Retraites : "Cette mobilisation est une bonne image de ce qu’est le rejet de la réforme des retraites dans la population, à plus de 80%. Prendre l’argent sur les retraites est insupportable pour des gens qui constatent tous les jours que leur travail est plus difficile et moins bien rémunéré" rappelle François Hommeril, président de la CFE-CGC
Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1
Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous
Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1
Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous
Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00 [Musique]
00:02 – Et notre invité ce matin c'est François Embril, bonjour.
00:04 – Bonjour.
00:04 – Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes le président de la CFE-CGC,
00:08 c'est le syndicat des cadres, et on est ensemble pendant 20 minutes
00:10 pour une interview en partenariat avec la presse régionale.
00:13 Bonjour Christelle Bertrand.
00:14 – Bonjour Rianne, bonjour François Embril.
00:16 – Du coup, la dépêche Christelle, et on va évidemment parler
00:19 de cette journée de mobilisation, hier à l'appel des syndicats,
00:22 dont vous évidemment François Embril.
00:24 Mobilisation qui a été plus importante que la semaine dernière,
00:27 en tout cas dans la rue, après on va revenir dans le détail sur le reste.
00:30 Comment vous la jugez vous cette journée de mobilisation ?
00:32 – Je la juge très positivement, le fait qu'il y ait eu plus de gens
00:36 qui soient mobilisés c'est important je pense,
00:39 et de toute façon même le niveau est important,
00:41 et c'est aussi beaucoup le niveau de motivation des gens je crois.
00:45 Cette mobilisation finalement c'est une image assez bonne
00:50 de ce qu'est le niveau de rejet dans la population,
00:53 plus de 80% aujourd'hui, plus de 90% pour les salariés,
00:58 les gens qui travaillent, voilà on a l'expression,
01:01 un mouvement social c'est toujours l'expression
01:04 d'une majorité de la population,
01:05 et c'est très très bien que ça a été très visible.
01:08 – Alors les cadres ne sont pas toujours très présents
01:10 dans les mouvements sociaux,
01:11 là comment vous analysez la présence des cadres dans ce mouvement-là ?
01:14 Ils sont nombreux ?
01:15 – Alors je vais vous dire deux choses d'abord,
01:17 parce que c'est vrai que nous à la CFE-CGC
01:18 on nous présente souvent comme le syndicat des cadres,
01:21 moi je ne le dément pas parce que c'est un peu la vérité,
01:23 mais la vérité c'est aussi que c'est le syndicat de l'encadrement,
01:26 c'est-à-dire des techniciens, des agents de maîtrise, des cadres,
01:29 et de tous les agents de la fonction publique.
01:31 Et pourquoi ils sont nombreux ?
01:32 Parce qu'en fait il y a deux choses,
01:34 il y a une espèce de ras-le-bol quand même,
01:37 de la part des gens que je représente,
01:39 de considérer finalement que leur travail est de plus en plus dur,
01:43 et qui va de moins en moins finalement
01:45 dans le sens de l'entreprise et de son développement.
01:48 C'est un peu ça aussi la financiarisation,
01:50 je ne vais pas faire un topo là-dessus ce matin,
01:52 je ne pense pas que ce soit le sujet,
01:54 mais si vous voulez, ce phénomène de société finalement
01:57 qui tente à diriger l'activité, la concentration,
02:01 les responsabilités de tout le monde
02:02 vers la maximisation du profit pour l'actionnaire,
02:05 ça finit par fatiguer un peu tout le monde.
02:07 – Là ils sont dans la rue contre la réforme des retraites,
02:08 mais aussi parce qu'ils cherchent un sens à leur travail ?
02:10 – Il y a ça, et donc le fait qu'on vienne leur dire
02:13 "l'État a besoin d'argent",
02:14 parce que c'est ça le premier motif de la réforme,
02:16 on a besoin d'argent parce qu'il n'y a plus de ligne budgétaire
02:19 pour financer qui, l'hôpital, l'école, etc.
