À son procès, le père Preynat présenté comme un « prêtre adulé » et un « pervers sexuel »
  • il y a 4 ans
Au troisième jour du procès de l’ex-prêtre Bernard Preynat, dont les agissements pédophiles passés sous silence par l’Église ont déclenché l’affaire Barbarin, un des experts a parlé d’un homme « mi-prêtre, mi-traître », une autre d’un « être double ».

Mi-prêtre, mi-traître, selon un expert psychiatre. Bernard Preynat, jugé à Lyon pour avoir abusé de jeunes scouts pendant une vingtaine d’années, apparaît comme un être double, vicaire adulé et redoutable prédateur.

Sa personnalité est de type pervers sexuel. Il n’accède pas à la souffrance de l’autre, explique à la barre du tribunal correctionnel le Pr Michel Debout, expert psychiatre désigné par le juge d’instruction. Pour le pervers, l’autre n’existe pas, il l’utilise pour satisfaire ses besoins pulsionnels.

Lors de leurs trois entretiens en novembre 2017, Bernard Preynat ne lui a jamais confié avoir été lui-même victime d’agressions sexuelles dans son enfance, ce qu’il a révélé mercredi devant le tribunal.

« On n’est pas obligé de me croire »
Le prévenu a détaillé ces abus ce jeudi 16 janvier, les auteurs étant tous décédés, dit-il. Ce qui rend son témoignage sujet à caution, ont estimé des avocats des parties civiles.

Je savais bien qu’on me soupçonnerait de vouloir me chercher des excuses en évoquant ces abus, rétorque le prévenu. C’est pourquoi je n’en avais pas parlé jusqu’ici, mais on n’est pas obligé de me croire.

Si Preynat n’a rien dit avant, c’est d’abord parce qu’il avait honte, estime le Pr Debout. Et reconnaître qu’il a été victime, c’est peut-être le signe qu’il avance.

Pour l’expert, ces premiers abus ont sans doute aussi bloqué le futur prêtre dans sa maturation sexuelle : il est resté fixé à une sexualité infantile.

Jamais, non plus, Preynat n’a prononcé le mot victime devant l’expert. Il m’expliquait que les enfants avaient l’air satisfaits de ses agressions multiples survenues à Sainte-Foy-Les-Lyon et lors de camps à l’étranger entre 1971 et 1991.

Si je dis qu’il était mi-prêtre, mi-traître, c’est qu’en ne maîtrisant pas ses pulsions, il trahissait son vœu de chasteté et son engagement de prêtre.
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