Max Bardet (3/6) : "Ils les jetaient avec les bennes"
- il y a 10 ans
Max Bardet, pilote d'hélicoptère au Cameroun de 1962 à 1964, nous a livré un témoignage inédit, le 21 juillet 2014.
Après avoir expliqué qu'il encadrait en hélicoptère des massacres de civils désarmés sous les ordres d'un capitaine français, Max Bardet décrit ces exactions.
"-Ils les regroupaient et ils s’en débarrassaient et puis bon ben après. C’étaient ou les bulldozers ou dans l’oued. Ils les jetaient avec les bennes. Ils les tuaient sur place, ils les bennaient. Il y a des ponts sur le Noun là, et sur le... Moi j’ai jamais assisté au, comment ça s’appelle, au bennage, à jeter les mecs dans l’oued. J’ai vu le résultat. Les corps étaient littéralement déchiquetés, délavés. Il y a que les ossements qui restaient. Et… Les massacres, bon j’ai assisté aux massacres. Parce qu’il fallait pas qu’ils s’en sortent, il fallait pas qu’il y en ait qui s’en aillent. A mon avis hein on m’a jamais dit à moi, j’étais pas dans le secret des dieux. Mais qu’on vienne pas me dire à moi, « c’est pas vrai y’a pas eu ça ». Je peux vous assurer que c’est vrai. "
"Ca il y avait des moments, c’était insupportable, insupportable. Parce que massacrer des gens, ça peut se comprendre, quand vous les massacrez comment dirais-je… proprement. Vous abattez des gens à la kalachnikov ou à la mitrailleuse. Vous les mettez en rang tac tac tac. Ils sont morts ils sont morts. Mais quand vous massacrez des gens à coup de machettes pour le plaisir. Parce que c’est pour le plaisir hein. Ils avaient besoin de ça, je sais pas pourquoi, qu’est-ce que ça peut leur apporter ? Aller couper les pieds à un mec parce qu’il est mort, qu’est-ce que ça va vous rapporter ? Vous leur posez une question, ils vous diront « ouais mais il est moins grand comme ça » Il est mort il est pas grand, il est couché ! C’est ridicule, c’est un truc qu’on peut pas comprendre."
"- Les gens qui étaient tués comme ça, c’étaient des combattants ?
- Non non. C’étaient certainement des gens qui auraient fini par être des combattants peut-être, si la guerre avait repris. Ils ont étouffé l’affaire en peu de temps."
" - Et ça arrivait souvent ça ?
- J’ai vu trois fois. "
www.kamerun-lesite.org
Après avoir expliqué qu'il encadrait en hélicoptère des massacres de civils désarmés sous les ordres d'un capitaine français, Max Bardet décrit ces exactions.
"-Ils les regroupaient et ils s’en débarrassaient et puis bon ben après. C’étaient ou les bulldozers ou dans l’oued. Ils les jetaient avec les bennes. Ils les tuaient sur place, ils les bennaient. Il y a des ponts sur le Noun là, et sur le... Moi j’ai jamais assisté au, comment ça s’appelle, au bennage, à jeter les mecs dans l’oued. J’ai vu le résultat. Les corps étaient littéralement déchiquetés, délavés. Il y a que les ossements qui restaient. Et… Les massacres, bon j’ai assisté aux massacres. Parce qu’il fallait pas qu’ils s’en sortent, il fallait pas qu’il y en ait qui s’en aillent. A mon avis hein on m’a jamais dit à moi, j’étais pas dans le secret des dieux. Mais qu’on vienne pas me dire à moi, « c’est pas vrai y’a pas eu ça ». Je peux vous assurer que c’est vrai. "
"Ca il y avait des moments, c’était insupportable, insupportable. Parce que massacrer des gens, ça peut se comprendre, quand vous les massacrez comment dirais-je… proprement. Vous abattez des gens à la kalachnikov ou à la mitrailleuse. Vous les mettez en rang tac tac tac. Ils sont morts ils sont morts. Mais quand vous massacrez des gens à coup de machettes pour le plaisir. Parce que c’est pour le plaisir hein. Ils avaient besoin de ça, je sais pas pourquoi, qu’est-ce que ça peut leur apporter ? Aller couper les pieds à un mec parce qu’il est mort, qu’est-ce que ça va vous rapporter ? Vous leur posez une question, ils vous diront « ouais mais il est moins grand comme ça » Il est mort il est pas grand, il est couché ! C’est ridicule, c’est un truc qu’on peut pas comprendre."
"- Les gens qui étaient tués comme ça, c’étaient des combattants ?
- Non non. C’étaient certainement des gens qui auraient fini par être des combattants peut-être, si la guerre avait repris. Ils ont étouffé l’affaire en peu de temps."
" - Et ça arrivait souvent ça ?
- J’ai vu trois fois. "
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