02:21 et donc on va le prendre sur les retraites,
02:24 en fait c'est insupportable pour des gens qui constatent
02:26 tous les jours que finalement leur travail
02:28 est toujours un peu plus difficile et un peu moins bien rémunéré
02:32 et que par ailleurs les entreprises sont inondées d'argent public,
02:36 sans discrimination, sans distinction et surtout sans conditionnement.
02:39 – Mais il y a un ras-le-bol aujourd'hui chez les cadres ?
02:41 – Oui, il y a une grande fatigue, bien sûr c'est granulaire,
02:43 tout le monde, et peut-être la moyenne c'est personne,
02:45 donc il y a des gens qui vont vous dire,
02:47 vous allez en trouver nous aussi d'ailleurs,
02:49 qui vont dire "non je suis super motivé",
02:51 c'est super et c'est bien d'ailleurs,
02:52 qu'il en reste encore aujourd'hui une grande partie qui sont très motivés
02:56 et il y en a d'autres qui finalement sont un peu désillusionnés
03:00 de ce qu'a été leur investissement dans leur carrière, dans leurs études,
03:03 qui arrivent en fin de carrière et qui aujourd'hui voient
03:06 que finalement la chose qui préoccupe le gouvernement
03:09 c'est de les faire travailler un peu plus,
03:11 sachant que, je voudrais répondre à une question
03:14 que vous alliez peut-être me poser,
03:15 est-ce que les cadres sont touchés ?
03:17 Eh bien certains ne le sont pas par la réforme,
03:20 d'autres beaucoup le sont beaucoup,
03:22 parce que vous savez un cadre de 50 ans dans le secteur bancaire
03:25 c'est souvent quelqu'un qui est rentré comme employé,
03:27 qui a fait de la formation,
03:29 qui a fait l'école des techniciens bancaires,
03:31 c'est souvent un agent de maîtrise dans l'industrie,
03:33 c'est quelqu'un qui est rentré comme ouvrier,
03:35 qui s'est investi, qui a fait de la formation.
03:36 – Donc vous n'allez pas jusqu'à parler de ras-le-bol,
03:38 ça ne va pas jusque-là, c'est mitigé.
03:40 – Écoutez, moi je pense aujourd'hui oui qu'il y a une grande fatigue
03:43 qui est liée à une forme de ras-le-bol
03:45 de la façon dont la société est gérée en termes de priorité.
03:47 – Alors hier année ce qu'on a pu faire des défilés
03:49 c'est qu'il y avait une forte représentation du secteur privé,
03:52 en revanche dans le secteur public,
03:54 la moléminisation semble un peu moindre que la semaine dernière,
03:57 est-ce que c'est quelque chose d'inquiétant ?
03:59 Est-ce que c'est un mauvais signal pour la suite ?
04:01 – Non, non, non, moi je ne crois pas du tout,
04:03 vous savez…
04:05 – Moins de grévistes ça ne vous inquiète pas ?
04:07 Le fait qu'il y ait moins de grévistes ça ne vous inquiète pas ?
04:08 – Non, honnêtement non, ce qui compte c'est les gens qui se mobilisent dans la rue,
04:11 faire la grève ce n'est pas facile, c'est perdre de l'argent,
04:15 les gens de la fonction publique ils ont perdu en 20 ans
04:18 plus de 30% de pouvoir d'achat, c'est une catastrophe,
04:21 c'est une responsabilité écrasante pour nos dirigeants depuis 20 ans,
04:24 c'est le gel du point d'indice,
04:26 et donc aujourd'hui faire deux jours de grève dans un mois,
04:29 pour quelqu'un qui est professeur d'anglais dans une banlieue de Paris
04:32 ou qui est agent administratif dans une mairie,
04:35 c'est perdre beaucoup d'argent et peut-être un peu handicaper
04:39 les vacances qui vont venir.
