Procès du Mediator. Irène Frachon : « C’est l’heure de vérité pour Servier »
  • il y a 5 ans
Plus de trois semaines après l’ouverture des débats, la pneumologue du CHU de Brest Irène Frachon, qui a révélé le scandale sanitaire du Mediator, sera entendue ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris. Elle revient pour Ouest-France sur la chronologie de l’affaire, dont l’origine remonte à la fin des années 2000. Entretien.

Elle est celle par qui le scandale a éclaté au grand jour en 2010. Le tribunal correctionnel de Paris, qui conduit le procès pénal du Mediator, doit entendre mercredi la pneumologue du CHU de Brest, Irène Frachon. Plus de trois semaines après l’ouverture des débats, souvent arides, l’audition de cette lanceuse d’alerte est très attendue.

« Soulagée » que ce procès se soit enfin ouvert, la pneumologue s’est confiée à Ouest-France. Elle rappelle comment elle s’est intéressée à cet antidiabétique des laboratoires Servier, largement vendu comme coupe-faim, prescrit durant plus de 30 ans à cinq millions de personnes.

Elle décrit aussi ses longues enquêtes pour découvrir « la tromperie » et l’ampleur du nombre de victimes. Le Mediator pourrait avoir causé à long terme jusqu’à 2100 décès selon une expertise judiciaire. Irène Frachon explique également pourquoi elle n’a depuis jamais cessé de travailler sur cette affaire, dont elle estime que toutes les leçons n’ont pas encore été tirées. Entretien.

Comment avez-vous abordé ce procès ?

Sereinement. Soulagée qu’il arrive enfin. C’est l’heure de vérité pour Servier, qui a enlisé la justice par des manœuvres dilatoires : sur six ans d’instruction, trois ont été exclusivement consacrés à la procédure à la suite de multiples demandes et recours des avocats des laboratoires. Malheureusement, depuis les premières plaintes fin 2010, des dizaines de victimes du Mediator qui attendaient intensément la justice sont décédées.

De quelle façon votre enquête, qui a révélé le scandale, a débuté ?

Une dame obèse souffrant d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) arrive au CHU de Brest en 2007 et je découvre qu’elle est sous Mediator. Ça m’interpelle car dix ans auparavant, un coupe-faim de Servier, l’Isoméride, avait été retiré du marché : un lien entre sa consommation et l’HTAP ayant été établi. Et on m’avait parlé ensuite d’un doute sur le Mediator, peut-être assez proche de l’Isoméride… Je me suis aperçue que le doute n’était toujours pas levé en 2007, malgré des signalements à l’agence du médicament. J’ai donc décidé de creuser la question.
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