Jean Ferrat-Les yeux d'Elsa

  • il y a 10 ans
En 1955-56 Ferrat met en musique un des plus beaux poèmes d’Aragon intitulé « les yeux d’Elsa » Enregistré à l’époque par André Claveau, il la réenregistera lui-même bien plus tard en 2002 lors de la parution de l’intégrale « ferrat chante Aragon »
Il s’agit ici du premier poème du recueil écrit par Aragon en 1940 C’est une description codée des yeux d’Elsa Triolet, sa muse et compagne de toute une vie, un poème aussi partisan plein d’allusions à la situation de la France d’alors ployée sous le poids de l’occupation
Un poème pour lequel Ferrat ne garde que cinq quatrains
J’ai rencontré plusieurs difficultés dans cette chanson, d’abord pour en restituer l’accompagnement écrit pour deux guitares il me semble, d’autre part pour l’interpreter tout en m’accompagnement, celui-ci n’étant pas particulièrement facile à jouer !

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

L'enfant accaparé par les belles images
Ecarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages


Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa