiment monsieur, madame, tout le monde
00:33 qui manifestait dans un lieu extraordinaire.
00:36 J'avais l'impression que tout Paris était en feu.
00:38 C'était quelque chose d'assez hallucinant.
00:41 Honnêtement, je pense que personne n'y était préparé.
00:45 Je crois que c'est une des rares fois où je voyais les policiers partir en courant
00:49 de peur,
00:50 aussi par la puissance de la colère qui s'est développée ce jour-là.
00:55 C'était vraiment...
00:56 On voyait vraiment des gens...
00:58 Je voyais des gens qui gueulaient "Jurassien" en avant.
01:01 J'avais l'impression que j'étais dans une scène du Seigneur des Anneaux.
01:04 J'avais l'impression de photographier l'histoire parce que dans...
01:08 l'histoire des manifestations, d'habitude,
01:10 elle ne se passe pas du tout dans ce lieu-là.
01:12 On est plus d'habitude sur du République Bastille ou Bastille-Ribes.
01:17 Et là, on est sur les Champs-Elysées
01:18 avec un décor grandiloquent, c'est l'Arc de Triomphe.
01:22 Concernant la photo dans l'Arc de Triomphe,
01:24 on est en fin d'après-midi
01:27 et je vois qu'il y a des manifestants qui sortent d'un escalier.
01:30 Je me disais "On peut monter en haut de l'Arc de Triomphe ?"
01:33 Je me suis dit "En plus, ça fera peut-être une belle vue d'ensemble, d'en haut."
01:37 Et donc je monte, je monte.
01:39 Et au fur et à mesure que je monte, je vois déjà que derrière moi,
01:41 il y a plein de manifestants qui suivent.
01:43 Il y en a aussi plein devant moi.
01:44 Je me dis "Mais qu'est-ce que je vais trouver là-haut ?"
01:46 Et en fait, j'étais jamais rentré dans l'Arc de Triomphe.
01:49 Et donc je rentre dans l'Arc de Triomphe
01:51 et un des premiers trucs que je vois,
01:52 c'est cette statue à laquelle on a cassé un oeil.
01:56 La beauté du fracas de la cassure sur la statue avec le cœur,
02:01 ça contrastait bien, c'était trop beau.
02:03 Sur ça, j'ai fait tellement de photos.
02:06 Celle-là, elle est restée longtemps,
02:08 mais même les décennies d'émeutes qui étaient assez hallucinantes
02:12 ou les gilets jaunes aussi qui protégeaient la flamme du soldat inconnu.
02:16 Il y avait tellement de symboles à chaque fois que c'est le moment.
02:21 C'est sûr, je pense que là, sur les dix dernières années,
02:23 c'est celui que je retiendrai en tout cas.
02:25 Sous-titrage ST' 501
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