04:40 – Ce n'est pas ce que dit l'analyste quand fait le gouvernement aujourd'hui,
04:42 c'est de dire peu importe le nombre de personnes qu'il y a dans la rue,
04:45 l'important c'est le taux de grévistes parce que c'est eux qui bloquent le pays,
04:48 donc s'il est en baisse c'est plutôt un bon signe,
04:51 est-ce que ce n'est pas un mauvais signal envoyer au gouvernement
04:53 cette baisse du taux de grève ?
04:54 – Non pas du tout, vous savez ce que dit le gouvernement sur le sujet,
04:57 j'ai appris à le prendre avec beaucoup de distance,
04:58 bien sûr il y aurait eu 10 millions de personnes dans la rue,
05:01 ils seraient allés chercher le taux de grève dans une sous-préfecture
05:05 en disant ça a baissé à cet endroit-là,
05:07 c'est ça l'indicateur qui est important pour nous.
05:09 – Vous voulez dire quoi, qu'il minimise pour vous,
05:10 le gouvernement minimise, vous avez le sentiment qu'il minimise votre mobilisation ?
05:12 – Bien sûr mais le gouvernement développe,
05:15 le gouvernement a perdu la bataille de l'opinion et ça les rend un peu nerveux,
05:18 et quand on est un peu nerveux, quand on commence à perdre le match,
05:21 on finit par faire et par dire des bêtises,
05:24 donc vous savez sur l'argumentaire qui justifie cette réforme,
05:27 le gouvernement dit n'importe quoi aujourd'hui, quand même il faut le relever,
05:31 quand j'entends Olivier Dussopt, ministre du Travail passer à l'Assemblée
05:35 en disant le système est en faillite, franchement il s'en fout du monde,
05:38 comment est-ce qu'on peut dire qu'un système qui a aujourd'hui
05:41 180 milliards de réserve est en faillite,
05:43 franchement c'est pas sérieux, il se déjuge lui-même.
05:45 – On va venir sur le fond, mais pour rester sur la mobilisation,
05:48 un mot avant d'écouter Gabriel Attal.
05:50 – Vous parliez des sous-préfectures justement,
05:52 la France des sous-préfectures, comme on dit, a fortement mobilisé hier,
05:57 comment vous analysez cette chose qui est un peu nouvelle,
05:59 d'habitude c'est plutôt les métropoles, mathématiquement ?
06:03 – Ecoutez, c'est deux choses, d'abord c'est l'organisation du mouvement
06:06 qui je crois a fait beaucoup de place aussi aux mobilisations régionales
06:09 et c'est la volonté répartie de façon très uniforme dans le pays de se mobiliser,
06:14 vous savez moi j'habite en Savoie, à côté d'Alberville,
06:17 les chiffres qui ont été enregistrés à la manifestation d'Alberville
06:20 sont plus forts que jamais, notamment hier il y a eu une mobilisation
06:25 encore plus forte et c'était très très visible que le 19 janvier,
06:29 et ça c'est l'expression d'une volonté partagée, tout secteur confondu,
06:33 toute génération confondue, dans les préfectures c'est plus facile
06:37 d'aller manifester en famille par exemple.
06:38 – Est-ce que vous avez le sentiment qu'il y a une plus grande colère
06:39 dans ces sous-préfectures qu'aujourd'hui dans les métropoles ?
06:41 – Non mais c'est, je pense, si vous voulez, dans cette dimension plus accessible,
06:47 c'est plus facile d'accéder au défilé, il y a tout un tas de détails pratiques
06:51 qui font que les gens ils ont cette volonté et en même temps
06:55 peut-être presque cette fierté de participer à ce mouvement-là
06:58 pour manifester leur rejet de cette réforme et de ce qu'elle représente.
07:01 – On va parler de la suite du mouvement,
07:03 deux nouvelles journées ont été annoncées la semaine prochaine,
07:05 mardi et samedi prochains et Gabriel Attal était l'invité hier soir
07:08 du 20h de TF1, il vous a fait passer un message, on l'écoute.
