Les Émeutes de décembre 1959 en Martinique.(interviews: de 1960)

  • il y a 6 ans
LES ÉMEUTES DE DÉCEMBRE 1959 en Martinique.(interviews de 1960)
La Martinique fut touchée par des émeutes populaires importantes les 20, 21 et 22 décembre 1959. (Des incidents racistes anti-nègre, du fait des CRS et des fonctionnaires français)...Déclenchées à cause d'un banal accrochage routier à Fort de France entre un pilote de scooter(vespa) martiniquais et un automobiliste métropolitain ayant conduit à une altercation corps à corps. Non loin de la Savane ,Un imposant groupe de curieux se rassemble aux abords du Central Hôtel, place de la Savane, et commente vivement l’incident alors que les deux personnes en cause en viennent aux mains... Des CRS interviennent violemment, lançant des gaz lacrymogènes, dispersant sans ménagement la population présente. Des badauds et des militaires permissionnaires ripostent. Et 3 jours durant, des groupes venus en grande partie des quartiers populaires de Fort-de-France affrontent les CRS, puis une fois ceux-ci consignés au Fort Saint-Louis, les gendarmes et les policiers. Lors de ces émeutes, les forces de l'ordre tuent 3 jeunes martiniquais qui sont les suivants:
✝ Edmond Eloi dit Rosile (20 ans), le lundi 21, rue Villaret-Joyeuse, derrière l'Olympia à Fort de France.

✝ Christian Marajo (15 ans), le lundi 21, rue Ernest Renan appelée maintenant Moreau de Jones, près du Palais de Justice,

✝ Julien Betzi (19 ans), le mardi 22, au niveau de la Place Stalingrad , actuellement appelée François Mitterrand.

La multiplication d'incidents racistes, du fait des CRS et des fonctionnaires français qui sévissent dans les administrations. Du fait également de Pieds Noirs venus d'Afrique du Nord.
Le dimanche soir (20 décembre), 3 cibles sont principalement visées par les émeutiers : le Fort Saint-Louis où sont casernés les CRS, l'hôtel de l'Europe, siège des anciens d'Afrique du Nord, et divers magasins du centre-ville. Dès le lendemain, les émeutes cessent d'être localisées à la Savane et au centre-ville, alors que les premiers acteurs laissent place à des groupes à forte proportion de jeunes, venus des quartiers populaires de Fort-de-France.

Surpris, les partis politiques, les syndicats, les organisations maçonniques et religieuses, toutes les forces structurées de la Martinique appellent au calme, à partir du mardi 22.
Lors d'une session extraordinaire (jeudi 24 décembre 1959), le Conseil Général unanime réclame, le retrait immédiat des CRS et des éléments racistes indésirables...Un couvre-feu est décidé dans la ville de Fort-de-France interdisant tout rassemblement public après 21h. De nombreuses personnalités (Évêque, députés dont Aimé Césaire, Président du Conseil Général) appellent au calme.

Les membres du Parti Communiste réclament un changement de statut et encouragent les jeunes à se mobiliser. Les issues de cette crise sociale seront annoncées le 11 janvier 1960 par le cabinet du ministre-délégué qui avait consulté le nouveau préfet mis en place. Les CRS sont désormais remplacés par des gendarmes...Alain Plenel ((père du journaliste: Edwy Plenel)) qui avait un rôle important dans l'île. Il était vice-recteur, chargé de superviser l'enseignement. Publiquement, et contre l'avis des autorités, Alain Plenel a pris la défense des jeunes gens tués. Il est allé jusqu'à donner le nom de l'un d'eux à un nouveau groupe scolaire. Le fonctionnaire a été sanctionné, mais son geste a durablement touché les
Martiniquais.... Edwy Plenel : le fondateur de Mediapart n'avait que 7 ans, mais il s'en souvient comme si c'était hier Le journaliste a grandi en Martinique. En 1959, enfant, il a vécu au plus près la répression des manifestants ,cet événement l'a transformé. "c'est un incident raciste une insurrection populaire et la mort de trois jeunes gens, tués par la police", à l'époque, explique le journaliste sur France info en 2013...Son père le vice-recteur: Alain Plenel qui avait dénoncé les actions gouvernementales en Martinique et avait été renvoyé en métropole fait son retour dans l'île, un plan de maintien de l'ordre est mis en place. et ensuite le retour au calme plat, l'île aux fleurs retrouve sa tranquillité, et se tourne cette page ténébreuse de 1959 à la Martinique.

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