Le dilemme de la troisième dose
  • il y a 3 ans
« Cette troisième dose constitue une protection efficace et surtout indispensable au moment où l’hiver pourrait faire repartir la circulation du virus », déclarait ce mercredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Depuis le 1er septembre, les plus vulnérables sont invités à recevoir leur troisième dose de vaccin anti-Covid. « Les personnes qui ont plus de 65 ans ou qui sont fragiles vis-à-vis de l’épidémie », précisait Gabriel Attal sur RTL ce mardi.

Et alors que l’épidémie montre de très légers signes de reprise, le gouvernement appelle à accélérer la campagne de rappel vaccinal. « Sur 6 millions de personnes qui sont éligibles aujourd’hui, deux millions de personnes ont eu recours au rappel (...) C’est beaucoup mais c’est trop peu », comptabilisait le porte-parole du gouvernement sur RTL.

Cette troisième dose est-elle indispensable pour tous ?

Marie-Paule Kieny, virologue et spécialiste de la vaccination : « La troisième dose est indispensable pour continuer à protéger une certaine catégorie de population. On a pu voir notamment dans une étude réalisée en Israël, au niveau de la population, que six mois après la vaccination avec le vaccin de Pfizer-BioNTech, la protection de la population générale contre la maladie non sévère diminuait en général mais que cette protection contre la maladie sévère restait tout à fait acceptable et tout à fait efficace chez les personnes jeunes.

Par contre, ce qu’on voit, c’est que les personnes de 60 ans ou plus commencent à développer davantage de maladies sévères et donc, pour ces personnes-là, il faut intervenir puisqu’on a les moyens. »

Selon une étude américaine prépubliée fin août dans The Lancet, la protection conférée par le vaccin Pfizer passerait de 88 % le premier mois à 47 % cinq mois plus tard.

Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève : « En vieillissant, notre système immunitaire est moins performant que quand on est jeune. Et donc on voit une baisse du taux d’anticorps et aussi, semble-t-il, quand même, de la protection contre les formes graves de la maladie avec l’âge. Je mets des précautions parce que certaines études ne sont pas si tranchées sur ce sujet et disent que ce n’est pas vrai, que contre les formes sévères, les vaccins continuent à garder une immunité. Une très belle étude française sur plus de 22 millions de Français assurés sociaux montre qu’on ne voit pas perdre l’immunité mais il n’y a pas, peut-être, un recul suffisant pour dire qu’on ne perd pas d’immunité du tout. Donc en tout cas, chez les plus de 65 ans, on peut concevoir qu’une troisième dose puisse booster l’immunité pour le reste de l’hiver et soit salutaire. Chez les personnes de moins de 65 ans, non-immunodéprimées, il n’y a aucune donnée convaincante aujourd’hui pour dire qu’elles sont à haut risque, à cause d’une perte d’immunité, d’hospitalisation ou de décès. »