07:12 – Mon message il est clair, au syndicat, si vous continuez à vous mobiliser,
07:16 continuez à le faire en respectant les Français qui travaillent,
07:19 qui se lèvent le matin parce que à la fin quand il y a des blocages,
07:22 c'est toujours eux qui trinquent, les Français qui vont travailler
07:24 ou qui prennent un peu de vacances bien méritées,
07:26 donc c'est ça évidemment la demande.
07:29 – Vous entendez ce message François Lembri ?
07:31 – Non, on se fait archi de bidon, enfin ils se foutent de nous quoi,
07:33 dire que les gens qui manifestent seraient des gens qui ne travaillent pas,
07:37 enfin ils ne se rendent pas compte, moi j'y étais dans le défilé hier,
07:39 on était plusieurs centaines, plusieurs milliers de la CFE CGC,
07:44 ce sont tous des gens qui travaillent et qui représentent des gens qui travaillent.
07:48 – C'est parce qu'il dit "n'empêchez pas ceux qui veulent travailler de le faire".
07:51 – Le coup du blocage franchement c'est pas sérieux,
07:53 en plus il y a les enquêtes d'opinion,
07:55 s'il n'y a plus que ça comme argument au gouvernement,
07:57 franchement c'est faible, c'est très très faible, moi ça ne me surprend pas.
08:01 – Mais vous êtes d'accord sur la suite à donner à ce mouvement,
08:04 jusqu'où il faut aller pour vous ?
08:05 Est-ce qu'il faut continuer les journées de mobilisation comme vous l'avez fait hier
08:09 ou est-ce qu'il faut aller plus loin avec des blocages,
08:10 avec des graves reconjections ?
08:12 – Ça je ne sais pas, je ne veux pas le pronostiquer,
08:14 comme vous savez les décisions sont prises en inter-syndicales,
08:18 moi mon souhait c'est que le décalage à 64 ans soit retiré.
08:25 Je pense qu'aujourd'hui le gouvernement n'a plus d'autre choix,
08:28 il n'a plus d'autre choix, Gabriel Attal le même,
08:31 il intervient beaucoup, c'est bien normal,
08:35 peut-être d'ailleurs qu'à la fin il sera le seul,
08:37 parce qu'on voit bien qu'il y a moins de personnes de la majorité présidentielle
08:41 qui veulent intervenir sur ce sujet aussi bancal,
08:44 mais il intervenait en disant "ouais ce que veulent les français,
08:47 ce que souhaitent les français", il n'a qu'à lire les sondages,
08:50 il n'a qu'à regarder ce qui se passe,
08:51 ce que veulent les français c'est le retrait de la mesure,
08:54 donc s'il veut vraiment respecter la volonté et le désir des français,
08:58 eh bien ils retirent leur mesure,
08:59 elle n'est pas justifiée sur le plan même technique.
09:01 – Mais sur la suite du mouvement il y a une unité dans l'inter-syndicale,
09:04 c'est-à-dire que vous êtes tous d'accord pour dire que tous les moyens sont bons
09:08 pour obtenir le retrait de cette mesure ?
09:11 – Vous savez, jamais tous les moyens sont bons,
09:14 jamais tous les moyens sont bons, un mouvement social,
09:17 c'est un mouvement qui est organisé, qui est cohérent,
09:20 et qui mobilise des moyens, la limite c'est tout ce qui amoindrira
09:26 la qualité et la force de ce mouvement-là, voilà c'est ça,
09:30 la limite elle est tactique mais en même temps…
09:31 – Et pour le traitement c'est quoi ?
09:32 C'est déblocage pendant les week-ends de vacances,
09:35 c'est supprimer des trains pour les français qui veulent partir ?
09:37 – Moi je pense qu'il faudra être prudent effectivement à la popularité des…
09:41 c'est un équilibre, vous voyez ce que je veux dire,
09:43 c'est-à-dire que la solidarité de l'ensemble des français
09:46 elle est très très forte aujourd'hui,
09:48 donc il faudra être extrêmement attentif à ne pas développer des actions
09:54 qui pourraient amoindrir ce niveau de solidarité.
