Aux origines de la propriété privée
  • l’année dernière
Dans un film événement, « le Monde et sa propriété », le réalisateur Gérard Mordillat et l’avocat Christophe Clerc décortiquent les fondements historiques et théoriques de la propriété. Une réflexion indispensable pour comprendre le monde actuel. ENTRETIEN.

De quoi parle-t-on lorsqu’on s’attaque à l’héritage ou qu’on réclame la levée des brevets des vaccins en période de Covid ? De propriété. Au sens juridique, le droit de propriété désigne la capacité de disposer des choses, c’est-à-dire de les modifier, de les vendre ou de les détruire. Dans leur nouveau documentaire, le romancier et cinéaste Gérard Mordillat et l’avocat Christophe Clerc remontent aux origines de ce concept.

«Les prétendus “droits” concédés aux pauvres et aux migrants illégaux ne sont que protections» qui peuvent être remises en question à tout moment.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ?

GÉRARD MORDILLAT
Le point de départ, c’est une série réalisée avec Bertrand Rothé (économiste et journaliste, disparu en 2020 – NDLR), sur le thème « Travail, salaire, profit » (2019). Notre but était de réaliser deux autres volets, l’un sur la propriété et le dernier sur la monnaie, la dette et la finance, afin d’offrir une sorte de coupe géologique de la pensée économique de notre temps. La propriété nous est très vite apparue comme le meilleur outil pour appréhender le monde dans lequel nous sommes : à travers elle, on touche à tous les domaines de la vie, la propriété du corps, celle de l’intelligence, du vivant, de la terre, etc.

CHRISTOPHE CLERC
La propriété est ce que les lacaniens pourraient appeler un « signifiant maître », c’est-à-dire un mot utilisé à la fois pour désigner une réalité multiple, mais aussi pour couper court à tout débat. Les gens qui réclament une transformation de la propriété seront systématiquement renvoyés dans le camp des idéalistes. On traduit leur proposition par : « Nous ne voulons plus de la propriété. » Or, un monde sans propriété ne pouvant fonctionner, alors toute réforme de la propriété est vouée à l’échec. Il y a donc nécessité de déconstruire la propriété, pour faire la distinction entre la propriété marchande et toutes les autres car la propriété n’est pas une mais multiple.

Crédit photo : Inès Brisset
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