Beethoven : Sonate pour piano n°12 "Marche funèbre" (J-P. Gasparian) - #BeethovenIntégrale
  • il y a 4 ans
Le pianiste Jean-Paul Gasparian joue la Sonate pour piano n°12 en la bémol majeur op. 26 "Marche funèbre", composée en 1800-1801 par Beethoven.

Avec cette sonate, composée après l’achèvement des Quatuors à cordes op. 18 et de la Symphonie n° 1, Beethoven franchit une étape décisive. Pour la première fois, il se libère des schémas formels traditionnels. Il commence, non avec un Allegro de forme sonate, comme il l’avait fait jusqu’à présent, mais avec un thème et variations dans un tempo modéré. En outre, il individualise à l’extrême les variations, notamment au niveau du timbre et du rythme, tout en créant une progression. On remarquera par exemple l’effet produit par les contretemps (variation 2) qui se muent en syncopes (variation 3) et en valeurs syncopées plus longues (variation 4). L’écriture rythmique de la variation 5 produit un effet d’accélération, puis de décélération.

Après ce premier mouvement modéré, Beethoven enchaîne avec le Scherzo, placé pour la première fois en deuxième position. L’aimable plaisanterie devient de plus en plus hargneuse, jusqu’à ce que le paisible trio, fondé tout du long sur le même motif, jugule momentanément cette nervosité.

Le contraste est saisissant avec la Marche funèbre, mouvement lent le plus original que Beethoven ait composé jusqu’alors. Le choix de la tonalité participe à cette singularité, puisqu’il s’agit du rare la bémol mineur (signalons que tous les mouvements de la sonate sont sur la même tonique, comme dans la Sonate n° 1). Dans la partie centrale, des trémolos stylisent des roulements de tambour pour accompagner l’hommage à un héros sans nom, abstrait et idéalisé, qui deviendra bientôt une figure centrale de la création beethovénienne. Mais si ce mouvement introduit un pathos saisissant, il ne s’inscrit pas dans une trajectoire menant à la victoire, contrairement à la Symphonie n° 3 « Eroica » (dont le mouvement lent est également une marche funèbre). Le bref finale contient en effet des passages énergiques, mais pas conflictuels. Il exprime plutôt le goût du jeu, bombe parfois le torse, puis s’éclipse sur de fluides arpèges.
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