Jean-Loup Chrétien : "Quand j'ai commencé ma carrière de pilote, on m'appelait astronaute"

  • il y a 2 ans
Il y a quarante ans, le Breton devenait le premier Français dans l’espace. Ce pionnier y retournera deux autres fois, sous l’égide de l’URSS puis des États-Unis, général de...
#JeanLoupChrétien # #Quand #commencécarrière
Il y a quarante ans, le Breton devenait le premier Français dans l’espace. Ce pionnier y retournera deux autres fois, sous l’égide de l’U puis des États-Unis, général de l'armée de l'Air devenu cadre de la Nasa.

Vous souvenez-vous de chaque détail du 24 juin 82, en route vers les étoiles ?

Il faut se dire que ça faisait plus de vingt ans que j’en rêvais. Assis dans ce Soyouz, c’était la consécration d’un rêve que j’avais eu, auquel beaucoup de fois je n’avais pas trop cru mais je m’étais accroché. Autour de moi, beaucoup de gens avaient essayé de m’en détacher.

Et c’est un moment inoubliable, parce que même en tant que pilote de chasse, pilote d’essai, où on a déjà vécu des moments un peu similaires, sur une fusée il n’y a pas de hublot, on n’a pas de contrôle de quoi que ce soit. On vit ça très intensément, très curieusement avec absolument aucune appréhension. C’est allumé, c’est parti, ça marche et la confiance est totale.

D’où vous était venue cette ambition spatiale ?

Ma jeunesse s’était passée avec cette envie de vivre dans le vent des hélices – à l’époque on parlait plus d’hélices que de réacteurs – et j’étais à Salon-de-Provence quand Youri Gagarine a fait son vol en avril 61. On commençait notre apprentissage sur Fouga Magister et on apprend qu’un Russe est parti dans l’espace. Moi, je voulais être pilote de chasse, devenir pilote d’essai et là j’ai rajouté cosmonaute.

Ma jeunesse s’était passée avec cette envie de vivre dans le vent des hélices

On m’a un peu rigolé au nez, je me souviens d’un de mes chefs me dire très gentiment : « Chrétien, quand un Français ira dans l’espace vous serez arrière-grand-père. » Première petite douche. Mais ça ne m’a pas découragé, quand j’ai commencé ma carrière de pilote de chasse à Orange, on m’appelait déjà le Cosmonaute.

Avoir été le premier Français dans l’espace a-t-il la moindre importance pour vous ?

Pas le fait d’avoir été le premier. Le challenge, c’était d’y arriver. Il y avait eu en 1977 la sélection de l’ESA, aucun Français n’avait été retenu. Quand en 1979 est intervenue la seconde sélection, l’Armée de l’air a établi une liste de 70 candidats, sur laquelle je ne figurais pas. On m’avait expliqué : « Non, non, vous êtes trop vieux, largement au-dessus de l’âgé recommandé par le Cnes, on ne vous a pas mis sur cette liste. » Alors, je me suis présenté en candidat libre.

Il y a eu 22 000 candidats pour la sélection 2021 de l’ESA, dont 7 100 Français. Cela vous réjouit-il ?

Ça ne m’étonne pas.