L’Artémisophile

  • il y a 5 ans
L’Icare de Queneau est une figure de fantaisie, ludiquement travaillée par son origine mythique, son exploitation comme personnage romanesque de la fin du xixe siècle et ses aspirations à la maîtrise des transports modernes, qui lui font d’ailleurs rejoindre son statut antique de héros précipité. Ne dit-il pas de lui-même : « Je suis un personnage d’anticipation » ? C’est un chœur antique parodique qui l’accueille à la taverne du Globe et des Deux Mondes. Pour l’initier au culte de l’absinthe et à ses gestes rituels, le chœur des consommateurs déclame un éloge du breuvage qui parodie « La mort des pauvres » de Baudelaire. Une sorte d’opéra amplifie la célébration, alternant le chœur des garçons, la moitié du chœur des consommateurs, puis l’autre, devant le néophyte éperdu. Grâce à l’intercession d’LN, Icare boit et se retrouve « dans le voisinage de l’étoile Absinthe » ; c’est son premier envol via les paradis artificiels.