Le Grand angle diplo : Union sacrée contre Boko Haram?

  • il y a 9 ans
La France vient d'annoncer qu'elle allait mettre davantage de soldats à la disposition des forces africaines qui se sont mobilisées depuis le début de l'année contre Boko Karam. Mais la question est de savoir si tout cela peut donner des résultats si le Nigeria n'est pas à la hauteur du défi.

Il faut avoir un certain culot et beaucoup de cynisme pour oser dire, comme l'a fait le président du Nigeria à la fin du mois dernier, qu'il était venu à Baga « pour voir les choses par lui-même ». Cette ville de Baga avait été en effet attaquée par Boko Haram plus de huit semaines auparavant et ce raid d'une rare violence avait fait des centaines de morts. C'est pourtant ce même président Goodluck Jonathan, qui affirme également depuis quelques jours que le vent est en train de tourner dans la lutte contre Boko Haram. Un discours qui n'a pas grand sens pour les Nigérians dans la mesure où il ne se passe pas une seule journée sans que les fanatiques de Boko Haram lancent des attaques à travers tout le pays. Tout cela coïncidant avec l'annonce spectaculaire du chef de cette organisation d'une allégeance à Daech. En fait, la plupart des officiels français ou africains le disent en privé, Goodluck Jontahan n'a que faire de Boko Haram. Pour lui, il s'agit d'une insurrection dans le nord de son pays, une région musulmane qui de toute façon ne vote pas pour lui. L'homme est en campagne pour être réélu. Le scrutin a été reporté au 28 mars, justement pour des questions de sécurité, et rien n'indique qu'il sera pleinement valide.

Si le vent tourne effectivement contre Boko Haram, c'est bien parce que les pays voisins ont décidé de se mobiliser. Le Cameroun mais également le Tchad et le Niger sont en première ligne

Selon une source sécuritaire au Niger, il ne se passe pas une journée sans que des contre-attaques et des raids soient menés contre Boko Haram dans cette zone des trois frontières, autour du lac Tchad, mais également, grâce à un droit de poursuite tacite, au Nigéria même. Pour l'instant, cette union des forces voisines, qui bénéficie d'une aide logistique et de renseignement française, a permis de repousser l'ennemi pour éviter que Boko Haram ne fasse tache d'huile au Cameroun et au Niger. La secte terroriste utilise aussi bien de la chair à canon, en mettant en avant des cohortes de jeunes gens « drogués pour continuer à avancer sous les balles des militaires », que de l'artillerie lourde volée aux forces nigérianes. Ils ont ainsi terrorisé les villes de Bosso et Diffa au Niger début février.

Mais avec ou sans le président Jonathan, il faut maintenant consolider et financer cette force régionale. Une résolution des Nations Unies se fait toujours attendre. Ce serait dommage que les terroristes prennent de vitesse une fois de plus la réactivité positive de ceux qui ont le courage de les combattre.

Recommandée