09:56 – Par exemple vous vous êtes exprimé sur les coupures de courant,
09:59 vous étiez plutôt opposé à ce type d'action,
10:01 est-ce que vous l'êtes toujours ?
10:03 Et vos collègues syndicalistes disent,
10:06 la désobéissance civile c'est aussi un mode d'action pour être audible ?
10:10 – Moi ma limite c'est ça, je pense effectivement que des actions comme ça ciblées,
10:15 qui apparaissent un peu agressives,
10:18 dont l'agressivité est dirigée vers d'autres personnes
10:21 que ceux qui sont responsables pour le coup de ce projet,
10:26 je pense que c'est contre-productif, voilà c'est pour ça que…
10:28 – Donc le blocage des raffineries par exemple ?
10:31 – Après vous savez, le terme même de blocage
10:35 il n'est pas toujours bien caractérisé si vous voulez, suivant le contexte.
10:41 – Mais s'il y a des grèves dans les raffineries,
10:42 ça va repartir avec des queues aux stations.
10:44 – Si il y a…
10:45 – Je pense que ça pour vous c'est la limite,
10:46 que les Français ne fassent plus la queue aux stations.
10:47 – Ma limite c'est la popularité et l'adhésion du mouvement.
10:50 S'il y a aujourd'hui des, comment dire,
10:55 je reprends le terme de blocage, d'arrêts de production,
10:58 s'il y a des arrêts de production qui viennent à rendre le mouvement impopulaire,
11:02 alors à ce moment-là effectivement ça n'aura pas été une bonne chose de le faire.
11:05 – Et là-dessus tout le monde est d'accord,
11:06 où il y a des divisions avec la CGT qui elle est…
11:08 – En fait je vais vous dire sur cette question-là,
11:10 ça sera difficile de nous diviser aujourd'hui,
11:13 le camp qui est divisé c'est le camp de la majorité présidentielle,
11:16 les députés et même les ministres, puisque Franck Riester a fait une déclaration,
11:21 il a dit la vérité en fait,
11:22 quand il a dit que les femmes étaient plus touchées que les hommes,
11:24 bon il s'est fait redresser les oreilles en pointe,
11:26 mais voilà visiblement même le gouvernement est divisé sur ces questions-là.
11:30 – Donc vous misez-vous sur une division de la majorité présidentielle ?
11:32 – Ah c'est normal bien sûr,
11:34 moi je mise sur une division de la majorité présidentielle,
11:37 je constate qu'elle est en train de s'installer et je trouve ça parfait.
11:40 Le gouvernement de son côté mise sur une division du mouvement social,
11:44 il constate que l'intersyndicale est solide et je trouve ça parfait.
11:47 – Alors il mise sur une division du mouvement social,
11:49 il mise aussi sur l'épuisement des grévistes,
11:51 à un moment où les prix augmentent,
11:53 il mise sur le fait que les gens ne puissent pas se passer de plusieurs journées de salaire,
11:58 combien de mobilisation comme ça faudra-t-il pour faire retirer le texte
12:02 et est-ce que les gens peuvent l'assumer ?
12:05 – Votre question est très pertinente, effectivement,
12:08 moi j'aurais souhaité que dès ce soir,
12:13 le président de la République intervienne et qu'il fasse un discours,
12:17 vous savez il fait des très beaux discours le président de la République,
12:19 moi je les adore ces discours.
12:21 – Donc vous lui demandez de prendre la parole immédiatement ?
12:22 – Je lui demande qu'il nous fasse un beau discours,
12:25 comme en avril 2021 et qu'il dise "j'ai compris, j'ai changé le pays,
12:31 j'aime mon pays et je ne veux pas le brusquer, je retire mon projet".
12:35 Voilà, c'est ça que tout le monde attend, c'est ça qu'il devrait faire,
12:39 s'il veut passer à la postérité comme étant un président
12:43 qui rassemble son pays et non qui le divise.
