Le tourisme en Egypte, victime du terrorisme

  • il y a 9 ans
Pourquoi le tourisme est une cible mouvante?

http://www.lejdd.fr/International/VIDEO-Pourquoi-le-tourisme-est-une-cible-mouvante-du-terrorisme-758631
Le crash de l’Airbus russe en Egypte la semaine dernière coïncide à quelques jours de près avec le 4e Congrès mondial du Tourisme qui s’ouvre ce 12 novembre à Tunis. L’occasion de se demander, avec du recul, qui l’emporte sur le long terme entre les terroristes et les touristes En Egypte où le tourisme représente entre 10 et 15% du PIB, les terroristes n’ont jamais totalement réussi à vider le pays de ses visiteurs étrangers.

Après les terribles attentats du Caire et de Louxor en 1997, la vallée du Nil et la capitale ont longtemps été écartées par les tours opérateurs. Idem pour le Sinaï après des attentats à la bombe entre 2004 et 2006 qui ont fait plus de 150 morts. Mais après une période de silence radio, d’amélioration sécuritaire et de baisse des prix, les touristes reviennent à chaque fois. Aujourd’hui, les cartes du risque égyptien des ministères différent d’un pays à l’autre. Encore très vert chez les anglais par exemple et presque entièrement rouge ou orange pour la France. Cela tient à l’influence ou aux intérêts géopolitiques des Etats. En Egypte, il est clair que l’alliance stratégique récente entre nos deux pays fait des Français des cibles plus évidentes.

L'emploi et l'économie pénalisés

Il en va différemment en Tunisie où depuis la fin du "printemps de jasmin", la volatilité du climat politique et les attentats djihadistes du Bardo ou de Sousse créent une sorte d’insécurité continue bien plus dommageable.

Ce que recherchent les terroristes, en Egypte comme en Tunisie n’est pas seulement de frapper les esprits ou de décourager les touristes et donc le contact des populations locales avec le reste du monde. Mais surtout de pénaliser les économies. Dans ces deux pays, les emplois liés au tourisme sont compris entre 7 et 15% de la population active. Une fois au chômage technique et les recettes de l’Etat en partie asséchées et la propagande islamiste devient plus facile auprès des tunisiens ou des égyptiens. Ils se retournent alors plus facilement contre leur gouvernement ou se font carrément embrigadés. Si le Maroc est parvenu jusqu’à présent à limiter les dégâts, notamment depuis l’attentat de Marrakech en 2011, c’est parce que des moyens considérables ont été investis dans la police touristique et que le pays a toujours été musclé sur le plan sécuritaire.

Mais les touristes, eux, sont plus courageux que les terroristes. S’ils continuent de délaisser l’Egypte, beaucoup se rabattent sur la Turquie ou même l’Iran et les pays du Golfe. Certes pas dans les mêmes proportions, mais la volonté d’aller à la découverte de l’autre l’emporte jusqu’au présent sur l’exclusion, la haine et la radicalisation religieuse.