Le jour où Lipp a dû fermer à cause du coronavirus

  • il y a 4 ans
C’était il y a une semaine. Lipp fermait ses portes pour cause de coronavirus. Depuis 1880, c’est une première ou presque pour la brasserie, sise au 151 boulevard Saint-Germain (6e arrondissement), qui reste normalement ouverte toute l’année. Seuls un incendie et la guerre avaient eu raison, brièvement, de l’institution fondée par un Alsacien qui avait fui les Allemands après la défaite de 1870. Claude Guittard, l’actuel directeur, l’a appris samedi 14 mars, peu avant le dîner, par un e-mail d’Olivier Bertrand, propriétaire par ailleurs de la Coupole, de Bofinger, du Grand Café, des Hippopotamus, des Burger King, soit près de 30 000 employés qui ont subi le même sort. « Son message a été très rassurant. Il ne fallait pas qu’on s’inquiète, on allait faire le dos rond, il n’y aurait pas de licenciement. » Peu avant le dernier repas, Claude Guittard, qui dirige la brasserie depuis près de trente ans, a transmis la nouvelle à ses 74 employés. « Ceux qui n’étaient pas là, je les ai appelés un à un. Ceux qui étaient présents, je leur ai expliqué qu’après ce dernier repas il faudrait rentrer chez eux et ne plus revenir. Il régnait une ambiance étrange », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Dans la salle qui accueille d’ordinaire 300 clients, ils n’étaient qu’une petite cinquantaine. La crise avait commencé depuis plusieurs jours. » Claude Guittard a dû faire un peu de pédagogie avec les clients, qui n’y croyaient pas. « Ils avaient le sentiment de vivre un moment très particulier, comme des aventuriers. », précise-t-il. À la fin du service, Claude Guittard a gardé trois employés pour tout ranger. Et faire l’inventaire des viandes et poissons, soit près de 500 kilos qu’il a donnés à l’Armée du salut.

Recommandée