Entendez, Monsieur le Président Ce que je porte dans mon chant De douleur humaine Le sang impur de nos sillons Remonte jusqu’en mes chansons Et mes rengaines La guerre sévit autour de moi Parfois j’entends son pas de l’oie Battre la terre D’autres fois, sous son air sournois Elle se cache sous votre loi Républicaine
Au nom de diable, au nom de Dieu Elle déverse sous tant de cieux Son trop de haine De l’Orient à l’Occident Elle dévore les enfants Qu’on lui amène Les uns explosent sur des mines Les autres implosent en sourdine Sous nos fenêtres Voyez, Monsieur, en assassins On transforme des médecins Des parlementaires On croit la guerre toujours ailleurs De préférence au champ d’honneur Beaux militaires Dont les noms ornent nos frontons Tandis que d’autres point n’auront De cimetières
Nous, notre guerre est sans fusils Sans tranchées et sans ennemis Sans baïonnettes Elle rampe sans bruit et sans rien D’autre que la main de Caïn Toujours la même Qui sur nos meurtres nous rassurent Et nous rembourse la facture C’est sa manière De jeter pour notre bonheur Notre âme, nos espoirs, notre bonheur Dans la géhenne
Toutes les guerres un jour finissent Par un traité, un armistice Une liesse Pitié, Monsieur le Président Ne prolongez pas plus longtemps L’ignoble guerre Qui, muette, fait son travail Au plus profond dans les entrailles De nos mères Leur sang versé attend justice Et vous réclame l’ARMISTICE LE DROIT DE NAÎTRE !