12:46 – Plus sérieusement, est-ce qu'il vous faudra comme ça tenir jusqu'à la mi-mai,
12:50 jusqu'au vote du texte et comment on fait pour tenir aussi longtemps ?
12:54 – C'est une bonne question, on est en train de réfléchir et de s'organiser
12:58 pour que, si vraiment c'est nécessaire, le mouvement puisse tenir dans la durée.
13:02 Mais ça vous savez, on l'a déclaré dès le premier jour.
13:05 Dès notre communication du 10 janvier, on a dit "on inscrit le mouvement dans la durée".
13:10 – Mais s'organiser, ça veut dire quoi ?
13:13 Ça veut dire trouver les moyens de payer les grévistes ?
13:16 – Vous savez, les moyens, là encore, appartiennent aux organisations.
13:20 C'est comme, souvent je le rappelle, on le commente assez peu,
13:24 mais une organisation syndicale, c'est une organisation démocratique,
13:26 elle a des structures internes, c'est la section syndicale qui décide,
13:30 dans son environnement, des moyens à mettre en place.
13:32 – Mais ça veut dire que certains syndicats pourraient aider les salariés par exemple ?
13:35 – Nous, on fera tout ce qui est possible pour atteindre notre objectif
13:39 et faire que ce mouvement social finisse par triompher
13:42 et fasse reculer le gouvernement.
13:43 – Sur le fond, vous nous en avez un peu parlé tout à l'heure,
13:45 mais vous êtes un syndicat réformiste,
13:47 vous n'êtes pas sensible à ce discours du gouvernement
13:49 qui dit que cette réforme des retraites, ça vise à sauver le régime par répartition
13:53 et Gabriel Attal redisait hier un discours qu'on a entendu,
13:56 qui est que cette réforme, elle est faite pour les Français les plus modestes
13:59 parce que leur patrimoine, c'est leur pension de retraite.
14:03 – Non, je n'entends pas du tout,
14:04 moi je suis un syndicat attaché effectivement à une réforme juste et intelligente,
14:09 je représente des gens qui ont des responsabilités fortes dans leurs entreprises
14:14 et qui n'ont pas peur d'affronter les systèmes complexes,
14:16 de regarder les tableaux de chiffres, de les mettre en correspondance,
14:19 de faire des corrélations.
14:20 Moi je prétends que j'ai plus de compétences à travers mon syndicat
14:24 que dans tous les cabinets des ministères réunis en face de moi,
14:26 ils ne me font pas peur en fait.
14:28 Et sur la question des retraites, le système on l'a analysé, on l'a regardé,
14:32 on est gestionnaire des systèmes complémentaires,
14:35 tous les mois, en comité directeur, on examine ces sujets-là,
14:39 toutes les semaines en bureau national, on les examine,
14:41 depuis des dizaines d'années on prend des responsabilités dans les systèmes.
14:43 – Vous voulez dire que l'équilibre n'est pas menacé ?
14:45 – Absolument pas, absolument pas.
14:47 Aujourd'hui il y a 180 milliards de réserves dans les régimes complémentaires,
14:51 il y a presque 30 milliards, il y a 27,3 milliards dans le Fonds de réserve des retraites
14:55 qui a été mis en place pour compléter le fonctionnement de la CNAV,
15:00 il y a une dette sociale qui est de 243 milliards,
15:03 qui est logée dans la CADES,
15:07 la part des retraites est très faible dans la dette sociale,
15:09 il y a plus de 200 milliards de la dette sociale, c'est la maladie.
15:13 – Quand Olivier Dussopt dit "il y a de moins en moins d'actifs",
15:16 c'est de plus en plus de retraités, qu'est-ce que vous dites à ça ?
15:18 – Olivier Dussopt parle aussi de l'allongement de l'espérance de vie,
15:21 Olivier Dussopt n'a pas tapé sur son portable "espérance de vie",
15:24 il n'a pas eu l'occurrence de l'INSEE qui vient lui dire
15:27 que depuis 2014 l'espérance de vie n'augmente pas,
15:30 Olivier Dussopt dit n'importe quoi,
15:32 donc moi si vous voulez je peux rentrer dans l'argumentaire,
15:34 je l'ai fait avec lui, mais cet argument ne fonctionne pas.
