Dans son édito du 06/02/2023, Paul Sugy revient sur la réforme des retraites.
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00:00 politique avec vous, Paul Sujit. Bonjour Paul. Bonjour Romain. La réforme des
00:03 retraites arrive aujourd'hui à l'Assemblée nationale où les débats
00:05 promettent bien sûr d'être animés vu l'opposition qu'elle suscite, cette
00:09 réforme, sur les bancs de la gauche et du Rassemblement national. Mais ce que vous
00:13 nous dites, Paul Sujit, c'est vivement qu'on en finisse. Ah ouais Romain, vivement
00:17 qu'on en finisse. Alors c'est pas seulement le cri de détresse des
00:20 éditorialistes qui ne savent plus très bien par quel angle la prendre cette
00:22 réforme, mais c'est que tout simplement cette séquence politique devient
00:25 asphyxiante, elle devient aussi ruineuse et plus le temps passe et plus elle
00:28 perd de son utilité. Déjà c'est un petit peu lunaire de voir le temps qu'on
00:30 perd effectivement à réformer les retraites quand en face de nous par
00:33 exemple aux Etats-Unis, le Patriot Acte rétablit le protectionnisme
00:37 économique et que pour l'instant on ne sait pas très bien comment est-ce que
00:40 l'Union Européenne va s'y préparer. Mais ensuite elle est asphyxiante parce que
00:43 les grèves se suivent et se ressemblent, c'est la double peine pour la plupart des
00:46 Français, ils sont à la fois contre les réformes des retraites mais en plus ils
00:49 doivent subir de plein fouet le mouvement de l'intersyndical. Et pourtant
00:53 jusqu'ici c'est le paradoxe, pas un seul de ces mouvements n'a eu le moindre effet
00:57 sur la détermination du gouvernement. Alors certes vous allez me dire,
01:00 Elisabeth Borne a esquissé des premières concessions ce week-end mais 2 millions
01:05 de grévistes et de manifestants n'y sont absolument pour rien,
01:07 elles ne s'adressent ici dans les colonnes du JDD qu'aux 39 Français,
01:11 aux 39 députés de droite qui lui manquent pour voter le texte à l'Assemblée.
01:15 Parce que pour voter le texte la majorité a besoin de l'aide des
01:19 Républicains. Mais oui c'est ça qui est grotesque dans cette histoire.
01:22 Voilà un parti qui avait fait campagne il y a un peu plus de six mois sur la
01:26 retraite à 65 ans et qui maintenant fait pression sur une ancienne socialiste
01:29 pour qu'elle allège un texte qui est pourtant défendu au nom de l'équilibre
01:32 budgétaire du système des retraites. Alors les concessions qu'Elisabeth Borne
01:35 destine au compte-gouttes sont d'ores et déjà coûteuses et la rapproche
01:39 dangereusement de sa ligne rouge qui est l'équilibre financier du système des
01:43 retraites. Rien que ce week-end en annonçant qu'elle allait prendre en
01:46 compte les carrières longues, donc permettre le départ à 63 ans pour ceux
01:49 qui ont commencé à travailler à 20 ou 21 ans, c'est jusqu'à 1 milliard d'euros par
01:53 an. Et certains députés à droite continuent de demander beaucoup plus
01:56 puisqu'ils veulent que pour ces personnes là qui ont cotisé au moins un trimestre
01:59 avant 20 ou 21 ans, et bien ils puissent partir à 43 annuités. Là cette fois-ci
02:05 ce serait dix fois plus cher pour le contribuable.
02:07 Alors c'est pas fini, on voit mal comment est-ce qu'au cours des débats
02:09 parlementaires, Elisabeth Borne ne va pas par exemple accorder un bonus pour les
02:13 mères qui ont eu plusieurs enfants ou ne va pas promettre davantage de mesures de
02:17 prise en compte de la pénibilité. A chaque fois ça coûte de plus en plus
02:20 cher. Ouf ! Heureusement que les débats à l'Assemblée ne vont durer que jusqu'au 17
02:24 février parce que sinon Elisabeth Borne va finir par distribuer 100 balles à
02:27 tous les français et un mars à Aurélien Pradié. Alors ce que vous nous dites aussi
02:32 ce matin Paul Sujit, c'est que les politiques préparent déjà l'après. Oui, en fait la
02:36 séquence de retraite est prévue pour durer jusqu'à fin mars, mais en coulisses
02:40 c'est déjà la suite que tout le monde prépare, à croire que comme moi tout le
02:43 monde a envie qu'on en finisse. Regardez, les Républicains et l'ERN sont déjà en
02:47 train en fait d'affûter leurs armes pour le texte sur l'immigration qui est
02:50 celui qu'ils attendent et sur lequel ils peuvent véritablement se positionner.
02:54 La gauche elle se préoccupe de son unité qu'elle espère garder jusqu'aux élections
02:58 européennes et même dans les rangs de la majorité alors que l'on fait front uni
03:01 sur la réforme des retraites, eh bien la menace d'une dissolution laisse planer
03:05 dans les têtes des députés et des ministres l'idée que peut-être Elisabeth
03:09 Borne pourrait ne pas être éternelle et certains commencent déjà à imaginer lui
03:12 succéder. Alors vous voyez, finalement tout le monde a hâte qu'on en finisse.
03:15 Merci beaucoup Paul Sujit. Vous pensez que le vote d'Aurélien Pradié ça vaut 100
03:20 balles et un ars ? Écoutez en tous les cas ce qu'on sait c'est qu'aujourd'hui les
03:24 tractations sont effectivement entre les Républicains et Elisabeth Borne et
03:28 c'est vraiment là que ça se passe et effectivement c'est à l'Assemblée, c'est
03:30 entre les Républicains et le gouvernement que tout va se jouer maintenant.
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