Les premiers Stolpersteine de Strasbourg
  • il y a 5 ans
Les pavés de la mémoire ou comment les vingt premiers Stolpersteine strasbourgeois ont été posés le 1er mai.
Devant le 19 boulevard Clémenceau, une petite foule en cercle autour de lui, un homme est au travail. Il creuse le sol, sort de sa sacoche quatre pavés de béton recouverts d’une plaque de laiton, portant chacun une inscription différente. Il pose les quatre pavés en carré, les met à niveau, donne des petits coups de maillet sur chacun d’eux, remet le sable, ajoute quelques pavés de granit autour, remet à nouveau du sable, tapote avec son maillet, verse un peu d’eau et passe un coup de chiffon.

Le travail a duré à peine une dizaine de minutes. Les gestes sont précis, professionnels et en même temps débordent de respect. L’artiste allemand, Gunther Demnig, vient de poser quatre Stolpersteine, littéralement des pierres sur lesquelles on trébuche. Sur la plaque de laiton du premier pavé est gravé ce court texte : "Ici habitait le rabbin Robert-Emmanuel Brunschwig, né 1888, interné Drancy, déporté 1944 Auschwitz, assassiné 20 mai 1944". Un nom, quelques mots, des dates pour faire mémoire de la vie d’un homme victime de la Shoah.

"Vous restituez aux victimes leur humanité en leur réattribuant leur nom alors qu’on avait voulu les réduire à un numéro", a salué Rolland Ries. Ce 1er mai, les vingt premiers Stolpersteine ont été posés dans six rues strasbourgeoises. "C’est le début de quelque chose", a souligné Fabienne Regard, présidente de l’association Stolpersteine 67 : Le projet se poursuivra en 2020 avec une trentaine de nouveaux pavés de la mémoire. Huit-cent-cinquante juifs strasbourgeois furent assassinés dans les camps de la mort.

Il existe déjà plus de 70.000 Stolpersteine de par le monde, dans 25 pays. Ce projet constitue ainsi le plus grand mémorial délocalisé de la Shoah.
Recommandée