15:37 L'argument, le seul, le vrai, celui qui a été mobilisé
15:40 avant les élections législatives,
15:41 il est de dire "je n'ai plus assez d'argent au niveau de l'État
15:44 pour pouvoir financer les grands projets que politiquement je souhaite porter",
15:48 et ça c'est vrai, ça c'est vrai.
15:50 Et donc cet argent, pourquoi l'État n'a plus d'argent ?
15:53 On était il y a une dizaine d'années à 90 milliards d'aides aux entreprises,
15:57 aujourd'hui on est à plus de 200 milliards,
15:59 mais c'est quoi cette gabegie d'argent public
16:01 qui tombe comme ça, comme une lance de pompier sur le sable
16:07 pour alimenter les entreprises qui le transforment immédiatement ?
16:10 – Les économies auraient dû être faites ailleurs, c'est ça que vous dites ?
16:12 – Mais attendez, quand on met plus de 200 milliards sur les entreprises
16:16 qui le transforment immédiatement en dividendes et en rachats d'actions,
16:20 47 milliards de rachats d'actions sur les deux dernières années,
16:24 mais comment on peut supporter ça ?
16:26 Le rachat d'actions, vous savez, c'est un tas de billets qu'on met dans cette pièce
16:29 qui seraient trop petites pour les contenir,
16:31 on l'asperge d'essence et on y met le feu.
16:33 Et on vient nous dire, on n'a pas de capacité à intervenir
16:37 parce qu'aujourd'hui l'État n'a plus d'argent
16:40 et on a cessé de le dépenser dans des actions non conditionnées.
16:44 – Juste sur Olivier Dussopt, parce que le gouvernement dit
16:45 "on est encore ouvert à la discussion, on peut encore discuter de certains points",
16:49 est-ce que vous, vous avez envie de retourner autour de la table avec Olivier Dussopt ?
16:53 – Ah mais moi, dès l'instant qu'on m'invite, moi j'y vais, c'est pas un problème.
16:56 Mais il faut retirer la mesure à 64 ans, voilà.
16:59 – Vous savez que c'est non négociable pour reprendre les mots de Elisabeth Borne.
17:03 – Ah c'est non négociable, ah bah voilà, c'est ça.
17:04 – Donc il n'y a pas de raison de retourner autour de la table.
17:08 – Les arguments, on ne peut pas les entendre ces arguments-là,
17:10 les arguments ne sont pas bons.
17:11 Vous savez, moi, je le dis souvent à la Première Ministre,
17:14 je suis d'une organisation syndicale qui a pris ses responsabilités
17:18 sur la question des retraites, ça n'a pas toujours été facile à assumer sur le terrain.
17:22 Quand on a eu signé certains accords,
17:24 qu'on s'est avancé pour soutenir tel ou tel type de réforme,
17:28 parfois les gens qu'on représente, ils nous disent "dites donc, quand même", etc.
17:31 On leur dit "mais oui, mais justement, on est obligé d'intervenir",
17:35 parce que sinon on va mettre en danger le système.
17:37 Or, en l'occurrence, là, ça n'est pas le cas.
17:38 – Mais pour vous, les 64 ans, c'est non négociable aussi ?
17:41 Dire que même s'il y a une régression, par exemple, au niveau de l'index Senior,
17:44 qui serait rendu coercitif comme le propose aujourd'hui le gouvernement,
17:47 même s'il y a une amélioration sur la retraite des femmes, par exemple,
17:51 64 ans, c'est la ligne rouge ?
17:53 – 64 ans, c'est le moyen pour le gouvernement de rentrer,
17:57 cash tout de suite de l'argent.
18:00 Et c'est une mesure injuste parce qu'elle cible des populations particulières,
18:04 y compris des femmes.
