Vivant(s).
- il y a 8 ans
En 2015, une grande exposition consacrée à l’œuvre de Gilles Aillaud (1928-2005) s'est tenue au musée des Beaux-arts de Rennes.
Gilles Aillaud fut non seulement peintre mais également dessinateur, graveur, scénographe, écrivain et poète.
Les tableaux exposés portaient essentiellement sur son travail à partir du milieu des années 60 où sur des toiles il peint des animaux enfermés dans des cages, des enclos, des verrières ou derrière des grilles.
Je suis allée voir plusieurs fois l'exposition ne me lassant pas d'admirer chaque détail de ces toiles. A chacune de mes visites devant ces peintures silencieuses, toujours les mêmes questions. Pourquoi les zoos existent-ils si ce n'est comme lieu de plaisir pour les enfants, de découverte des espèces sauvages au détriment de la condition de vie des animaux ? Pourquoi ce recours à une palette volontairement froide ? Pourquoi ce travail sur la perspective et le cadrage qui essaie de me maintenir émotionnellement à distance du sujet ? Le peintre ne nous dit rien. Il saisit des scènes dans lesquelles des lions, des ours, des singes... sont détenus, parqués dans quelques mètres carrés. Commentant le travail de Gilles Aillaud, Jean Clair parlera " Des animaux enfermés dans des cages, des enclos et des verrières ou derrière les grilles des zoos. Des animaux aliénés, déplacés, déportés, parqués, à qui on offre pourtant toutes les apparences de la liberté et de la sécurité. Voire les apparences de la nature d'où ils ont été retirés. "
Je découvre depuis peu le travail de Chris Marker (La Jetée, Sans Soleil, Chats perchés). Chris Marker (1921-2012) se définissait lui-même ainsi "Chris Marker, né en 1921, Filme, photographie, voyage, aime les chats". Ça me plaît.
L’animal semble avoir toujours occupé une place centrale dans le cinéma de Chris Marker.
Zoo piece, court-métrage de 2 min 45 s réalisé en 1990 filme les animaux d’un zoo séparés des humains. Cette mise à distance où l’on voit à l’écran un phoque dans son bassin, un léopard, un rhinocéros, des singes, un ours et d'autres animaux m'a fait pensé aux tableaux de Gilles Aillaud.
Gilles Aillaud, Chris Marker.
J'ai trié mes photos réalisées lors de l'exposition, j'ai capturé des instants de "Zoo Piece".
Enfin difficile de ne pas penser au "bestiaire" de Robert Bresson dans "Au hasard Balthazar" réalisé en 1966 et le regard de cet âne, profond et tendre, qui s'arrête devant les cages d'un cirque où sont enfermés un tigre, un ours, un singe, un éléphant. Balthazar regarde l’animal qui le regarde et cette réciprocité de regards reste pour nous un mystère indéchiffrable, inatteignable avec au fond une intuition que se cache dans cet échange une communion beaucoup plus puissante que notre langage peut exprimer.
Le montage est terminé.
Sources :
Gilles Aillaud, Musée des Beaux-Arts, Rennes, 2015 (Photographie Lisa Fremont)
Extraits films, musique :
Zoo Piece, Chris Marker 1990
Au hasard Balthazar, Robert Bresson 1966
Quatuor cordes, Arnold Schoenber
Gilles Aillaud fut non seulement peintre mais également dessinateur, graveur, scénographe, écrivain et poète.
Les tableaux exposés portaient essentiellement sur son travail à partir du milieu des années 60 où sur des toiles il peint des animaux enfermés dans des cages, des enclos, des verrières ou derrière des grilles.
Je suis allée voir plusieurs fois l'exposition ne me lassant pas d'admirer chaque détail de ces toiles. A chacune de mes visites devant ces peintures silencieuses, toujours les mêmes questions. Pourquoi les zoos existent-ils si ce n'est comme lieu de plaisir pour les enfants, de découverte des espèces sauvages au détriment de la condition de vie des animaux ? Pourquoi ce recours à une palette volontairement froide ? Pourquoi ce travail sur la perspective et le cadrage qui essaie de me maintenir émotionnellement à distance du sujet ? Le peintre ne nous dit rien. Il saisit des scènes dans lesquelles des lions, des ours, des singes... sont détenus, parqués dans quelques mètres carrés. Commentant le travail de Gilles Aillaud, Jean Clair parlera " Des animaux enfermés dans des cages, des enclos et des verrières ou derrière les grilles des zoos. Des animaux aliénés, déplacés, déportés, parqués, à qui on offre pourtant toutes les apparences de la liberté et de la sécurité. Voire les apparences de la nature d'où ils ont été retirés. "
Je découvre depuis peu le travail de Chris Marker (La Jetée, Sans Soleil, Chats perchés). Chris Marker (1921-2012) se définissait lui-même ainsi "Chris Marker, né en 1921, Filme, photographie, voyage, aime les chats". Ça me plaît.
L’animal semble avoir toujours occupé une place centrale dans le cinéma de Chris Marker.
Zoo piece, court-métrage de 2 min 45 s réalisé en 1990 filme les animaux d’un zoo séparés des humains. Cette mise à distance où l’on voit à l’écran un phoque dans son bassin, un léopard, un rhinocéros, des singes, un ours et d'autres animaux m'a fait pensé aux tableaux de Gilles Aillaud.
Gilles Aillaud, Chris Marker.
J'ai trié mes photos réalisées lors de l'exposition, j'ai capturé des instants de "Zoo Piece".
Enfin difficile de ne pas penser au "bestiaire" de Robert Bresson dans "Au hasard Balthazar" réalisé en 1966 et le regard de cet âne, profond et tendre, qui s'arrête devant les cages d'un cirque où sont enfermés un tigre, un ours, un singe, un éléphant. Balthazar regarde l’animal qui le regarde et cette réciprocité de regards reste pour nous un mystère indéchiffrable, inatteignable avec au fond une intuition que se cache dans cet échange une communion beaucoup plus puissante que notre langage peut exprimer.
Le montage est terminé.
Sources :
Gilles Aillaud, Musée des Beaux-Arts, Rennes, 2015 (Photographie Lisa Fremont)
Extraits films, musique :
Zoo Piece, Chris Marker 1990
Au hasard Balthazar, Robert Bresson 1966
Quatuor cordes, Arnold Schoenber