Laure Portier : "Filmer mon frère Arnaud, c'était à tout prix le sauver"

  • il y a 2 ans
La réalisatrice du documentaire "Soy Libre" explique qu'elle veut venger son frère incompris avec son film.
#LaurePortier # #Filmerfrère
Laure Portier, réalisatrice du documentaire Soy Libre. Zed Morkadem

Au début, il était presque impossible de la repérer dans un café animé du quartier parisien de la Bastille. Laure Portier apparaît au rendez-vous, une présence discrète, comme déguisée, qui ne laissait pas présager l'enthousiasme et la fureur de son premier long métrage, Soy Libre, qui est l'un des temps forts de la sélection ACID. Festival du film lors du dernier Festival de Cannes. Dès la première phrase de l'échange, pourtant, la même détermination s'est exprimée, avec une pointe de désillusion. Car selon le réalisateur, né en 1983, "à quoi ça sert de montrer un film au cinéma quand les gens ne vont plus au cinéma" ?

Lire aussi l'article réservé à "Soy Libre": frère sous le regard de soeur

Peut-être juste pour changer la norme des films de cinéma ? En tout cas, Soy Libre est capable de le faire, à travers son portrait vif et têtu d'un petit frère nommé Arnaud, qui, comme elle, est né dans un quartier résidentiel des Deux-Sèvres, mais qui est lui-même familier avec le rues, délinquance, Centre d'Education et Prison des Baumettes. "En général, j'ai tourné pendant quinze ans, explique la sœur cinéaste. Les premières images datent de 2005. Ces scènes étaient au montage de mon précédent film, Dans l'œil du chien Sans réserve, j'ai modelé ma grand-mère à Mais le projet n'a vraiment abouti qu'en 2012, avec un dépôt au CNC et la chaîne de production qui s'en est suivie. »

"L'école l'a transformé en bouillie"

Je ne sais pas quand les chemins de ma sœur et de mon frère ont commencé à se séparer. "C'est l'école," répondit-elle succinctement. Ou plutôt, l'intérêt des adultes pour mon éducation, qui sait pourquoi, pas pour Arnold. A partir de là, l'école reste votre porte d'entrée pour trouver votre place dans la société française. J'ai appris très tôt la concurrence des catégories sociales et leur fonctionnement. J'ai joué avec et ça ne m'a pas fait mal. Arnaud, qui l'a fait bouillir. »

A 20 ans, elle quitte les Deux-Sèvres pour étudier les lettres modernes à Toulouse. "Le cinéma est en retard, je n'ai que 23 ans". Après une année à l'Ensav, l'Ecole Nationale Supérieure de l'Audiovisuel de Toulouse, elle remporte le concours de l'Insas de Bruxelles (Académie Nationale des Arts du Spectacle) et s'y installe. Là, elle a été formée à la technologie de l'image et a rejoint l'équipe de tournage en tant qu'assistante.

Recommandée