18:05 Donc si le gouvernement vient vers nous en disant
18:07 "mais j'ai analysé les populations cibles, celles qui payent plus que les autres,
18:12 et je vais mettre en place des dispositifs qui vont amoindrir cet impact-là".
18:17 Mais qui va payer alors ?
18:20 Qui va payer les 13 milliards d'économies que le gouvernement compte faire ?
18:23 Qui va payer ? Moi, je pose la question.
18:25 Si toutes les catégories qui, aujourd'hui, sont plus visées que les autres,
18:28 ben finalement, on va amoindrir la charge, mais au final, qui va payer ?
18:31 Et donc, pourquoi faire cette réforme ? Cette réforme n'a aucun sens.
18:35 En fait, la vérité, c'est ça. Cette réforme n'a pas de sens.
18:37 On ne peut pas avoir, en même temps, le discours sur le partage de la valeur,
18:40 en disant "il faut que le travail soit mieux payé",
18:42 et faire ce qu'il faut en termes de politique, de loi,
18:47 qui fera que le travail sera moins payé.
18:50 – Alors aujourd'hui, il y a un combat dans la rue,
18:51 il y a aussi un combat à l'Assemblée Nationale.
18:53 Est-ce que vous attendez quelque chose du débat parlementaire ?
18:56 Est-ce que vous pouvez obtenir des choses ?
18:59 – Oui, moi j'attends beaucoup des débats.
19:02 Vous savez, c'est le débat qui nous a portés, finalement.
19:04 Je vous ai dit tout à l'heure, on a gagné la bataille de l'opinion
19:07 grâce au débat qu'on a instauré sur le sujet.
19:09 On a fait de la pédagogie.
19:10 Le gouvernement toujours veut manipuler l'argument d'autorité
19:13 en disant "on fait de la pédagogie parce que moi j'ai raison a priori".
19:16 Eh bien non, c'est faux en fait.
19:17 – Mais là, vous avez déjà la bataille parlementaire si vous voulez…
19:20 – Eh bien, pareillement, moi je respecte énormément…
19:22 – Vous pensez qu'il n'y aura pas la majorité le gouvernement ?
19:23 – Je respecte énormément le Parlement,
19:25 et on fera ce qu'il faut pour faire douter la majorité présidentielle.
19:28 Et c'est déjà le cas.
19:29 Eh bien, on les informe.
19:30 Quand ils nous posent des questions, on répond aux questions,
19:32 on fait notre travail.
19:34 Eux font leur travail, ils ont une responsabilité,
19:36 un mandat au nom de ceux qui les ont élus, je le respecte énormément.
19:40 Nous, on fait le nôtre et donc on les informe,
19:42 on donne leur point de vue et on leur demande d'en tenir compte.
19:44 – Est-ce qu'on a une question ?
19:45 – Voilà, on sait qu'une question sur le débat parlementaire,
19:48 on sait que l'issue où c'est l'article 47.1 et la loi
19:51 peut être appliquée par ordonnance,
19:53 où le 49.3, elle est appliquée aussi.
19:56 Est-ce qu'il y a quelque chose à attendre du débat parlementaire ?
19:59 – Il y a tout à attendre du débat parlementaire dans une démocratie.
20:02 Moi, je souhaite que la démocratie fonctionne.
20:05 On a une démocratie politique, on a une démocratie sociale,
20:08 je souhaite que la démocratie fonctionne.
20:10 J'y crois encore, j'y crois encore.
20:11 Je pense que la raison, l'intelligence et la responsabilité
20:14 peuvent revenir à ce gouvernement et à notre président.
20:17 – Merci François Ombril, merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin
20:20 à la Une de la Dépêche, c'était évidemment cette mobilisation Toulouse.
20:23 Encore plus de mobilisation à la Une de votre journal.
20:25 – 80 000 personnes.
20:26 – Merci d'avoir été avec nous, merci François Ombril.
20:28 – Merci à vous.
20:29 – On continue à parler de cette réforme dans le club.